Au sortir des législatives du 01 juillet 2012, le peuple sénégalais semble engager son dernier combat de rupture générationnelle et de renouvellement de sa classe politique. Le fort taux d’abstention est à la fois un signe de méfiance et d’alerte aux apôtres de la démagogie et de l’arbitraire. Il s’agit de prime abord, de comprendre, que les citoyens sénégalais n’entendent plus s’endormir dans les starting-block et refusent désormais , de s’offrir en proie face aux « maitres de la parole » pris aujourd’hui en tenaille entre une conscience collective sans cesse grandissante et une fougue d’une jeunesse toujours prête à braver les interdits infondés pour combattre l’injustice.
L’ère post-Wade est celui de la maturité d’un peuple qui n’hésite plus à prendre son propre destin en main, en démystifiant les frontières jadis autoritaires du pouvoir et de son exercice routinier. La naissance de ce nouveau paradigme incarné par un cri populaire veut une société juste, digne et libre à l’opposé du fatalisme de longue durée subi et de l’afro-pessimisme.
C’est pour cette raison d’ailleurs que dans les arcanes de l’Assemblée nationale, il va falloir prendre en compte cette nouvelle diversité vivante dont le fait le plus marquant reste la percée des religieux, qu’ils soient seriň fak taal ou seriň lamb. Les premiers avaient joué un rôle considérable et salutaire en façonnant les âmes dans le culte des vertus. Ainsi, ils s’appuyèrent sur l’enseignement des daara, pour illuminer des bouts de bois de Dieu à la lueur du feu.
Quant aux seconds, intégrés au pouvoir, ils représentaient le symbole du rapprochement entre les chefs religieux à la tête d’une juridiction territoriale et les rois, dépositaires du pouvoir temporel (Brack, Damel, Teigne, Bour). Bien avant l’accession de notre pays à l’indépendance, Thiénaba, Touba, Tivaouane, Ndiassane et d’autres sanctuaires spirituels ont été les bastions de l’incarnation d’une droiture et d’un zèle ardent basés sur l’adoration de Dieu, la valorisation du travail et l’attachement au savoir.
Bien entendu, l’excès de fanatisme et l’abus de certains marabouts adulés et courtisés par les réseaux clientélistes sont à décrier. Mais osons dire aussi que cette éthique dont on ne cesse de faire état pour un « homo senegalensis nouveau » n’est pas une propriété intellectuelle réservée uniquement au monde des politiques. Les domi soxna l’assimilent tout simplement à ce noble devoir entrepris très tôt par les marabouts qui visaient à restaurer les valeurs sociales et morales. Assisterons-nous à un battle d’un nouveau genre à l’Assemblée nationale ? Marchons-nous vers une coexistence pacifique entre une élite religieuse prête en à découdre avec « l’homme providentiel » et l’élitisme défenseur d’un comportement mi-figue mi-raisin ?
Si en démocratie, l’idéal serait de voir le peuple souverain et sujet, on est encore loin d’une séparation entre l’exécutif et le législatif : deux pouvoirs qui doivent être distincts, le plus souvent entre les mêmes mains. La percée des religieux à l’hémicycle peut jouer un rôle considérable dans la politique de contrôle du gouvernement, des propositions des lois et de la transparence budgétaire. Elle peut en outre constituer un levier fort de combat inlassable pour la séparation des pouvoirs et la fin des conflits d’intérêt entre groupes parlementaires. L’effervescence d’une nouvelle idéologie sous la houlette des domi soxna qui ont pour mission d’instaurer un code de conduite exemplaire contraint le député sous l’ère Macky Sall à de saines habitudes.
Toutefois, ce phénomène, malgré les désaccords qui peuvent en découler, ne doit pas susciter des inquiétudes. La coexistence pacifique est incontournable et la diversité idéologique est une richesse et non un prisme de destruction mutuelle. Par conséquent, le dégel cohérent des divergences, du rigorisme et du radicalisme volatil doit servir de soubassement de réponses aux préoccupations des citoyens sénégalais et aux exigences de notre siècle.
Le besoin d’une gouvernance vertueuse et sobre né des revendications démocratiques partagées entre mouvances politiques oblige tous les acteurs à faire de la raison et de l’éthique la seule arme pour venir à bout des considérations bancales. L’espoir est permis et la posture de la capitulation inacceptable dans une société où le dernier né se nourrit désormais, de « y’en a marrisme ».
D’autre part, il faut sortir de la vision sociologique qui assigne uniquement aux religions un rôle électoraliste et de suppléance. Si dans le monde occidental, on a tendance à penser que la modernité signe le déclin irréversible du religieux, en Afrique et plus particulièrement au Sénégal, ni la science, ni la technique, encore moins la politique, ne pourront effacer les valeurs supérieures qui définissent l’ordre social sacré de la religion.
Prêchons alors l’unité et le bien être de chaque citoyen en faisant de cette diversité idéologique au sein de l’hémicycle, une chance fructueuse et positive en luttant farouchement contre toutes les formes d’exclusion.
Des lors, il incombe aux autorités étatiques qui portent l’espoir de tout un peuple, d’éviter à nouveau, une société foncièrement parasitaire qui loue l’utilisation abusive des deniers publics et les crises de personnalité. Exigeons que ces hommes et ces femmes à l’assemblée nationale puissent entamer avec éthique, dignité et respect, le contrôle de l’autorisation des dépenses, l’évaluation des politiques nationales et poser les problèmes de leurs circonscriptions.
