Kalidou Diallo, le nouveau ministre de l’éducation chargé du pré scolaire, de l’élémentaire et du moyen a fait sien ce postulat de feu Iba Ndiaye Diadji dont il a été pendant des années le numéro 2 à la tête du Syndicat unique et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes). Devenu aujourd’hui ministre de l’Education, il n’entend sous aucun prétexte accepter la mise en péril des intérêts de l’école. Seulement une question se pose, aura-t-il tous les moyens nécessaires pour répondre à la demande des syndicats qui, eux aussi, ont des droits à préserver ?
Entretien
Monsieur le ministre, à une semaine de l’ouverture des classes, rien ne rassure les Sénégalais sur l’avenir de l’année scolaire 2008-2009. En effet, bien qu’il y ait eu protocole d’accord au mois de juin dernier qui devait donner lieu à de nouvelles négociations entre l’Intersyndicale et le gouvernement, rien n’est fait pour aboutir à quelque chose de concret. N’est-ce pas là un sujet d’inquiétude surtout avec les menaces qui fusent de partout du côté des syndicats ?
Il ne faut pas dire que rien n’est encore fait. Je considère qu’avec mes services techniques, nous avons bien préparé la rentrée à l’issue d’une rencontre qui a eu lieu les 12, 13 et 14 septembre derniers, en présence des 11 inspecteurs d’Académies, des présidents ou des représentants des conseillers régionaux, de l’association des fédérations des parents d’élèves et des organisations syndicales. Il s’agissait non seulement de faire le bilan de l’année écoulée mais également de préparer l’année qui s’annonce tant au plan des ressources humaines qu’au plan matériel. Et c’est dans ce cadre d’ailleurs, compte tenu des inondations et de l’occupation des écoles par des populations sinistrées que nous avons décidé qu’il fallait réaménager le début des enseignements, qui était prévu pour le 02 octobre, date qui coïncidait également avec la fête de la Korité, afin d’organiser cette semaine d’hygiène et de propreté que je viens de lancer avant-hier, lundi. L’occasion était pour nous de rendre propres les écoles qui n’étaient pas inondées pour qu’elles soient prêtes à recevoir les élèves et pour que les enseignements commencent immédiatement.
Pour ce qui concerne les écoles inondées, il s’est agi de mobiliser, en plus le plan Orsec, les Asc et les parents d’élèves, pour avoir de bonnes conditions de travail dès le 13 octobre, le jour de la rentée. En ce qui concerne les menaces de certaines organisations syndicales, moi je n’accorde pas de l’importance à ces prises de positions individuelles. Ce que je retiens, c’est l’engagement unanime des 26 syndicats qui s’étaient réunis à Saly sur invitation du Comité national du dialogue social (Cnds), qui est présidé par le doyen Youssoupha Wade. J’ai reçu leur déclaration finale dans laquelle ils s’engagent à créer les oonditions d’une année scolaire apaisée et pour une année scolaire 2008-2009 paisible. En négociant au moins sur deux points, à savoir sur ce qu’ils appellent l’Ird (indemnité de recherche documentaire) et l’indemnité de logement. Sur cette base, le Gouvernement va recevoir tous les syndicats, les convocations étaient faites pour ce mercredi 08 octobre à 16 heures, afin d’engager des discussions sur ces deux questions. Dans cet état d’esprit, moi je pense que nous allons parvenir à un accord, un consensus pour une année scolaire normale. Je pense que la leçon des grèves de l’année passée n’a pas laissé la conscience des acteurs en paix. Et j’aime répéter cette phrase de feu Iba Ndiaye Diadji, « l’école d’abord, les enseignants ensuite ». L’intérêt des enseignants s’arrête là où commencent les problèmes de l’école et des élèves. Donc, à chaque fois que les fondamentaux de l’école et des élèves sont remis en cause, c’est le moment pour que s’arrête l’action des syndicats afin de remettre les compteurs à zéro. Il s’agit dès lors de prendre d’autres initiatives mais jamais mettre l’école en péril. et je pense que cette méditation a été bien interprétée par les acteurs. C’est pourquoi je suis optimiste contrairement à ce que vous dites. Je ne vois pas dans le contexte actuel des indicateurs qui montrent que ça ne marchera pas
Vous voulez dire d’ores et déjà, après un long moment de réflexion, que le gouvernement s’est bien préparé à répondre positivement à la demande des syndicats ?
