A L’aube d’une Alternance politique réussie, le chef de l’Etat s’adressait à ses pairs africains avec un ego surdimensionné : « je suis le président le mieux élu de l’Afrique ». Cette phrase prononcée lors des grandes rencontres des présidents d’Afrique constituait bien sûr une fierté absolue pour un homme qui s’est battu pendant plus de 27 ans pour conquérir le pouvoir de façon démocratique. Un mérite indéniable. Cette phrase cruciale, pleine de vérité et de sens, était susceptible de renforcer l’indispensable popularité et la voix prépondérante de notre pays dans le concert des nations. Le début du mandat a été un grand moment pour la diplomatie sénégalaise et a offert au président pressé, une opportunité historique : la médiation réussie dans le conflit malgache était une belle opportunité pour faire de lui l’acteur central de la politique extérieure sénégalaise. Logiquement, il en pouvait espérer une suite heureuse qui lui aurait permis de renforcer son aura sur toute l’étendue du continent déchiré par de nombreux conflits. Après ce coup de maître, ce sera la traversée du désert avant la signature d’un semblant d’accord de paix entre le Soudan et le Tchad en 2008 lors du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) tenu à Dakar après plusieurs reports. Ce grand évènement diplomatique sera cependant entaché par plusieurs soupçons de mauvaises gestions.
La politique étrangère n’a jamais fait réélire un chef de l’Etat mais elle a prouvé également qu’elle peut grossir le flot de l’impopularité. Indubitablement, le Sénégal est devenu aphone sur la scène continentale depuis plus de 10 ans même si on nous annonçait le règne de Wade comme un feu d’artifice. En l’espace de quelques années, le promoteur zélé du panafricanisme et du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est passé du statut d’un pays qui agit à celui d’une république absente dans la résolution des grands conflits continentaux. Comme anesthésié par son élection historique, la diplomatie sénégalaise enviée pour son dynamisme et son efficacité, se retrouve dans un fatal et inexplicable engrenage. C’est tout le bilan diplomatique du Sénégal, pourtant très conséquent, qui se retourne soudain comme un boomerang et se trouve jeté en pâture à l’opposition, aux médias, à l’opinion publique. En concentrant entre ses mains, toute l’action extérieure, au lieu de fixer le cap et de laisser les diplomates se charger à la fois de la préparation et de la mise en œuvre, le Sénégal est devenu tristement aphone. Il n’est plus sollicité dans les médiations sous-régionale et continentale.
Il crève les yeux que l’espace ouest africain nous échappe, le continent nous est devenu inaccessible. Au profit de Blaise Compaoré à cause de l’impulsivité, l’amateurisme, les préoccupations médiatiques (l’affaire Clotilde Reiss) et le manque de cohérence de la politique extérieure du chef de l’Etat. Aujourd’hui, c’est l’ancien putschiste emmitouflé dans un costume de démocrate reconverti qui rafle toutes les médiations dans l’espace UEMOA. Pourtant, la diplomatie sénégalaise n’a pas connu une succession indéchiffrable de profils ministériels hétéroclites : après le pondéré Cheikh Tidiane Gadio, c’est l’avènement de l’apparatchik du PDS, Madické Niang. C’est Abdoulaye Wade, le principal problème à cause de sa tendance à faire des dossiers internationaux une affaire personnelle avant de se retrouver dans des impasses. Deux exemples : la crise ivoirienne de 2002 a été un grand tournant des relations entre Dakar et Abidjan et a engendré une crise grave après avoir irrité Laurent Gbagbo. Ce dernier a toujours soupçonné Abdoulaye Wade d’être le parrain des Forces nouvelles. En route vers Marcoussis, le patron des rebelles (Guillaume Soro) était de passage à Dakar pour recueillir les conseils de Wade. Dernière en date, l’affaire Alassane Dramane Ouatara prouve une nouvelle fois un étonnant manque de discernement et de recul du chef de l’Etat. En décidant subitement de recevoir le patron du RDR à Dakar dans l’entre deux tours, le président sénégalais ne pouvait que fâcher passablement au plus haut point son homologue ivoirien. Tout en exposant la vie de nos compatriotes et provoquant une ultime fois un blocage incongru entre deux nations particulièrement proches et dont l’alliance constitue un axe essentiel pour toute l’espace de l’UEMOA.
Le chef de l’Etat a noué contre toute attente une amitié personnelle avec un paria de la communauté internationale, le honni Moussa Dadis Camara, qu’il défendait après son putsch. C’est, pourtant, Compaoré qui est venu démêler l’écheveau. Aujourd’hui, la voix du Sénégal est absente et son influence s’effrite dangereusement comme l’illustre l’absence de Sénégalais à la Direction des grandes institutions régionale et internationale. Alors que les autres pays collectionnent les postes internationaux comme le Mali (Commission de l’UEMOA, ASECNA, ONUSIDA…), Wade en prive sciemment aux Sénégalais. Depuis deux ans, le chef de l’Etat peine à faire élire le seul Aziz Sow, après avoir échoué à faire élire Ibrahima Fall à l’Union africaine, Eva Marie Colle Seck à l’Organisation mondiale de la Santé, Amadou Kane puis Aïcha Agne Pouye à la Banque ouest-africaine de Développement. Seul Jacques Diouf, qui a subi les foudres injustifiées du chef de l’Etat, gère un poste prestigieux (FAO). Moussa Touré a perdu son poste à l’UEMOA. Dernièrement, ATT a assuré deux mandats successifs à la tête de l’UEMOA. Wade est le seul chef d’Etat à n’avoir pu exercer deux mandats. Un affaiblissement diplomatique voulu et pensé ?
