« Au planning familial, on ne m’a pas laissé le temps de réfléchir. « Vous êtes enceinte. Vous voulez avorter ? J’appelle tout de suite la clinique. » On ne m’a pas parlé. Si seulement j’avais pu discuter avec quelqu’un, du pour et du contre, des possibilités, je l’aurais sûrement gardé. Si j’avais su que je partirais de la maison deux mois plus tard, je l’aurais aussi gardé. Au moment fatidique, je ne voulais plus, mais l’infirmière m’a brutalisée et m’a piquée. Je suis partie trois heures plus tard, je n’en ai parlé à personne. Mes parents ne savent pas. Mes amis non plus. Je suis depuis bloquée. Je ne peux plus parler d’enfants et de tous les termes qui s’y rapportent.
Je ne peux pas parler de ma souffrance, car je n’ai pas le droit de me plaindre après ce que j’ai fait. C’est bien fait pour moi. Je voudrais avoir des enfants plus tard, je rêve d’une grande famille, mais je ne le mérite pas. D’ailleurs m’en priver est la seule solution que je vois pour payer mon crime. Je ne peux rien dire. Après ce que j’ai fait, je ne mérite rien. Je suis une criminelle. Je ne pourrais jamais me promener dans la rue avec mon gros ventre, ou avec ma poussette. J’aurais l’impression que tous les regards des gens me diront « Comment ose-t-elle après ce qu’elle a fait ! Elle n’a pas honte ?
Comment justifier aimer son enfant alors qu’on a tué le premier ? Comment être une bonne mère après ça ? Ce n’est pas possible. Il faudrait pour cela justifier ce crime inqualifiable pour lequel je n’ai même pas été punie. Si seulement j’avais fait de la prison, payé ma dette. Je suis seule avec ma conscience. Et plus le temps passe, plus je me sens coupable. Je commence à avoir l’âge de me marier et d’en avoir, l’âge d’y penser… Mais je n’en aurai jamais. C’est ce que je me répète chaque jour, et ça me fait mal. »
afrik53.com
Je ne peux pas parler de ma souffrance, car je n’ai pas le droit de me plaindre après ce que j’ai fait. C’est bien fait pour moi. Je voudrais avoir des enfants plus tard, je rêve d’une grande famille, mais je ne le mérite pas. D’ailleurs m’en priver est la seule solution que je vois pour payer mon crime. Je ne peux rien dire. Après ce que j’ai fait, je ne mérite rien. Je suis une criminelle. Je ne pourrais jamais me promener dans la rue avec mon gros ventre, ou avec ma poussette. J’aurais l’impression que tous les regards des gens me diront « Comment ose-t-elle après ce qu’elle a fait ! Elle n’a pas honte ?
Comment justifier aimer son enfant alors qu’on a tué le premier ? Comment être une bonne mère après ça ? Ce n’est pas possible. Il faudrait pour cela justifier ce crime inqualifiable pour lequel je n’ai même pas été punie. Si seulement j’avais fait de la prison, payé ma dette. Je suis seule avec ma conscience. Et plus le temps passe, plus je me sens coupable. Je commence à avoir l’âge de me marier et d’en avoir, l’âge d’y penser… Mais je n’en aurai jamais. C’est ce que je me répète chaque jour, et ça me fait mal. »
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