De toute façon depuis l’alternance, le gouvernement n’a cessé de répondre positivement à la demande des enseignants. Dès lors, si c’était seulement les réponses positives qui devaient empêcher les grèves, je pense qu’il n’y aurait pas de grèves, sinon au moins pas autant de grèves. J’en veux pour preuve seulement qu’en 2000, l’indemnité de logement qui était à 35000F a été portée à 60000F. L’indemnité d’enseignement qui était à 35 % du salaire, est aujourd’hui à 50 % du salaire. De même, en 2000, le point indiciaire qui était à 40 points est porté aujourd’hui à 62points. Je ne parle pas des augmentations généralisées des salaires, à partir de 37 milliards, que Monsieur le Président de la République a données à l’ensemble des fonctionnaires. Bien sûr que les enseignants ont eu leur part. Je pense qu’en plus, l’amélioration des conditions de travail est effective avec l’attribution des parcelles viabilisées pour les enseignants du Sénégal, seul exemple dans le monde Donc, je considère que beaucoup de choses ont été faites. Mais pour le Président de la République et pour le Sénégal il faudra encore faire mieux pour mettre les enseignants dans de très bonnes conditions. C’est dans ce cadre, du reste, qu’il a été proposé aux enseignants une grande réflexion sur leur statut. Et cela va intégrer les discussions. Quant à la question de savoir si les discussions vont donner quelque chose ? Je ne peux rien dire avant les résultats des négociations mais tout ce que je peux dire en fait, c’est que le Gouvernement est disposé à discuter en prenant en compte le contexte dans lequel nous sommes au Sénégal. Un contexte très difficile pour le monde paysan, pour les populations d’une manière générale. Une situation qui va peser, à ne pas en douter, sur toutes les discussions liées à des problèmes de salaire. Je pense que les enseignants ne sont pas indifférents à ce contexte.
Etre ouvert aux discussions est une chose, mais répondre aux attentes des syndicats qui ont des revendications constantes (l’Ird et le logement) est une autre. Je veux dire que si le gouvernement n’est pas disposé à évoluer sur les deux points, n’y aurait-il pas de nouveaux risques de blocage de la situation ?
Pour ce qui concerne l’Indemnité de logement, beaucoup de choses ont été faites. 60000 francs par mois d’Indemnité de logement. Disons que c’était l’idéal du syndicat des enseignants, le Sudes des années 80. Et c’était également une somme que les syndicats avaient proposée, il y a deux à trois ans au gouvernement. D’ailleurs, le processus ayant abouti à 60.000 avait suivi un échelonnement qui a atteint son terme. Et dès que le terme est atteint, on relance la question sur l’Indemnité de logement pour voir ce qu’il faut en fait augmenter pour permettre aux enseignants d’avoir un toit.
Pour ce qui concerne ce que les enseignants appellent l’Ird, moi je ne discute pas sur le mot mais on va voir dans le cadre des négociations ce que ça va donner. Je ne peux rien vous dire à cette étape-ci.
Au mois de juin dernier, quand il s’est agi de sauver l’année, vous étiez parvenu à un accord avec les syndicats tout en tenant compte des pertes et des lacunes cumulées pendant tout le temps que les gens sont restés sans avoir enseigné, et qu’il fallait consacrer le mois de juillet, le mois d’octobre et le mois de novembre à des cours de rattrapage. Est-ce que le schéma reste maintenu ?
