Né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe (Martinique), Aimé Fernand David Césaire fréquente, de 1919 à 1924, l'école primaire de Basse-Pointe, où son père est contrôleur des contributions, puis obtient une bourse pour le lycée Victor Schœlcher à Fort-de-France.
En septembre 1931 il arrive à Paris pour rentrer en classe d'hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand. Dès le premier jour, il rencontre Léopold Sédar Senghor, avec qui il noue une amitié qui durera jusqu'à la mort de ce dernier, en décembre 2001.
Au contact des jeunes Africains étudiant à Paris, Aimé Césaire découvre l'Afrique et la part de son identité refoulée, celle qui est victime de l'aliénation culturelle caractérisant sa Martinique natale aussi.
En septembre 1934, Césaire fonde le journal "L'Etudiant noir", avec le Guyanais Léon Gontran Damas, le Guadeloupéen Guy Tirolien, les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop, entre autres. C'est dans les colonnes de cette revue qu'apparaît pour la première fois le terme de "Négritude".
Lancé et forgé par Aimé Césaire -- même s'il préférait parler de "création collective" -- pour dénoncer l'oppression culturelle du système colonial français, le concept, plus culturel que politique, rejette le projet français d'assimilation culturelle et vise à promouvoir l'Afrique et sa culture, dévalorisées par le racisme issu de l'idéologie colonialiste.
Construit contre l'idéologie coloniale française de l'époque, le projet de la Négritude promeut un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. "Je suis de la race de ceux qu'on opprime", dit Césaire. La Négritude c'est "la recherche de l'identité. Il s'agit de nous comprendre nous-mêmes", ajoute-t-il pour définir le concept.
Après son entrée, en 1935, à l'École normale supérieure, Césaire profite de ses premières vacances pour commencer à écrire "Cahier d'un retour au pays natal" qu'il termine en 1939. "C'est le plus beau poème de l'école de la Négritude" avec les "images analogiques, la mélodie et le rythme", a commenté un jour le président Léopold Sédar Senghor.
Son mémoire de fin d'études, en 1938 à l'Ecole normale supérieure, porte sur "Le Thème du Sud dans la littérature négro-américaine des USA". Aimé Césaire rentre en Martinique en 1939, pour enseigner avec son épouse Suzanne Roussi, au lycée Victor Schœlcher de Fort-de-France.
En 1941, il fonde, avec d'autres intellectuels martiniquais, la revue Tropiques, en réaction à la situation de l'île en proie à une aliénation culturelle prononcée entretenue par des élites ayant ses références en France.
La Seconde Guerre mondiale est aussi marquée par le passage en Martinique du poète surréaliste André Breton qui y découvre, à travers le "Cahier d'un retour natal", la poésie de Césaire. Les deux hommes se rencontrent en 1941. Breton rédige la préface du recueil "Les Armes miraculeuses", qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme.
La pensée et la poésie du "nègre fondamental", comme il est surnommé, influencent des auteurs comme Frantz Fanon, Edouard Glissant – qui ont été ses élèves au lycée Victor Schœlcher, le Guadeloupéen Daniel Maximin, des intellectuels africains et africains-américains en lutte contre la colonisation et l'acculturation. Au Sénégal, l'écrivain Boubacar Boris Diop le cite souvent dans ses écrits et interventions.
A partir de 1945, date de son élection à la mairie de Fort de France puis à la députation, Aimé Césaire mène une double carrière d'homme politique et d'écrivain. Promoteur de l'autonomie – et non de l'indépendance – de la Martinique, Aimé Césaire a été de tous les combats contre le colonialisme et le racisme. Maire de Fort-de-France de 1945 - alors qu'il n'avait que 32 ans- à 2001, il est député de 1946 à 1993, président du Conseil régional de Martinique.
A la tête de la municipalité, Aimé Césaire crée le Service municipal d'action culturelle qui lance des ateliers d'arts populaires (danse, artisanat, musique) et le Festival de Fort-de-France, des manifestations qui mettent en avant des parts jusqu'alors méprisées de la culture martiniquaise.
