Dans le liminaire de la première édition ( 1970) de sa traduction du Saint-Coran, le Cheikh Si Hamza Boubakeur, Directeur de l’Institut musulman de la Mosquée de Paris, Agrégé d’Arabe, membre de l’Académie Islamique de Médine, écrit : « Si les traductions du Saint Coran, qui se chiffrent à plusieurs centaines dans les seules langues européennes, sont nombreuses, elles laissent, cependant, à mon humble avis, fort à désirer, tant au point de vue du fond, qu’au point de vue de la forme.
C’est que le texte du Saint-Coran est difficile à saisir.
L’extraordinaire richesse de la langue arabe, les modes de sentir, de pensée, de s’exprimer, en un mot, le psychisme du peuple qui la parle, ne rendent pas aisée la tâche du traducteur qui refuse de trahir ou de donner une interprétation personnelle à ce qui parait obscur ou ambigu.
Aucune traduction, à ma connaissance, n’offre toutes les garanties, toutes les exactitudes, toute la fidélité requise en un domaine pareil. Les traductions françaises, les moins sujettes à caution, sont faites dans une langue quasi-incompréhensible, même lorsque leurs auteurs sont des savants de souche française.
Leur louable intention de conserver au texte coranique son relief et le mouvement de son style les a conduits, parfois, à un galimatias, à des amphibologies et à des barbarismes ».
A ces difficultés de forme, s’ajoutent d’autres, d’ordre spécifiquement culturel.
Le Saint Coran impose, pour être compris, des exigences difficiles à réunir.
« Sa compréhension nécessite la connaissance de plusieurs disciplines, en plus de la grammaire et de la philologie arabe, des traditions, de la théologie, des théories d’écoles, des schismes, des sectes et de l’Histoire de l’Islam.
Pour comprendre et faire comprendre la Vulgate de l’Islam, son traducteur doit être, sous peine d’échecs lamentables, une sorte d’Encyclopédie vivante : il lui faut une information aussi vaste que précise en langue ancienne, en théologie comparée, en hérésiologie, en mythologie, en philosophie, en sociologie, en mathématique, en sciences inductives, etc.
De telles exigences, à l’ère des spécialistes, sont, le plus souvent, difficiles à satisfaire.
Revenant sur cette thématique, le Cheikh Si Hamza Boubakeur insiste, huit années plus tard :
« A tous ceux qui seraient tentés de traduire le Coran et d’en expliquer le contenu (Préface à la seconde édition : 1978), je voudrais leur recommander de lire préalablement et de méditer attentivement la Thora et l’Evangile, en leurs diverses versions, ainsi que leurs annexes (Talmud, Actes et Epitres des Apôtres) et surtout de se méfier de leur transposition en langues européennes modernes, farcis de contresens, de faux-sens, d’inepties et dénotant une ignorance renversante de la mentalité des langues et de l’histoire des Sémites.
Ils doivent, sous peine de perdre leur temps, d’étudier la Théologie judaïque et la Théologie chrétienne, sans les moindres préjugés ».
Fort de ce qui précède, le Cheikh recommande « de bien posséder les disciplines de base qui sont la langue et la littérature arabes, les hadiths, l’exégèse coranique, la théologie, le droit, l’histoire générale de la communauté, la civilisation et la doctrine générales de l’Islam, en son orthodoxie, son soufisme et ses schismes, une sérieuse connaissance de la linguistique sémitique et, parmi les langues vivantes, l’Allemand, surtout », c’est-à-dire, plus que ne confèrent de simples cours d’Arabe dans un lycée, suivis, au demeurant, à des époques inactuelles.
Muhammad était-il ou non illettré ?
Ces précisions apportées, d’autres que moi ont démontré que dans la Sourate 7 « Al Araf », le verset 158 mentionne, sans la moindre équivoque, que Muhammad (PSL) était un illettré, terme utilisé dans le Texte Sacré par la plupart des traducteurs.
Né à la Mecque, Muhammad (PSL) y a vécu jusqu'à l’âge de 40 ans au sein de sa famille, de sa tribu et de ses voisins avant de recevoir la Révélation.
Cette localité, à cette époque, était uns grosse bourgade dans laquelle, la plupart des habitants se connaissaient et se fréquentaient peu ou prou.
Il y a grandi avec des personnes de son âge, a joué avec elles, y a passé sa jeunesse, son adolescence et les premières années de sa vie d’adulte.
Pour qu’il soit lettré, il aurait fallu qu’il fréquentât une institution d’éducation, seul ou avec d’autres, qu’il eût, à tout le moins, un maître privé, connu et titré et qu’il eût une personne capable de prendre en charge les études de l’orphelin de père et de mère qu’il était.
Si tel était le cas, comment un tel événement pouvait-il être ignoré de tous, c’est-à-dire, de sa famille, de ses proches parents, de ses voisins et de toutes les autres personnes constituant son entourage mecquois ?
A supposer qu’il ait caché cet épisode de sa vie, comment aurait-il pu se faire que son ou ses maîtres n’aient été connus de personne, qu’il s’agisse d’un parent, d’un ami, d’un voisin, d’un allié ou d’un étranger ?
Après avoir reçu la Révélation, à l’âge de 40 ans, il a vécu 10 années encore à la Mecque, dans un contexte d’hostilité extraordinaire avec des parents, des voisins, des compagnons de sa génération, dont certains lui vouaient une haine féroce et n’étaient point disposés à lui accorder la moindre faveur, dans un contexte où des détracteurs impénitents, à la langue de vipère, comme Abû Sufyân, Dirât et Zib’âra et la cohorte des poétesses et autres rimailleurs Mecquois, à la plume assassine, surveillaient la moindre de ses déclarations, pour en faire des gorges chaudes.
Quelques-uns de ses plus proches parents et voisins directs le haïssaient tellement, qu’ils parsemaient ses chemins préférés d’épines, de cailloux contondants, pour lui faire mal aux pieds et le torturer ainsi physiquement.
N’ont-ils pas poussé l’hostilité contre sa personne jusqu’à organiser son assassinat ? Il ne leur a échappé qu’avec l’aide de Dieu (SWT).
Ayant toujours vécu avec lui, connaissant toutes ses fréquentations, témoins de toutes les étapes de sa vie, comment ses ennemis auraient-ils acquiescé, s’ils constataient qu’on le disait ou qu’il se disait illettré, alors qu’il ne l’était pas, eux qui savaient, parfaitement, qu’en le dénonçant avec preuves à l’appui, ils porteraient atteinte, de manière irrémédiable, à la crédibilité de sa mission, une mission qui ne pouvait prospérer qu’en se fondant sur la stricte vérité, une vérité irrécusable.
Or aucun membre de sa famille, aucun voisin, aucun allié, aucun adversaire, fût-il le plus acharné, n’a jamais contesté le fait qu’il était illettré, que ce soit au sein de toute la communauté Koraïchite, que ce soit dans toute la population de la Mecque.
Dieu, en créant cette situation, ne nous a-t-Il pas administré la preuve la plus convaincante de l’illettrisme du Prophète (PSL), au regard aussi bien du présent que de la postérité ?
On a prétendu que si Khadîdja l’avait embauché pour s’occuper de ses affaires, c’était certainement parce qu’il savait, au moins, lire, écrire et calculer.
Ce qu’on n’a pas dit, c’est que Khadîdja lui avait adjoint, précisément, un assistant, son propre intendant, du nom de MAYSARA, parce qu’elle savait, précisément, que ne sachant, ni lire, ni écrire, il aurait besoin d’avoir à ses côtés, une personne lettrée. Ce fut avec Maysara que Muhammad (PSL) fit son premier et son deuxième voyages en Syrie.
Or, la confiance de Khadidja en Muhammad (PSL) était telle et son affection pour lui si profonde, qu’elle n’aurait certainement pas besoin d’un intermédiaire entre lui et son nouvel employé, si ce dernier savait lire et écrire.
Il s’y ajoute que, durant toute sa vie, aucun témoignage n’existe selon lequel, Muhammad (PSL) aurait été vu lire, écrire, communiquer par la plume, que ce soit pendant les 10 années passées à la Mecque ou les 13 autres, passées à Médine.