Bocar SAKHO la gazette
La politique étrangère n’a jamais fait réélire un chef de l’Etat mais elle a prouvé également qu’elle peut grossir le flot de l’impopularité. Indubitablement, le Sénégal est devenu aphone sur la scène continentale depuis plus de 10 ans même si on nous annonçait le règne de Wade comme un feu d’artifice. En l’espace de quelques années, le promoteur zélé du panafricanisme et du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est passé du statut d’un pays qui agit à celui d’une république absente dans la résolution des grands conflits continentaux. Comme anesthésié par son élection historique, la diplomatie sénégalaise enviée pour son dynamisme et son efficacité, se retrouve dans un fatal et inexplicable engrenage. C’est tout le bilan diplomatique du Sénégal, pourtant très conséquent, qui se retourne soudain comme un boomerang et se trouve jeté en pâture à l’opposition, aux médias, à l’opinion publique. En concentrant entre ses mains, toute l’action extérieure, au lieu de fixer le cap et de laisser les diplomates se charger à la fois de la préparation et de la mise en œuvre, le Sénégal est devenu tristement aphone. Il n’est plus sollicité dans les médiations sous-régionale et continentale.
Il crève les yeux que l’espace ouest africain nous échappe, le continent nous est devenu inaccessible. Au profit de Blaise Compaoré à cause de l’impulsivité, l’amateurisme, les préoccupations médiatiques (l’affaire Clotilde Reiss) et le manque de cohérence de la politique extérieure du chef de l’Etat. Aujourd’hui, c’est l’ancien putschiste emmitouflé dans un costume de démocrate reconverti qui rafle toutes les médiations dans l’espace UEMOA. Pourtant, la diplomatie sénégalaise n’a pas connu une succession indéchiffrable de profils ministériels hétéroclites : après le pondéré Cheikh Tidiane Gadio, c’est l’avènement de l’apparatchik du PDS, Madické Niang. C’est Abdoulaye Wade, le principal problème à cause de sa tendance à faire des dossiers internationaux une affaire personnelle avant de se retrouver dans des impasses. Deux exemples : la crise ivoirienne de 2002 a été un grand tournant des relations entre Dakar et Abidjan et a engendré une crise grave après avoir irrité Laurent Gbagbo. Ce dernier a toujours soupçonné Abdoulaye Wade d’être le parrain des Forces nouvelles. En route vers Marcoussis, le patron des rebelles (Guillaume Soro) était de passage à Dakar pour recueillir les conseils de Wade. Dernière en date, l’affaire Alassane Dramane Ouatara prouve une nouvelle fois un étonnant manque de discernement et de recul du chef de l’Etat. En décidant subitement de recevoir le patron du RDR à Dakar dans l’entre deux tours, le président sénégalais ne pouvait que fâcher passablement au plus haut point son homologue ivoirien. Tout en exposant la vie de nos compatriotes et provoquant une ultime fois un blocage incongru entre deux nations particulièrement proches et dont l’alliance constitue un axe essentiel pour toute l’espace de l’UEMOA.
Le chef de l’Etat a noué contre toute attente une amitié personnelle avec un paria de la communauté internationale, le honni Moussa Dadis Camara, qu’il défendait après son putsch. C’est, pourtant, Compaoré qui est venu démêler l’écheveau. Aujourd’hui, la voix du Sénégal est absente et son influence s’effrite dangereusement comme l’illustre l’absence de Sénégalais à la Direction des grandes institutions régionale et internationale. Alors que les autres pays collectionnent les postes internationaux comme le Mali (Commission de l’UEMOA, ASECNA, ONUSIDA…), Wade en prive sciemment aux Sénégalais. Depuis deux ans, le chef de l’Etat peine à faire élire le seul Aziz Sow, après avoir échoué à faire élire Ibrahima Fall à l’Union africaine, Eva Marie Colle Seck à l’Organisation mondiale de la Santé, Amadou Kane puis Aïcha Agne Pouye à la Banque ouest-africaine de Développement. Seul Jacques Diouf, qui a subi les foudres injustifiées du chef de l’Etat, gère un poste prestigieux (FAO). Moussa Touré a perdu son poste à l’UEMOA. Dernièrement, ATT a assuré deux mandats successifs à la tête de l’UEMOA. Wade est le seul chef d’Etat à n’avoir pu exercer deux mandats. Un affaiblissement diplomatique voulu et pensé ?
Bocar SAKHO la gazette