Le peuple sénégalais vient de démontrer une fois de plus sa maturité politique en élisant à la magistrature suprême le nouveau président de la république, Macky Sall, en dépit des incidents qui ont émaillé la période pré-électorale.
Le dénouement heureux des élections, redoutées pour les risques qu’elles laissaient entrevoir, tient à la conjonction de facteurs internes et externes, qui ont permis de décrisper le climat délétère, installé à la suite de la contestation d’une candidature présidentielle jugée inconstitutionnelle par de nombreux juristes.
Au plan interne, l’écart des scores des deux protagonistes restés en course, 65% des voix contre 35%, ne laissait aucune prise à la contestation et rendait encore plus ardue toute tentative de confiscation arbitraire du pouvoir. Mais en amont, l’émergence d’une société civile organisée, exigeante et combative a été le principal moteur du changement. En s’érigeant en véritable sentinelle de la démocratie, elle a su dresser des garde-fous et exercer une pression continue sur les autorités. Le 23 juin 2011, le renoncement par le gouvernement de son projet de réforme constitutionnelle, que d’aucuns voyaient comme une conspiration vers une dévolution monarchique du pouvoir, a été une victoire historique. Les manifestations régulières à la place symbolique de l’obélisque ont permis une occupation du terrain médiatique et favorisé une large diffusion des revendications exprimées. La société civile s’imposait ainsi comme acteur incontournable dans l’espace public démocratique, laissé en déshérence par une opposition aphone, parfois inaudible, et dont une frange importante souffre d’un déficit de crédibilité et d’une certaine inconsistance. L’ingérence incongrue de certains notables religieux à travers des consignes de vote, « Ndiguel », n’a vraisemblablement pas eu les effets attendus. Au contraire, l’ampleur des résultats semble indiquer une faible emprise sur les populations. Cet événement augure probablement une nouvelle posture citoyenne aux antipodes de la soumission aveugle des disciples fanatisés. Il participerait à la reconfiguration du paysage politique, avec une distanciation plus nette entre les pouvoirs temporel et spirituel.
Au plan externe, nonobstant tout jugement sur les crises politiques ivoirienne et libyenne, on peut raisonnablement supposer qu’elles ont pesé sur l’issue du scrutin. En reconnaissant rapidement sa défaite, le président sortant voulait-il, sans doute, dissuader son entourage contre toute velléité de confiscation autoritaire du pouvoir, dont quelques prémices transparaissaient déjà lors du premier tour. En cela, Wade s’inscrit dans la continuité de la pratique républicaine inaugurée par Diouf en 2000. Par ailleurs, les soutiens inconditionnels d’antan des puissances occidentales sur les forfaitures démocratiques se délitent progressivement sous la pression conjuguée des populations de ces pays, frappées de plein fouet par une crise économique sans précédent et une crainte parfois fantasmée de l’immigration. Ce contexte concourt au relâchement des liens historiques bâtis sur des formes de « solidarité » aujourd’hui politiquement intenables et économiquement peu viables.
Incontestablement, le changement du 25 mars 2012 restera gravé dans la conscience nationale comme un tournant décisif dans la conquête démocratique du Sénégal, qui se hisse désormais au rang des grandes nations démocratiques. Comme tout processus, les piliers de cette démocratie reposent tout d’abord sur les expériences stratifiées du passé, les balbutiements qui ont marqué les mandatures des présidents Senghor et Diouf. Elle se trouve renforcée par la prise de conscience accrue des Sénégalais sur l’emprise qu’ils pourraient exercer sur leur propre destin politique, notamment à travers une vigilance citoyenne. Cette transformation de l’environnement politique intervient à une phase cruciale de l’évolution des pouvoirs en Afrique. En effet, on assiste à l’épuisement des modèles de gouvernance surannés initiés par les « pères de la Nation » ou les opposants historiques qui pouvaient se prévaloir d’une certaine légitimité acquise de par leurs engagements antérieurs ou par l’effet des traditions gérontocratiques. La génération actuelle, postindépendance, ne peut se prévaloir des mêmes privilèges. Le nouveau président n’aura pas les mêmes libertés ni les mêmes marges de manœuvre que son prédécesseur aujourd’hui âgé de 86 ans. Sa légitimité sera confinée aux limites définies par la Constitution et soumise à la vigilance de ses concitoyens.