En ce qui concerne le protocole d’accord entre l’Intersyndicale de l’enseignement et le Gouvernement du 11 juin 2008, contrairement à ce qui était dit, ce protocole d’accord a été intégralement respecté parce que le premier point, c’était le réaménagement de l’année scolaire et elle a été réaménagée avec les deux sessions. L’autre point portait sur le règlement définitif de ce qu’ils appellent l’Ird. Sur cette question, il faut dire que tout ceux qui ont été omis ont été payés. Il y avait également une autre mesure d’apaisement qui a consisté à remettre ce qui a été ponctionné sur les salaires durant les grèves. Cela a tété remis totalement. L’autre point, c’était sur l’arbitrage du chef de l’Etat par rapport à l’Ird. Le chef de l’Etat, disons, a arbitré sur la question et il leur a dit que c’était pas possible dans le contexte de l’époque. Et le Président avait demandé au gouvernement de négocier avec les syndicats à la fin des examens scolaires. La date du 05 août était retenue. À cette date, le gouvernement était au rendez-vous, mais l’Intersyndicale a boudé la rencontre. Donc je considère qu’elle a violé les termes de l’accord mais pas le Gouvernement. En ce qui concerne le réaménagement consistant à prolonger les enseignements au mois de juillet pour les élèves de Cm2 qui étaient en retard et qui ont fait finalement l’examen le 23 juillet, ce prolongement a été fait et les constats montrent que les résultats de la première session et ceux de la deuxième session étaient semblables. Cela veut dire que le rattrapage a été effectif. Pour les autres cours des autres niveaux, il y a eu des difficultés pour certains qui abritaient des centres d’examens mais globalement ça été, il faut dire que les termes de l’accord ont été respectés. Et c’est dans ce cadre que du 13 octobre au 30 novembre prochain, les cours seront réservés seulement aux rattrapages des pertes cumulées de l’année scolaire 2007-2008 Excepté le CI Et le programme de l’année scolaire 2008-2009 commencera à partir du 1er décembre pour se prolonger jusqu’en fin juillet
Pensez-vous qu’un mois et demi seront suffisants pour rattraper les pertes cumulées de sept mois d’enseignement ? Ne pensez-vous pas que ces élèves vont traîner des lacunes durant tout leur cycle si on n’y prend pas garde ?
C’est évident qu’on ne peut pas rattraper tout le temps perdu mais on va essayer de réparer. Mais ça, c’est de la responsabilité des syndicats et des enseignants grévistes. De toute les façons, on va essayer de faire mieux pour mettre les élèves dans les conditions de poursuivre correctement leurs programmes des classes supérieures. En tout état de cause, au vu des résultats de cette année, notamment pour le Cfee et pour l’Entrée en Sixième, au niveau de l’ensemble des classes de Cm2, avec le système de rattrapage des cours des enseignants grévistes qui faisaient les cours les après-midi et les jours fériés, on peut considérer que s’il y a la volonté de l’enseignant en deux mois, on peut faire l’essentiel pour ensuite renforcer durant toute l’année pour combler le gap du quantum horaire.
Avez-vous prévu des mesures d’accompagnement pour inciter les maîtres à prendre en charge les élèves en dehors des heures normales ?
Il n’y a pas d’accompagnement mais je pense que les enseignants ont fait preuve de beaucoup de patriotisme en ce qui concerne les élèves du Cm2 et même parfois d’autres en enseignant gratuitement les week-end, les jours féries et les après-midi. Disons qu’on peut compter sur leur patriotisme et sur leur sens du sacrifice mais également le devoir d’éducation des enfants qui ne sont pas responsables des grèves déclenchées par les syndicats d’enseignants et faites pour les enseignants. En tout état de cause, il n’est pas prévu d’heures supplémentaires à payer pour le temps qui sera consacré aux rattrapages des cours.
Selon des études menées par des spécialistes, on perd en moyenne 500heures par an. Est-ce en tant que nouveau ministre de l’Education, vous allez prendre des mesures idoines pour anéantir ce déficit qui coûte cher au système ?
