2012, un tournant dans notre histoire politique. Que faire donc? Être en veille, s'impliquer et prendre part. C'est le devoir de tout citoyen quelles que soient ses convictions, sa dimension, sa position géographique. C'est parce que nous sommes là que nous devons témoigner et témoigner c'est aussi dire à l'instar de Mme Traoré : « Pour ma part, je suis inépuisable parce que je sais que nous devons être un certain nombre à rester ici, les pieds solidement ancrés dans les valeurs de société qui ne se voient pas... ». Témoigner c'est agir comme le vrai sage qui « avertit de l'imminence du désastre pour l'empêcher d'avoir lieu », tel l'écrit Boubacar Boris Diop (Les petits de la guenon, Philippe Rey, 2009).
C'est seulement dans ce sens que la déclaration du chanteur Youssou Ndour « Je vais me libérer à partir du 2 janvier pour entrer dans l'arène politique » revêt tout son sens. Là, il prend un risque pour ses idées et « un homme qui ne sait pas se battre pour ses idées ne devrait pas avoir droit à la parole » pour reprendre le grand écrivain sénégalais B.B. Diop. Nul ne doit être en reste parce que le Sénégal ne peut ni rater ce virage, ni manquer ce rendez-vous avec l'histoire. Tous dans l'arène politique? Oui. Autrement la politique nous met dans le trou du désespoir et nous boute hors du temps et de l'histoire. Mais pas pour briguer tous, en même temps, le suffrage universel. Pour 2012, il y' a déjà suffisamment de guignols qui se prennent au sérieux pour en rajouter, tout comme il y' a suffisamment de ''bons candidats'' pour rallonger confusément la liste.
De toute évidence, nul ne peut dénier à des leaders d'opinion et dignes fils du Sénégal comme Youssou Ndour le mérite et la légitimité de solliciter la confiance de ses compatriotes pour présider à leur destin. Et le chanteur a sans doute raison de s'interroger en ces termes « dans quelle université on apprend à être chef de quartier, ministre ou président? » anticipant ainsi les attaques sur son curriculum vitae au cas où il se risquerait à esquisser des pas de danse au bal des seigneurs. Au regard du contexte, il gagnerait davantage à descendre dans l'arène politique pour aider ses compatriotes à se mobiliser, à s'assumer, à s'engager, à ouvrir les yeux sur les guignols, les tartuffes et les vendeurs de rêve, et à opérer le choix intelligent de l'homme de la situation et du meilleur programme pour l'avenir. L'engagement du chanteur, et surtout de l'homme d'action, doit être de faire prendre conscience à son peuple, comme Nguirane Faye à son petit fils Badou dans les petits de la guenon de Boris Diop, en lui montrant que « Mon devoir est de te protéger du Malin. Je ne t'impose rien... Le Malin profite du chaos pour repartir à la chasse et plus personne n'a envie d'entendre les balivernes de l'Emerveilleur ». Mais Youssou Ndour reste seul maître de ses options. Et à ce niveau, beaucoup se trompent d'engagement. Si tout sénégalais qui est fier de son parcours se sent les ailes pour voler vers le palais, il en restera une infime minorité suffisamment assailli par des prétentions et balivernes de toutes sortes pour savoir identifier le meilleur hôte pour le palais.
Pour 2012, il n'y a que trois perspectives sérieuses. Tout le reste n'est que confusion, imposture, témérité, marketing et positionnement. Il n'y a que l'opposition classique, la mouvance présidentielle avec ses alliées et excroissances, et la troisième voie ou celle de l'alliance vertueuse. Tout le reste n'est que chimère, divertissement et, pire encore, insulte à l'intelligence des sénégalais.
