À 80 ans passés, le cheikh d'origine égyptienne Youssef al-Qaradawi reste très soucieux de son image. Le célèbre prédicateur musulman n'oublie pas de convoquer les caméras d'al-Jazeera quand il reçoit dans sa villa de Doha en compagnie de sa jeune épouse Asma l'ancien otage en Irak venu le remercier d'avoir œuvré à sa libération. «Ahlan wa sahlan», «soyez le bienvenu», lance dans un grand sourire le cheikh cathodique que la France avait sollicité en 2004 pour apaiser la mouvance salafiste, mécontente de l'adoption de la loi interdisant le port du voile à l'école.
Mais le voici aujourd'hui interdit de congrès de l'Union des organisations islamiques de France par Nicolas Sarkozy, lui qui dispose pourtant d'un passeport diplomatique délivré par l'émirat du Qatar, qui l'abrite depuis 1961. «Cheikh al-Qaradawi ne peut que condamner une telle interdiction (…) car ses fatwas (édits religieux) ont toujours été modérées», réagit depuis Doha Cheikh Ali Kardaghi, le secrétaire général de l'Union mondiale des oulémas musulmans, que dirige al-Qaradawi.
Obsédé par la menace chiite
Cheikh al-Qaradawi est d'abord un produit de la chaîne panarabe al-Jazeera sur laquelle il officie chaque semaine dans son émission La Charia et la Vie . Le télévangéliste sunnite y analyse les rapports entre l'islam et la société contemporaine. Ses avis sur des sujets aussi divers que le crédit, Internet ou les relations entre hommes et femmes sont suivis par des millions de musulmans, y compris en France. Mais le personnage est controversé. Tenant du double langage selon ses détracteurs occidentaux, Cheikh al-Qaradawi est au contraire jugé «égaré» par les fondamentalistes en raisons de propos trop complaisants à l'égard des femmes. Et ne cesse d'alimenter la polémique, y compris lorsqu'il congédie sa jeune épouse par une simple lettre l'avertissant de son divorce… avant d'essayer de la reconquérir l'année suivante. Cela fait tout de même mauvais genre quand on se pare de la gandoura d'un père la vertu. Al-Qaradawi ne fait pas non plus dans la dentelle lorsqu'il édicte une fatwa appelant au meurtre du colonel libyen Mouammar Kadhafi en février 2011. Ou quand il prend fait et cause pour les kamikazes palestiniens, après avoir érigé au rang de «martyr» Saddam Hussein, pendu au bout d'une corde à Bagdad.
Ces derniers mois, le prédicateur au turban blanc s'est surtout signalé par ses diatribes antichiites et ses appels virulents contre le régime syrien de Bachar el-Assad et la minorité alaouite qui le soutient. Au point que le prêcheur sunnite en est venu à envisager les conditions du djihad («la guerre sainte») contre le pouvoir de Damas, allié de l'Iran, son nouvel ennemi. Car Cheikh al-Qaradawi semble être obsédé par la menace chiite dans les pays musulmans. Mais peut-il déraper sans la couverture de ses hôtes, s'interrogent certains à Doha?
«Vous êtes une protection contre l'extrémisme m'a dit il y a quelques années l'émir du Qatar», nous confiait encore récemment Youssef al-Qaradawi. Opposant à Gamal Abdel Nasser, il fut expulsé d'Égypte en 1961 avant d'être pris en main par les dirigeants qatariens. Ceux-ci l'utiliseront comme messager auprès des islamistes liés aux Frères musulmans, la confrérie à laquelle il appartient, voire même auprès de radicaux salafistes qui auraient pu s'en prendre à un émirat avide de modernité.
Quand Cheikh Hamad a voulu imposer le droit de vote des femmes contre la volonté d'une majorité de ses sujets, il a demandé au très populaire prédicateur d'aller plaider dans les mosquées en faveur du vote féminin. De la même manière, lorsque les relations avec l'Algérie se tendent, Doha propose les services d'al-Qaradawi, qui sera alors acheminé à Alger dans l'avion du président Bouteflika, histoire d'aller prêcher la réconciliation nationale avec les islamistes locaux. Aujourd'hui, al-Qaradawi est devenu un pion essentiel dans le sponsoring que le Qatar exerce sur les islamistes au pouvoir en Égypte et en Tunisie. Mais ses prises de position ont fini par heurter nombre de musulmans eux-mêmes.
