Une présentatrice de la télévision officielle chinoise a fait un fâcheux lapsus lundi soir. «Nous savons tous que les Philippines font partie intégrante du territoire de la Chine, c'est un fait indiscutable», a-t-elle affirmé. Elle voulait parler de la seule zone contestée du récif de Scarborough. Il n'empêche, la vidéo a fait le tour du Web, galvanisant les nationalistes chinois et affligeant les internautes philippins. Attisant des tensions maritimes qui ne cessent de grandir entre les deux pays.
Cela fait trois semaines que la Chine et les Philippines sont engagées dans un dangereux face-à-face maritime, autour du récif de Scarborough. Un endroit que les Chinois préfèrent désigner par le nom de Huangyan Island. Et qui serait riche en gaz naturel. Tout a commencé le 10 avril, quand les Philippins ont entrepris d'arrêter des pêcheurs chinois dans la zone. Pékin a alors envoyé deux bateaux pour les protéger. Depuis, les deux pays maintiennent sur place des navires de guerre ou de surveillance. Manille a envoyé sa plus grosse unité militaire.
Tous les jours, le ton monte. Lundi, la vice-ministre des Affaires étrangères Fu Ying a déclaré que la Chine se préparait à «répondre à toute escalade», se disant «peu optimiste» sur l'évolution de la situation. L'ambassade de Chine aux Philippines a mis en garde ses ressortissants avant des manifestations antichinoises prévues ce vendredi à Manille. Celles-ci devraient être organisées par des groupes proches du pouvoir, le président Benigno Aquino s'étant notamment fait élire sur le thème de la restauration de la dignité nationale. Enfin, jeudi, les agences de tourisme chinoises ont suspendu les voyages à destination des Philippines.
Poussée de fièvre
Les hauts-fonds de Scarborough se situent à 230 kilomètres (140 milles) à l'ouest de la principale île des Philippines. Soit à l'intérieur de la zone économique exclusive des 200 milles reconnue par l'ONU, d'où la revendication de souveraineté de Manille. La Chine, elle, au nom de «faits historiques», revendique peu ou proue la totalité de la mer de Chine méridionale. Et se trouve ainsi en conflit avec la totalité des riverains, Philippines mais aussi Vietnam, Malaisie, Brunei et Taïwan. L'an dernier, les Philippins avaient déjà accusé des navires chinois de bloquer leurs campagnes d'exploration pétrolière. Mais Pékin a refusé une invitation de Manille à avoir recours à un arbitrage international.
Pour faire pièce à la puissance chinoise, les pays de la région se rapprochent des États-Unis. Un besoin qui coïncide avec le «retour de l'Amérique en Asie» proclamé par Barack Obama. Dans cette dernière poussée de fièvre, Washington se garde de gesticulations intempestives. Mais a réaffirmé son engagement à soutenir Manille en cas d'agression extérieure, en vertu d'un accord conclu en 1951. Il y a dix jours, les Philippines ont demandé le soutien des États-Unis pour les aider à se «doter d'une défense qui soit un minimum crédible». L'aide militaire américaine devrait presque tripler en 2012.
Cette dernière tension intervient alors que les enjeux, tant économiques que géopolitiques, ne cessent de monter en mer de Chine. Les pays de la région se lancent dans l'exploration en offshore profond, alors que le potentiel de la région en hydrocarbures semble énorme.
Un rapport de l'Energy Information Administration de 2008 estimait déjà ses réserves à 213 milliards de barils. Ce qui surpasserait les réserves prouvées de tous les pays de la planète, l'Arabie saoudite et le Venezuela exceptés, selon une étude de BP.
Par Arnaud de La Grange
Cela fait trois semaines que la Chine et les Philippines sont engagées dans un dangereux face-à-face maritime, autour du récif de Scarborough. Un endroit que les Chinois préfèrent désigner par le nom de Huangyan Island. Et qui serait riche en gaz naturel. Tout a commencé le 10 avril, quand les Philippins ont entrepris d'arrêter des pêcheurs chinois dans la zone. Pékin a alors envoyé deux bateaux pour les protéger. Depuis, les deux pays maintiennent sur place des navires de guerre ou de surveillance. Manille a envoyé sa plus grosse unité militaire.
Tous les jours, le ton monte. Lundi, la vice-ministre des Affaires étrangères Fu Ying a déclaré que la Chine se préparait à «répondre à toute escalade», se disant «peu optimiste» sur l'évolution de la situation. L'ambassade de Chine aux Philippines a mis en garde ses ressortissants avant des manifestations antichinoises prévues ce vendredi à Manille. Celles-ci devraient être organisées par des groupes proches du pouvoir, le président Benigno Aquino s'étant notamment fait élire sur le thème de la restauration de la dignité nationale. Enfin, jeudi, les agences de tourisme chinoises ont suspendu les voyages à destination des Philippines.
Poussée de fièvre
Les hauts-fonds de Scarborough se situent à 230 kilomètres (140 milles) à l'ouest de la principale île des Philippines. Soit à l'intérieur de la zone économique exclusive des 200 milles reconnue par l'ONU, d'où la revendication de souveraineté de Manille. La Chine, elle, au nom de «faits historiques», revendique peu ou proue la totalité de la mer de Chine méridionale. Et se trouve ainsi en conflit avec la totalité des riverains, Philippines mais aussi Vietnam, Malaisie, Brunei et Taïwan. L'an dernier, les Philippins avaient déjà accusé des navires chinois de bloquer leurs campagnes d'exploration pétrolière. Mais Pékin a refusé une invitation de Manille à avoir recours à un arbitrage international.
Pour faire pièce à la puissance chinoise, les pays de la région se rapprochent des États-Unis. Un besoin qui coïncide avec le «retour de l'Amérique en Asie» proclamé par Barack Obama. Dans cette dernière poussée de fièvre, Washington se garde de gesticulations intempestives. Mais a réaffirmé son engagement à soutenir Manille en cas d'agression extérieure, en vertu d'un accord conclu en 1951. Il y a dix jours, les Philippines ont demandé le soutien des États-Unis pour les aider à se «doter d'une défense qui soit un minimum crédible». L'aide militaire américaine devrait presque tripler en 2012.
Cette dernière tension intervient alors que les enjeux, tant économiques que géopolitiques, ne cessent de monter en mer de Chine. Les pays de la région se lancent dans l'exploration en offshore profond, alors que le potentiel de la région en hydrocarbures semble énorme.
Un rapport de l'Energy Information Administration de 2008 estimait déjà ses réserves à 213 milliards de barils. Ce qui surpasserait les réserves prouvées de tous les pays de la planète, l'Arabie saoudite et le Venezuela exceptés, selon une étude de BP.
Par Arnaud de La Grange