Il pourrait s'agir d'une tentative d'exil secrètement négociée de Mouammar Kadhafi vers le Burkina Faso, qui a offert d'accueillir le colonel libyen et sa famille, ont déclaré ces sources.
Le convoi, escorté par l'armée nigérienne, compte entre 200 et 250 véhicules militaires et comprend des officiers des bataillons Sud de l'armée. Il est probablement passé par l'Algérie avant d'entrer au Niger, ajoutent ces sources s'exprimant sous le sceau de l'anonymat.
La source militaire française dit avoir été informée que Mouammar Kadhafi et son fils Saïf al Islam pourraient envisager de rejoindre le convoi lorsque ce dernier fera route vers le Burkina Faso, qui partage une frontière avec le Niger.
Des responsables du Conseil national de transition (CNT) désormais au pouvoir à Tripoli, ont déclaré que selon certaines informations, Saïf al Islam aurait fui la ville de Bani Walid, à 150 km au sud de Tripoli, dès samedi pour se diriger vers le désert et les frontières algérienne et nigérienne plus au sud.
Les mêmes sources ont déclaré à Reuters que la France pourrait avoir facilité un arrangement entre le nouveau pouvoir et Mouammar Kadhafi. Mais un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Paris n'a pas été en mesure de confirmer ni l'arrivée du convoi dans la ville du désert nigérien ni aucune offre à Kadhafi, qui est poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité.
Kadhafi "en excellente santé"
La France a joué un rôle clé dans l'intervention militaire contre le régime de Mouammar Kadhafi et a été l'un des premiers pays à reconnaître, dès le mois de mars, le CNT.
Aucun responsable d'autres gouvernements occidentaux ni du CNT n'a pu être joint dans l'immédiat à ce sujet.
Un convoi aussi imposant n'aurait pas pu traverser une telle distance sans que l'Otan s'en aperçoive, estime-t-on.
Les nouveaux dirigeants de la Libye ont dit vouloir juger Mouammar Kadhafi avant de le remettre éventuellement aux mains de la CPI.
Le porte-parole de Mouammar Kadhafi, Moussa Ibrahim, a déclaré lundi à une chaîne à capitaux syriens, Arraï TV, que le "Guide" se trouvait quelque part en Libye, "en excellente santé", "en un lieu que ne pourront pas atteindre les groupes factieux".
L'entourage de Mouammar Kadhafi a subi de nombreuses défections, arrestations ou pertes depuis le soulèvement de la mi-février qui s'est achevé il y a deux semaines par la prise de Tripoli par les forces du Conseil national de transition.
Le chef des brigades de sécurité de l'ex-dirigeant libyen, Mansour Dhao, a franchi dimanche la frontière avec le Niger en provenance de Libye, accompagné d'une dizaine d'autres Libyens, ont déclaré lundi deux responsables nigériens.
Le départ de Dhao intervient quelques jours après l'exil de l'épouse de Mouammar Kadhafi et de trois de ses enfants en Algérie et après l'arrestation de son ministre des Affaires étrangères par le CNT.
La source militaire française dit aussi avoir été informée que le commandant des forces Sud de l'armée libyenne, le général Ali Khana, pourrait se trouver également au Niger.
Kadhafi et son fils Saïf al Islam pourraient rejoindre Khana et rattraper le convoi s'ils choisissaient d'accepter une offre d'asile du Burkina Faso, a ajouté la même source.
Le Burkina Faso, qui a longtemps bénéficié de l'aide de Tripoli, a offert l'asile à Kadhafi il y a deux semaines environ tout en reconnaissant le Conseil national de transition comme le nouveau gouvernement libyen.
Le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Yipene Djibril Bassolet, a déclaré que Mouammar Kadhafi pourrait s'exiler au Burkina même si ce dernier est signataire du traité de la Cour pénale internationale.
La source militaire nigérienne indique quant à elle que de nombreux autres Libyens, dont des combattants touaregs pro-Kadhafi, sont arrivés lundi au Niger.