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LE POISSON D'AVRIL DU MOIS DE MARS

Un chef d’État doit avoir un rôle apaisant.

Qu’ un Président se fasse imposer une farce par son ministre de la justice, c’est déjà une première sous la République. Mais qu’un chef de l’exécutif ne puisse pas réagir, c’est absolument intolérable dans l’histoire politique. Le feuilleton du coup d'état étouffé dans l'oeuf démontre que le roi est nu.


Rédigé par leral.net le Lundi 28 Mars 2011 à 16:13 | | 1 commentaire(s)|

Que l’hyper président s’est rogné les ailes dès lors que son camp le trompe. Et que, craignant pour 2012, sa majorité veut imposer son maintien envers et contre tout. Première victime de cette comédie des erreurs : l’autorité présidentielle. Cela remonte à loin. Dès son élection, le président Wade a carbonisé la fonction en se surexposant constamment, ménageant du même coup ses multitudes ministres gaffeurs aux yeux de l’opinion. A jouer avec les règles d'une alternance tant espérée, on en revient vite au Sénégal des socialistes : la primauté du Palais s’écroulant, c’est la voix des farceurs qui l’emporte. Mais ce n’est pas tout. L’affaiblissement de la fonction présidentielle s’accompagne de sérieuses lézardes dans la majorité.

Il est loin le temps où, sur l’air de la rupture, tout souriait au chef de l’État. L’époque de l'alternance fraîche et joyeuse est derrière nous. La crise est passée par là, suscitant la crainte, alimentant la grogne. Ce qui doit obliger le pouvoir à tenir compte d’une réalité nouvelle qui s'est traduit par la montée de trois types d’oppositions.

L’opposition politique, tout d’abord. En dépit de la calamiteuse débâcle en 2007 et d'une présence insignificative à l'assemblée nationale, l'opposition s'est remise en selle bien plus vite que prévu. On la croyait condamné aux convulsions. Elle profite au contraire de la difficulté des temps pour se refaire une santé en renouant avec un discours de combat, aidée aussi par le PDS dont les luttes internes de positionnements ne font que miner le régime libéral.

L’opposition syndicale ensuite. Désunies, les organisations ont joué la carte de l’accompagnement des réformes libérales. Malgré les divergences et les conflits, il y avait toujours matière à compromis. Pour une bonne raison : Wade était partisan d’une renaissance syndicale, partant du principe qu’un pays en bonne santé a besoin d’un dialogue social appuyé sur des organisations puissantes et représentatives. Depuis, le ton a changé, la pratique du passage en force si chère au chef de l’État restant en travers de certaines gorges. La crise alimente une dynamique sociale à laquelle les syndicats cherchent désormais à puiser pour se refaire une santé. Et sacriffient éléves, étudiants et parents!

Reste la troisième opposition, la plus diffuse mais la plus lourde d’incertitudes. Il s’agit d’une conjonction d’angoisse du lendemain, de mécontentement face à la crise de l'énergie, d’exaspération sur la stagnation du pouvoir d’achat. Une opposition sans tête, sans nom, regroupant aussi bien chômeurs et ruraux que fonctionnaires, privés, cadres et étudiants. Tout cela qui rendit la journée du 19mars 2011 éminemment populaire. Et créa un climat délétère dont nul ne sait s’il est encore maîtrisable.

Ceux qui doutaient de l’utilité et, plus encore, de l’opportunité d'un retour de Cheikh Tidjiane SY au ministère de la justice sont désormais fixés. Le Ministre d'état, avec son style si particulier, a dissipé les ultimes perplexités puisque, à partir d’une bouillie verbale disant à peu près tout et n’importe quoi, on arrive à lui intenter un procès en néo-pétainisme alors que ses propos – le ton en témoigne – relevait du gros bon sens près de chez vous, du désir de bien faire, à la madame Michu, garanti pur saindoux.

C’est gentil, ça part dans tous les sens, c’est lourd. Avec, au bout du compte, une erreur d’atterrissage inévitable puisque les coordonnées de vol avaient été fixées par on ne sait qui. Bref, le ministre d’État est triplement piégée : par son choix du 19mars, par son manque de rigueur et par ce coup d'état qui, en libérant une parole occultée, est en train de partir littéralement dans le décor.

Avec des ingrédients du même tonneau que ceux déjà vus dans d'autres pays, on se retrouve avec une petite soupe bien malsaine. Au départ un humour franchouillard un peu gras dans un cas. Et à l’arrivée, un procès d’intention tournant aussitôt à l’aigre car touchant à quelque chose d’ultrasensible.

Touiller ces frustrations- là à des fins électorales ne présage jamais rien de bon. Le faire sans préparation digne de ce nom, sur injonction de l’État ou non, conduit à ce que nous voyons aujourd’ hui : un ministre se prend les pieds dans le tapis et c’est l’éruption instantanée. Qu'il manque simplement de charpente n’a plus grande importance. Ce qui compte, c’est que le Palais se soit fourvoyé dans une impasse dont il aura le plus grand mal à sortir. Et nous avec.

Mamadou Oumar WANE- Consultant Cabinet Audits Qualités Clients Réseaux Télécoms et Aériens

editocontribution@yahoo.fr

Par la rédaction De leral.net


1.Posté par chien le 29/03/2011 16:35 | Alerter
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Ousmane NGOM et le Ministre de la Justice savent pourquoi ils ne respectent même pas le Président Wade, mais aussi qu'ils n'ont qu'à se détromper nous aussi nous savons.

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