Quand mes camarades de classe me posaient la question sur mon papa, je n’avais rien à dire. Quand l’enseignante nous demandait d’écrire un paragraphe pour décrire la tendresse paternelle, je me sentais incapable de trouver des mots. Que pourrais-je dire de mon père ? Que c’est un homme qui ne vous parle que pour gueuler, qui, depuis le jour de votre naissance, regrette déjà votre vie parce que vous êtes une fille. Mon père a toujours rêvé d’avoir un garçon pourtant son dernier-né, sa cadette était encore une fille.
Enfant, je ne comprenais pas pourquoi il se montrait très dur avec moi. Il me criait dessus, ne me prenait jamais dans ses bras, me regardait rarement dans les yeux. J’avais l’impression d’être rejetée. Non, je l’étais réellement puisque mon père me le faisait comprendre chaque fois qu’il avait affaire à moi. J’étais violentée, maltraitée, parfois même battu quand il était pris par une vague de colère incontrôlable. À l’âge de 13 ans, alors que je venais tout juste de devenir une femme, il m’imposa le port du voile. Il n’arrêtait pas de dire à ma mère que j’allais ruiner son honneur et le rendre malheureux. La malheureuse, c’était moi.
Mal aimée par un père brutal et couvée par une mère effacée qui ne parvenait même pas à m’expliquer pourquoi il me détestait autant. À cause de mon père qui est mort alors que je venais d’avoir mes 20 ans, je déteste les hommes. Pour moi, un homme ne peut pas être capable d’amour. Je fais avorter toutes les tentatives des mecs de m’approcher.
Je suis à l’université et je suis constamment côtoyée par plusieurs hommes, mais l’idée d’être en contact avec l’un d’eux me rebute. Les années de traumatisme vécues auprès d’un père violent, tyran vont-elles me condamner à rester seule et à vivre seule ? Il m’arrive de vouloir être aimé, mais j’ai peur des hommes. J’ai surtout peur de souffrir et de tomber sur un homme qui ressemble à mon père. Finalement, qui a dit que les blessures de l’enfance peuvent s’estomper avec l’âge adulte ? »
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