L’année scolaire avec les jours fériés et les fêtes reconnues ça était calculé, mais si le calendrier scolaire est respecté, le Sénégal a plus de 900 heures de cours par an. C’est pas un problème de jours fériés pour les élèves, c’est un problème de grèves récurrentes et permanentes. Nous avons même fait les calculs récemment avec l’année scolaire 2008 2009 comme élément de base. Mais, en termes de semaines et en termes d’heures, nous avons vu que nous dépassons les 900 heures si tout est respecté. Donc ces études dont vous parlez, j’aimerais bien avoir les références. Je pense en fait qu’il peut y avoir des études plus sérieuses. Nous avons compté jour par jour, heure par heure et en terme normal s’il n’y a pas de perturbation, le quantum horaire peut être respecté au Sénégal
On sait qu’il y a beaucoup de fêtes légales et parfois mêmes des fêtes imprévues pour ne pas dire trop fantaisistes. Est-ce, à défaut de pouvoir mettre de l’ordre dans tout ça, il n’y a pas lieu d ‘anticiper sur toutes ces choses en commençant l’année un peu plus tôt ?
Moi je pense que toutes les fêtes qui sont là si vous les recensez une par une, soit c’est des fêtes qui sont là depuis le temps colonial, soit ce sont des fêtes qu’on a créées pour réparer l’injustice, compte tenu de nos valeurs, compte tenu de la religion musulmane. En ce qui concerne la réduction des vacances des enseignants, il y a un problème lié à leurs droits , au droit des vacances scolaires inscrit dans les textes, car aussi bien à la loi 6133 que la loi 34 toujours dans le Code du travail, les congés des enseignants, ce sont des droits fondamentaux Donc on ne peut pas réduire les vacances des enseignants au mois d’août pour ouvrir les classes au mois de septembre. À moins qu’on décide d’arrêter les enseignements à la fin du mois de mai et je pense que cela aussi poserait des problèmes d’autant plus que nous avons l’hivernage et certaines zones sont inaccessibles à partir de fin mai début juin. Je pense que je suis tout à fait d’accord que la semaine de la propreté à l’école soit organisée en septembre et que les enseignants regagnent les classes en fin septembre pour que les cours démarrent le 1er octobre. C’est tout à fait envisageable.
A suivre….
Entretien
Monsieur le ministre, à une semaine de l’ouverture des classes, rien ne rassure les Sénégalais sur l’avenir de l’année scolaire 2008-2009. En effet, bien qu’il y ait eu protocole d’accord au mois de juin dernier qui devait donner lieu à de nouvelles négociations entre l’Intersyndicale et le gouvernement, rien n’est fait pour aboutir à quelque chose de concret. N’est-ce pas là un sujet d’inquiétude surtout avec les menaces qui fusent de partout du côté des syndicats ?
Il ne faut pas dire que rien n’est encore fait. Je considère qu’avec mes services techniques, nous avons bien préparé la rentrée à l’issue d’une rencontre qui a eu lieu les 12, 13 et 14 septembre derniers, en présence des 11 inspecteurs d’Académies, des présidents ou des représentants des conseillers régionaux, de l’association des fédérations des parents d’élèves et des organisations syndicales. Il s’agissait non seulement de faire le bilan de l’année écoulée mais également de préparer l’année qui s’annonce tant au plan des ressources humaines qu’au plan matériel. Et c’est dans ce cadre d’ailleurs, compte tenu des inondations et de l’occupation des écoles par des populations sinistrées que nous avons décidé qu’il fallait réaménager le début des enseignements, qui était prévu pour le 02 octobre, date qui coïncidait également avec la fête de la Korité, afin d’organiser cette semaine d’hygiène et de propreté que je viens de lancer avant-hier, lundi. L’occasion était pour nous de rendre propres les écoles qui n’étaient pas inondées pour qu’elles soient prêtes à recevoir les élèves et pour que les enseignements commencent immédiatement.