Certains biographes du Prophète ont écrit que dans les derniers moments de sa vie, il a demandé, en vain, de l’encre et un écritoire pour transmettre, semble-t-il, peut-être, ses ultimes volontés. Mais, était-ce, pour son usage personnel qu’il avait demandé ces outils, ou pour solliciter d’un membre de son entourage de lui transcrire ses recommandations ? Nul ne peut répondre à cette question.
A l’époque de Muhammad (PSL), l’illettrisme était tellement répandu à la Mecque, qu’à la bataille de Badr, les musulmans victorieux n’ont exigé, en guise de rançon de leurs prisonniers Mecquois lettrés, pour recouvrer la liberté et sauver, en plus, leurs vies, que de se mettre au service de la communauté musulmane de Médine illettrée, dans son écrasante majorité, pour apprendre à lire et à écrire à des croyants dépourvus de ces savoirs.
La lecture et l’écriture étaient, donc, des privilèges exceptionnels, dont la maîtrise valait de l’or. Ceux qui en possédaient les mécanismes opératoires étaient connus et reconnus, enviés, respectés, adulés et honorés. Muhammad (PSL) n’avait aucune raison de se priver de tout cela, s’il était vraiment lettré.
Nous savons, par ailleurs, qu’à Al Houdaybiyyah, lorsque la délégation Mecquoise conduite par Souhayl Ibn Amr, contesta que, dans l’accord qui devait être signé, on fit mention de « Muhammad, Envoyé de Dieu » et qu’il fallut supprimer cette référence du projet, pour ne pas compromettre les chances d’un accord de paix et de concorde, le Prophète (PSL) demanda devant tous ses partisans et adversaires présents, à Ali, qui lui, savait lire et écrire, de lui indiquer dans le texte en discussion, l’endroit précis où se trouvait la mention contestée, pour qu’il la supprime, lui-même, de sa propre main, puisque son beau-fils refusait d’effacer la référence à sa mission divine, référence qu’il était incapable de retrouver tout seul.
Au demeurant, tous les exégètes, en particulier Zam (III, 88), Jalâl (page 476), Râz (XIV, 51), soutiennent que le Prophète (PSL) était « ummi » (illettré).
Sa vie durant, il se fit écrire et copier tout ce qu’il voulait communiquer par écrit. Il a, toujours, prié quelqu’un d’écrire pour lui, ou a toujours eu recours au service d’un secrétaire.
Avant de terminer sur ce point, nous savons que c’est la Mère des Croyants Seyda Aïcha, qui a raconté dans un Hadith célèbre, la première rencontre de Seydina Djibril avec le Prophète (PSL) dans la grotte du Mont Hîrâ et la réponse de ce dernier, quand l’Ange lui dit : « Lis » à savoir : « Je ne sais pas lire ». Quel musulman sérieux oserait douter d’un témoignage de l’épouse de Muhammad (PSL), fille, de surcroît, de Seydina Ababacar Es-séddiq (le véridique), incarnation vivante de la fidélité et de la sincérité, premier des 4 Khalifes Rachidun, alors que la tradition musulmane lui doit, à elle seule, quelques 1 200 Hadiths, qui constituent, tous, des articles de foi.
Mais, une question demeure :
Si Muhammad (PSL) était illettré, comment a-t-il acquis tout le savoir incommensurable, contenu dans les versets Coraniques qu’il a transmis à la postérité ?
La réponse est simple. Les canaux qui mènent à la connaissance sont au nombre de trois, d’après Cheikh Ahmed Tidiane Chérif (RTA). Dans le Jawahir-Al Ma-ani, la Charte de la Voie Tidianiya, page 182), il les détaille en ces termes :
- « un, passant par les sens, par l’enseignement direct, par la transmission orale ;
- un autre, passant par la spéculation intellectuelle… ;
- un 3e canal, celui par lequel, « Dieu jette Lui-même, la connaissance dans le cœur du serviteur, sans médiation matérielle d’aucune sorte ou réflexion ». Cette connaissance est appelée : « Ladunni » (Science infuse) ».
Ce fut le cas dans le récit de Khadir et de Moïse (Paix Sur Eux), Dieu (SWT) ayant dit à leur sujet : « Nous lui inspirâmes une science venant de Nous » (La Caverne, 65).
Ce que Dieu (SWT) avait déjà eu à faire, il lui était facile de le refaire, Lui qui crée, recrée, commence, recommence, sans cesse, parce qu’Il est Omniscient et Omniprésent.
On a prétendu que la Fatiha serait apparue avant l’Islam :
L’auteur de l’ouvrage « Le Coran et la culture grecque » soutient que la Fatiha était attestée au pays des Pharaons, 14 siècles avant le Saint Coran.
Il ajoute que cela est vérifiable en Egypte, sans indiquer aux lecteurs de son interview, l’endroit précis où se trouve l’inscription qui en fait foi, ainsi que le contenu exact et précis de cette « Fatiha antéislamique ». Celui qui affirme cette déclaration péremptoire laisse d’autant plus dubitatif, que sauf erreur de ma part, il ne maîtrise pas le déchiffrage des hiéroglyphes, ce qui n’est nullement une faute, loin s’en faut.
Il est bien dommage que les silences ci-dessus signalés ne permettent pas d’engager le débat à partir de faits précis et localisables.
Certes, des manifestations de monothéisme, alternant avec d’autres, de polythéisme, ont existé dans les religions à travers le Monde et ont, de tout temps, préoccupé les peuples, que ce soit à l’époque des premières civilisations qui se sont manifestées le long du Fleuve Jaune, environ 6 000 ans avant Jésus-Christ , celles qui leur ont succédé dans la vallée de l’Indus, entre 4 500 et 4 000 avant Jésus-Christ , celles qui se sont développées après l’unification de la Haute et de la Basse Egypte, sous Ménès, près de 3 200 avant Jésus-Christ, celles de Summer, de Harppan, des dynasties Shang, des Hyksos, des Hébreux, des Crétois, des Phéniciens, des Assyriens, des Babyloniens et des Perses.
Qu’il y ait, par conséquent, des similitudes dans des oraisons prononcées pour célébrer des divinités ou dans les hymnes articulés pour exalter la Grandeur du Créateur, ne devrait point étonner.
J’ai obtenu de mon distingué collègue, le Professeur Aboubacry Moussa LAM, égyptologue de renommée internationale, qui lit les hiéroglyphes dans le texte, des documents qui mentionnent la ressemblance existant entre l’Hymne au Soleil du Pharaon Akh-en-Aton, Pharaon de la XVIIIe dynastie (1375-1354), inscrit sur le mur ouest de la tombe d’Ay à Amarna, que l’on date du quatorzième siècle avant Jésus-Christ et le Psaume 104, tiré, soit de l’ouvrage de Marcel Laperruque, intitulé « De l’Egypte Ancienne à la Bible », soit de celui de Nicolas Grimal « Histoire de l’Egypte Ancienne » publié chez Fayard en 1981, page 272-273, ainsi que le Psaume H.104 c103, intitulé « La Gloire du Créateur », extrait de la Bible, présenté par Pierre de Beaumont, Fayard – 1981, pages 1016 à 1018.
Ces textes, que certains ont qualifiés « d’apparences du monothéisme, d’autres de manifestations de monothéisme », présentent certaines ressemblances avec des textes dits sacrés. Mais, ils n’ont rien à voir avec la Sainte Fatiha.
La Sourate Fatiha, qui sert d’ouverture au Livre Sacré des musulmans, date du début de prédication de l’An 610 ou 611, lorsque la communauté musulmane s’était suffisamment développée, pour être en mesure de célébrer en commun la prière.
Elle a été révélée, selon tous les Oulémas, à la Mecque par l’Ange Gabriel, accompagné, à l’occasion, d’une communauté de dix mille Anges environ, pour en signifier l’exceptionnelle solennité.
Son début est consacré à la louange au Seigneur et sa fin aux bienfaits de Dieu. Le Prophète aurait déclaré qu’elle contenait dans ses 7 versets, tout l’enseignement du Saint Coran. On considère, aussi, que la lecture de la Fatiha équivaut, en termes de mérites, à celle du Livre Sacré tout entier, selon Râz (1, 173,177).