Mais les acquis démocratiques actuels, aussi essentiels soient-ils, ne sont pas pour autant irréversibles. Ils doivent être renforcés à la faveur du changement intervenu et dans la lignée des modèles de référence universellement reconnus. Dans les démocraties avancées, la période qui succède l’élection présidentielle est généralement favorable à la mise en place de réformes, même les plus ardues, celles qui exigent le plus de sacrifices de la part des populations : la légitimité fraîchement acquise et l’état de grâce dont bénéficie tout nouveau gouvernement sont des atouts à mettre au profit des réformes les plus profondes, mais aussi les plus symboliques. Les signaux forts qui seront envoyés en début de mandat doivent refléter les intentions gouvernementales de renouveler le pacte de confiance scellé avec le peuple. Dans le cas du Sénégal des ruptures fondamentales sont attendues pour définitivement asseoir la démocratie sur des bases solides et réaliser les changements nécessaires, qui auront pour ligne de mire la satisfaction des besoins fondamentaux de la population. A cet égard, les premières mesures du nouveau gouvernement devraient répondre aux aspirations sociales exprimées le 25 mars et s’orienter prioritairement sur :
· Les réformes institutionnelles visant à consolider la démocratie. A cet égard, les travaux des assises nationales, d’où émane « la charte de gouvernance démocratique » endossée par le président Macky Sall, offrent une base solide de la refondation institutionnelle dont quelques lignes de force sont (i) le renforcement de l’Assemblée nationale, (ii) l’indépendance de la justice, (iii) la liberté d’expression, (iv) la réforme du Conseil Constitutionnel, (v) la réduction de la durée du mandat présidentiel à 5 ans et sa limitation à 2 mandats successifs.
· La promotion de la bonne gouvernance par une lutte résolue contre la corruption qui gangrène toutes les sphères de l’administration publique et par une réduction rigoureuse du train de vie dispendieux de l’Etat. Les fonctions de responsabilité, ministérielles ou de direction, ne doivent plus être des sinécures. Elles doivent être confiées à des personnes animées d’un sens aigu de l’Etat, sensibles à l’intérêt général et motivées par un idéal de progrès. La bonne gouvernance passe aussi par la restauration de l’éthique en politique et l’instauration de pratiques vertueuses. La transhumance politique à visée mercantile, qui a beaucoup prospérée les années précédentes, doit être définitivement bannie car elle est une altération, une inconvenance démocratique. Aussi, l’audit des finances publiques, réclamé par de nombreux responsables politiques, serait un signal fort de transparence adressé aux nouveaux responsables politiques et une marque de reconnaissance des préoccupations du peuple. Cette exigence semble incontournable au risque de compromettre pour longtemps la crédibilité du gouvernement et de provoquer des désillusions aux conséquences imprévisibles.
· L’allègement du fardeau des ménages suffisamment éprouvés par des choix de politiques économiques et sociales peu judicieux. Les engagements de campagne du candidat Macky Sall vont dans ce sens. Mais leur réalisation effective dépendra en grande partie de la dynamique économique qu’il saura insuffler à l’économie nationale. Des marges importantes de croissance peuvent être réalisées dans la modernisation de l’agriculture, la poursuite des grands travaux, avec un ancrage plus marqué sur les priorités économiques et sociales du pays. Le développement des énergies renouvelables et l’introduction massive d’une filière économique regroupée autour du solaire pourraient non seulement aider à sortir de la dépendance énergétique qui obère les finances publiques et impacte négativement sur la production intérieure, mais aussi constituer un gisement d’emplois non négligeable. Dans tous les cas, il faudra au nouveau gouvernement faire preuve de beaucoup d’initiatives, de créativité, d’ambition, de compétence et une persévérance à toute épreuve pour faire du Sénégal une puissance économique régionale et une nation émergente.
