Il est temps pour nos compatriotes de porter une réflexion à la fois sérieuse et sincère sur le fonctionnement de notre société, notamment celle des organisations religieuses et leur omniprésence dans l’espace public, ce qui n’est pas sans porter préjudice aux populations. Chaque Sénégalais quelle que soit sa sensibilité religieuse ou confrérique peut constater de jour comme de nuit la recrudescence de manifestations religieuses (privées) dont le fonctionnement est à revoir. Il ne s’agit aucunement de nier à leurs organisateurs le droit à la liberté d’association, mais pour les autorités de l’Etat de lutter contre le bruit et d’assainir l’espace public en prenant des mesures ferme visant à réglementer voire interdire toute manifestation qui ne répondrait pas à certaines normes. En effet les habitants de Mermoz ne sont pas les seuls à faire les frais de cet accaparement illégal et injustifié de l’espace public. Si l’arrestation de Béthio Thioune a permis de libérer la parole chez ces derniers, on peut tout de même constater que dans plusieurs localités du pays, ce cri du cœur est une triste réalité : le phénomène perdure et porte préjudice à des populations, qui constatent, impuissants, que leurs domiciles, leur quartier et l’espace public ne leur appartiennent plus, que la nuit, ils se voient obligés de faire profil bas et de supporter des heures durant, les nuisances sonores (il s’agit bien de nuisances) émanant des diangues, thiants, fourël, khoubël, meetings ou autres manifestations privées mais bien visibles dans l’espace public. Lesquelles manifestations occasionnent pour la plupart du temps un blocage de la circulation et de certains axes routiers, obligeant habitants, automobilistes et piétons à effectuer des détours.
Dans certains quartiers, de 16 heures à minuit ou parfois jusqu’au petit matin, des individus, sous le couvert de la religion investissent les rues, font usage d’un matériel de sonorisation amplifié au maximum, dans une nuisance sonore irrespectueuse du droit du voisinage à un repos paisible le soir. Ainsi donc, règlementer l’organisation de ces manifestations, une nécessité vitale, revient à exiger de ces associations privées un respect du vivre-ensemble, la compréhension mutuelle et le respect de l’autre dans sa croyance et convictions personnelles. Au nom de la religion, bon nombre de ces associations abusent de l’inaction des pouvoirs publics et du silence des populations résignés, un silence dû à l’absence d’une autorité capable de veiller au respect de la quiétude des populations par une occupation raisonnée et justifiée de l’espace public.
Mais au nom de la religion aussi, beaucoup s’abstiennent de critiquer les comportements regrettables de certains de ces acteurs sociaux ou culturels et responsables d’associations, dont peu savent faire la différence entre pratique religieuse et ce qui relève de la propagande prosélyte et du trouble à l’ordre public. Sans s’immiscer dans le fonctionnement interne des dahiras, clubs, amicales, partis politiques ou autres, bon nombre de ces associations ont besoin d’un encadrement par le biais d’une sensibilisation au respect des règles de la vie en communauté, d’une rééducation au civisme et à la citoyenneté. A ces dernières, il faut tendre la main et les accompagner si nécessaire. Mais il faut aussi rester ferme et s’assurer que ces manifestations se fassent dans un cadre strictement privé, dans le strict respect du voisinage. Au-delà d’une interdiction (souhaitable) de ces manifestations dans l’espace public, l’Etat et les collectivités locales gagneraient à mettre à disposition de ces associations des maisons de la culture, salles de spectacles ou toute autre structure pouvant les accueillir, comme cela se fait en France et dans les pays développés où l’occupation de l’espace public est soumise à des règles clairement définies. Il appartient également aux populations et habitants de se constituer en associations, en comités de veille pour refuser que leur espace public serve de lieu de rassemblement à des organisations privées qui tombent dans la facilité consistant à investir l’espace public au lieu de s’acquitter des frais de location d’une salle pouvant abriter leurs manifestations quasi-hebdomadaires. En attendant les décisions des nouvelles autorités de l’Etat pour mettre un terme à ces nuisances sonores dûes à un accaparement de l’espace public par des tiers, on peut se demander combien de temps encore les populations vont devoir continuer de subir le diktat de ces organisations privées dont certaines, constatant le vide qui leur est profitable, se permettent parfois de revendiquer, à la place de l’Etat, le monopole de la violence légitime.
Abdoul Aziz Gaye
Dans certains quartiers, de 16 heures à minuit ou parfois jusqu’au petit matin, des individus, sous le couvert de la religion investissent les rues, font usage d’un matériel de sonorisation amplifié au maximum, dans une nuisance sonore irrespectueuse du droit du voisinage à un repos paisible le soir. Ainsi donc, règlementer l’organisation de ces manifestations, une nécessité vitale, revient à exiger de ces associations privées un respect du vivre-ensemble, la compréhension mutuelle et le respect de l’autre dans sa croyance et convictions personnelles. Au nom de la religion, bon nombre de ces associations abusent de l’inaction des pouvoirs publics et du silence des populations résignés, un silence dû à l’absence d’une autorité capable de veiller au respect de la quiétude des populations par une occupation raisonnée et justifiée de l’espace public.
Mais au nom de la religion aussi, beaucoup s’abstiennent de critiquer les comportements regrettables de certains de ces acteurs sociaux ou culturels et responsables d’associations, dont peu savent faire la différence entre pratique religieuse et ce qui relève de la propagande prosélyte et du trouble à l’ordre public. Sans s’immiscer dans le fonctionnement interne des dahiras, clubs, amicales, partis politiques ou autres, bon nombre de ces associations ont besoin d’un encadrement par le biais d’une sensibilisation au respect des règles de la vie en communauté, d’une rééducation au civisme et à la citoyenneté. A ces dernières, il faut tendre la main et les accompagner si nécessaire. Mais il faut aussi rester ferme et s’assurer que ces manifestations se fassent dans un cadre strictement privé, dans le strict respect du voisinage. Au-delà d’une interdiction (souhaitable) de ces manifestations dans l’espace public, l’Etat et les collectivités locales gagneraient à mettre à disposition de ces associations des maisons de la culture, salles de spectacles ou toute autre structure pouvant les accueillir, comme cela se fait en France et dans les pays développés où l’occupation de l’espace public est soumise à des règles clairement définies. Il appartient également aux populations et habitants de se constituer en associations, en comités de veille pour refuser que leur espace public serve de lieu de rassemblement à des organisations privées qui tombent dans la facilité consistant à investir l’espace public au lieu de s’acquitter des frais de location d’une salle pouvant abriter leurs manifestations quasi-hebdomadaires. En attendant les décisions des nouvelles autorités de l’Etat pour mettre un terme à ces nuisances sonores dûes à un accaparement de l’espace public par des tiers, on peut se demander combien de temps encore les populations vont devoir continuer de subir le diktat de ces organisations privées dont certaines, constatant le vide qui leur est profitable, se permettent parfois de revendiquer, à la place de l’Etat, le monopole de la violence légitime.
Abdoul Aziz Gaye