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LETTRE OUVERTE A LA PRESSE SENEGALAISE : 2012, UN DEFI A RELEVER !


Rédigé par leral.net le Jeudi 5 Mai 2011 à 16:14 | | 2 commentaire(s)|

LETTRE OUVERTE A LA PRESSE SENEGALAISE : 2012, UN DEFI A RELEVER !
Messieurs les patrons de presse,
Messieurs et Mesdames les journalistes,
Messieurs les analystes politiques,
Messieurs les éditorialistes,
Messieurs les consultants,

Votre mérite ne fait l’objet d’aucun doute. En 2000, les sénégalais et autres étrangers, unanimement, ont salué votre rôle très déterminant dans l’avènement de l’alternance démocratique au Sénégal. Cette dernière consacre non seulement l’aboutissement de la démocratie mais aussi le couronnement d’un long combat de 26 ans de l’opposant Abdoulaye Wade.

Pour rappel, c’est grâce aux débats contradictoires riches et variés, vous avez permis aux sénégalais d’apprécier les programmes des uns et des autres. De même, debout comme des sentinelles de la démocratie, vous avez véritablement participé, en direct sur les ondes des radios, la publication des vrais résultats, bureau par bureau et circonscription par circonscription. En homme intelligent et démocrate, le président Abdou Diouf a accepté patriotiquement sa défaite et félicité son challenger Me Wade et évitant majestueusement des troubles post électorales au Sénégal. Le monde entier avait, d’une seule voix, magnifié la démocratie sénégalaise et cité notre cher pays comme exemple à suivre.

De la même manière, se basant sur deux principes sacro-saints de votre métier à savoir la déontologie et l’éthique, vous avez joué le même rôle en 2007 : animer le débat démocratique, donner les vrais résultats issus des urnes et par la suite jouer votre rôle d’alerte et de contre pouvoir.

S’il en était besoin, les dernières élections locales ont prouvé la maturité et de la presse et des citoyens sénégalais. C’est ainsi que le parti au pouvoir (Pds) et ses principaux alliés ont été laminés par l’opposition. Le président Wade, en homme rusé et démocrate, avait félicité l’opposition regroupée au sein de Benno Siggil Sénégal pour sa percée dans la quasi-totalité des grandes villes du pays. Par ailleurs une ville, aussi historique et symbolique que Dakar, a cristallisé beaucoup d’attention. Elle a vu le fils du président Wade et sa génération du concret, en l’occurrence Karim, laminé par Khalifa Sall and co. Par conséquent, la succession dynastique théorisée par certains esprits égarés et inconscients de l’héritage culturel et démocratique des sénégalais, est renvoyé aux calendres grecques. A l’instar des grandes démocraties, au Sénégal le pouvoir ne s’hérite pas, il se mérite ! Laissons donc à Karim le temps de le mériter, il en a le droit ! Ce projet de dévolution monarchique du pouvoir prêté au président Wade a été l’objet d’un rejet vigoureux et cinglant pour plusieurs raisons. D’une part, la perte de Dakar est liée, selon certains observateurs de la scène politique, à l’implication personnelle du président de la république et de son fils, à la division et aux guéguerres des libéraux, et à la conjoncture économique d’alors (délestages, pénurie de gaz, cherté des produits pétroliers et de la vie…). D’autre part, si le parti au pouvoir a perdu Dakar, ce n’est moins la faute du fait du bilan de l’ex maire Pape Diop qui plus est largement positif. Mais certains analystes politiques pensent que cette cuisante défaite est due aux ambitions prêtées à Karim Wade de diriger la mairie de Dakar. De facto, ces élections locales se sont transformées en un référendum dont la question sous- jacente serait comme suit : êtes-vous d’accord pour une dévolution monarchique du pouvoir oui ou non? La réponse de l’écrasante majorité des sénégalais est donc sans ambages : nous ne voulons pas d’une dévolution monarchique du pouvoir !