· L’espérance à donner à la jeunesse pour mieux préparer l’avenir. Les nouveaux investissements du gouvernement seront des pôles essentiels de création d’emplois pour la jeunesse de même qu’une politique d’import-substitution qui doterait le Sénégal d’un tissu de PME-PMI suffisamment large. Cette espérance repose aussi sur la refondation de l’éducation sur de nouveaux paradigmes de qualité, arrimés à une vision économique et un idéal de société. A cet effet, la valorisation de la formation technique et professionnelle et le développement de l’enseignement supérieur ne peuvent être relégués au second plan. L’enseignement fondamental, tout en restant prioritaire, car étant l’étape des acquisitions de base, doit être traité de manière holistique, en relation avec les autres niveaux d’enseignement. Cet impératif induit un réaménagement de la structure budgétaire classique de l’enseignement, pour un rééquilibrage en faveur de la formation technique et professionnelle en particulier. Par ailleurs, les espérances suscitées par l’élection du 25 mars auront un caractère véritablement démocratique le jour où une majorité substantielle de la population pourra participer pleinement au jeu démocratique. Cela suppose le développement du secteur éducatif non formel, en particulier de l’alphabétisation fonctionnelle, qui aura aussi une incidence sur l’accroissement de la productivité économique, notamment dans le secteur agricole. La jeunesse a montré des dispositions favorables au changement et un sens aigu des responsabilités, comme l’atteste le concept de NTS – Nouveau Type de Sénégalais – sorti des mouvements revendicatifs initiés par elle. Ce slogan peut servir de fil d’Ariane pour le changement nécessaire des mentalités. Il doit être doté d’un contenu opératoire et déboucher sur des actions civiques d’envergure, également soutenues par l’exemplarité des dirigeants.
Pour incarner les espérances que porte le pays, le nouveau gouvernement aura à relever des défis gigantesques et faire face à l’impatience populaire. Ce qui importera d’abord ce seront les gages d’intégrité et de compétence dont feront preuve les nouveaux dirigeants pour répondre aux préoccupations économiques, sociales et politiques du peuple sénégalais. Dans cette perspective, l’exercice préalable d’élaboration d’une vision cohérente, qui fixe le cap et indique des directions sera indispensable à la mobilisation citoyenne et à l’impulsion d’une dynamique vertueuse de transformation sociale.
Khadim Sylla, Docteur en Sciences, Paris
k_sylla@hotmail.com
Le dénouement heureux des élections, redoutées pour les risques qu’elles laissaient entrevoir, tient à la conjonction de facteurs internes et externes, qui ont permis de décrisper le climat délétère, installé à la suite de la contestation d’une candidature présidentielle jugée inconstitutionnelle par de nombreux juristes.
Au plan interne, l’écart des scores des deux protagonistes restés en course, 65% des voix contre 35%, ne laissait aucune prise à la contestation et rendait encore plus ardue toute tentative de confiscation arbitraire du pouvoir. Mais en amont, l’émergence d’une société civile organisée, exigeante et combative a été le principal moteur du changement. En s’érigeant en véritable sentinelle de la démocratie, elle a su dresser des garde-fous et exercer une pression continue sur les autorités. Le 23 juin 2011, le renoncement par le gouvernement de son projet de réforme constitutionnelle, que d’aucuns voyaient comme une conspiration vers une dévolution monarchique du pouvoir, a été une victoire historique. Les manifestations régulières à la place symbolique de l’obélisque ont permis une occupation du terrain médiatique et favorisé une large diffusion des revendications exprimées. La société civile s’imposait ainsi comme acteur incontournable dans l’espace public démocratique, laissé en déshérence par une opposition aphone, parfois inaudible, et dont une frange importante souffre d’un déficit de crédibilité et d’une certaine inconsistance. L’ingérence incongrue de certains notables religieux à travers des consignes de vote, « Ndiguel », n’a vraisemblablement pas eu les effets attendus. Au contraire, l’ampleur des résultats semble indiquer une faible emprise sur les populations. Cet événement augure probablement une nouvelle posture citoyenne aux antipodes de la soumission aveugle des disciples fanatisés. Il participerait à la reconfiguration du paysage politique, avec une distanciation plus nette entre les pouvoirs temporel et spirituel.
