Wade et ses proches collaborateurs
C’est une vieille rengaine. On dit toujours que le président n’est pas bien informé. On l’a dit avec Senghor, Abdou Diouf, etc. Les gens le disent lorsqu’ils ne comprennent pas les situations, ou lorsqu’ils ont des ambitions cachées. Ils disent que le président n’est pas informé, que son entourage est mauvais. Mais le président est très informé, de ce qui se passe. Il a plusieurs canaux d’information, en tant que chef d’Etat. Non seulement dans le cadre de son parti, il y a des gens qui l’informent régulièrement. C’est leur mission. En dehors du parti, il y a les services de l’Etat, qui l’informent quotidiennement sur tout ce qui se passe dans le pays. Maintenant, que certains tentent de l’influencer dans un sens ou dans un autre, ça peut arriver. Mais je sais que le Président est suffisamment lucide pour être au courant de ce qui se passe. En ce qui me concerne, je communique avec le président par notes que je lui envoie directement sur des questions que je veux porter à sa connaissance.
Liquidation Macky Sall
Il y a des contradictions normales dans un parti. Mais je ne partage pas l’utilisation du terme liquidation. Chaque parti a sa façon de fonctionner. Mais honnêtement, il faut reconnaître que dans nos partis, le secrétaire général est une personnalité, qui incarne l’orientation du parti et qui ne peut pas être contesté sans qu’il n’y ait des problèmes. C’est pourquoi je dis quand on n’arrive pas à être d’accord avec le secrétaire général d’un parti, la meilleure voie c’est de quitter cette parti. Si je pars de mon expérience personnel, je n’étais pas d’accord avec mon secrétaire général de mon ancien parti, j’ai décidé de partir et de créer mon propre parti. Si le président du parti décide d’une chose dans le parti, et qu’on ne peut pas le contester du point de vue du règlement ni des statuts, on doit savoir qu’on est en contradiction avec le chef du parti, si on ne l’applique pas. Quand Me Wade a décidé que c’est Macky Sall qui doit être le président de l’Assemblée nationale, tout le monde a approuvé. Si aujourd’hui, il dit qu’il faut changer et mettre un autre à la place, c’est dans la marche logique du Pds. Parce que c’est comme ça que le Pds a toujours fonctionné.
Convocation de Karim Wade à l’Assemblée nationale
On ne peut pas convoquer Karim Wade à l’Assemblée nationale sans avertir la tutelle, c’est-à-dire la présidence de la République. L’Anoci dépend de la présidence de la République. Et c’est Baldé qui est responsable du point de vue des textes qui régissent le fonctionnement de la présidence de la République. Dans le décret portant organisation de la présidence, l’Anoci dépend directement du secrétariat général de la présidence. On ne l’a pas fait, ça n’a pas plu et ça a créé les problèmes que ça a créés.
Les missions de l’Ige et du contrôle financier
L’inspection générale d’Etat (Ige) agit de deux façons. Chaque année l’Ige prévoit des activités, et soumet ce programme au président de la République. Une fois que le Président donne son aval, il exécute ce programme. Il consiste à faire des audits, pour permettre aux différentes structures de bien remplir leur mission. Quand l’Ige vient dans une mairie, ce n’est as parce qu’il a entendu quoi que ce soit, mais parce que c’était déjà prévu. Et si les Inspecteurs débarquent quelque part, c’est pour voir comment fonctionne la mairie, si elle utilise bien les ressources mises à sa disposition. Ensuite il fait des suggestions. Mais au cours des investigations s’il découvre des malversations, cela est mentionné dans le rapport soumis au chef de l’Etat. Le président de la République donne des directives dans un sens bien déterminé après lecture du rapport. En dehors de ce programme établi souverainement, le président, informé de quelque chose par ses différents services de renseignement, concernant la gestion de bien publiques, peut envoyer l’Ige pour aller voir. Ce n’est pas la même chose que le contrôle financier, qui contrôle si les budgets mis à la disposition des différentes structures, ont été utilisés de façon conforme à la loi et aux règles de fonctionnement des finances publiques. Toutes les structures de l’Etat y compris les ministères doivent être contrôlé.
L’ouverture de la succession de Wade
Pour le moment la succession de Wade n’est pas ouverte. Wade est élu jusqu’en 2012, et même après, s’il le désire, il peut se représenter, parce que la constitution le permet. Il est tout à fait normal qu’un homme politique cherche à conquérir le pouvoir, généralement tout sénégalais peut le faire. C’est dans ce cadre-là que tout le monde se prépare. Dans la majorité présidentielle comme dans l’opposition. En ce qui me concerne j’ai fait élire Me Wade de façon consciente. A cause du travail que je vois accomplir son équipe, qui va dans le sens des intérêts du peuple sénégalais, pour le moment je l’appuie. Si demain un problème de succession se posait, je déclinerais ma position en tant que Mbaye Diack.
Les Assises nationales
Les assises parlent de tout et de rien. Ils ne savent pas où aller. Les assises sont la conséquence d’une erreur politique mortelle. C’est quand certains partis ont décidé de boycotter les législatives après la présidentielle. Hors en politique toute erreur est mortelle. Lorsqu’ils ont vu que l’Assemblée nationale fonctionne normalement avec la majorité et l’opposition, ne sachant pas où aller et ils se sont dits qu’il faut trouver un subterfuge, au risque de rester cinq sans rien faire. C’est ainsi qu’ils ont mis sur pied cette structure, qui était au début le Front Siggil Sénégal, ensuite ils ont dit que ce front va organiser les assises avec d’autres personnalités du pays. Et sont allés chercher certaines personnes pour la coloration. Mais tout le monde sait que les assises sont du Front Siggil Sénégal. Ils ont tenté d’inviter le pouvoir à ces assises. C’est un piège qu’il voulait tendre au pouvoir. Parce que si le pouvoir acceptait d’y aller, ils allaient immédiatement se demander si le président de la République est légitime, car l’élection présidentielle n’est pas valable. Et qu’il faut que les assises se prononcent sur cette question. En ce moment il y aura un problème de blocage. Il y a des discussions et des tiraillements que l’opinion nationale et internationale vont relayer de même que les journalistes sénégalais. Et lorsque le pouvoir, de façon naturelle et légitime, constatera que ces gens ne veulent pas avancer, le pouvoir va se retirer des assises, car l’objectif de ces assises n’est pas de contester le pouvoir ou le régime. Et c’est ça qu’il allait faire. Le pouvoir n’a pas voulu prendre ce risque-là.
Source: L'observateur