Toujours actif pour la défense et l'illustration de la culture, Césaire fonde en 1947, avec le Sénégalais Alioune Diop (1910-1980) la revue Présence africaine.
C'est avec le soutien du Parti communiste français qu'il entre en politique. Opposé à ce parti sur la question de la Hongrie, il le quitte en 1956 pour fonder, un an plus tard, le Parti progressiste martiniquais (PPM) qui revendique l'existence d'une communauté historique martiniquaise et veut jouer le jeu de la décentralisation. Il en quitte la présidence en 2005.
En 1957, Aimé Césaire était le rapporteur de la célèbre loi qui transforme en "départements" les vieilles colonies sucrières et bananières (Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion). C'est à cette époque qu'il invente le néologisme "départementalisation".
Fidèle à sa doctrine, Aimé Césaire avait prévenu, en décembre 2005, qu'il ne recevrait pas Nicolas Sarkozy. Celui-ci devait se rendre aux Antilles comme ministre de l'Intérieur.
"Je n'accepte pas de recevoir le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, pour deux raisons. Première raison : des raisons personnelles. Deuxième raison : parce que, auteur du 'Discours sur le colonialisme', je reste fidèle à ma doctrine et anticolonialiste résolu. Je ne saurais paraître me rallier à l'esprit et à la lettre de la loi du 23 février 2005", avait écrit Aimé Césaire.
L'auteur de "La tragédie du roi Christophe" dénonce un "piège" dans lequel "il ne tombera pas". L'article 4 de la loi du 23 février 2005 reconnaissait "le rôle positif de la présence française outre-mer".
Césaire avait finalement reçu Sarkozy en mars 2006, lui offrant son célèbre livre, "Discours sur le colonialisme". Mais durant la campagne de l'élection présidentielle française de 2007, il soutient activement Ségolène Royal, en l'accompagnant notamment lors d'un meeting.
Jusqu'à sa mort, le 17 avril 2008, Césaire est resté un personnage incontournable de l'histoire martiniquaise. Ses qualités d'humaniste font de lui un homme aimé et respecté par le peuple martiniquais, toutes sensibilités politiques confondues.
APS
En septembre 1931 il arrive à Paris pour rentrer en classe d'hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand. Dès le premier jour, il rencontre Léopold Sédar Senghor, avec qui il noue une amitié qui durera jusqu'à la mort de ce dernier, en décembre 2001.
Au contact des jeunes Africains étudiant à Paris, Aimé Césaire découvre l'Afrique et la part de son identité refoulée, celle qui est victime de l'aliénation culturelle caractérisant sa Martinique natale aussi.
En septembre 1934, Césaire fonde le journal "L'Etudiant noir", avec le Guyanais Léon Gontran Damas, le Guadeloupéen Guy Tirolien, les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop, entre autres. C'est dans les colonnes de cette revue qu'apparaît pour la première fois le terme de "Négritude".
Lancé et forgé par Aimé Césaire -- même s'il préférait parler de "création collective" -- pour dénoncer l'oppression culturelle du système colonial français, le concept, plus culturel que politique, rejette le projet français d'assimilation culturelle et vise à promouvoir l'Afrique et sa culture, dévalorisées par le racisme issu de l'idéologie colonialiste.
Construit contre l'idéologie coloniale française de l'époque, le projet de la Négritude promeut un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. "Je suis de la race de ceux qu'on opprime", dit Césaire. La Négritude c'est "la recherche de l'identité. Il s'agit de nous comprendre nous-mêmes", ajoute-t-il pour définir le concept.
Après son entrée, en 1935, à l'École normale supérieure, Césaire profite de ses premières vacances pour commencer à écrire "Cahier d'un retour au pays natal" qu'il termine en 1939. "C'est le plus beau poème de l'école de la Négritude" avec les "images analogiques, la mélodie et le rythme", a commenté un jour le président Léopold Sédar Senghor.
