Leral.net - S'informer en temps réel

Hôtel Soweto !

Rédigé par leral.net le Mercredi 1 Août 2012 à 16:32 | | 0 commentaire(s)|

Allons y, c’est la mode, plaidons pour l’avènement d’un Nouveau Type de Député, dans le cadre du vaste et ambition programme de réalisation d’un Nouveau Type de Sénégalais. Ce lundi 30 juillet fut un grand jour.


Hôtel Soweto !
Les députés de la douzième législature, la première depuis que Me Wade émarge chez les retraités, vont prendre fonction. Niasse a même versé des larmes et tout le monde a compati…

Mais attention, c’est une coalition hétéroclite qui est sortie vainqueur et même si le Pds risque d’être isolé dans son opposition parlementaire, rien ne sera plus comme avant ; rien ne doit plus être comme avant. On a glosé, avec raison sur le titulaire du perchoir, le président de l’Assemblée nationale. On n’a pas assez insisté sur les chantiers qui les concernent eux-mêmes.

Ces dernières années, la presse sénégalaise avait unanimement –en dehors des médias du service public bien sûr- affublé l’Assemblée nationale du titre peu respectueux de « chambre d’applaudissement » voire « chambre d’enregistrement ». Les députés nouvellement élus ont un grand chantier : la restauration de leur image.

Là encore, sans vouloir jeter l’opprobre sur les journalistes, il y a comme un goût d’inachevé dans la messe parlementaire de l’autre jour. Qui sont-ils ? Les Sénégalais connaissent-ils réellement leurs représentants ?

Il y a les célèbres, rompus aux intrigues de couloirs qui ne manquent jamais, Place Soweto ; il y a les dinosaures qui sont là depuis mathusalem ; et il y a les nouveaux dont la Rts a montré les sourires entendus, les inconnus. Un gros travail de la presse devrait être, à notre humble avis, de les présenter. Ne rêvons nous pas debout ? Est-ce le meme Amath Cissé, officiellement marabout, ancien baron du Ps dans la région de Sédhiou qui fait son grand retour ? C’est qui Daouda Dia, le nouveau questeur ? Et beaucoup d’autres questions....Rien à se mettre sous la dent sauf qu’il est connu pour être le frangin d’un milliardaire soutien du président Macky Sall…

Wade étant parti, les médias sont dans une recherche effrénée d’os à ronger. La vague des audits va de moins en moins intéresser les surfeurs de l’info que sont devenus certains journalistes, la justice travaillant à s on rythme. Beaucoup de personnalités parmi les plus fantasques de la classe politique s’étant retrouvés à la Place Soweto, c’est de ce côté que les micros seront tendus et les caméras braquées.

Il faudra lutter contre la culture du « gros plan ». Celle qui consistait pour certains députés à supplier à genoux les preneurs de vue de la Rts lors des sessions budgétaires pour qu’ils les prennent en bonne position ; pour que leurs mandats les voient bien sur la petite lucarne ; pour que leur statut soit démultiplié dans leurs fiefs respectifs.

Il faudra lutter contre cette image de dormeurs. Certains députés, et la presse ne le relève pas assez, n’ont pas pris une seule fois la parole en plénière tout au long de la législature. Normal, beaucoup d’entre eux ne comprennent pas les subtilités des finances publiques, des comptes de l’Etat, de la pertinence dans l’allocation d’investissements dans tel ou tel autre secteur. Mais ce n’est la faute à personne ; c’est le système, comme on dit pour clore les débats difficiles.

Il faudra lutter contre le suivisme aveugle des volontés du gouvernement. Remettre en cause un projet de loi proposé par l’exécutif, pousser jusque dans leurs derniers retranchements les ministres si c’est dans l’intérêt des populations, ne signifient pas nécessairement prendre le…maquis pour un député. Et puis, ils n’ont rien à perdre ; ils sont élus pour cinq ans. Comme le président de la République qui, justement, devra poser une première équation à sa majorité parlementaire : par quel artifice juridique un président élu pour sept ans et qui décide de ne « faire » que cinq ans –pour maintenir l’esprit citoyen et de bonne gouvernance qui a présidé à son élection- pourra t-il se conformer à la loi ?

Ainsi, l’inclassable El Hadj Diouf auto proclamé « l’homme du 23 juin « et é »député du peuple » - comme si les autres ne l’étaient pas- a, pour sa part, déjà lancé ses premières salves. Les commissions n’ont même pas encore été constituées qu’il a décrété l’inféodation de la plupart de ses collègues au palais de la République.

Par quelles contorsions, Moustapha Diakhaté, ce néo-président de groupe parlementaire de la majorité parlementaire, connu pour son franc-parler et sa liberté de ton, va-t-il jouer le rôle le plus ingrat qui soit dans l’Hémicycle, à savoir défendre contre vents et marées les positions du gouvernement ?

Dixit le ministre de l’Intérieur, Mbaye Ndiaye, chargé des élections du parti présidentiel : « il doit y avoir une discipline. Les députés de la majorité doivent accompagner l’exécutif ! » Où ? A Canossa bien sûr !

Post scriptum : la photo qui illustre cet article est celle de délégués en plein sommeil lors d’un sommet de l’Union africaine. Mais puisque dans toutes les Assemblées les mêmes causes produisent les mêmes effets


Source:NETTALI.NET