Une perspective est celle de l'opposition classique autour de Benno siggil Sénégal notamment. Sa légitimité est dans la diversité des partis qui la constituent, dans l'expérience de la gestion du pouvoir avec ses avantages et inconvénients, dans les figures historiques qui la composent, et dans le long combat politique de nombre de ses dirigeants. Amadou Moctar Mbow, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Maguette Thiam et j'en passe. Mais tous ne sont pas candidats. Fort heureusement! La crédibilité de cette opposition sera dans sa capacité de proposer un nom et un programme de gouvernance inspiré des conclusions des assises nationales. Ce qui semble peu probable parce que benno est rattrapé par les dissensions du passé dans les rapports opposant certains de ses leaders. Et pourtant, que ne ferait l'affaire un Tanor plébiscité candidat de cette coalition et soutenu par Niasse avec son capital d'expérience et ses moyens financiers! Ce dernier pourrait merveilleusement se tirer d'affaire et se remettre au service de son peuple comme futur premier ministre ou président de l'assemblée nationale. Niasse, n'a plus vraiment rien n’à prouver aux sénégalais sauf de les servir davantage. Son soutien à Tanor serait donc de taille et son retrait de la course à la mesure de sa grandeur. Les négociations en cours au sommet de benno, frisant le ridicule au risque de la discorde, ne sont donc que pur perte de temps pour la coalition et, au final, facteur d'échec pour tous ceux qui la soutiennent. La commission de facilitation risque de se rendre à l'évidence : constater deux ambitions en conflit. Niasse et Tanor seront-ils à la hauteur des attentes? Seront-ils mériter l'acte d'hommes comme Abdoulaye Bathily, Maguette Thiam et autres se retirant de la course en leur faveur? Seront-ils finalement capables de mettre l'intérêt suprême du Sénégal au delà de toute autre considération? Seront-ils capables de ne pas confondre l'ombre et la proie? A voir...
Une autre perspective est celle de la mouvance présidentielle avec ses alliées et excroissances. Ils sont au pouvoir depuis 12 ans et sont par conséquent comptables du bilan qu'ils devront défendre pour être sanctionnées positivement ou négativement. N'en déplaise à Idrissa Seck, Macky Sall, Cheikh Tidiane Gadio ou Aminata Tall, nous les plaçons dans cette mouvance. Tous, tant qu'ils sont, ont un long vécu avec Wade et un bilan à assumer. Trois candidats en sortiront au moins: Idrissa Seck avec Rewmi, Macky Sall avec l'APR et le candidat du PDS avec ses alliés. Idrissa Seck, résolument décidé à être le quatrième président du Sénégal, est parfaitement conscient de l'avantage qu'il pourrait tirer du discrédit de Macky Sall. D'où les raisons, sous prétexte des 7 milliards de Taïwan, des hostilités ouvertes à l'encontre de ce dernier qui se positionne lentement, mais sûrement, parmi ses anciens camarades, au sein de la diaspora et auprès des indécis. Dès son divorce avec Wade, Macky a, contrairement à la stratégie de Idy à ses heures, adopté une posture de rupture évidente et s'y est tenu avec constance. En outre, hormis celle de maître Wade, toute autre candidature du PDS risque de faire voler en éclat ce qui reste de l'alliance au pouvoir. On voit bien la difficulté du président de lâcher le morceau pour se conformer à la constitution. Mais le respect de la constitution doit être un impératif catégorique. Ses meilleurs dauphins sont devenus ses pires adversaires. Personne pour assurer sûrement la relève. Mais la voie de Souleymane Ndéné Ndiaye n'est pas à négliger. Trois anciens premiers ministres dans une même compétition pour représenter, bon gré mal gré, une seule mouvance et succéder au maître. Qui dit mieux? Les sénégalais auront-ils la mémoire? Le meilleur de cette mouvance sera t-il un simple succédané de Wade en cas de victoire ou une vraie révélation? Le meilleur est devant nous…