Dr Daouda DIOP
Historien économiste
Diplômé de l’UDS de Strasbourg
diop.d@laposte.net
L’ère post-Wade est celui de la maturité d’un peuple qui n’hésite plus à prendre son propre destin en main, en démystifiant les frontières jadis autoritaires du pouvoir et de son exercice routinier. La naissance de ce nouveau paradigme incarné par un cri populaire veut une société juste, digne et libre à l’opposé du fatalisme de longue durée subi et de l’afro-pessimisme.
C’est pour cette raison d’ailleurs que dans les arcanes de l’Assemblée nationale, il va falloir prendre en compte cette nouvelle diversité vivante dont le fait le plus marquant reste la percée des religieux, qu’ils soient seriň fak taal ou seriň lamb. Les premiers avaient joué un rôle considérable et salutaire en façonnant les âmes dans le culte des vertus. Ainsi, ils s’appuyèrent sur l’enseignement des daara, pour illuminer des bouts de bois de Dieu à la lueur du feu.
Quant aux seconds, intégrés au pouvoir, ils représentaient le symbole du rapprochement entre les chefs religieux à la tête d’une juridiction territoriale et les rois, dépositaires du pouvoir temporel (Brack, Damel, Teigne, Bour). Bien avant l’accession de notre pays à l’indépendance, Thiénaba, Touba, Tivaouane, Ndiassane et d’autres sanctuaires spirituels ont été les bastions de l’incarnation d’une droiture et d’un zèle ardent basés sur l’adoration de Dieu, la valorisation du travail et l’attachement au savoir.
Bien entendu, l’excès de fanatisme et l’abus de certains marabouts adulés et courtisés par les réseaux clientélistes sont à décrier. Mais osons dire aussi que cette éthique dont on ne cesse de faire état pour un « homo senegalensis nouveau » n’est pas une propriété intellectuelle réservée uniquement au monde des politiques. Les domi soxna l’assimilent tout simplement à ce noble devoir entrepris très tôt par les marabouts qui visaient à restaurer les valeurs sociales et morales. Assisterons-nous à un battle d’un nouveau genre à l’Assemblée nationale ? Marchons-nous vers une coexistence pacifique entre une élite religieuse prête en à découdre avec « l’homme providentiel » et l’élitisme défenseur d’un comportement mi-figue mi-raisin ?
Si en démocratie, l’idéal serait de voir le peuple souverain et sujet, on est encore loin d’une séparation entre l’exécutif et le législatif : deux pouvoirs qui doivent être distincts, le plus souvent entre les mêmes mains. La percée des religieux à l’hémicycle peut jouer un rôle considérable dans la politique de contrôle du gouvernement, des propositions des lois et de la transparence budgétaire. Elle peut en outre constituer un levier fort de combat inlassable pour la séparation des pouvoirs et la fin des conflits d’intérêt entre groupes parlementaires. L’effervescence d’une nouvelle idéologie sous la houlette des domi soxna qui ont pour mission d’instaurer un code de conduite exemplaire contraint le député sous l’ère Macky Sall à de saines habitudes.
Toutefois, ce phénomène, malgré les désaccords qui peuvent en découler, ne doit pas susciter des inquiétudes. La coexistence pacifique est incontournable et la diversité idéologique est une richesse et non un prisme de destruction mutuelle. Par conséquent, le dégel cohérent des divergences, du rigorisme et du radicalisme volatil doit servir de soubassement de réponses aux préoccupations des citoyens sénégalais et aux exigences de notre siècle.
Le besoin d’une gouvernance vertueuse et sobre né des revendications démocratiques partagées entre mouvances politiques oblige tous les acteurs à faire de la raison et de l’éthique la seule arme pour venir à bout des considérations bancales. L’espoir est permis et la posture de la capitulation inacceptable dans une société où le dernier né se nourrit désormais, de « y’en a marrisme ».
D’autre part, il faut sortir de la vision sociologique qui assigne uniquement aux religions un rôle électoraliste et de suppléance. Si dans le monde occidental, on a tendance à penser que la modernité signe le déclin irréversible du religieux, en Afrique et plus particulièrement au Sénégal, ni la science, ni la technique, encore moins la politique, ne pourront effacer les valeurs supérieures qui définissent l’ordre social sacré de la religion.
Prêchons alors l’unité et le bien être de chaque citoyen en faisant de cette diversité idéologique au sein de l’hémicycle, une chance fructueuse et positive en luttant farouchement contre toutes les formes d’exclusion.
Des lors, il incombe aux autorités étatiques qui portent l’espoir de tout un peuple, d’éviter à nouveau, une société foncièrement parasitaire qui loue l’utilisation abusive des deniers publics et les crises de personnalité. Exigeons que ces hommes et ces femmes à l’assemblée nationale puissent entamer avec éthique, dignité et respect, le contrôle de l’autorisation des dépenses, l’évaluation des politiques nationales et poser les problèmes de leurs circonscriptions.
Dr Daouda DIOP
Historien économiste
Diplômé de l’UDS de Strasbourg
diop.d@laposte.net