La tradition recommande de terminer la récitation de la Fatiha par le souhait (âmin, amen, ainsi soit-il), commun aux 3 confessions monothéistes, terme appartenant étymologiquement aux Sémites communs.
On le trouve dans les invocations des Assyriens, des Kaldéens, des Babyloniens, etc., ce qui prouve les thèses ci-dessus énoncées.
On aurait pu en dire de même de la Basmala. J’y reviendrai.
On a prétendu que l’ascension du Prophète (PSL) au ciel n’a pas été attestée par le Saint Coran.
La preuve présentée, à l’appui de cette assertion, pour étayer cette affirmation péremptoire et téméraire, n’agrée aucun expert confirmé de la langue arabe.
La tradition, qui complète et éclaire le Texte Sacré, soutient fermement que Mohamed a voyagé la nuit, de la Mosquée de la Mecque à la Mosquée Al Aqsa de Jérusalem. A ceux qui doutaient, il a présenté une description des lieux tellement rigoureuse et précise, que tous ceux qui connaissaient le lieu de culte de Jérusalem, ont dû opiner.
Pourtant, il n’avait jamais auparavant visité ces lieux et ne les connaissait donc pas. Dieu (SWT) qui l’a fait transporter de la Mecque à Jérusalem, serait-Il incapable de le faire porter au ciel par les mêmes moyens ? La réponse ne peut être que non.
De là, il sera conduit par l’Ange Gabriel, sur le dos d’Albourakh, jusqu’aux approches immédiates « à deux portées d’arc de l’essence impénétrable de Dieu jusqu’au Lotus de la limite à l’horizon supérieur »
Mais, le respect de la transcendance et celui de la suprême immensité de Dieu l’invitent à s’abandonner en toute confiance à sa Volonté et à Sa Sagesse.
Ce fut au cours de ce voyage, qu’il découvrit les Prophètes bibliques et reçut de son Seigneur et Maître, le nombre de prières canoniques, dont sa communauté devrait s’acquitter quotidiennement.
Contester cet évènement, c’est douter de l’authenticité absolue de l’un des 5 piliers de l’Islam.
Le livre incriminé ergote sur les 114 versets de la Vulgate Coranique et parle de fautes qui figureraient dans le texte
Or, les 114 Sourates qui composent le Saint Coran n’ont pas été improvisées au hasard de n’importe quelle conjoncture. Elles ont été rassemblées et contrôlées, de manière critique et rigoureuse, pour s’assurer qu’elles étaient bien conformes à la Vulgate confiée par Allah (SWT) à Muhammad (PSL), à travers l’Ange Gabriel, qui venait, chaque année, à l’époque du Ramadan, vérifier auprès du Messager d’Allah (SWT), que le contenu qu’il avait mémorisé était rigoureusement conforme au Texte Sacré qui lui avait été transmis.
Le processus de recensement des Versets composant la Vulgate Coranique, commencé sous Aboubakr, sur les conseils de Seydina Oumar, n’a été finalisé que sous le 3e Khalifat, celui d’Uthman, pour s’assurer que toutes les précautions avaient été prises, les contrôles effectués, toutes les confrontations organisées avec des personnes vivantes qui avaient mémorisé le Saint Texte, d’autres qui l’avaient transcrit, afin qu’aucune critique de conformité ne puisse être articulée contre le travail qui avait été fait.
El Boukhari nous apprend, sur la base du témoignage de Zayd Ibn Thâbit, que l’idée de l’assemblage du Saint Coran a été suggérée au Khalife Aboû Bakr Esséddiq, le jour de la célèbre bataille d’El-Yamâma, au cours de laquelle, plusieurs preux (70, environ), ayant mémorisé parfaitement le Texte Sacré, perdirent la vie.
Craignant que la même situation ne se produise, à nouveau, au cours d’évènements similaires, au risque, avec la disparition de ceux qui le maîtrisaient, de voir le Saint Coran se perdre définitivement, Oumar suggéra de procéder à sa recension et à son assemblage parmi les sachants encore vivants, pour le « préserver de toute disparition ». Abou Bakr y procéda en un seul volume, avec le concours de ses compagnons les plus compétents et les plus vertueux.
Ayant, avant sa mort, confié ce document précieux à Oumar, celui-ci chargea sa fille Hafsa, épouse du Prophète (PSL), d’en assurer la garde.
Ce fut sur cet exemplaire que s’appuya Othman, sur les conseils de son illustre compagnon Houdhayfa Ibn-El Yemen, pour adopter la version définitive, procéder à des copies, sans aucune faute et en déposer des prototypes à la Mecque, en Syrie, au Yémen, à Bahrein, à Koufa, à Basrâ et à Médine.
C’est ce qu’on appelle la Vulgate d’Othman, modèle de rigueur, de fidélité et d’exactitude, que tous les musulmans du monde entier récitent depuis 15 siècles.
Que tel ou tel contemporain ait cherché à glisser, à des fins inavouables, à l’époque de l’assemblage de la version en préparation, des rajouts ou des suppressions inspirées par ses propres intérêts, ne doit nullement étonner.
Des phénomènes similaires ont, également, eu lieu au moment de la recension des Hadiths, parce que des personnes animées par des préoccupations personnelles en avaient inventés, au seul profit de leur cause.
Sous ce rapport, lorsqu’on compare le travail qui a été fait, aux conditions dans lesquelles, les autres Livre Sacrés, antérieurs au Coran, ont été rassemblés et officiellement consacrés, on ne peut que se féliciter de la démarche qui a été entreprise et des résultats auxquels, elle a finalement abouti.
Le Coran, pour la tradition musulmane, est une révélation qui n’a été communiquée, ni par les démons, ni empruntée aux judéo-chrétiens, mais transmise par l’Esprit fidèle (l’Ange Gabriel) à un Prophète sincère et déposée en son cœur.
Les Ecritures Saintes (Zubûr) qui l’ont précédé, l’avaient annoncé et avaient aussi annoncé son transmetteur « Mohamed, Messager de Dieu, qui n’est ni enseigné par quelqu’un, ni possédé par un djinn, ni un poète, ni un affabulateur ».
La vigilance du Créateur Suprême sur le contenu du Saint Coran est omniprésente et ne souffre d’aucune exception. N’a-t-Il pas, Lui-même, témoigné sur ces points, en ces termes ?
« Ce Coran est une parole transmise par un noble Messager.
Il n’est point l’œuvre d’un poète, minable foi que la vôtre !
Il n’est pas, non plus, la parole d’un devin, minable raisonnement que le vôtre !
C’est une révélation du Seigneur de l’Univers.
Si ce messager nous avait prêté de faux propos,
Nous l’aurions saisi par la main droite
et lui aurions tranché le cou,
sans que personne d’entre vous n’eût pu le protéger » (Sourate LXIX, Versets 40 à 47, traduction du Saint-Coran par Dr Mohamed Ould BAH, Agrégé de l’Université en Arabe, Docteur d’Etat, page 455).
Le Saint Coran ne peut, donc, renfermer des fautes et le nombre de ses Sourates découle d’un Décret Divin. C’est Dieu Lui-même qui en assure la garde, selon Ses propres déclarations.
On a, également, évoqué les dissensions entre les Sahabas (RTA) :
Or, dans le contexte des années qui ont suivi la mort du Prophète de l’Islam (PSL), les dissensions intervenues entre certains Sahabas (RTA) étaient inévitables. Elles n’enlèvent rien à la grandeur de tous ceux qui ont payé de leurs biens, de leur argent, de leur corps, de leur sang et, quelquefois, de leurs vies, pour que le drapeau de l’Islam Eternel triomphe sur la terre d’Arabie, essaime à travers le monde, au point de représenter, aujourd’hui, la plus importante, numériquement parlant, un milliard six cent millions (1 600 000 000) d’adeptes , de toutes les religions révélées, en recourant beaucoup plus à la persuasion qu’à la force.