Pour ce qui concerne les écoles inondées, il s’est agi de mobiliser, en plus le plan Orsec, les Asc et les parents d’élèves, pour avoir de bonnes conditions de travail dès le 13 octobre, le jour de la rentée. En ce qui concerne les menaces de certaines organisations syndicales, moi je n’accorde pas de l’importance à ces prises de positions individuelles. Ce que je retiens, c’est l’engagement unanime des 26 syndicats qui s’étaient réunis à Saly sur invitation du Comité national du dialogue social (Cnds), qui est présidé par le doyen Youssoupha Wade. J’ai reçu leur déclaration finale dans laquelle ils s’engagent à créer les oonditions d’une année scolaire apaisée et pour une année scolaire 2008-2009 paisible. En négociant au moins sur deux points, à savoir sur ce qu’ils appellent l’Ird (indemnité de recherche documentaire) et l’indemnité de logement. Sur cette base, le Gouvernement va recevoir tous les syndicats, les convocations étaient faites pour ce mercredi 08 octobre à 16 heures, afin d’engager des discussions sur ces deux questions. Dans cet état d’esprit, moi je pense que nous allons parvenir à un accord, un consensus pour une année scolaire normale. Je pense que la leçon des grèves de l’année passée n’a pas laissé la conscience des acteurs en paix. Et j’aime répéter cette phrase de feu Iba Ndiaye Diadji, « l’école d’abord, les enseignants ensuite ». L’intérêt des enseignants s’arrête là où commencent les problèmes de l’école et des élèves. Donc, à chaque fois que les fondamentaux de l’école et des élèves sont remis en cause, c’est le moment pour que s’arrête l’action des syndicats afin de remettre les compteurs à zéro. Il s’agit dès lors de prendre d’autres initiatives mais jamais mettre l’école en péril. et je pense que cette méditation a été bien interprétée par les acteurs. C’est pourquoi je suis optimiste contrairement à ce que vous dites. Je ne vois pas dans le contexte actuel des indicateurs qui montrent que ça ne marchera pas
Vous voulez dire d’ores et déjà, après un long moment de réflexion, que le gouvernement s’est bien préparé à répondre positivement à la demande des syndicats ?
De toute façon depuis l’alternance, le gouvernement n’a cessé de répondre positivement à la demande des enseignants. Dès lors, si c’était seulement les réponses positives qui devaient empêcher les grèves, je pense qu’il n’y aurait pas de grèves, sinon au moins pas autant de grèves. J’en veux pour preuve seulement qu’en 2000, l’indemnité de logement qui était à 35000F a été portée à 60000F. L’indemnité d’enseignement qui était à 35 % du salaire, est aujourd’hui à 50 % du salaire. De même, en 2000, le point indiciaire qui était à 40 points est porté aujourd’hui à 62points. Je ne parle pas des augmentations généralisées des salaires, à partir de 37 milliards, que Monsieur le Président de la République a données à l’ensemble des fonctionnaires. Bien sûr que les enseignants ont eu leur part. Je pense qu’en plus, l’amélioration des conditions de travail est effective avec l’attribution des parcelles viabilisées pour les enseignants du Sénégal, seul exemple dans le monde Donc, je considère que beaucoup de choses ont été faites. Mais pour le Président de la République et pour le Sénégal il faudra encore faire mieux pour mettre les enseignants dans de très bonnes conditions. C’est dans ce cadre, du reste, qu’il a été proposé aux enseignants une grande réflexion sur leur statut. Et cela va intégrer les discussions. Quant à la question de savoir si les discussions vont donner quelque chose ? Je ne peux rien dire avant les résultats des négociations mais tout ce que je peux dire en fait, c’est que le Gouvernement est disposé à discuter en prenant en compte le contexte dans lequel nous sommes au Sénégal. Un contexte très difficile pour le monde paysan, pour les populations d’une manière générale. Une situation qui va peser, à ne pas en douter, sur toutes les discussions liées à des problèmes de salaire. Je pense que les enseignants ne sont pas indifférents à ce contexte.
