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Infanticide - Jugées pour une affaire vieille de 19 ans Marième Sy et sa mère sauvées par la prescription

Rédigé par leral.net le Dimanche 21 Juillet 2013 à 19:06 | | 0 commentaire(s)|

Infanticide - Jugées pour une affaire vieille de 19 ans Marième Sy et sa mère sauvées par la prescription
Au quatrième jour d'audience, la Cour d’assises de Saint-Louis qui statuait aussi sur la plus vieille affaire enrôlée dans cette session a prononcé l'acquittement en faveur de Marième Sy et Djeynaba Diallo

qui étaient respectivement accusées d'infanticide et de violation des lois sur les inhumations. Elles ont été sauvées par la prescription de l’action publique.

(Correspondance) – Si l'enfant avait eu la chance de vivre, il aurait aujourd’hui 19 ans. Mais c'est à peine qu'il eût goûté à l'air de ce monde que le nouveau-né fut trahi par la seule personne sur qui il pouvait compter, celle qui l'a porté durant neuf mois dans son ventre : Marième Sy. Cette dernière a comparu à la barre de la Cour d'assises de Saint-Louis pour répondre du chef d'accusation d'infanticide.

Hier, l'esprit de ce bébé, mort en 1994 dans des conditions désastreuses, a plané dans la salle d'audience. Le film a été retracé par sa maman Marième Sy qui a pu, entre temps, refaire sa vie. La mort dans l'âme, Marième regrette manifestement cet épisode de sa vie. Aujourd'hui, mariée, elle est mère de huit enfants dont le dernier, âgé de moins de deux ans, était présent à l'audience. Devant le juge, l'accusée a opéré un revirement dans ses déclarations, revenant catégoriquement sur ses propos initiaux. Tout comme d'ailleurs devant le magistrat instructeur. Elle soutient avoir accouché d'un mort-né, infirmant ainsi ses propos tenus devant les gendarmes enquêteurs.

Fraîchement interpellée, la jeune fille, alors âgée de 18 ans, passait aux aveux. Elle affirmait avoir étouffé son enfant, qui a poussé un cri à sa naissance, jusqu'à l'apathie. En gésine, dans la nuit du 9 septembre 1994 Marième Sy, enceinte des œuvres d'un nommé Ibrahima Ba, se retire dans un endroit isolé, s'abstenant d'informer les membres de sa famille. Après délivrance, sa mère Djeynaba Diallo qui, selon elle, ignorait les circonstances de la mort de l'enfant décide de l'inhumation. Ce qui lui a valu sa comparution pour infraction aux lois sur l'inhumation. Djeynaba Diallo soutient ignorer que c'est sa fille qui avait donné la mort à son enfant.

L'avocat général, Babacar Diop, qui a requis une peine de 10 ans de travaux forcés à l'encontre de Marième Sy estime que le comportement de cette dernière dans cette affaire illustre à suffisance sa volonté de se débarrasser de son enfant. Cela, même si la preuve n'a pas été rapportée que l’enfant était en vie. Pour lui, il est inutile de s'arc-bouter sur le certificat de genre de mort. Il juge que le fait que l'accusée se soit retirée pour la délivrance est un stratagème posé pour éliminer son enfant. Quant à la dame Djeynaba Diallo, l'avocat général a requis 6 mois ferme pour le délit de violation des lois sur les inhumations.

«Le droit pénal est allergique à la déduction», a répliqué l’avocate de Marième Sy. «L'on est sûr des accusations ou l'on ne l'est pas», ajoute Me Awa Ba. Et dans cette affaire, fait-t-elle remarquer, aucune pièce du dossier ne permet d'asseoir la culpabilité de Marième. Pour la défense, il y a un doute dans ce dossier. Aussi demande-t-elle à la Cour l'acquittement pour les faits d'infanticide. Me Djeynaba Diallo, qui a aussi plaidé l'acquittement, fait noter que sa cliente, accusée d'infraction aux lois sur l'inhumation, n'a posé aucun acte matériel et n'a eu aucune intention belliqueuse.

Placée sous mandat de dépôt en septembre 1994 puis libérée provisoirement en novembre 1995, Marième Sy, 34 ans, et sa maman Djeynaba Diallo ont été acquittées pour cause de prescription de l'action publique qui est l'extinction du droit de poursuivre après écoulement d'un délai de 10 ans. La prescription ôte aux faits poursuivis tout caractère délictueux. Dans cette affaire, l'action publique était entamée en 1996.


Source:Xamle