Voilà pourquoi, plutôt que de gloser sur les dissensions entre les Sahabas (RTA), nous devons, au contraire, louer les vertus de ces hommes et femmes de valeur exceptionnelle, exalter leurs qualités, rendre hommage à leurs sacrifices, admirer leur détermination, d’autant que, même ceux ou celles qui étaient dans l’erreur (Dieu (SWT), Seul, sait), pensaient, au fond d’eux-mêmes, bien faire. Ils méritent, tous, notre respect et notre considération. Ils sont et demeurent des références sublimes.
Le Saint Coran et la culture grecque :
On a, aussi, spéculé sur la ressemblance de certaines des descriptions d’une partie du Paradis avec des images figurant dans la mythologie grecque.
La description du Paradis, qui se retrouverait, à des nuances près, chez tel ou tel texte grec ne devrait, nullement, étonner celui qui connait l’Histoire du Monothéisme dans le Bassin de la Méditerranée, où les brassages des peuples et des cultures ont atteint un niveau rarement égalé.
Si des passages ou des images du Saint-Coran se retrouvent dans la culture grecque, pourquoi doit-on en déduire que ce sont les Arabes qui ont copié les Grecs et pas le contraire, alors que depuis Adam, le message divin, transmis par des milliers de prophètes à tous les peuples, a circulé dans le monde connu avec un contenu qui n’a jamais varié, pour l’essentiel ?
Selon le témoignage de Tabari (I. 48) sur les 124 000 Prophètes que Dieu a envoyés aux peuples du Monde, dont le premier était Adam, on en dénombre quatre qui s’exprimaient en langue syriaque : Adam, Seth fils d’Adam, Noé et Idriss ; trois qui étaient Arabes avant Muhammad (PSL), à savoir Houd, çalih, Scho’aïb (Paix et Salut sur Eux), soit, avec le Sceau des Prophètes (PSL), 4 au total.
Le monothéisme n’était, donc, pas inconnu des Arabes.
Le miracle Grec n’a pas précédé la civilisation des peuples Sémites.
On sait, par ailleurs, que Platon (428-348), pour qui la forme supérieure du Savoir était une vision, une intuition intellectuelle des Essences qui ont pour principe premier, l’idée du Bien (Dieu), a visité l’Egypte et la Cyrénaïque.
Bien avant Muhammad et la Révélation, des Mecquois pratiquaient la religion d’Abraham et reconnaissaient un Dieu Unique, nommé Allah.
La majorité des Arabes avaient, en effet, répondu favorablement à l’appel qu’Ismâ’îl leur avait adressé, visant à rallier la religion de son père Ibrahim, après la mort de ce dernier.
Ils croyaient, donc, en Allah, qu’ils considéraient, au départ, comme un Dieu Unique. Ils croyaient, de même, à la vie future, de même qu’au Paradis et à l’Enfer.
La reconnaissance de l’Unicité de Dieu était attestée chez un grand nombre d’entre eux, ainsi, au demeurant, que les rites préconisés par le monothéisme d’Ibrahim.
Il en fut ainsi jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Amr Ibn Louhay, le Chef de Khouzâaa. Mais, lorsque ce dernier, au cours d’un voyage en Syrie découvrit que les Syriens, dont la patrie comptait parmi les berceaux des Messagers et des Livres Sacrés adoraient des idoles, il s’en procura une, du nom de Houbal, qu’il ramena à la Mecque, l’installa somptuairement à la Kaaba et appela les Mecquois à pratiquer l’associonisme.
Ce fut ainsi que les populations du Hijâz, ainsi que les dirigeants de la Kaaba imitèrent son geste, de proche en proche et que le polythéisme et le monothéisme y cohabitèrent.
Telles sont les conditions dans lesquelles, des « divinités » comme Manât et Al-Lât s’imposèrent dans ce Panthéon polythéiste, si bien qu’avant la Révélation de Muhammad, le culte des idoles devint si florissant que la Kaaba en renfermait près de 360.
Les populations les invoquaient pour leurs besoins, les créditaient d’un pouvoir d’intercession auprès d’Allah, on organisant des pèlerinages au cours desquels, on se prosternait devant elles.
On leur faisait, aussi, des offrandes.
L’Arabie antéislamique abritait, aussi, des pratiquants du Judaïsme et des pratiquants du christianisme. Les premiers, depuis les conquêtes Babyloniennes et Assyriennes et les pressions et la captivité exercés sur eux par Boukhtnassan, en 587 avant Jésus-Chrit, les seconds, à partir de l’occupation de la Palestine par les Romains en 70 après Jésus-Christ. D’ailleurs, les persécutions de Najran par Youssouf Thou Nouwas en portent témoignage.
La Basmala qui fait partie des premiers mots révélés par l’Ange Gabriel au Prophète Mohamed (PSL) (Tabari.,I,51,52), a survécu à ces cohabitations.
Pour l’Islam, la Basmala témoignage de la présence divine en tout, quelles que soient les circonstances. Elle a été prononcée par Noé avant de pousser son arche dans le fleuve. Et Salomon la place en tête de sa missive à la Reine de Saba.
Déjà avant l’Islam, les Arabes païens disaient, en invoquant leurs divinités : « de par le nom d’Al-Lât, de par le nom de Uzza », avant d’entreprendre un voyage, de sacrifier un animal ou de prier (Zam.,I,6).
On notera, par ailleurs, que les rites de l’Islam et du Judaïsme prescrivent d’invoquer le nom de Dieu en termes presque identiques, avant tout acte sacrificatoire, sinon la chair de la bête sacrifiée est réputée illicite.
La formule coranique correspond à la formule biblique : « Bashem Yahvé ».
La Basmala était inscrite sur le flanc d’Adam et sur l’aile droite de l’Ange Gabriel, sous la forme d’un pentagone régulier étoilé, identique au pentagramme pythagoricien.
C’est ce qui expliquerait l’emploi de cette figure géométrique dans la décoration en général et en particulier, dans l’architecture.
Depuis les Croisades, les Turcs l’ont combinée avec le Croissant lunaire et en ont fait un symbole distinctif des drapeaux musulmans.
Comment conclure ?
Au terme de cette réflexion, une question lancinante me taraude continuellement l’esprit
L’auteur du livre « Le Coran et la culture Grecque » ne manque pas de capacité de jugement. Il n’est pas doublement Agrégé pour rien. Il a révélé dans ses interviews que ses élucubrations, il les avait élaborées plusieurs années auparavant, mais n’avait pas jugé opportun de les rendre publiques.
Qu’est-ce qui a changé entre temps, pour qu’il ait choisi ce moment-ci ?
Nous sommes à environ un mois du Ramadan, en plein mois de Radiab (Le mois de Dieu), celui justement de l’Ascension céleste de Muhammad (PSL) et du Voyage Nocturne, un mois de vivification de la foi, de confirmation de l’Unicité des messages prophétiques incarnés par le monothéisme intransigeant d’Abraham, contenus dans les trois dernières religions révélées ; un mois de générosité au cours duquel, Dieu prescrivait à ses adorateurs, les 5 prières rituelles aux lieu et place des cinquante autres, qu’il projetait de leur fixer ; un mois d’amour, de réconciliation et de paix.
En se livrant à cet exercice, qui s’inscrit dans des précédents regrettables et douloureux, qui ont fait beaucoup de mal à l’Islam et aux musulmans, en ce moment précis de l’Histoire de notre pays et des soubresauts dont la sous-région est agitée, quel objectif, vise-t-on ?
Cherche-t-on à ébranler les convictions des musulmans ? A décourager ceux sur lesquels, l’Islam exerce une irrésistible fascination, afin qu’ils n’adhérent pas à son crédo ?
Cherche-t-on à amener certains musulmans à douter de leur foi, de leur Livre Sacré, de leur Prophète (PSL) et à avoir mauvaise conscience, au risque de devenir de mauvais musulmans ?
Vise-t-on à installer le doute dans les esprits, ou à perturber les consciences, en y installant l’angoisse ?
A-t-on voulu, à présent que l’épisode de Salman Rushdie a fait chou blanc, que les caricatures ignominieuses contre le Prophète (PSL) ont révélé leurs limites étroites et grotesques, susciter un autre foyer de tensions, avec un attrait de presse et de gloire, pour en recueillir je ne sais quoi ?