Son mémoire de fin d'études, en 1938 à l'Ecole normale supérieure, porte sur "Le Thème du Sud dans la littérature négro-américaine des USA". Aimé Césaire rentre en Martinique en 1939, pour enseigner avec son épouse Suzanne Roussi, au lycée Victor Schœlcher de Fort-de-France.
En 1941, il fonde, avec d'autres intellectuels martiniquais, la revue Tropiques, en réaction à la situation de l'île en proie à une aliénation culturelle prononcée entretenue par des élites ayant ses références en France.
La Seconde Guerre mondiale est aussi marquée par le passage en Martinique du poète surréaliste André Breton qui y découvre, à travers le "Cahier d'un retour natal", la poésie de Césaire. Les deux hommes se rencontrent en 1941. Breton rédige la préface du recueil "Les Armes miraculeuses", qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme.
La pensée et la poésie du "nègre fondamental", comme il est surnommé, influencent des auteurs comme Frantz Fanon, Edouard Glissant – qui ont été ses élèves au lycée Victor Schœlcher, le Guadeloupéen Daniel Maximin, des intellectuels africains et africains-américains en lutte contre la colonisation et l'acculturation. Au Sénégal, l'écrivain Boubacar Boris Diop le cite souvent dans ses écrits et interventions.
A partir de 1945, date de son élection à la mairie de Fort de France puis à la députation, Aimé Césaire mène une double carrière d'homme politique et d'écrivain. Promoteur de l'autonomie – et non de l'indépendance – de la Martinique, Aimé Césaire a été de tous les combats contre le colonialisme et le racisme. Maire de Fort-de-France de 1945 - alors qu'il n'avait que 32 ans- à 2001, il est député de 1946 à 1993, président du Conseil régional de Martinique.
A la tête de la municipalité, Aimé Césaire crée le Service municipal d'action culturelle qui lance des ateliers d'arts populaires (danse, artisanat, musique) et le Festival de Fort-de-France, des manifestations qui mettent en avant des parts jusqu'alors méprisées de la culture martiniquaise.
Toujours actif pour la défense et l'illustration de la culture, Césaire fonde en 1947, avec le Sénégalais Alioune Diop (1910-1980) la revue Présence africaine.
C'est avec le soutien du Parti communiste français qu'il entre en politique. Opposé à ce parti sur la question de la Hongrie, il le quitte en 1956 pour fonder, un an plus tard, le Parti progressiste martiniquais (PPM) qui revendique l'existence d'une communauté historique martiniquaise et veut jouer le jeu de la décentralisation. Il en quitte la présidence en 2005.
En 1957, Aimé Césaire était le rapporteur de la célèbre loi qui transforme en "départements" les vieilles colonies sucrières et bananières (Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion). C'est à cette époque qu'il invente le néologisme "départementalisation".
Fidèle à sa doctrine, Aimé Césaire avait prévenu, en décembre 2005, qu'il ne recevrait pas Nicolas Sarkozy. Celui-ci devait se rendre aux Antilles comme ministre de l'Intérieur.
"Je n'accepte pas de recevoir le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, pour deux raisons. Première raison : des raisons personnelles. Deuxième raison : parce que, auteur du 'Discours sur le colonialisme', je reste fidèle à ma doctrine et anticolonialiste résolu. Je ne saurais paraître me rallier à l'esprit et à la lettre de la loi du 23 février 2005", avait écrit Aimé Césaire.
L'auteur de "La tragédie du roi Christophe" dénonce un "piège" dans lequel "il ne tombera pas". L'article 4 de la loi du 23 février 2005 reconnaissait "le rôle positif de la présence française outre-mer".
Césaire avait finalement reçu Sarkozy en mars 2006, lui offrant son célèbre livre, "Discours sur le colonialisme". Mais durant la campagne de l'élection présidentielle française de 2007, il soutient activement Ségolène Royal, en l'accompagnant notamment lors d'un meeting.
Jusqu'à sa mort, le 17 avril 2008, Césaire est resté un personnage incontournable de l'histoire martiniquaise. Ses qualités d'humaniste font de lui un homme aimé et respecté par le peuple martiniquais, toutes sensibilités politiques confondues.
APS