Etre ouvert aux discussions est une chose, mais répondre aux attentes des syndicats qui ont des revendications constantes (l’Ird et le logement) est une autre. Je veux dire que si le gouvernement n’est pas disposé à évoluer sur les deux points, n’y aurait-il pas de nouveaux risques de blocage de la situation ?
Pour ce qui concerne l’Indemnité de logement, beaucoup de choses ont été faites. 60000 francs par mois d’Indemnité de logement. Disons que c’était l’idéal du syndicat des enseignants, le Sudes des années 80. Et c’était également une somme que les syndicats avaient proposée, il y a deux à trois ans au gouvernement. D’ailleurs, le processus ayant abouti à 60.000 avait suivi un échelonnement qui a atteint son terme. Et dès que le terme est atteint, on relance la question sur l’Indemnité de logement pour voir ce qu’il faut en fait augmenter pour permettre aux enseignants d’avoir un toit.
Pour ce qui concerne ce que les enseignants appellent l’Ird, moi je ne discute pas sur le mot mais on va voir dans le cadre des négociations ce que ça va donner. Je ne peux rien vous dire à cette étape-ci.
Au mois de juin dernier, quand il s’est agi de sauver l’année, vous étiez parvenu à un accord avec les syndicats tout en tenant compte des pertes et des lacunes cumulées pendant tout le temps que les gens sont restés sans avoir enseigné, et qu’il fallait consacrer le mois de juillet, le mois d’octobre et le mois de novembre à des cours de rattrapage. Est-ce que le schéma reste maintenu ?
En ce qui concerne le protocole d’accord entre l’Intersyndicale de l’enseignement et le Gouvernement du 11 juin 2008, contrairement à ce qui était dit, ce protocole d’accord a été intégralement respecté parce que le premier point, c’était le réaménagement de l’année scolaire et elle a été réaménagée avec les deux sessions. L’autre point portait sur le règlement définitif de ce qu’ils appellent l’Ird. Sur cette question, il faut dire que tout ceux qui ont été omis ont été payés. Il y avait également une autre mesure d’apaisement qui a consisté à remettre ce qui a été ponctionné sur les salaires durant les grèves. Cela a tété remis totalement. L’autre point, c’était sur l’arbitrage du chef de l’Etat par rapport à l’Ird. Le chef de l’Etat, disons, a arbitré sur la question et il leur a dit que c’était pas possible dans le contexte de l’époque. Et le Président avait demandé au gouvernement de négocier avec les syndicats à la fin des examens scolaires. La date du 05 août était retenue. À cette date, le gouvernement était au rendez-vous, mais l’Intersyndicale a boudé la rencontre. Donc je considère qu’elle a violé les termes de l’accord mais pas le Gouvernement. En ce qui concerne le réaménagement consistant à prolonger les enseignements au mois de juillet pour les élèves de Cm2 qui étaient en retard et qui ont fait finalement l’examen le 23 juillet, ce prolongement a été fait et les constats montrent que les résultats de la première session et ceux de la deuxième session étaient semblables. Cela veut dire que le rattrapage a été effectif. Pour les autres cours des autres niveaux, il y a eu des difficultés pour certains qui abritaient des centres d’examens mais globalement ça été, il faut dire que les termes de l’accord ont été respectés. Et c’est dans ce cadre que du 13 octobre au 30 novembre prochain, les cours seront réservés seulement aux rattrapages des pertes cumulées de l’année scolaire 2007-2008 Excepté le CI Et le programme de l’année scolaire 2008-2009 commencera à partir du 1er décembre pour se prolonger jusqu’en fin juillet
Pensez-vous qu’un mois et demi seront suffisants pour rattraper les pertes cumulées de sept mois d’enseignement ? Ne pensez-vous pas que ces élèves vont traîner des lacunes durant tout leur cycle si on n’y prend pas garde ?