J’avoue ne pas pouvoir répondre à ces questions. En raison du respect et de la considération que j’ai, toujours, eu pour l’auteur de cet ouvrage provocateur, si lourd de dangers pour la paix sociale et l’harmonie au sein de la société musulmane en général et sénégalaise, en particulier.
Iba Der Thiam
C’est que le texte du Saint-Coran est difficile à saisir.
L’extraordinaire richesse de la langue arabe, les modes de sentir, de pensée, de s’exprimer, en un mot, le psychisme du peuple qui la parle, ne rendent pas aisée la tâche du traducteur qui refuse de trahir ou de donner une interprétation personnelle à ce qui parait obscur ou ambigu.
Aucune traduction, à ma connaissance, n’offre toutes les garanties, toutes les exactitudes, toute la fidélité requise en un domaine pareil. Les traductions françaises, les moins sujettes à caution, sont faites dans une langue quasi-incompréhensible, même lorsque leurs auteurs sont des savants de souche française.
Leur louable intention de conserver au texte coranique son relief et le mouvement de son style les a conduits, parfois, à un galimatias, à des amphibologies et à des barbarismes ».
A ces difficultés de forme, s’ajoutent d’autres, d’ordre spécifiquement culturel.
Le Saint Coran impose, pour être compris, des exigences difficiles à réunir.
« Sa compréhension nécessite la connaissance de plusieurs disciplines, en plus de la grammaire et de la philologie arabe, des traditions, de la théologie, des théories d’écoles, des schismes, des sectes et de l’Histoire de l’Islam.
Pour comprendre et faire comprendre la Vulgate de l’Islam, son traducteur doit être, sous peine d’échecs lamentables, une sorte d’Encyclopédie vivante : il lui faut une information aussi vaste que précise en langue ancienne, en théologie comparée, en hérésiologie, en mythologie, en philosophie, en sociologie, en mathématique, en sciences inductives, etc.
De telles exigences, à l’ère des spécialistes, sont, le plus souvent, difficiles à satisfaire.
Revenant sur cette thématique, le Cheikh Si Hamza Boubakeur insiste, huit années plus tard :
« A tous ceux qui seraient tentés de traduire le Coran et d’en expliquer le contenu (Préface à la seconde édition : 1978), je voudrais leur recommander de lire préalablement et de méditer attentivement la Thora et l’Evangile, en leurs diverses versions, ainsi que leurs annexes (Talmud, Actes et Epitres des Apôtres) et surtout de se méfier de leur transposition en langues européennes modernes, farcis de contresens, de faux-sens, d’inepties et dénotant une ignorance renversante de la mentalité des langues et de l’histoire des Sémites.
Ils doivent, sous peine de perdre leur temps, d’étudier la Théologie judaïque et la Théologie chrétienne, sans les moindres préjugés ».
Fort de ce qui précède, le Cheikh recommande « de bien posséder les disciplines de base qui sont la langue et la littérature arabes, les hadiths, l’exégèse coranique, la théologie, le droit, l’histoire générale de la communauté, la civilisation et la doctrine générales de l’Islam, en son orthodoxie, son soufisme et ses schismes, une sérieuse connaissance de la linguistique sémitique et, parmi les langues vivantes, l’Allemand, surtout », c’est-à-dire, plus que ne confèrent de simples cours d’Arabe dans un lycée, suivis, au demeurant, à des époques inactuelles.
Muhammad était-il ou non illettré ?
Ces précisions apportées, d’autres que moi ont démontré que dans la Sourate 7 « Al Araf », le verset 158 mentionne, sans la moindre équivoque, que Muhammad (PSL) était un illettré, terme utilisé dans le Texte Sacré par la plupart des traducteurs.
Né à la Mecque, Muhammad (PSL) y a vécu jusqu'à l’âge de 40 ans au sein de sa famille, de sa tribu et de ses voisins avant de recevoir la Révélation.
Cette localité, à cette époque, était uns grosse bourgade dans laquelle, la plupart des habitants se connaissaient et se fréquentaient peu ou prou.
Il y a grandi avec des personnes de son âge, a joué avec elles, y a passé sa jeunesse, son adolescence et les premières années de sa vie d’adulte.
Pour qu’il soit lettré, il aurait fallu qu’il fréquentât une institution d’éducation, seul ou avec d’autres, qu’il eût, à tout le moins, un maître privé, connu et titré et qu’il eût une personne capable de prendre en charge les études de l’orphelin de père et de mère qu’il était.
Si tel était le cas, comment un tel événement pouvait-il être ignoré de tous, c’est-à-dire, de sa famille, de ses proches parents, de ses voisins et de toutes les autres personnes constituant son entourage mecquois ?
A supposer qu’il ait caché cet épisode de sa vie, comment aurait-il pu se faire que son ou ses maîtres n’aient été connus de personne, qu’il s’agisse d’un parent, d’un ami, d’un voisin, d’un allié ou d’un étranger ?
Après avoir reçu la Révélation, à l’âge de 40 ans, il a vécu 10 années encore à la Mecque, dans un contexte d’hostilité extraordinaire avec des parents, des voisins, des compagnons de sa génération, dont certains lui vouaient une haine féroce et n’étaient point disposés à lui accorder la moindre faveur, dans un contexte où des détracteurs impénitents, à la langue de vipère, comme Abû Sufyân, Dirât et Zib’âra et la cohorte des poétesses et autres rimailleurs Mecquois, à la plume assassine, surveillaient la moindre de ses déclarations, pour en faire des gorges chaudes.
Quelques-uns de ses plus proches parents et voisins directs le haïssaient tellement, qu’ils parsemaient ses chemins préférés d’épines, de cailloux contondants, pour lui faire mal aux pieds et le torturer ainsi physiquement.
N’ont-ils pas poussé l’hostilité contre sa personne jusqu’à organiser son assassinat ? Il ne leur a échappé qu’avec l’aide de Dieu (SWT).
Ayant toujours vécu avec lui, connaissant toutes ses fréquentations, témoins de toutes les étapes de sa vie, comment ses ennemis auraient-ils acquiescé, s’ils constataient qu’on le disait ou qu’il se disait illettré, alors qu’il ne l’était pas, eux qui savaient, parfaitement, qu’en le dénonçant avec preuves à l’appui, ils porteraient atteinte, de manière irrémédiable, à la crédibilité de sa mission, une mission qui ne pouvait prospérer qu’en se fondant sur la stricte vérité, une vérité irrécusable.
Or aucun membre de sa famille, aucun voisin, aucun allié, aucun adversaire, fût-il le plus acharné, n’a jamais contesté le fait qu’il était illettré, que ce soit au sein de toute la communauté Koraïchite, que ce soit dans toute la population de la Mecque.
Dieu, en créant cette situation, ne nous a-t-Il pas administré la preuve la plus convaincante de l’illettrisme du Prophète (PSL), au regard aussi bien du présent que de la postérité ?
On a prétendu que si Khadîdja l’avait embauché pour s’occuper de ses affaires, c’était certainement parce qu’il savait, au moins, lire, écrire et calculer.
Ce qu’on n’a pas dit, c’est que Khadîdja lui avait adjoint, précisément, un assistant, son propre intendant, du nom de MAYSARA, parce qu’elle savait, précisément, que ne sachant, ni lire, ni écrire, il aurait besoin d’avoir à ses côtés, une personne lettrée. Ce fut avec Maysara que Muhammad (PSL) fit son premier et son deuxième voyages en Syrie.
Or, la confiance de Khadidja en Muhammad (PSL) était telle et son affection pour lui si profonde, qu’elle n’aurait certainement pas besoin d’un intermédiaire entre lui et son nouvel employé, si ce dernier savait lire et écrire.
Il s’y ajoute que, durant toute sa vie, aucun témoignage n’existe selon lequel, Muhammad (PSL) aurait été vu lire, écrire, communiquer par la plume, que ce soit pendant les 10 années passées à la Mecque ou les 13 autres, passées à Médine.
Certains biographes du Prophète ont écrit que dans les derniers moments de sa vie, il a demandé, en vain, de l’encre et un écritoire pour transmettre, semble-t-il, peut-être, ses ultimes volontés. Mais, était-ce, pour son usage personnel qu’il avait demandé ces outils, ou pour solliciter d’un membre de son entourage de lui transcrire ses recommandations ? Nul ne peut répondre à cette question.
