"Depuis cinq ou six mois", René "bûche" consciencieusement dans sa chambre de la maison de retraite La Chêneraie, où il réside depuis un an. Le décor est dépouillé. Sur une table, des piles de manuels scolaires d'où émergent des feuillets noircis d'une fine écriture serrée attestent un quotidien studieux.
De longues heures de travail
"Ecrire m'aide à retenir", explique l'octogénaire, né le 1er novembre 1924, en tapotant son front avec un stylo. Depuis qu'il a entamé son bachotage, ses journées, immuables, s'étirent en de longues plages de révision, qui démarrent vers 10H30, parfois "jusqu'à 00H30 ou 01H00", dit-il à l'AFP à quelques jours des épreuves qui débutent lundi avec la philosophie. Assis dans son fauteuil roulant - il s'est fracturé une jambe il y a plusieurs mois -, une tablette à roulette lui sert de bureau.
Dessus, un Bled d'anglais. "You are very beautiful! You are charming!", lance-t-il, les yeux rieurs, aux deux aides-soignantes, hilares. "Je viens d'une famille très modeste" qui "travaillait la terre. A mon époque, seuls les riches passaient (le bac). Et puis, je n'étais pas encouragé, chez moi, personne ne savait lire et écrire", confie M. Buffière, retraité depuis 1984 et qui a passé toute sa vie dans le Périgord. "J'avais une tête qui faisait que je me rappelais de beaucoup de choses", poursuit-il. Mais, en dépit d'un certificat d'études décroché à 14 ans, il doit se résoudre à travailler.
"J'en ai bavé"
"J'en ai bavé", se souvient celui qui deviendra chauffeur de bus, puis chauffeur médical. "Toute ma vie, on m'a dit que j'étais un bon à rien, un chef m'a même traité d'imbécile un jour", se souvient-il. Alors, "il y a cinq ans, sur un coup de tête", il décide de passer le bac. Il passe les épreuves de français mais, mal préparé, il échoue. En 2012, il s'est inscrit au Centre national d'enseignement à distance (Cned) et devra passer toutes les épreuves, français compris.
Père de quatre enfants qui ont "tous fait des études", veuf depuis 2003, René Buffière dédie ses "efforts" à sa mère et, surtout, à l'un de ses fils, Daniel, contrôleur de la Mutualité sociale agricole (MSA) de 47 ans "tué d'un coup de fusil" avec une collègue le 2 septembre 2004 à Saussignac (Dordogne) par un paysan alors qu'il se rendait sur son exploitation. L'exploitant agricole a été condamné en 2007 à 30 ans de réclusion. Daniel "était le plus gentil et il est parti", se lamente le vieil homme, la main sur le visage.
Au bac, il espère engranger des points avec le français, l'économie et l'histoire, cet ancien résistant du réseau "Armée secrète" nourrissant une passion pour la Seconde guerre mondiale. A quelques jours du coup d'envoi des épreuves, le stress commence à monter et il profite de l'entrevue pour réciter la théorie économique des néoclassiques.
Lundi, aidé par un employé de la maison de retraite, il se rendra au lycée Bertran-de-Born (Périgueux), où il bénéficiera d'un temps supplémentaire. L'idée d'y rencontrer des candidats qui ont 70 ans de moins que lui en moyenne ne l'émeut guère: "Pfff... J'ai déjà passé le bac français il y a cinq ans...". Directrice de La Chêneraie, Dominique Giboin se dit sereine en cas d'échec: "Il rebondira, il en a largement les ressources. Et puis, il a d'autres projets: il veut écrire un livre sur l'amour".
De longues heures de travail
"Ecrire m'aide à retenir", explique l'octogénaire, né le 1er novembre 1924, en tapotant son front avec un stylo. Depuis qu'il a entamé son bachotage, ses journées, immuables, s'étirent en de longues plages de révision, qui démarrent vers 10H30, parfois "jusqu'à 00H30 ou 01H00", dit-il à l'AFP à quelques jours des épreuves qui débutent lundi avec la philosophie. Assis dans son fauteuil roulant - il s'est fracturé une jambe il y a plusieurs mois -, une tablette à roulette lui sert de bureau.
Dessus, un Bled d'anglais. "You are very beautiful! You are charming!", lance-t-il, les yeux rieurs, aux deux aides-soignantes, hilares. "Je viens d'une famille très modeste" qui "travaillait la terre. A mon époque, seuls les riches passaient (le bac). Et puis, je n'étais pas encouragé, chez moi, personne ne savait lire et écrire", confie M. Buffière, retraité depuis 1984 et qui a passé toute sa vie dans le Périgord. "J'avais une tête qui faisait que je me rappelais de beaucoup de choses", poursuit-il. Mais, en dépit d'un certificat d'études décroché à 14 ans, il doit se résoudre à travailler.
"J'en ai bavé"
"J'en ai bavé", se souvient celui qui deviendra chauffeur de bus, puis chauffeur médical. "Toute ma vie, on m'a dit que j'étais un bon à rien, un chef m'a même traité d'imbécile un jour", se souvient-il. Alors, "il y a cinq ans, sur un coup de tête", il décide de passer le bac. Il passe les épreuves de français mais, mal préparé, il échoue. En 2012, il s'est inscrit au Centre national d'enseignement à distance (Cned) et devra passer toutes les épreuves, français compris.
Père de quatre enfants qui ont "tous fait des études", veuf depuis 2003, René Buffière dédie ses "efforts" à sa mère et, surtout, à l'un de ses fils, Daniel, contrôleur de la Mutualité sociale agricole (MSA) de 47 ans "tué d'un coup de fusil" avec une collègue le 2 septembre 2004 à Saussignac (Dordogne) par un paysan alors qu'il se rendait sur son exploitation. L'exploitant agricole a été condamné en 2007 à 30 ans de réclusion. Daniel "était le plus gentil et il est parti", se lamente le vieil homme, la main sur le visage.
Au bac, il espère engranger des points avec le français, l'économie et l'histoire, cet ancien résistant du réseau "Armée secrète" nourrissant une passion pour la Seconde guerre mondiale. A quelques jours du coup d'envoi des épreuves, le stress commence à monter et il profite de l'entrevue pour réciter la théorie économique des néoclassiques.
Lundi, aidé par un employé de la maison de retraite, il se rendra au lycée Bertran-de-Born (Périgueux), où il bénéficiera d'un temps supplémentaire. L'idée d'y rencontrer des candidats qui ont 70 ans de moins que lui en moyenne ne l'émeut guère: "Pfff... J'ai déjà passé le bac français il y a cinq ans...". Directrice de La Chêneraie, Dominique Giboin se dit sereine en cas d'échec: "Il rebondira, il en a largement les ressources. Et puis, il a d'autres projets: il veut écrire un livre sur l'amour".