La publication du bulletin médical des politiques est devenue une marque de changement de style dans la gouvernance. Une mode pour ceux qui se réclament « modernistes ». L’actuel Président français, Nicolas Sarkozy, est de cette coterie « plus people ». Mais, il n’y a pensé qu’au début de sa présidence « pour marquer les esprits ». Pour sa part, le chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, l’avait précédé dans cette initiative, alors qu’il était encore opposant. C’est ainsi que, dans la chaleur de l’élection présidentielle de 2000, l’opposant d’alors et patron de la Coalition Alternance 2000 (Ca 2000), avait concrétisé sa promesse de publier le bilan de son état de santé en tant que postulant à la Magistrature suprême.
Chose qu’il a faite au lendemain de son retour de Paris où il s’était replié pendant un an. Le quotidien Walfadjiri, dans sa parution du 3 novembre 1999, avait publié le bilan de santé du leader du Sopi. Des examens qu’il avait subis le 26 octobre de la même année, au Laboratoire d’analyses biologique et médicale en France. Une initiative qui avait pour but, avaient commenté des observateurs, de « faire taire les interrogations » sur son état de santé, en plus de son âge handicapant, 73 ans. Ces résultats étaient jugés « concluants ». Mais, lecture médicale soumise à un biologiste sénégalais sous l’anonymat, par le même journal, dès le lendemain de la publication, avait relevé des « zones d’ombre » dans les huit (8) pages du bilan médical du candidat de la Ca 2000. Le médecin avait constaté que ces examens auxquels Abdoulaye Wade s’est prêté étaient « partiels et non exhaustifs ». Car, avait-il remarqué, « il manque, en particulier, l’hématologie et comme on a parlé de cancer, il aurait fallu qu’il nous mette aussi des éléments du bilan biologique du cancer, la recherche du marqueur cancéreux ». Mais, l’adversaire du candidat socialiste, Abdou Diouf, n’était là que pour rassurer, à sa manière, les électeurs et couper court à toute exploitation éventuelle des Socialistes de son état de santé. Et, les déboires judiciaires de Mame Marie Faye seraient, apparemment, une sorte d’épée de Damoclès au-dessus de la tête des futurs « aventuriers » qui s’amuseraient à jouer avec la santé du Président à l’horizon 2012.
Mystère sur la santé du Président
En décembre 2007, invité de l’émission-phare de la chaîne française, France 24, Le Talk de Paris, le chef de l’Etat répondait au journaliste : « Je n’ai pas de cholestérol, pas de sucre, c’est déjà quand même un élément. Et puis, je fais de la gymnastique deux fois par semaine ». Acculé par le journaliste et un intervenant sur le Webcam, Wade trouve la parade à son refus de publier ses bulletins de santé. Il dit : « Les sénégalais me voient tous les jours ; il n’y a pas de meilleur bulletin de santé que ça. Je les publie et après cela donne lieu à des commentaires, on a vu des spécialistes de ceci ou de cela. Moi, je me porte bien. Je n’ai pas de diabète, je n’ai pas de problème de cœur, je n’ai pas de problème d’artères, je n’ai pas de problème de cerveau… ». Ce bulletin verbal n’aurait-il pas suffi pour répondre à l’ophtalmologiste Marie Faye ?
En 2007, des rumeurs- démenties, par la suite, par les services du Palais présidentiel- avaient donné pour mort Abdoulaye Wade. Il finira par rectifier devant les projecteurs de la télévision, qu’il était parti se faire consulter par son médecin pour un problème de « cataracte ».
Exigence Ethico politique
Les citoyens doivent être édifiés sur les capacités physiques et mentales de leurs dirigeants. Seulement, toute volonté de promouvoir la démocratique et la transparence est souvent classée « secret d’Etat », « document confidentiel », etc. Il en existera toujours. Mais, le multipartisme, du reste comme la libéralisation de l’audiovisuel, adoptés par le Sénégal à la faveur du processus d’ouverture démocratique, devraient inciter les politiques, selon le coordonnateur du Forum civil, Mohamadou Mbodj, à publier leurs bulletins de santé.
Pour certains, cela relève du domaine du privé. « Pas tout à fait lorsqu’il s’agit du président de la République et de tous ceux qui puisent leurs pouvoirs et prérogatives de lui », rétorque le constitutionnaliste et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Ameth Ndiaye. Il est vrai, cependant, que d’un point de vue juridique, « la santé des chefs d’Etat est soumise au secret médical, au même titre que n’importe quel citoyen ». M. Ndiaye estime que, malgré ce secret médical, la publication régulière des bulletins médicaux des hommes politiques reste « un fondement même de la démocratie, de la transparence et de la bonne gouvernance ». Pour le secrétaire exécutif de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), Alioune Tine, cette connaissance, par le peuple, de l’état de santé de ceux qui le dirigent est une « exigence éthico politique ». Mais, avertit-il, « il ne faut pas se faire d’illusion car, il y a de la triche ». M. Ndiaye lui emboîte le pas estimant que « pour des questions d’éthique politique, de coutumes et d’usages, on doit inscrire la publication des bulletins de santé du chef de l’Etat, au premier chef, dans la Constitution ». Tout en admettant que c’est une « une question délicate ».