A l’époque de Muhammad (PSL), l’illettrisme était tellement répandu à la Mecque, qu’à la bataille de Badr, les musulmans victorieux n’ont exigé, en guise de rançon de leurs prisonniers Mecquois lettrés, pour recouvrer la liberté et sauver, en plus, leurs vies, que de se mettre au service de la communauté musulmane de Médine illettrée, dans son écrasante majorité, pour apprendre à lire et à écrire à des croyants dépourvus de ces savoirs.
La lecture et l’écriture étaient, donc, des privilèges exceptionnels, dont la maîtrise valait de l’or. Ceux qui en possédaient les mécanismes opératoires étaient connus et reconnus, enviés, respectés, adulés et honorés. Muhammad (PSL) n’avait aucune raison de se priver de tout cela, s’il était vraiment lettré.
Nous savons, par ailleurs, qu’à Al Houdaybiyyah, lorsque la délégation Mecquoise conduite par Souhayl Ibn Amr, contesta que, dans l’accord qui devait être signé, on fit mention de « Muhammad, Envoyé de Dieu » et qu’il fallut supprimer cette référence du projet, pour ne pas compromettre les chances d’un accord de paix et de concorde, le Prophète (PSL) demanda devant tous ses partisans et adversaires présents, à Ali, qui lui, savait lire et écrire, de lui indiquer dans le texte en discussion, l’endroit précis où se trouvait la mention contestée, pour qu’il la supprime, lui-même, de sa propre main, puisque son beau-fils refusait d’effacer la référence à sa mission divine, référence qu’il était incapable de retrouver tout seul.
Au demeurant, tous les exégètes, en particulier Zam (III, 88), Jalâl (page 476), Râz (XIV, 51), soutiennent que le Prophète (PSL) était « ummi » (illettré).
Sa vie durant, il se fit écrire et copier tout ce qu’il voulait communiquer par écrit. Il a, toujours, prié quelqu’un d’écrire pour lui, ou a toujours eu recours au service d’un secrétaire.
Avant de terminer sur ce point, nous savons que c’est la Mère des Croyants Seyda Aïcha, qui a raconté dans un Hadith célèbre, la première rencontre de Seydina Djibril avec le Prophète (PSL) dans la grotte du Mont Hîrâ et la réponse de ce dernier, quand l’Ange lui dit : « Lis » à savoir : « Je ne sais pas lire ». Quel musulman sérieux oserait douter d’un témoignage de l’épouse de Muhammad (PSL), fille, de surcroît, de Seydina Ababacar Es-séddiq (le véridique), incarnation vivante de la fidélité et de la sincérité, premier des 4 Khalifes Rachidun, alors que la tradition musulmane lui doit, à elle seule, quelques 1 200 Hadiths, qui constituent, tous, des articles de foi.
Mais, une question demeure :
Si Muhammad (PSL) était illettré, comment a-t-il acquis tout le savoir incommensurable, contenu dans les versets Coraniques qu’il a transmis à la postérité ?
La réponse est simple. Les canaux qui mènent à la connaissance sont au nombre de trois, d’après Cheikh Ahmed Tidiane Chérif (RTA). Dans le Jawahir-Al Ma-ani, la Charte de la Voie Tidianiya, page 182), il les détaille en ces termes :
- « un, passant par les sens, par l’enseignement direct, par la transmission orale ;
- un autre, passant par la spéculation intellectuelle… ;
- un 3e canal, celui par lequel, « Dieu jette Lui-même, la connaissance dans le cœur du serviteur, sans médiation matérielle d’aucune sorte ou réflexion ». Cette connaissance est appelée : « Ladunni » (Science infuse) ».
Ce fut le cas dans le récit de Khadir et de Moïse (Paix Sur Eux), Dieu (SWT) ayant dit à leur sujet : « Nous lui inspirâmes une science venant de Nous » (La Caverne, 65).
Ce que Dieu (SWT) avait déjà eu à faire, il lui était facile de le refaire, Lui qui crée, recrée, commence, recommence, sans cesse, parce qu’Il est Omniscient et Omniprésent.
On a prétendu que la Fatiha serait apparue avant l’Islam :
L’auteur de l’ouvrage « Le Coran et la culture grecque » soutient que la Fatiha était attestée au pays des Pharaons, 14 siècles avant le Saint Coran.
Il ajoute que cela est vérifiable en Egypte, sans indiquer aux lecteurs de son interview, l’endroit précis où se trouve l’inscription qui en fait foi, ainsi que le contenu exact et précis de cette « Fatiha antéislamique ». Celui qui affirme cette déclaration péremptoire laisse d’autant plus dubitatif, que sauf erreur de ma part, il ne maîtrise pas le déchiffrage des hiéroglyphes, ce qui n’est nullement une faute, loin s’en faut.
Il est bien dommage que les silences ci-dessus signalés ne permettent pas d’engager le débat à partir de faits précis et localisables.
Certes, des manifestations de monothéisme, alternant avec d’autres, de polythéisme, ont existé dans les religions à travers le Monde et ont, de tout temps, préoccupé les peuples, que ce soit à l’époque des premières civilisations qui se sont manifestées le long du Fleuve Jaune, environ 6 000 ans avant Jésus-Christ , celles qui leur ont succédé dans la vallée de l’Indus, entre 4 500 et 4 000 avant Jésus-Christ , celles qui se sont développées après l’unification de la Haute et de la Basse Egypte, sous Ménès, près de 3 200 avant Jésus-Christ, celles de Summer, de Harppan, des dynasties Shang, des Hyksos, des Hébreux, des Crétois, des Phéniciens, des Assyriens, des Babyloniens et des Perses.
Qu’il y ait, par conséquent, des similitudes dans des oraisons prononcées pour célébrer des divinités ou dans les hymnes articulés pour exalter la Grandeur du Créateur, ne devrait point étonner.
J’ai obtenu de mon distingué collègue, le Professeur Aboubacry Moussa LAM, égyptologue de renommée internationale, qui lit les hiéroglyphes dans le texte, des documents qui mentionnent la ressemblance existant entre l’Hymne au Soleil du Pharaon Akh-en-Aton, Pharaon de la XVIIIe dynastie (1375-1354), inscrit sur le mur ouest de la tombe d’Ay à Amarna, que l’on date du quatorzième siècle avant Jésus-Christ et le Psaume 104, tiré, soit de l’ouvrage de Marcel Laperruque, intitulé « De l’Egypte Ancienne à la Bible », soit de celui de Nicolas Grimal « Histoire de l’Egypte Ancienne » publié chez Fayard en 1981, page 272-273, ainsi que le Psaume H.104 c103, intitulé « La Gloire du Créateur », extrait de la Bible, présenté par Pierre de Beaumont, Fayard – 1981, pages 1016 à 1018.
Ces textes, que certains ont qualifiés « d’apparences du monothéisme, d’autres de manifestations de monothéisme », présentent certaines ressemblances avec des textes dits sacrés. Mais, ils n’ont rien à voir avec la Sainte Fatiha.
La Sourate Fatiha, qui sert d’ouverture au Livre Sacré des musulmans, date du début de prédication de l’An 610 ou 611, lorsque la communauté musulmane s’était suffisamment développée, pour être en mesure de célébrer en commun la prière.
Elle a été révélée, selon tous les Oulémas, à la Mecque par l’Ange Gabriel, accompagné, à l’occasion, d’une communauté de dix mille Anges environ, pour en signifier l’exceptionnelle solennité.
Son début est consacré à la louange au Seigneur et sa fin aux bienfaits de Dieu. Le Prophète aurait déclaré qu’elle contenait dans ses 7 versets, tout l’enseignement du Saint Coran. On considère, aussi, que la lecture de la Fatiha équivaut, en termes de mérites, à celle du Livre Sacré tout entier, selon Râz (1, 173,177).
La tradition recommande de terminer la récitation de la Fatiha par le souhait (âmin, amen, ainsi soit-il), commun aux 3 confessions monothéistes, terme appartenant étymologiquement aux Sémites communs.
