Encore tout terne, il a le faciès sans éclat, les lèvres des plus pâles. Il dit virevolter depuis sa mésaventure suivie de vertiges, de palpitations, mais aussi de picotements des mains, des pieds... brefs, Souleymane Kandé, pour ne pas le nommer, ressent d’atroces douleurs sur tout le corps. Les yeux humectés de larmes, Souleymane narre péniblement son drame.
Entre deux quintes de toux, il dit se souvenir qu’il devait se rendre nuitamment chez un de ses parents, aux fins de lui confier ses économies s’élevant à 40.000 CFA. Sous le ciel étoilé de son fief de Médina Fass (niché juste après Diamaguène), il marchera impassible, arpentant les cloaques, scrutant de temps à autre son appareil cellulaire qui résonnait. Chemin faisant, ce cordonnier devait passer à côté d’une manifestation organisée par des jeunes et femmes de son patelin de Médina Fass. C’est sur ces entrefaites qu’un des jeunes lui demanda de rebrousser chemin, arguant qu’il ne devait pas passer par là. «Il criait à tue-tête que je n’avais pas le droit d’empiéter leur zone. Ce qui me parut bizarre», fait-il savoir. Et le plus loufoque dans tout cela, renchérit-il, c’est que son locuteur dégageait des traits on ne peut plus tendus. A l’en croire, les yeux de son interlocuteur étaient rouges comme pas possible. Même enseigne à la «boutique» des deux autres qui- dams qui s’approchaient, l’air menaçant, avides de lui faire sa fête.
En un tour de main, ils formèrent un bouclier autour du jeune Souleymane ; lequel, la peur au ventre, voulut prendre ses jambes à son cou. Mais, c’était peine perdue. En effet, ses bourreaux, au nombre de cinq, venaient de dresser un étau autour de sa frêle silhouette. En dépit de ses cris d’orfraie, Kandé passera un sale quart d’heure aux mains de ses assaillants. Pis, aussi bizarre que cela puisse paraître, ils useront d’une seringue pour tenter de le vider de tout son sang. «J’ai encore crié de toutes mes forces, ce qui a ameuté des gens», fait-il savoir. Il sera heureusement tiré des griffes de ses «sangsues», allusion faite à ses bourreaux. Aidés par des bonnes volontés, Souleymane Kandé, qui soit dit en passant perdra ses économies, mais également son téléphone cellulaire, passera par le centre de santé du coin où il recevra des soins.
Etant blanc-bec, c'est-à-dire sans expérience, mais en- core en état chancelant, Kandé se rendra, sur recommandations de ses soignants, au poste de police du coin. Sans le sou, parce que dépouillé de ses biens, il dit avoir déposé une plainte qui est restée sans suite en dépit de ses incessants va-et-vient. N’en démordant pas pour autant, ce ressortissant Bissau Guinéen espère que justice sera faite. En attendant, il vit reclus, croulant encore sous l’émotion.
EDOUARD DIAGNE
Entre deux quintes de toux, il dit se souvenir qu’il devait se rendre nuitamment chez un de ses parents, aux fins de lui confier ses économies s’élevant à 40.000 CFA. Sous le ciel étoilé de son fief de Médina Fass (niché juste après Diamaguène), il marchera impassible, arpentant les cloaques, scrutant de temps à autre son appareil cellulaire qui résonnait. Chemin faisant, ce cordonnier devait passer à côté d’une manifestation organisée par des jeunes et femmes de son patelin de Médina Fass. C’est sur ces entrefaites qu’un des jeunes lui demanda de rebrousser chemin, arguant qu’il ne devait pas passer par là. «Il criait à tue-tête que je n’avais pas le droit d’empiéter leur zone. Ce qui me parut bizarre», fait-il savoir. Et le plus loufoque dans tout cela, renchérit-il, c’est que son locuteur dégageait des traits on ne peut plus tendus. A l’en croire, les yeux de son interlocuteur étaient rouges comme pas possible. Même enseigne à la «boutique» des deux autres qui- dams qui s’approchaient, l’air menaçant, avides de lui faire sa fête.
En un tour de main, ils formèrent un bouclier autour du jeune Souleymane ; lequel, la peur au ventre, voulut prendre ses jambes à son cou. Mais, c’était peine perdue. En effet, ses bourreaux, au nombre de cinq, venaient de dresser un étau autour de sa frêle silhouette. En dépit de ses cris d’orfraie, Kandé passera un sale quart d’heure aux mains de ses assaillants. Pis, aussi bizarre que cela puisse paraître, ils useront d’une seringue pour tenter de le vider de tout son sang. «J’ai encore crié de toutes mes forces, ce qui a ameuté des gens», fait-il savoir. Il sera heureusement tiré des griffes de ses «sangsues», allusion faite à ses bourreaux. Aidés par des bonnes volontés, Souleymane Kandé, qui soit dit en passant perdra ses économies, mais également son téléphone cellulaire, passera par le centre de santé du coin où il recevra des soins.
Etant blanc-bec, c'est-à-dire sans expérience, mais en- core en état chancelant, Kandé se rendra, sur recommandations de ses soignants, au poste de police du coin. Sans le sou, parce que dépouillé de ses biens, il dit avoir déposé une plainte qui est restée sans suite en dépit de ses incessants va-et-vient. N’en démordant pas pour autant, ce ressortissant Bissau Guinéen espère que justice sera faite. En attendant, il vit reclus, croulant encore sous l’émotion.
EDOUARD DIAGNE