Dans la perspective de l’élection présidentielle 2012, votre rôle sera une fois plus déterminent et les citoyens que nous sommes attendent plus de vous. En effet, nous attendons des débats de fond et programmatiques sur les secteurs tels que l’économie, l’énergie, le social, l’éducation, la santé, la laïcité de l’Etat… Il s’agira d’une part de permettre au président sortant et à ses alliés, comptables d’un bilan positif ou négatif, de le défendre et de dégager des perspectives pour le pays. Il appartiendra aux citoyens sénégalais d’apprécier à leur guise ce bilan et de se prononcer par le biais des urnes.

S’agissant de l’opposition, les sénégalais attendront à coup sûr, un programme alternatif et crédible. Que l’opposition se le tienne pour dit : programme alternatif ne veut point dire promettre des monts et merveilles aux sénégalais. Il faudrait certes nous faire rêver par des programmes concrets et réalisables mais aussi nous épargner des promesses mirifiques et démagogiques. J’ai envie de dire aux journalistes : épargnez nous des débats où on invite des marchands d’illusion qui promettent des éléphants blancs.

Pour la première fois au Sénégal, la pléthore des mouvements citoyens qui a pris une ampleur jamais égalée, faillite de l’élite politique ou non ? Toujours est-il que les mouvements citoyens auront droit au chapitre et joueront, à mon humble avis, un rôle crucial. Votre rôle sera de permettre à ces gens, qui ne se reconnaissent pas dans la politique politicienne, d’exposer leurs visions « nouvelles et novatrices » du Sénégal. L’électorat sénégalais très averti donnera son oreille attentive.

En définitive, Messieurs les journalistes, vous avez un rôle, plus ou moins, d’arbitre et de metteur en scène à jouer. En 2000, vous n’aviez pas de télévision et l’internet et la presse online ne s’étaient aussi développés qu’actuellement. Cela ne vous a pas empêché de faire un travail remarquable et salué de tous. Pour certains d’entre vous, la couverture d’une élection n’a aucun mystère pour eux car ce sera la troisième fois qu’ils couvriront une élection présidentielle. Certains groupes de presse ont fêté récemment leurs 25 ans. L’aide à la presse a sensiblement augmenté et dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012, nous citoyens, attendons de l’Etat qu’il double ses efforts et qu’il participe à l’accomplissement de votre travail. Le code de la presse rédigé par des professionnels sera adopté sous peu. La liberté de presse et la liberté d’expression est réelle et elle est garantie par la constitution. Bientôt vous allez étrenner la maison de la presse sise à la belle Corniche…Last but not least, les médias sociaux, comme facebook et twitter, vont jouer sans l’ombre d’un doute un rôle déterminant. En effet, ces médias interactifs qui suscitent un réel engouement au niveau des internautes en général et plus particulièrement des jeunes, donnent de larges possibilités aux citoyens de participer à l’offre d’information. Elles vous permettent, vous journalistes, d’impliquer ceux qui s’intéressent à ce que vous faites et partant de créer un lien de proximité et de confiance.

Pour toutes ces raisons évoquées ci-dessus, et pour l’attente grandissime du public, nous disons, citoyennement et cordialement, à la presse sénégalaise : 2012, un défi à relever !


Bassirou MBACKE

Spécialiste en management et en communication




1.Posté par waw le 05/05/2011 16:41 | Alerter
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Serigne Mbacké vous avez bien ecrit, mais malheureusementune partie de la presse a pris un engagement partisan. Elle ne se limite plus à informer pour aider l'opunion publique à mieux saisir le discours des politiciens.

2.Posté par Jean - Francois Renard FRANCE le 05/05/2011 18:59 | Alerter
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Bravo Monsieur ! Vous définissez parfaitement un Senegal idéal avec une démocratie servie

par une presse libre et consciente de ses responsabilités . MERCI .

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