On le trouve dans les invocations des Assyriens, des Kaldéens, des Babyloniens, etc., ce qui prouve les thèses ci-dessus énoncées.
On aurait pu en dire de même de la Basmala. J’y reviendrai.
On a prétendu que l’ascension du Prophète (PSL) au ciel n’a pas été attestée par le Saint Coran.
La preuve présentée, à l’appui de cette assertion, pour étayer cette affirmation péremptoire et téméraire, n’agrée aucun expert confirmé de la langue arabe.
La tradition, qui complète et éclaire le Texte Sacré, soutient fermement que Mohamed a voyagé la nuit, de la Mosquée de la Mecque à la Mosquée Al Aqsa de Jérusalem. A ceux qui doutaient, il a présenté une description des lieux tellement rigoureuse et précise, que tous ceux qui connaissaient le lieu de culte de Jérusalem, ont dû opiner.
Pourtant, il n’avait jamais auparavant visité ces lieux et ne les connaissait donc pas. Dieu (SWT) qui l’a fait transporter de la Mecque à Jérusalem, serait-Il incapable de le faire porter au ciel par les mêmes moyens ? La réponse ne peut être que non.
De là, il sera conduit par l’Ange Gabriel, sur le dos d’Albourakh, jusqu’aux approches immédiates « à deux portées d’arc de l’essence impénétrable de Dieu jusqu’au Lotus de la limite à l’horizon supérieur »
Mais, le respect de la transcendance et celui de la suprême immensité de Dieu l’invitent à s’abandonner en toute confiance à sa Volonté et à Sa Sagesse.
Ce fut au cours de ce voyage, qu’il découvrit les Prophètes bibliques et reçut de son Seigneur et Maître, le nombre de prières canoniques, dont sa communauté devrait s’acquitter quotidiennement.
Contester cet évènement, c’est douter de l’authenticité absolue de l’un des 5 piliers de l’Islam.
Le livre incriminé ergote sur les 114 versets de la Vulgate Coranique et parle de fautes qui figureraient dans le texte
Or, les 114 Sourates qui composent le Saint Coran n’ont pas été improvisées au hasard de n’importe quelle conjoncture. Elles ont été rassemblées et contrôlées, de manière critique et rigoureuse, pour s’assurer qu’elles étaient bien conformes à la Vulgate confiée par Allah (SWT) à Muhammad (PSL), à travers l’Ange Gabriel, qui venait, chaque année, à l’époque du Ramadan, vérifier auprès du Messager d’Allah (SWT), que le contenu qu’il avait mémorisé était rigoureusement conforme au Texte Sacré qui lui avait été transmis.
Le processus de recensement des Versets composant la Vulgate Coranique, commencé sous Aboubakr, sur les conseils de Seydina Oumar, n’a été finalisé que sous le 3e Khalifat, celui d’Uthman, pour s’assurer que toutes les précautions avaient été prises, les contrôles effectués, toutes les confrontations organisées avec des personnes vivantes qui avaient mémorisé le Saint Texte, d’autres qui l’avaient transcrit, afin qu’aucune critique de conformité ne puisse être articulée contre le travail qui avait été fait.
El Boukhari nous apprend, sur la base du témoignage de Zayd Ibn Thâbit, que l’idée de l’assemblage du Saint Coran a été suggérée au Khalife Aboû Bakr Esséddiq, le jour de la célèbre bataille d’El-Yamâma, au cours de laquelle, plusieurs preux (70, environ), ayant mémorisé parfaitement le Texte Sacré, perdirent la vie.
Craignant que la même situation ne se produise, à nouveau, au cours d’évènements similaires, au risque, avec la disparition de ceux qui le maîtrisaient, de voir le Saint Coran se perdre définitivement, Oumar suggéra de procéder à sa recension et à son assemblage parmi les sachants encore vivants, pour le « préserver de toute disparition ». Abou Bakr y procéda en un seul volume, avec le concours de ses compagnons les plus compétents et les plus vertueux.
Ayant, avant sa mort, confié ce document précieux à Oumar, celui-ci chargea sa fille Hafsa, épouse du Prophète (PSL), d’en assurer la garde.
Ce fut sur cet exemplaire que s’appuya Othman, sur les conseils de son illustre compagnon Houdhayfa Ibn-El Yemen, pour adopter la version définitive, procéder à des copies, sans aucune faute et en déposer des prototypes à la Mecque, en Syrie, au Yémen, à Bahrein, à Koufa, à Basrâ et à Médine.
C’est ce qu’on appelle la Vulgate d’Othman, modèle de rigueur, de fidélité et d’exactitude, que tous les musulmans du monde entier récitent depuis 15 siècles.
Que tel ou tel contemporain ait cherché à glisser, à des fins inavouables, à l’époque de l’assemblage de la version en préparation, des rajouts ou des suppressions inspirées par ses propres intérêts, ne doit nullement étonner.
Des phénomènes similaires ont, également, eu lieu au moment de la recension des Hadiths, parce que des personnes animées par des préoccupations personnelles en avaient inventés, au seul profit de leur cause.
Sous ce rapport, lorsqu’on compare le travail qui a été fait, aux conditions dans lesquelles, les autres Livre Sacrés, antérieurs au Coran, ont été rassemblés et officiellement consacrés, on ne peut que se féliciter de la démarche qui a été entreprise et des résultats auxquels, elle a finalement abouti.
Le Coran, pour la tradition musulmane, est une révélation qui n’a été communiquée, ni par les démons, ni empruntée aux judéo-chrétiens, mais transmise par l’Esprit fidèle (l’Ange Gabriel) à un Prophète sincère et déposée en son cœur.
Les Ecritures Saintes (Zubûr) qui l’ont précédé, l’avaient annoncé et avaient aussi annoncé son transmetteur « Mohamed, Messager de Dieu, qui n’est ni enseigné par quelqu’un, ni possédé par un djinn, ni un poète, ni un affabulateur ».
La vigilance du Créateur Suprême sur le contenu du Saint Coran est omniprésente et ne souffre d’aucune exception. N’a-t-Il pas, Lui-même, témoigné sur ces points, en ces termes ?
« Ce Coran est une parole transmise par un noble Messager.
Il n’est point l’œuvre d’un poète, minable foi que la vôtre !
Il n’est pas, non plus, la parole d’un devin, minable raisonnement que le vôtre !
C’est une révélation du Seigneur de l’Univers.
Si ce messager nous avait prêté de faux propos,
Nous l’aurions saisi par la main droite
et lui aurions tranché le cou,
sans que personne d’entre vous n’eût pu le protéger » (Sourate LXIX, Versets 40 à 47, traduction du Saint-Coran par Dr Mohamed Ould BAH, Agrégé de l’Université en Arabe, Docteur d’Etat, page 455).
Le Saint Coran ne peut, donc, renfermer des fautes et le nombre de ses Sourates découle d’un Décret Divin. C’est Dieu Lui-même qui en assure la garde, selon Ses propres déclarations.
On a, également, évoqué les dissensions entre les Sahabas (RTA) :
Or, dans le contexte des années qui ont suivi la mort du Prophète de l’Islam (PSL), les dissensions intervenues entre certains Sahabas (RTA) étaient inévitables. Elles n’enlèvent rien à la grandeur de tous ceux qui ont payé de leurs biens, de leur argent, de leur corps, de leur sang et, quelquefois, de leurs vies, pour que le drapeau de l’Islam Eternel triomphe sur la terre d’Arabie, essaime à travers le monde, au point de représenter, aujourd’hui, la plus importante, numériquement parlant, un milliard six cent millions (1 600 000 000) d’adeptes , de toutes les religions révélées, en recourant beaucoup plus à la persuasion qu’à la force.
Voilà pourquoi, plutôt que de gloser sur les dissensions entre les Sahabas (RTA), nous devons, au contraire, louer les vertus de ces hommes et femmes de valeur exceptionnelle, exalter leurs qualités, rendre hommage à leurs sacrifices, admirer leur détermination, d’autant que, même ceux ou celles qui étaient dans l’erreur (Dieu (SWT), Seul, sait), pensaient, au fond d’eux-mêmes, bien faire. Ils méritent, tous, notre respect et notre considération. Ils sont et demeurent des références sublimes.
