Dans les années qui ont suivies le départ de son père, il a commencé à se rebeller contre mon autorité et à être de plus en plus difficile à gérer. Je me disais que tout cela était dû à la crise classique d’adolescence et que ça passerait tout seul, avec le temps. Quelle erreur... En fait, c’est tout le contraire qui s’est passé et Éric est devenu de plus en plus difficile à gérer, puis carrément incontrôlable. L’année dernière, alors qu’il revenait d’une soirée avec ses copains, un peu éméché, je l’ai disputé sur l’heure à laquelle il rentrait. Après tout, il n’a que 19 ans, et même s’il est majeur, je suis sa mère, il vit sous mon toit et il y a certaines règles à respecter. Surtout l’année de son bac ! À cet instant, nos relations ont changé : ne supportant plus que je lui dise ce qu’il devait faire, il m’a carrément giflée. Sous le choc, je suis restée complètement stoïque et je n’ai rien dit. Je suis partie m’enfermer dans ma chambre pour pleurer. Évidemment, ça n’a pas été la dernière fois...
L’épisode de la gifle s’est reproduit plusieurs fois et depuis maintenant plus d’1 an, nous vivons une relation faite de violences, à la fois verbales et physiques, au quotidien. Je souffre beaucoup de cette situation, non seulement pour moi bien sûr, car il est intolérable de se faire malmener ainsi, surtout par son propre fils, mais aussi pour lui, car en tant que maman, j’ai beaucoup de souffrance à voir mon fils dans un tel état de douleur et de colère intérieure. Chaque jour se passe ainsi sous le signe de la peur et dès que j’élève un peu trop la voix, je suis en risque de prendre une gifle ou encore qu’il me secoue. L’autre jour, il m’a carrément enfermée dans la cuisine car il voulait « profiter » - selon ses propres mots - de la maison, tranquillement avec ses copains. Je ne sais pas comment faire pour me sortir de cette situation.
J’ai un peu honte, mais j’ai pensé aller voir la police pour porter plainte contre lui pour violences... mais aussi séquestration. C’est bien comme ça que cela s’appelle, non ? Mais c’est trop dur pour moi et ce que je veux aussi, c’est son bonheur. Comment pourrait-il en être ainsi si un juge commence à se mettre entre nous et que la justice s’en mêle ? J’ai essayé de discuter de nombreuses fois avec lui en lui demandant de se rendre, pourquoi pas avec moi, chez un psychologue ou un psychiatre, afin de mettre les choses à plat et essayer de trouver une solution. Mais à chaque fois, je me retrouve face à un mur : il me dit que le seul problème de sa vie c’est moi et que tout est de ma faute. Je ne comprends pas ce que j’ai pu faire pour que nous en arrivions là. J’ai toujours aimé et entouré mon fils, j’ai toujours été là pour lui. Aujourd’hui, je n’ai pas de solution et je continue de subir ses colères violentes, tout en espérant que cela s’arrange. Mais je commence sérieusement à perdre espoir..