Enfin la dernière perspective après celle de l'opposition classique et du pouvoir en place est celle de la troisième voie. La voie des candidats indépendants et de quelques leaders politiques comme Talla Sylla, Cheikh Bamba Dièye, Mamadou Lamine Diallo ou Mbaye Niang, qu'ils se réclament de benno ou non. Cette voie regroupe des leaders d'opinion d'une bonne crédibilité à l'image de Mansour Sy Djamil, Mansour Ndiaye, etc. des technico-politiques de haute facture comme Ibrahima Fall, Jacques Diouf, Lamine Diack, Moussa Touré, etc. et des militants de la société civile comme Amsatou Sow Sidibé, Moubarak Lô, etc. Dans le cadre d'une alliance patriotique autour d'un pacte éthique, cette voie pourrait très fortement créer la surprise. Une personnalité se dégage : Ibrahima Fall. L'homme est réputé honnête, compétent, expérimenté. Qui dit mieux? Nul ne doute de sa capacité à présider convenablement aux destinés du Sénégal. Son parcours en offre l'argument le plus éloquent. Un handicap cependant. Il ne serait pas connu de la jeune génération. Mais que serait ce handicap avec le soutien de Talla Sylla, Cheikh Bamba Dièye, Mansour Ndiaye, Mansour Sy Djiamil, Mbaye Niang, etc.? Des hommes d'action, une alliance éthique. Que serait ce handicap avec le soutien de Jacques Diouf, Lamine Diack, Moussa Touré, Arona Ndoffène Diouf, Moubarak Lô, Amsatou Sow Sidibé? Des hommes et femmes d'expérience et de compétence, une alliance vertueuse. Tous, portés vers l'avenir, autour d'un programme qui plébiscite non pas un homme, mais une voie pour l'espoir, autour d'un pacte vertueux qui permet à chacun selon ses compétentes de se retrouver à la place convenable pour, pendant cinq ans, servir le Sénégal au mieux. Une alliance patriotique avec un seul vainqueur, la nation. Et autant de victorieux que de contractants. Les anciens qui s'engagent pour la gravité de l'heure atteindront leur objectif. Et les plus jeunes pourront davantage affûter leurs armes pour l'avenir. Qui dit mieux? Ces hommes et femmes, d'une capacité d'indignation et d'engagement certaine, seront-ils capables de s'élever au dessus de leur propre personne pour penser l'émergence et agir pour le Sénégal. Isolés, la plupart tomberont ridiculement dans le piège du loup qui, comme le dit le prophète de l'islam, ne dévore du bétail que la brebis égarée.
2012, un peu de politique fiction s'il vous plaît ! Imaginons, au soir du 31 décembre 2011, le Président de la République annoncer solennellement se retirer de la course présidentielle et se porter garant d'un scrutin qui fera triompher le meilleur aux yeux du peuple. Le monde applaudit, le Sénégal aussi, fier de son président qui sort, comme il est rentré, par la grande porte. Imaginons à partir de cet instant une campagne électorale opposant principalement Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall, Ibrahima Fall, Idrissa Seck et Souleymane Ndéné Ndiaye ou Djibo Leyti Kâ. Chacun soutenu par des hommes et des femmes aussi méritants, mais cédant la place pour l'intérêt collectif. Voilà une confrontation digne. Idées contre idées. Programme contre programme. Ambition contre ambition pour le Sénégal. Si des leaders d'opinion comme Youssou Ndour, Bara Tall, Abdoulatif Coulibaly, le M23, le groupe Y'en a marre et bien d'autres jouent convenablement leur partition, aucun de ces candidats, s'il remportait le suffrage, n'oserait prendre le Sénégal pour otage et ne se permettrait non plus de développer la logique de l'accaparement pire fléau contre le développement de nos pays. Le bouclier du peuple sera au rendez-vous, renforcé par une maturité démocratique qui décourage les usurpateurs.
En tout état de cause, la vigilance du peuple est requise. L'homme qui doit succéder à Wade ne peut être choisi avec légèreté. Il doit être un homme d'une expérience éloquente, d'une compétence avérée, d'une moralité rigoureuse et d'une honnêteté au dessus de tout soupçon. Il doit être un homme de transition, donc élu sur un engagement fort, un pacte avec le peuple, pour un seul mandat autour d'axes forts déclinant un programme ambitieux, réaliste, clairement mesurable et largement inspiré des conclusions des assises nationales; un programme qui ne peut occulter la question de l'éducation, de l'énergie, de l'emploi, de la création d'activités et de l'investissement.