Le Saint Coran et la culture grecque :
On a, aussi, spéculé sur la ressemblance de certaines des descriptions d’une partie du Paradis avec des images figurant dans la mythologie grecque.
La description du Paradis, qui se retrouverait, à des nuances près, chez tel ou tel texte grec ne devrait, nullement, étonner celui qui connait l’Histoire du Monothéisme dans le Bassin de la Méditerranée, où les brassages des peuples et des cultures ont atteint un niveau rarement égalé.
Si des passages ou des images du Saint-Coran se retrouvent dans la culture grecque, pourquoi doit-on en déduire que ce sont les Arabes qui ont copié les Grecs et pas le contraire, alors que depuis Adam, le message divin, transmis par des milliers de prophètes à tous les peuples, a circulé dans le monde connu avec un contenu qui n’a jamais varié, pour l’essentiel ?
Selon le témoignage de Tabari (I. 48) sur les 124 000 Prophètes que Dieu a envoyés aux peuples du Monde, dont le premier était Adam, on en dénombre quatre qui s’exprimaient en langue syriaque : Adam, Seth fils d’Adam, Noé et Idriss ; trois qui étaient Arabes avant Muhammad (PSL), à savoir Houd, çalih, Scho’aïb (Paix et Salut sur Eux), soit, avec le Sceau des Prophètes (PSL), 4 au total.
Le monothéisme n’était, donc, pas inconnu des Arabes.
Le miracle Grec n’a pas précédé la civilisation des peuples Sémites.
On sait, par ailleurs, que Platon (428-348), pour qui la forme supérieure du Savoir était une vision, une intuition intellectuelle des Essences qui ont pour principe premier, l’idée du Bien (Dieu), a visité l’Egypte et la Cyrénaïque.
Bien avant Muhammad et la Révélation, des Mecquois pratiquaient la religion d’Abraham et reconnaissaient un Dieu Unique, nommé Allah.
La majorité des Arabes avaient, en effet, répondu favorablement à l’appel qu’Ismâ’îl leur avait adressé, visant à rallier la religion de son père Ibrahim, après la mort de ce dernier.
Ils croyaient, donc, en Allah, qu’ils considéraient, au départ, comme un Dieu Unique. Ils croyaient, de même, à la vie future, de même qu’au Paradis et à l’Enfer.
La reconnaissance de l’Unicité de Dieu était attestée chez un grand nombre d’entre eux, ainsi, au demeurant, que les rites préconisés par le monothéisme d’Ibrahim.
Il en fut ainsi jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Amr Ibn Louhay, le Chef de Khouzâaa. Mais, lorsque ce dernier, au cours d’un voyage en Syrie découvrit que les Syriens, dont la patrie comptait parmi les berceaux des Messagers et des Livres Sacrés adoraient des idoles, il s’en procura une, du nom de Houbal, qu’il ramena à la Mecque, l’installa somptuairement à la Kaaba et appela les Mecquois à pratiquer l’associonisme.
Ce fut ainsi que les populations du Hijâz, ainsi que les dirigeants de la Kaaba imitèrent son geste, de proche en proche et que le polythéisme et le monothéisme y cohabitèrent.
Telles sont les conditions dans lesquelles, des « divinités » comme Manât et Al-Lât s’imposèrent dans ce Panthéon polythéiste, si bien qu’avant la Révélation de Muhammad, le culte des idoles devint si florissant que la Kaaba en renfermait près de 360.
Les populations les invoquaient pour leurs besoins, les créditaient d’un pouvoir d’intercession auprès d’Allah, on organisant des pèlerinages au cours desquels, on se prosternait devant elles.
On leur faisait, aussi, des offrandes.
L’Arabie antéislamique abritait, aussi, des pratiquants du Judaïsme et des pratiquants du christianisme. Les premiers, depuis les conquêtes Babyloniennes et Assyriennes et les pressions et la captivité exercés sur eux par Boukhtnassan, en 587 avant Jésus-Chrit, les seconds, à partir de l’occupation de la Palestine par les Romains en 70 après Jésus-Christ. D’ailleurs, les persécutions de Najran par Youssouf Thou Nouwas en portent témoignage.
La Basmala qui fait partie des premiers mots révélés par l’Ange Gabriel au Prophète Mohamed (PSL) (Tabari.,I,51,52), a survécu à ces cohabitations.
Pour l’Islam, la Basmala témoignage de la présence divine en tout, quelles que soient les circonstances. Elle a été prononcée par Noé avant de pousser son arche dans le fleuve. Et Salomon la place en tête de sa missive à la Reine de Saba.
Déjà avant l’Islam, les Arabes païens disaient, en invoquant leurs divinités : « de par le nom d’Al-Lât, de par le nom de Uzza », avant d’entreprendre un voyage, de sacrifier un animal ou de prier (Zam.,I,6).
On notera, par ailleurs, que les rites de l’Islam et du Judaïsme prescrivent d’invoquer le nom de Dieu en termes presque identiques, avant tout acte sacrificatoire, sinon la chair de la bête sacrifiée est réputée illicite.
La formule coranique correspond à la formule biblique : « Bashem Yahvé ».
La Basmala était inscrite sur le flanc d’Adam et sur l’aile droite de l’Ange Gabriel, sous la forme d’un pentagone régulier étoilé, identique au pentagramme pythagoricien.
C’est ce qui expliquerait l’emploi de cette figure géométrique dans la décoration en général et en particulier, dans l’architecture.
Depuis les Croisades, les Turcs l’ont combinée avec le Croissant lunaire et en ont fait un symbole distinctif des drapeaux musulmans.
Comment conclure ?
Au terme de cette réflexion, une question lancinante me taraude continuellement l’esprit
L’auteur du livre « Le Coran et la culture Grecque » ne manque pas de capacité de jugement. Il n’est pas doublement Agrégé pour rien. Il a révélé dans ses interviews que ses élucubrations, il les avait élaborées plusieurs années auparavant, mais n’avait pas jugé opportun de les rendre publiques.
Qu’est-ce qui a changé entre temps, pour qu’il ait choisi ce moment-ci ?
Nous sommes à environ un mois du Ramadan, en plein mois de Radiab (Le mois de Dieu), celui justement de l’Ascension céleste de Muhammad (PSL) et du Voyage Nocturne, un mois de vivification de la foi, de confirmation de l’Unicité des messages prophétiques incarnés par le monothéisme intransigeant d’Abraham, contenus dans les trois dernières religions révélées ; un mois de générosité au cours duquel, Dieu prescrivait à ses adorateurs, les 5 prières rituelles aux lieu et place des cinquante autres, qu’il projetait de leur fixer ; un mois d’amour, de réconciliation et de paix.
En se livrant à cet exercice, qui s’inscrit dans des précédents regrettables et douloureux, qui ont fait beaucoup de mal à l’Islam et aux musulmans, en ce moment précis de l’Histoire de notre pays et des soubresauts dont la sous-région est agitée, quel objectif, vise-t-on ?
Cherche-t-on à ébranler les convictions des musulmans ? A décourager ceux sur lesquels, l’Islam exerce une irrésistible fascination, afin qu’ils n’adhérent pas à son crédo ?
Cherche-t-on à amener certains musulmans à douter de leur foi, de leur Livre Sacré, de leur Prophète (PSL) et à avoir mauvaise conscience, au risque de devenir de mauvais musulmans ?
Vise-t-on à installer le doute dans les esprits, ou à perturber les consciences, en y installant l’angoisse ?
A-t-on voulu, à présent que l’épisode de Salman Rushdie a fait chou blanc, que les caricatures ignominieuses contre le Prophète (PSL) ont révélé leurs limites étroites et grotesques, susciter un autre foyer de tensions, avec un attrait de presse et de gloire, pour en recueillir je ne sais quoi ?
J’avoue ne pas pouvoir répondre à ces questions. En raison du respect et de la considération que j’ai, toujours, eu pour l’auteur de cet ouvrage provocateur, si lourd de dangers pour la paix sociale et l’harmonie au sein de la société musulmane en général et sénégalaise, en particulier.
Iba Der Thiam