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La contestation s'amplifie contre Rajoelina

Les condamnations se succèdent depuis l’accession au pouvoir du président de transition malgache. Andry Rajoelina est de plus en plus contesté sur la scène internationale, mais aussi chez lui…


Rédigé par leral.net le Mardi 24 Mars 2009 à 07:40 | | 0 commentaire(s)|

La contestation s'amplifie contre Rajoelina
La pression monte contre Andry Rajoelina. Le président de transition de Madagascar a prêté serment samedi à Antananarivo. Devant 40 000 partisans, l’ancien maire de la capitale a multiplié les paroles apaisantes. « Je jure que je ferai de mon mieux pour faire le bien du peuple. Et je jure de respecter les lois en vigueur à Madagascar », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter : « Nous proclamons la fin de la dictature, de la gabegie dans la gestion des affaires de l'Etat, des mensonges et des fausses promesses... La principale mission que doit accomplir le pouvoir de transition est de réaliser, en 24 mois maximum, l'élaboration d'une nouvelle constitution, la mise en place d'une commission électorale indépendante, d'un statut de l'opposition. Et fixer les échéances électorales ».

Communauté internationale inquiète

Rien à faire : plusieurs pays condamnent la façon dont Andry Rajoelina est arrivé à la tête de la Grande Ile. Après plusieurs semaines de crise, le président Marc Ravalomanana, lâché par l’armée, a dû démissionner mardi dernier. Il a remis le pouvoir à un directoire militaire, qui plus tard l’a transféré au jeune opposant.

Le processus a été validé par la Haute cour constitutionnelle, mais les Etats-Unis et l’Union Européenne l’assimilent à un « coup d’Etat ». Washington va par ailleurs interrompre son aide non humanitaire, dans un pays où l'aide internationale représente 70% du budget. Quant à la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC), elle refuse de reconnaître Andry Rajoelina, alors que l’Union Africaine a suspendu vendredi Madagascar de son organisation et envisage des sanctions.

La Commission de l'océan Indien (COI), à laquelle appartient Madagascar, a pour sa part appelé « les acteurs politiques malgaches à restaurer rapidement l'ordre constitutionnel ». La COI souligne que, « fidèle aux relations de solidarité qui unissent ses membres, la Commission de l'océan Indien reste disposée à favoriser la normalisation de la situation à Madagascar, dans l'intérêt premier des Malgaches ».

Contestation populaire

Dans le pays même, la contestation gronde aussi. Le jour de la prestation de serment d’Andry Rajoelina, quelque 3 000 personnes ont défilé à Antananarivo contre sa prise « illégale » du pouvoir. Ce lundi, ils étaient à nouveau plusieurs milliers à manifester. Ils demandaient entre autres à Marc Ravalomanana de revenir.

« Nous estimons que l'accession (au pouvoir) d'Andry Rajoelina est illégale et la communauté internationale est d'accord avec nous », a déclaré à l'AFP Andrianatoandro Raharinaivo, porte-parole du parti TIM du président déchu. « Aujourd'hui, a ajouté celui qui s'est présenté comme porte-parole du mouvement de contestation, nous lançons à l'endroit de la communauté internationale que c'est un coup d'Etat. »

« Ce n'est pas du tout un coup d'État »

Dans une interview accordée au Figaro, Andry Rajoelina réagit aux accusations de putsch : « Ce n'est pas du tout un coup d'État. La Haute Cour constitutionnelle a validé ce transfert de pouvoir. Rappelons aussi qu'en 1972, déjà, un président a transféré son pouvoir à un général. Même cas en 1975, quand le président Ratsiraka a dirigé le pays. Il n'a pas été élu. On l'a mis en place. (…) Cette fois le changement traduit une aspiration populaire. Les militaires comme les politiciens ont accepté que je sois à la tête de la transition ».

S’agissant de la refonte de la constitution, le président de la transition assure qu’il ne s’agit pas d’une manœuvre pour abaisser l’âge de l’éligibilité à la magistrature suprême. « Un comité va élaborer la Constitution, qui va être modifiée non pas dans mon intérêt mais pour stabiliser le pays, a-t-il affirmé. Quant à l'âge, ce n'est pas à moi de décider. Pour l'instant l'âge minimal pour être président est de 40 ans. Je ne vais pas mettre de pression pour le changer. Par exemple en France, c'est 35 ans je crois. Ce sont des choses à étudier. » Andry Rajoelina a actuellement 34 ans. (avec AFP et Reuters)

Pape Alé Niang