Ni rêveur, ni vendeur de rêves, encore moins émerveilleur ou guignol qui cherche un nom en venant perturber le fameux bal des seigneurs.
Saliou DRAME
saliou.drame@gmail.com
Auteur de Le musulman sénégalais face à l’appartenance confrérique, Paris, L’Harmattan, 2011.
C'est seulement dans ce sens que la déclaration du chanteur Youssou Ndour « Je vais me libérer à partir du 2 janvier pour entrer dans l'arène politique » revêt tout son sens. Là, il prend un risque pour ses idées et « un homme qui ne sait pas se battre pour ses idées ne devrait pas avoir droit à la parole » pour reprendre le grand écrivain sénégalais B.B. Diop. Nul ne doit être en reste parce que le Sénégal ne peut ni rater ce virage, ni manquer ce rendez-vous avec l'histoire. Tous dans l'arène politique? Oui. Autrement la politique nous met dans le trou du désespoir et nous boute hors du temps et de l'histoire. Mais pas pour briguer tous, en même temps, le suffrage universel. Pour 2012, il y' a déjà suffisamment de guignols qui se prennent au sérieux pour en rajouter, tout comme il y' a suffisamment de ''bons candidats'' pour rallonger confusément la liste.
De toute évidence, nul ne peut dénier à des leaders d'opinion et dignes fils du Sénégal comme Youssou Ndour le mérite et la légitimité de solliciter la confiance de ses compatriotes pour présider à leur destin. Et le chanteur a sans doute raison de s'interroger en ces termes « dans quelle université on apprend à être chef de quartier, ministre ou président? » anticipant ainsi les attaques sur son curriculum vitae au cas où il se risquerait à esquisser des pas de danse au bal des seigneurs. Au regard du contexte, il gagnerait davantage à descendre dans l'arène politique pour aider ses compatriotes à se mobiliser, à s'assumer, à s'engager, à ouvrir les yeux sur les guignols, les tartuffes et les vendeurs de rêve, et à opérer le choix intelligent de l'homme de la situation et du meilleur programme pour l'avenir. L'engagement du chanteur, et surtout de l'homme d'action, doit être de faire prendre conscience à son peuple, comme Nguirane Faye à son petit fils Badou dans les petits de la guenon de Boris Diop, en lui montrant que « Mon devoir est de te protéger du Malin. Je ne t'impose rien... Le Malin profite du chaos pour repartir à la chasse et plus personne n'a envie d'entendre les balivernes de l'Emerveilleur ». Mais Youssou Ndour reste seul maître de ses options. Et à ce niveau, beaucoup se trompent d'engagement. Si tout sénégalais qui est fier de son parcours se sent les ailes pour voler vers le palais, il en restera une infime minorité suffisamment assailli par des prétentions et balivernes de toutes sortes pour savoir identifier le meilleur hôte pour le palais.
Pour 2012, il n'y a que trois perspectives sérieuses. Tout le reste n'est que confusion, imposture, témérité, marketing et positionnement. Il n'y a que l'opposition classique, la mouvance présidentielle avec ses alliées et excroissances, et la troisième voie ou celle de l'alliance vertueuse. Tout le reste n'est que chimère, divertissement et, pire encore, insulte à l'intelligence des sénégalais.