Au plan externe, nonobstant tout jugement sur les crises politiques ivoirienne et libyenne, on peut raisonnablement supposer qu’elles ont pesé sur l’issue du scrutin. En reconnaissant rapidement sa défaite, le président sortant voulait-il, sans doute, dissuader son entourage contre toute velléité de confiscation autoritaire du pouvoir, dont quelques prémices transparaissaient déjà lors du premier tour. En cela, Wade s’inscrit dans la continuité de la pratique républicaine inaugurée par Diouf en 2000. Par ailleurs, les soutiens inconditionnels d’antan des puissances occidentales sur les forfaitures démocratiques se délitent progressivement sous la pression conjuguée des populations de ces pays, frappées de plein fouet par une crise économique sans précédent et une crainte parfois fantasmée de l’immigration. Ce contexte concourt au relâchement des liens historiques bâtis sur des formes de « solidarité » aujourd’hui politiquement intenables et économiquement peu viables.
Incontestablement, le changement du 25 mars 2012 restera gravé dans la conscience nationale comme un tournant décisif dans la conquête démocratique du Sénégal, qui se hisse désormais au rang des grandes nations démocratiques. Comme tout processus, les piliers de cette démocratie reposent tout d’abord sur les expériences stratifiées du passé, les balbutiements qui ont marqué les mandatures des présidents Senghor et Diouf. Elle se trouve renforcée par la prise de conscience accrue des Sénégalais sur l’emprise qu’ils pourraient exercer sur leur propre destin politique, notamment à travers une vigilance citoyenne. Cette transformation de l’environnement politique intervient à une phase cruciale de l’évolution des pouvoirs en Afrique. En effet, on assiste à l’épuisement des modèles de gouvernance surannés initiés par les « pères de la Nation » ou les opposants historiques qui pouvaient se prévaloir d’une certaine légitimité acquise de par leurs engagements antérieurs ou par l’effet des traditions gérontocratiques. La génération actuelle, postindépendance, ne peut se prévaloir des mêmes privilèges. Le nouveau président n’aura pas les mêmes libertés ni les mêmes marges de manœuvre que son prédécesseur aujourd’hui âgé de 86 ans. Sa légitimité sera confinée aux limites définies par la Constitution et soumise à la vigilance de ses concitoyens.
Mais les acquis démocratiques actuels, aussi essentiels soient-ils, ne sont pas pour autant irréversibles. Ils doivent être renforcés à la faveur du changement intervenu et dans la lignée des modèles de référence universellement reconnus. Dans les démocraties avancées, la période qui succède l’élection présidentielle est généralement favorable à la mise en place de réformes, même les plus ardues, celles qui exigent le plus de sacrifices de la part des populations : la légitimité fraîchement acquise et l’état de grâce dont bénéficie tout nouveau gouvernement sont des atouts à mettre au profit des réformes les plus profondes, mais aussi les plus symboliques. Les signaux forts qui seront envoyés en début de mandat doivent refléter les intentions gouvernementales de renouveler le pacte de confiance scellé avec le peuple. Dans le cas du Sénégal des ruptures fondamentales sont attendues pour définitivement asseoir la démocratie sur des bases solides et réaliser les changements nécessaires, qui auront pour ligne de mire la satisfaction des besoins fondamentaux de la population. A cet égard, les premières mesures du nouveau gouvernement devraient répondre aux aspirations sociales exprimées le 25 mars et s’orienter prioritairement sur :
· Les réformes institutionnelles visant à consolider la démocratie. A cet égard, les travaux des assises nationales, d’où émane « la charte de gouvernance démocratique » endossée par le président Macky Sall, offrent une base solide de la refondation institutionnelle dont quelques lignes de force sont (i) le renforcement de l’Assemblée nationale, (ii) l’indépendance de la justice, (iii) la liberté d’expression, (iv) la réforme du Conseil Constitutionnel, (v) la réduction de la durée du mandat présidentiel à 5 ans et sa limitation à 2 mandats successifs.