Hamath KANE
lagazette.sn
Chose qu’il a faite au lendemain de son retour de Paris où il s’était replié pendant un an. Le quotidien Walfadjiri, dans sa parution du 3 novembre 1999, avait publié le bilan de santé du leader du Sopi. Des examens qu’il avait subis le 26 octobre de la même année, au Laboratoire d’analyses biologique et médicale en France. Une initiative qui avait pour but, avaient commenté des observateurs, de « faire taire les interrogations » sur son état de santé, en plus de son âge handicapant, 73 ans. Ces résultats étaient jugés « concluants ». Mais, lecture médicale soumise à un biologiste sénégalais sous l’anonymat, par le même journal, dès le lendemain de la publication, avait relevé des « zones d’ombre » dans les huit (8) pages du bilan médical du candidat de la Ca 2000. Le médecin avait constaté que ces examens auxquels Abdoulaye Wade s’est prêté étaient « partiels et non exhaustifs ». Car, avait-il remarqué, « il manque, en particulier, l’hématologie et comme on a parlé de cancer, il aurait fallu qu’il nous mette aussi des éléments du bilan biologique du cancer, la recherche du marqueur cancéreux ». Mais, l’adversaire du candidat socialiste, Abdou Diouf, n’était là que pour rassurer, à sa manière, les électeurs et couper court à toute exploitation éventuelle des Socialistes de son état de santé. Et, les déboires judiciaires de Mame Marie Faye seraient, apparemment, une sorte d’épée de Damoclès au-dessus de la tête des futurs « aventuriers » qui s’amuseraient à jouer avec la santé du Président à l’horizon 2012.
Mystère sur la santé du Président
En décembre 2007, invité de l’émission-phare de la chaîne française, France 24, Le Talk de Paris, le chef de l’Etat répondait au journaliste : « Je n’ai pas de cholestérol, pas de sucre, c’est déjà quand même un élément. Et puis, je fais de la gymnastique deux fois par semaine ». Acculé par le journaliste et un intervenant sur le Webcam, Wade trouve la parade à son refus de publier ses bulletins de santé. Il dit : « Les sénégalais me voient tous les jours ; il n’y a pas de meilleur bulletin de santé que ça. Je les publie et après cela donne lieu à des commentaires, on a vu des spécialistes de ceci ou de cela. Moi, je me porte bien. Je n’ai pas de diabète, je n’ai pas de problème de cœur, je n’ai pas de problème d’artères, je n’ai pas de problème de cerveau… ». Ce bulletin verbal n’aurait-il pas suffi pour répondre à l’ophtalmologiste Marie Faye ?
En 2007, des rumeurs- démenties, par la suite, par les services du Palais présidentiel- avaient donné pour mort Abdoulaye Wade. Il finira par rectifier devant les projecteurs de la télévision, qu’il était parti se faire consulter par son médecin pour un problème de « cataracte ».
Exigence Ethico politique
Les citoyens doivent être édifiés sur les capacités physiques et mentales de leurs dirigeants. Seulement, toute volonté de promouvoir la démocratique et la transparence est souvent classée « secret d’Etat », « document confidentiel », etc. Il en existera toujours. Mais, le multipartisme, du reste comme la libéralisation de l’audiovisuel, adoptés par le Sénégal à la faveur du processus d’ouverture démocratique, devraient inciter les politiques, selon le coordonnateur du Forum civil, Mohamadou Mbodj, à publier leurs bulletins de santé.
Pour certains, cela relève du domaine du privé. « Pas tout à fait lorsqu’il s’agit du président de la République et de tous ceux qui puisent leurs pouvoirs et prérogatives de lui », rétorque le constitutionnaliste et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Ameth Ndiaye. Il est vrai, cependant, que d’un point de vue juridique, « la santé des chefs d’Etat est soumise au secret médical, au même titre que n’importe quel citoyen ». M. Ndiaye estime que, malgré ce secret médical, la publication régulière des bulletins médicaux des hommes politiques reste « un fondement même de la démocratie, de la transparence et de la bonne gouvernance ». Pour le secrétaire exécutif de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), Alioune Tine, cette connaissance, par le peuple, de l’état de santé de ceux qui le dirigent est une « exigence éthico politique ». Mais, avertit-il, « il ne faut pas se faire d’illusion car, il y a de la triche ». M. Ndiaye lui emboîte le pas estimant que « pour des questions d’éthique politique, de coutumes et d’usages, on doit inscrire la publication des bulletins de santé du chef de l’Etat, au premier chef, dans la Constitution ». Tout en admettant que c’est une « une question délicate ».
Hamath KANE
lagazette.sn