SOURCE:lefigaro.fr
Mais le voici aujourd'hui interdit de congrès de l'Union des organisations islamiques de France par Nicolas Sarkozy, lui qui dispose pourtant d'un passeport diplomatique délivré par l'émirat du Qatar, qui l'abrite depuis 1961. «Cheikh al-Qaradawi ne peut que condamner une telle interdiction (…) car ses fatwas (édits religieux) ont toujours été modérées», réagit depuis Doha Cheikh Ali Kardaghi, le secrétaire général de l'Union mondiale des oulémas musulmans, que dirige al-Qaradawi.
Obsédé par la menace chiite
Cheikh al-Qaradawi est d'abord un produit de la chaîne panarabe al-Jazeera sur laquelle il officie chaque semaine dans son émission La Charia et la Vie . Le télévangéliste sunnite y analyse les rapports entre l'islam et la société contemporaine. Ses avis sur des sujets aussi divers que le crédit, Internet ou les relations entre hommes et femmes sont suivis par des millions de musulmans, y compris en France. Mais le personnage est controversé. Tenant du double langage selon ses détracteurs occidentaux, Cheikh al-Qaradawi est au contraire jugé «égaré» par les fondamentalistes en raisons de propos trop complaisants à l'égard des femmes. Et ne cesse d'alimenter la polémique, y compris lorsqu'il congédie sa jeune épouse par une simple lettre l'avertissant de son divorce… avant d'essayer de la reconquérir l'année suivante. Cela fait tout de même mauvais genre quand on se pare de la gandoura d'un père la vertu. Al-Qaradawi ne fait pas non plus dans la dentelle lorsqu'il édicte une fatwa appelant au meurtre du colonel libyen Mouammar Kadhafi en février 2011. Ou quand il prend fait et cause pour les kamikazes palestiniens, après avoir érigé au rang de «martyr» Saddam Hussein, pendu au bout d'une corde à Bagdad.
Ces derniers mois, le prédicateur au turban blanc s'est surtout signalé par ses diatribes antichiites et ses appels virulents contre le régime syrien de Bachar el-Assad et la minorité alaouite qui le soutient. Au point que le prêcheur sunnite en est venu à envisager les conditions du djihad («la guerre sainte») contre le pouvoir de Damas, allié de l'Iran, son nouvel ennemi. Car Cheikh al-Qaradawi semble être obsédé par la menace chiite dans les pays musulmans. Mais peut-il déraper sans la couverture de ses hôtes, s'interrogent certains à Doha?
«Vous êtes une protection contre l'extrémisme m'a dit il y a quelques années l'émir du Qatar», nous confiait encore récemment Youssef al-Qaradawi. Opposant à Gamal Abdel Nasser, il fut expulsé d'Égypte en 1961 avant d'être pris en main par les dirigeants qatariens. Ceux-ci l'utiliseront comme messager auprès des islamistes liés aux Frères musulmans, la confrérie à laquelle il appartient, voire même auprès de radicaux salafistes qui auraient pu s'en prendre à un émirat avide de modernité.
Quand Cheikh Hamad a voulu imposer le droit de vote des femmes contre la volonté d'une majorité de ses sujets, il a demandé au très populaire prédicateur d'aller plaider dans les mosquées en faveur du vote féminin. De la même manière, lorsque les relations avec l'Algérie se tendent, Doha propose les services d'al-Qaradawi, qui sera alors acheminé à Alger dans l'avion du président Bouteflika, histoire d'aller prêcher la réconciliation nationale avec les islamistes locaux. Aujourd'hui, al-Qaradawi est devenu un pion essentiel dans le sponsoring que le Qatar exerce sur les islamistes au pouvoir en Égypte et en Tunisie. Mais ses prises de position ont fini par heurter nombre de musulmans eux-mêmes.
SOURCE:lefigaro.fr