· La promotion de la bonne gouvernance par une lutte résolue contre la corruption qui gangrène toutes les sphères de l’administration publique et par une réduction rigoureuse du train de vie dispendieux de l’Etat. Les fonctions de responsabilité, ministérielles ou de direction, ne doivent plus être des sinécures. Elles doivent être confiées à des personnes animées d’un sens aigu de l’Etat, sensibles à l’intérêt général et motivées par un idéal de progrès. La bonne gouvernance passe aussi par la restauration de l’éthique en politique et l’instauration de pratiques vertueuses. La transhumance politique à visée mercantile, qui a beaucoup prospérée les années précédentes, doit être définitivement bannie car elle est une altération, une inconvenance démocratique. Aussi, l’audit des finances publiques, réclamé par de nombreux responsables politiques, serait un signal fort de transparence adressé aux nouveaux responsables politiques et une marque de reconnaissance des préoccupations du peuple. Cette exigence semble incontournable au risque de compromettre pour longtemps la crédibilité du gouvernement et de provoquer des désillusions aux conséquences imprévisibles.
· L’allègement du fardeau des ménages suffisamment éprouvés par des choix de politiques économiques et sociales peu judicieux. Les engagements de campagne du candidat Macky Sall vont dans ce sens. Mais leur réalisation effective dépendra en grande partie de la dynamique économique qu’il saura insuffler à l’économie nationale. Des marges importantes de croissance peuvent être réalisées dans la modernisation de l’agriculture, la poursuite des grands travaux, avec un ancrage plus marqué sur les priorités économiques et sociales du pays. Le développement des énergies renouvelables et l’introduction massive d’une filière économique regroupée autour du solaire pourraient non seulement aider à sortir de la dépendance énergétique qui obère les finances publiques et impacte négativement sur la production intérieure, mais aussi constituer un gisement d’emplois non négligeable. Dans tous les cas, il faudra au nouveau gouvernement faire preuve de beaucoup d’initiatives, de créativité, d’ambition, de compétence et une persévérance à toute épreuve pour faire du Sénégal une puissance économique régionale et une nation émergente.
· L’espérance à donner à la jeunesse pour mieux préparer l’avenir. Les nouveaux investissements du gouvernement seront des pôles essentiels de création d’emplois pour la jeunesse de même qu’une politique d’import-substitution qui doterait le Sénégal d’un tissu de PME-PMI suffisamment large. Cette espérance repose aussi sur la refondation de l’éducation sur de nouveaux paradigmes de qualité, arrimés à une vision économique et un idéal de société. A cet effet, la valorisation de la formation technique et professionnelle et le développement de l’enseignement supérieur ne peuvent être relégués au second plan. L’enseignement fondamental, tout en restant prioritaire, car étant l’étape des acquisitions de base, doit être traité de manière holistique, en relation avec les autres niveaux d’enseignement. Cet impératif induit un réaménagement de la structure budgétaire classique de l’enseignement, pour un rééquilibrage en faveur de la formation technique et professionnelle en particulier. Par ailleurs, les espérances suscitées par l’élection du 25 mars auront un caractère véritablement démocratique le jour où une majorité substantielle de la population pourra participer pleinement au jeu démocratique. Cela suppose le développement du secteur éducatif non formel, en particulier de l’alphabétisation fonctionnelle, qui aura aussi une incidence sur l’accroissement de la productivité économique, notamment dans le secteur agricole. La jeunesse a montré des dispositions favorables au changement et un sens aigu des responsabilités, comme l’atteste le concept de NTS – Nouveau Type de Sénégalais – sorti des mouvements revendicatifs initiés par elle. Ce slogan peut servir de fil d’Ariane pour le changement nécessaire des mentalités. Il doit être doté d’un contenu opératoire et déboucher sur des actions civiques d’envergure, également soutenues par l’exemplarité des dirigeants.
Pour incarner les espérances que porte le pays, le nouveau gouvernement aura à relever des défis gigantesques et faire face à l’impatience populaire. Ce qui importera d’abord ce seront les gages d’intégrité et de compétence dont feront preuve les nouveaux dirigeants pour répondre aux préoccupations économiques, sociales et politiques du peuple sénégalais. Dans cette perspective, l’exercice préalable d’élaboration d’une vision cohérente, qui fixe le cap et indique des directions sera indispensable à la mobilisation citoyenne et à l’impulsion d’une dynamique vertueuse de transformation sociale.
Khadim Sylla, Docteur en Sciences, Paris
k_sylla@hotmail.com