Une perspective est celle de l'opposition classique autour de Benno siggil Sénégal notamment. Sa légitimité est dans la diversité des partis qui la constituent, dans l'expérience de la gestion du pouvoir avec ses avantages et inconvénients, dans les figures historiques qui la composent, et dans le long combat politique de nombre de ses dirigeants. Amadou Moctar Mbow, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Maguette Thiam et j'en passe. Mais tous ne sont pas candidats. Fort heureusement! La crédibilité de cette opposition sera dans sa capacité de proposer un nom et un programme de gouvernance inspiré des conclusions des assises nationales. Ce qui semble peu probable parce que benno est rattrapé par les dissensions du passé dans les rapports opposant certains de ses leaders. Et pourtant, que ne ferait l'affaire un Tanor plébiscité candidat de cette coalition et soutenu par Niasse avec son capital d'expérience et ses moyens financiers! Ce dernier pourrait merveilleusement se tirer d'affaire et se remettre au service de son peuple comme futur premier ministre ou président de l'assemblée nationale. Niasse, n'a plus vraiment rien n’à prouver aux sénégalais sauf de les servir davantage. Son soutien à Tanor serait donc de taille et son retrait de la course à la mesure de sa grandeur. Les négociations en cours au sommet de benno, frisant le ridicule au risque de la discorde, ne sont donc que pur perte de temps pour la coalition et, au final, facteur d'échec pour tous ceux qui la soutiennent. La commission de facilitation risque de se rendre à l'évidence : constater deux ambitions en conflit. Niasse et Tanor seront-ils à la hauteur des attentes? Seront-ils mériter l'acte d'hommes comme Abdoulaye Bathily, Maguette Thiam et autres se retirant de la course en leur faveur? Seront-ils finalement capables de mettre l'intérêt suprême du Sénégal au delà de toute autre considération? Seront-ils capables de ne pas confondre l'ombre et la proie? A voir...
Une autre perspective est celle de la mouvance présidentielle avec ses alliées et excroissances. Ils sont au pouvoir depuis 12 ans et sont par conséquent comptables du bilan qu'ils devront défendre pour être sanctionnées positivement ou négativement. N'en déplaise à Idrissa Seck, Macky Sall, Cheikh Tidiane Gadio ou Aminata Tall, nous les plaçons dans cette mouvance. Tous, tant qu'ils sont, ont un long vécu avec Wade et un bilan à assumer. Trois candidats en sortiront au moins: Idrissa Seck avec Rewmi, Macky Sall avec l'APR et le candidat du PDS avec ses alliés. Idrissa Seck, résolument décidé à être le quatrième président du Sénégal, est parfaitement conscient de l'avantage qu'il pourrait tirer du discrédit de Macky Sall. D'où les raisons, sous prétexte des 7 milliards de Taïwan, des hostilités ouvertes à l'encontre de ce dernier qui se positionne lentement, mais sûrement, parmi ses anciens camarades, au sein de la diaspora et auprès des indécis. Dès son divorce avec Wade, Macky a, contrairement à la stratégie de Idy à ses heures, adopté une posture de rupture évidente et s'y est tenu avec constance. En outre, hormis celle de maître Wade, toute autre candidature du PDS risque de faire voler en éclat ce qui reste de l'alliance au pouvoir. On voit bien la difficulté du président de lâcher le morceau pour se conformer à la constitution. Mais le respect de la constitution doit être un impératif catégorique. Ses meilleurs dauphins sont devenus ses pires adversaires. Personne pour assurer sûrement la relève. Mais la voie de Souleymane Ndéné Ndiaye n'est pas à négliger. Trois anciens premiers ministres dans une même compétition pour représenter, bon gré mal gré, une seule mouvance et succéder au maître. Qui dit mieux? Les sénégalais auront-ils la mémoire? Le meilleur de cette mouvance sera t-il un simple succédané de Wade en cas de victoire ou une vraie révélation? Le meilleur est devant nous…