C’est évident qu’on ne peut pas rattraper tout le temps perdu mais on va essayer de réparer. Mais ça, c’est de la responsabilité des syndicats et des enseignants grévistes. De toute les façons, on va essayer de faire mieux pour mettre les élèves dans les conditions de poursuivre correctement leurs programmes des classes supérieures. En tout état de cause, au vu des résultats de cette année, notamment pour le Cfee et pour l’Entrée en Sixième, au niveau de l’ensemble des classes de Cm2, avec le système de rattrapage des cours des enseignants grévistes qui faisaient les cours les après-midi et les jours fériés, on peut considérer que s’il y a la volonté de l’enseignant en deux mois, on peut faire l’essentiel pour ensuite renforcer durant toute l’année pour combler le gap du quantum horaire.
Avez-vous prévu des mesures d’accompagnement pour inciter les maîtres à prendre en charge les élèves en dehors des heures normales ?
Il n’y a pas d’accompagnement mais je pense que les enseignants ont fait preuve de beaucoup de patriotisme en ce qui concerne les élèves du Cm2 et même parfois d’autres en enseignant gratuitement les week-end, les jours féries et les après-midi. Disons qu’on peut compter sur leur patriotisme et sur leur sens du sacrifice mais également le devoir d’éducation des enfants qui ne sont pas responsables des grèves déclenchées par les syndicats d’enseignants et faites pour les enseignants. En tout état de cause, il n’est pas prévu d’heures supplémentaires à payer pour le temps qui sera consacré aux rattrapages des cours.
Selon des études menées par des spécialistes, on perd en moyenne 500heures par an. Est-ce en tant que nouveau ministre de l’Education, vous allez prendre des mesures idoines pour anéantir ce déficit qui coûte cher au système ?
L’année scolaire avec les jours fériés et les fêtes reconnues ça était calculé, mais si le calendrier scolaire est respecté, le Sénégal a plus de 900 heures de cours par an. C’est pas un problème de jours fériés pour les élèves, c’est un problème de grèves récurrentes et permanentes. Nous avons même fait les calculs récemment avec l’année scolaire 2008 2009 comme élément de base. Mais, en termes de semaines et en termes d’heures, nous avons vu que nous dépassons les 900 heures si tout est respecté. Donc ces études dont vous parlez, j’aimerais bien avoir les références. Je pense en fait qu’il peut y avoir des études plus sérieuses. Nous avons compté jour par jour, heure par heure et en terme normal s’il n’y a pas de perturbation, le quantum horaire peut être respecté au Sénégal
On sait qu’il y a beaucoup de fêtes légales et parfois mêmes des fêtes imprévues pour ne pas dire trop fantaisistes. Est-ce, à défaut de pouvoir mettre de l’ordre dans tout ça, il n’y a pas lieu d ‘anticiper sur toutes ces choses en commençant l’année un peu plus tôt ?
Moi je pense que toutes les fêtes qui sont là si vous les recensez une par une, soit c’est des fêtes qui sont là depuis le temps colonial, soit ce sont des fêtes qu’on a créées pour réparer l’injustice, compte tenu de nos valeurs, compte tenu de la religion musulmane. En ce qui concerne la réduction des vacances des enseignants, il y a un problème lié à leurs droits , au droit des vacances scolaires inscrit dans les textes, car aussi bien à la loi 6133 que la loi 34 toujours dans le Code du travail, les congés des enseignants, ce sont des droits fondamentaux Donc on ne peut pas réduire les vacances des enseignants au mois d’août pour ouvrir les classes au mois de septembre. À moins qu’on décide d’arrêter les enseignements à la fin du mois de mai et je pense que cela aussi poserait des problèmes d’autant plus que nous avons l’hivernage et certaines zones sont inaccessibles à partir de fin mai début juin. Je pense que je suis tout à fait d’accord que la semaine de la propreté à l’école soit organisée en septembre et que les enseignants regagnent les classes en fin septembre pour que les cours démarrent le 1er octobre. C’est tout à fait envisageable.
A suivre….