Opposant à Vladimir Poutine, Grigory Iavlinski est écarté de la compétition électorale. Ainsi en a décidé la Commission électorale russe, cette même institution accusée d'avoir organisé et couvert les falsifications du scrutin parlementaire du 4 décembre. Officiellement, cette figure de l'opposition libérale, président du parti Iabloko (la pomme), n'a pas recueilli les deux millions de signatures valides, nécessaires à son enregistrement: au moins 24 % d'entre elles sont jugées irrecevables.
«Un tel taux justifie un refus d'enregistrement, c'est de la mathématique pure et objective», expliquent les dirigeants de la Commission électorale. Cette décision a été aussitôt dénoncée, et qualifiée de «politique» par les opposants au Kremlin. Faute d'avoir obtenu leur propre enregistrement, certains organisateurs des mouvements anti-poutiniens, qui prévoient une nouvelle manifestation le 4 février, étaient tentés de soutenir la candidature de Grigory Iavlinsky. Désormais, «il est absolument évident que ce refus remet définitivement en cause la légitimité de la prochaine élection présidentielle», ont déclaré les dirigeants du parti d'opposition Parnass. Tout en partageant cet avis, plusieurs analystes indépendants jugent «fondée» la décision de la commission électorale.
Plutôt Prokhorov, « loyal et manœuvrable »
Grigory Iavlinski a beau être un personnage politique falot, son parti recueille notamment les suffrages de l'intelligentsia moscovite et pétersbourgeoise, très présente dans les récentes manifestations. Dans la capitale russe, Iabloko a été l'une des principales victimes des falsifications électorales, qui ont permis à Russie unie, le parti dominant, d'obtenir 50 % des votes, un score jugé artificiellement gonflé par les experts. Tout comme celle de Iavlinski, les candidatures «indépendantes» ont été systématiquement rejetées par la Commission électorale, souvent pour des motifs juridiques abscons. Ainsi, une source au Kremlin citée par Vedomosti, se félicitait mardi que la candidature du gouverneur d'Irkoutsk (Sibérie), Dmitri Mezentsev, proche du Kremlin, ait été également écartée par la commission, permettant de faire croire à l'opinion publique que la loi est «égale» pour tous. Pour mieux juger du caractère ubuesque de cette campagne, le fameux gouverneur s'était publiquement réjoui de sa disqualification, jugeant la décision de la commission «sage et fondée»…
Désormais, hormis Vladimir Poutine, seuls trois candidats dits «du système» (nationalistes, communistes et sociaux-démocrates) devraient figurer dans la course. Auxquels il faut ajouter le milliardaire Mikhaïl Prokhorov, dont la candidature serait, selon les experts, téléguidée par le Kremlin. Ce dernier, qui drague les voix libérales, chasse sur les mêmes terres que Iavlinski. «Dès le début, le pouvoir avait décidé que Prokhorov, un oligarque loyal et manœuvrable, participerait à la campagne à la place de Iavlinski», dénonce le parti du candidat déchu.
Selon plusieurs kremlinologues, les conseillers de Vladimir Poutine estimaient qu'une candidature de Grigory Iavlinski aurait pu priver l'homme fort du pays d'une victoire au premier tour. Un scénario aussi périlleux qu'humiliant, que les stratèges du pouvoir voudraient à tout prix éviter à leur chef.
Le Figaro
«Un tel taux justifie un refus d'enregistrement, c'est de la mathématique pure et objective», expliquent les dirigeants de la Commission électorale. Cette décision a été aussitôt dénoncée, et qualifiée de «politique» par les opposants au Kremlin. Faute d'avoir obtenu leur propre enregistrement, certains organisateurs des mouvements anti-poutiniens, qui prévoient une nouvelle manifestation le 4 février, étaient tentés de soutenir la candidature de Grigory Iavlinsky. Désormais, «il est absolument évident que ce refus remet définitivement en cause la légitimité de la prochaine élection présidentielle», ont déclaré les dirigeants du parti d'opposition Parnass. Tout en partageant cet avis, plusieurs analystes indépendants jugent «fondée» la décision de la commission électorale.
Plutôt Prokhorov, « loyal et manœuvrable »
Grigory Iavlinski a beau être un personnage politique falot, son parti recueille notamment les suffrages de l'intelligentsia moscovite et pétersbourgeoise, très présente dans les récentes manifestations. Dans la capitale russe, Iabloko a été l'une des principales victimes des falsifications électorales, qui ont permis à Russie unie, le parti dominant, d'obtenir 50 % des votes, un score jugé artificiellement gonflé par les experts. Tout comme celle de Iavlinski, les candidatures «indépendantes» ont été systématiquement rejetées par la Commission électorale, souvent pour des motifs juridiques abscons. Ainsi, une source au Kremlin citée par Vedomosti, se félicitait mardi que la candidature du gouverneur d'Irkoutsk (Sibérie), Dmitri Mezentsev, proche du Kremlin, ait été également écartée par la commission, permettant de faire croire à l'opinion publique que la loi est «égale» pour tous. Pour mieux juger du caractère ubuesque de cette campagne, le fameux gouverneur s'était publiquement réjoui de sa disqualification, jugeant la décision de la commission «sage et fondée»…
Désormais, hormis Vladimir Poutine, seuls trois candidats dits «du système» (nationalistes, communistes et sociaux-démocrates) devraient figurer dans la course. Auxquels il faut ajouter le milliardaire Mikhaïl Prokhorov, dont la candidature serait, selon les experts, téléguidée par le Kremlin. Ce dernier, qui drague les voix libérales, chasse sur les mêmes terres que Iavlinski. «Dès le début, le pouvoir avait décidé que Prokhorov, un oligarque loyal et manœuvrable, participerait à la campagne à la place de Iavlinski», dénonce le parti du candidat déchu.
Selon plusieurs kremlinologues, les conseillers de Vladimir Poutine estimaient qu'une candidature de Grigory Iavlinski aurait pu priver l'homme fort du pays d'une victoire au premier tour. Un scénario aussi périlleux qu'humiliant, que les stratèges du pouvoir voudraient à tout prix éviter à leur chef.
Le Figaro