Enfin la dernière perspective après celle de l'opposition classique et du pouvoir en place est celle de la troisième voie. La voie des candidats indépendants et de quelques leaders politiques comme Talla Sylla, Cheikh Bamba Dièye, Mamadou Lamine Diallo ou Mbaye Niang, qu'ils se réclament de benno ou non. Cette voie regroupe des leaders d'opinion d'une bonne crédibilité à l'image de Mansour Sy Djamil, Mansour Ndiaye, etc. des technico-politiques de haute facture comme Ibrahima Fall, Jacques Diouf, Lamine Diack, Moussa Touré, etc. et des militants de la société civile comme Amsatou Sow Sidibé, Moubarak Lô, etc. Dans le cadre d'une alliance patriotique autour d'un pacte éthique, cette voie pourrait très fortement créer la surprise. Une personnalité se dégage : Ibrahima Fall. L'homme est réputé honnête, compétent, expérimenté. Qui dit mieux? Nul ne doute de sa capacité à présider convenablement aux destinés du Sénégal. Son parcours en offre l'argument le plus éloquent. Un handicap cependant. Il ne serait pas connu de la jeune génération. Mais que serait ce handicap avec le soutien de Talla Sylla, Cheikh Bamba Dièye, Mansour Ndiaye, Mansour Sy Djiamil, Mbaye Niang, etc.? Des hommes d'action, une alliance éthique. Que serait ce handicap avec le soutien de Jacques Diouf, Lamine Diack, Moussa Touré, Arona Ndoffène Diouf, Moubarak Lô, Amsatou Sow Sidibé? Des hommes et femmes d'expérience et de compétence, une alliance vertueuse. Tous, portés vers l'avenir, autour d'un programme qui plébiscite non pas un homme, mais une voie pour l'espoir, autour d'un pacte vertueux qui permet à chacun selon ses compétentes de se retrouver à la place convenable pour, pendant cinq ans, servir le Sénégal au mieux. Une alliance patriotique avec un seul vainqueur, la nation. Et autant de victorieux que de contractants. Les anciens qui s'engagent pour la gravité de l'heure atteindront leur objectif. Et les plus jeunes pourront davantage affûter leurs armes pour l'avenir. Qui dit mieux? Ces hommes et femmes, d'une capacité d'indignation et d'engagement certaine, seront-ils capables de s'élever au dessus de leur propre personne pour penser l'émergence et agir pour le Sénégal. Isolés, la plupart tomberont ridiculement dans le piège du loup qui, comme le dit le prophète de l'islam, ne dévore du bétail que la brebis égarée.
2012, un peu de politique fiction s'il vous plaît ! Imaginons, au soir du 31 décembre 2011, le Président de la République annoncer solennellement se retirer de la course présidentielle et se porter garant d'un scrutin qui fera triompher le meilleur aux yeux du peuple. Le monde applaudit, le Sénégal aussi, fier de son président qui sort, comme il est rentré, par la grande porte. Imaginons à partir de cet instant une campagne électorale opposant principalement Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall, Ibrahima Fall, Idrissa Seck et Souleymane Ndéné Ndiaye ou Djibo Leyti Kâ. Chacun soutenu par des hommes et des femmes aussi méritants, mais cédant la place pour l'intérêt collectif. Voilà une confrontation digne. Idées contre idées. Programme contre programme. Ambition contre ambition pour le Sénégal. Si des leaders d'opinion comme Youssou Ndour, Bara Tall, Abdoulatif Coulibaly, le M23, le groupe Y'en a marre et bien d'autres jouent convenablement leur partition, aucun de ces candidats, s'il remportait le suffrage, n'oserait prendre le Sénégal pour otage et ne se permettrait non plus de développer la logique de l'accaparement pire fléau contre le développement de nos pays. Le bouclier du peuple sera au rendez-vous, renforcé par une maturité démocratique qui décourage les usurpateurs.
En tout état de cause, la vigilance du peuple est requise. L'homme qui doit succéder à Wade ne peut être choisi avec légèreté. Il doit être un homme d'une expérience éloquente, d'une compétence avérée, d'une moralité rigoureuse et d'une honnêteté au dessus de tout soupçon. Il doit être un homme de transition, donc élu sur un engagement fort, un pacte avec le peuple, pour un seul mandat autour d'axes forts déclinant un programme ambitieux, réaliste, clairement mesurable et largement inspiré des conclusions des assises nationales; un programme qui ne peut occulter la question de l'éducation, de l'énergie, de l'emploi, de la création d'activités et de l'investissement.
Ni rêveur, ni vendeur de rêves, encore moins émerveilleur ou guignol qui cherche un nom en venant perturber le fameux bal des seigneurs.
Saliou DRAME
saliou.drame@gmail.com
Auteur de Le musulman sénégalais face à l’appartenance confrérique, Paris, L’Harmattan, 2011.