Mes relations amoureuses n’ont pas toujours été faciles. J’en ai beaucoup souffert. J’ai eu mon premier enfant avec un homme, alors qu’on n’était pas mariés. Lorsque je suis tombée enceinte, mon copain à l’époque a voulu que je fasse un avortement. Devant mon refus, il m’a abandonnée avec la grossesse. J’ai préféré affronter la colère de mes parents plutôt que d’ôter la vie à un être humain.
Quand j’en ai informé mes parents après plusieurs semaines de réflexion, ils sont tombés des nues. Ça a été un scandale. Mon père est entré dans une grande colère et a failli me renier. Il vivait cela comme un déshonneur, car l’islam interdit les relations amoureuses en dehors du mariage. A cause de cela, mes parents ne me parlaient presque plus. Je me suis retrouvée seule à m’occuper de ma fille. Malheureusement, celle-ci est décédée 2 mois, après sa naissance. Sa perte m’a plongée dans une grande dépression. Seules la prière et ma foi en Dieu m’ont permis de surmonter cette épreuve.
Tout avait commencé à aller mieux dans ma tête, après ce drame. Un an plus tard, je me retrouve confronté à une nouvelle situation. Un autre homme arrive dans ma vie. Après mes précédents déboires, je m’étais extrêmement enfermée dans la religion. Pour moi, vivre avec un non musulman était impensable ! Pourtant, Cédric, l’homme que j’ai rencontré était un Français travaillant au sein d’un organisme international. Moi, je travaille dans une structure spécialisée dans le commerce et je rencontre beaucoup de personnes dans le cadre de mes activités. Mon amoureux était chrétien.
Je suis tombée amoureuse de cet homme qui m’a ouvert les yeux sur l’amour sincère. Il était disposé à faire toutes les formalités pour que nous puissions nous marier et vivre ensemble. Mais, il y avait un problème ! Mes parents m’avaient prévenue qu’ils n’accepteraient jamais un non musulman dans la famille. J’ai pensé à convaincre Cédric pour qu’il se convertisse.Il me disait toujours qu’il respecte ma religion, mais ne pouvait pas se convertir. Il m’a fait comprendre que ce n’était pas le plus important dans une relation amoureuse. Dans ces conditions, je ne savais pas comment le présenter à mes parents. On discutait toujours de ça. Après de longs mois d’hésitation, j’ai fini par mettre mes parents devant les faits. Ce jour-là, après m’avoir traité de tous les noms, je me souviens de la parole que mon père a dite, lorsqu’il a reçu Cédric, venu se présenter à lui et avoir sa bénédiction pour demander ma main. Papa s’est opposé catégoriquement. Et il a dit : «je préfère voir ma fille avec un pauvre qu’avec un non musulman qui lui donnera des millions». C’était dur. J’étais déchirée intérieurement. J’aimais un homme dont malheureusement mes parents ne voulaient pas, à cause de sa religion. Ce n’était pas la joie.
Sans soutien, je me suis laissée diriger par les désirs de mon cœur. Je n’ai pas choisi de tomber amoureuse, ça s’était fait tout seul et, honnêtement, je n’avais pas le sentiment de faire quelque chose de mal. Cédric et moi, nous nous sommes mariés civilement, sans l’avis de mes parents biologiques. Je me sentais bien avec mon mari. Nous voulions avoir des enfants. Mais 8 ans après, nous n’en avions pas. On a fait des examens ici et même en France. Les médecins affirmaient qu’il n’y avait aucun problème de fertilité chez nous. Seulement, ce qui nous arrivait dépassait tout entendement humain. Ayant à l’esprit la peur d’avoir désobéi à mes parents, j’ai envoyé une délégation leur demander pardon. Ils ont refusé d’accepter tant que je serais avec Cédric. Ce dernier était de plus en plus triste et déprimé. Il projetait d’aller vivre en France. Mais je ne voulais pas me séparer de mon homme. Il était gentil, humain et je ne regrettais pas mon choix. Il ne m’empêchait pas de vivre ma religion. C’était un homme tolérant qui me laissait prier librement, m’aidait et me soutenait pendant le Ramadan, etc. Comment pouvais-je renoncer à lui ? Si Dieu n’interdit pas les religions, pourquoi les humains le feraient-ils ?
Face à ce qui nous arrivait, j’ai décidé de prendre l’affaire sous un autre angle, en allant consulter des tradipraticiens. C’est une vendeuse de médicaments traditionnels dont m’avait parlé une amie qui m’a expliqué le problème que j’avais. D’après cette femme, quelqu’un avait «attaché» mystiquement mon utérus !Cela, afin que je n’arrive pas à enfanter. C’est dans son cabinet le jour où je suis retournée la voir à Yopougon qu’elle m’a détaillé l’affaire. J’ai expliqué cela à mon mari qui s’est montré perplexe. Mais je lui ai dit de se réveiller, parce qu’on n’est pas chez lui, en France. Eux, ils ont l’habitude de ne croire en rien. Mais il y a des réalités chez nous avec lesquelles il faut compter. Je rappelle que j’avais déjà eu une fille, auparavant. J’ai donc choisi de suivre le traitement que me proposait la guérisseuse.
J’ai suivi ce traitement pendant un mois. Ensuite, je suis allée la voir, pour le renouveler. Là, elle m’apprend que ce n’est plus la peine de continuer. Car, j’étais déjà enceinte, d’après elle. J’ai eu un peu de mal à y croire. Effectivement, le mois suivant, je n’ai pas vu mes menstrues. Mon mari était étonné, mais il a préféré rester prudent, pour voir jusqu’où irait cette affaire. Trois mois plus tard, j’ai eu des saignements à tel point que j’ai cru que j’allais me vider de mon sang. Après cela, mes menstrues sont réapparues, signe que la grossesse était passée !J’ai pleuré à devenir malade. Le lendemain, très tôt, je suis allée voir la tradipraticienne pour lui expliquer ce qui s’était passé. Elle a souri, en me disant de ne pas m’inquiéter. D’après elle, l’enfant était bien là. Je suis repartie à la maison, un peu rassurée. Après 9 mois d’attente, effectivement j’ai accouché d’un petit garçon !Après plus de 8 ans d’attente.
En fait, la tradipraticienne me dira, sans nommer la personne, que c’est l’un de mes parents qui était à l’origine de mon problème. Elle m’a rassurée en disant que si la personne persiste, celle-ci mourait. J’ai eu un deuxième enfant après ça. Mais le jour de la naissance de cet enfant, le lendemain, ma mère mourait, à la suite d’un banal mal de tête.
C’est une période de ma vie que je considère comme un enfer, un épisode inoubliable pour moi. Les blessures qu’elle a provoquées en moi se sont, certes, cicatrisées avec le temps. Mais, mon père refuse de voir ses petits-enfants. Mais je ne désespère pas. J’espère toujours qu’il finira un jour par comprendre.
Source : topvisage.net