Le ministre de l’Economie et des Finances cherche au plus vite 65 milliards de francs Cfa ; ce montant a été jugé nécessaire pour payer les arriérés de la dette intérieure. M. Abdoulaye Diop a frappé à plusieurs portes, en vain, à ce jour. Or, le temps presse. L’heure de vérité approche à grands pas, pour la crédibilité de la parole du chef de l’Etat, ainsi que pour son gouvernement car, il ne faut pas qu’ils soient pris en flagrant délit de mensonge. Avant la date fatidique du 31 janvier, même les plus désespérés des chefs d’entreprise espèrent encore que leurs créances seront payées au plus tard demain, dimanche étant déjà en février. Or, le président de la République s’était solennellement engagé devant la Nation, à éponger, à la fin de ce mois, toute la dette due aux entreprises du secteur privée, du moins celle qui avait été répertoriée au mois d’octobre de l’année dernière, et que les services du Ministère des Finances avaient calculée à 174 milliards de francs Cfa. Pourtant, même les plus optimistes, ceux qui ne veulent préjuger de rien, constatent à leur grand désarroi, que la situation financière des entreprises ne s’améliore pas, à la suite des engagements de l’Etat.
Selon les chiffres disponibles en début de semaine au Ministère des Finances, 171 milliards de francs Cfa avaient été payées à certaines entreprises. Mais, d’autres sources indiquent que les sommes débloquées n’avaient pas atteint ce montant à la date annoncée, parlant de 165 milliards de francs Cfa. Quoi qu’il en soit, les montants débloqués ne semblent pas avoir changé grand-chose de la situation des entreprises concernées qui continuent de se plaindre de n’avoir pas encore vu la couleur de l’argent. Pour les rares qui reconnaissent avoir reçu de l’argent, elles déclarent que c’est une infime partie de leurs créances qui a été débloquée.
1% du budget de l’Etat
D’où la conviction de plus en plus grande que les chiffres avancés officiellement, ont été sous-estimés. Pourtant, Me Wade s’était même permis un lapsus ironique sur la dette, disant qu’elle ne faisait même «pas 1% du budget de l’Etat» ! Or depuis, même le Fonds monétaire, dans son dernier rapport d’évaluation de l’ispe, qui a approuvé dans le même temps, la facilité de protection contre les chocs exogènes, affirmait que le montant de la dette était de 225 milliards de francs Cfa. Même les corrections ultérieures s’avèrent aujourd’hui encore loin du compte.
Car si, la plus grosse part de l’argent annoncé a été payée, la dette court toujours. Au téléphone, le représentant du Fonds monétaire reconnaît que cela est un véritable problème. Alex Segura déclare que l’objectif essentiel de la mission d’évaluation du Fonds, qui débarque à Dakar la semaine prochaine, sera justement de faire la jonction entre les chiffres fournis par le gouvernement et les opinions des membres du patronat, dont les plaintes sont arrivées jusqu’à lui.
Le Fmi voudrait savoir, par ce biais, qui a été payé, et combien il resterait à devoir. En attendant, Abdoulaye Diop, qui a affirmé ne pas tenir le compte du nombre d’entreprises réglées, ni de ce qui leur a été versé, a tout de même pris sa calculette. Et il a estimé ses besoins urgents à 65 milliards de francs. C’est du moins la somme qu’il a cherché à mobiliser sur la place bancaire de Dakar. Une rencontre de concertation a été tenue pour cela, avec des représentants des différentes banques établies à Dakar.
Recherche effrenee
Malheureusement, dans sa quête, l’Argentier du Sénégal a essuyé un refus catégorique de la part des banquiers de Dakar. Un témoin de la rencontre résume la situation à un manque de confiance notoire en la signature de l’Etat. Les banquiers ne considèrent pas que le gouvernement devrait mettre leurs institutions dans une situation délicate en voulant emprunter au-delà de sa capacité de remboursement. Mais, cette fin de non-recevoir ne laisse plus beaucoup de solutions au gouvernement.
Le marché boursier sous-régional est tellement sollicité ces derniers temps, par tous les gouvernements membres de la zone Uemoa, qu’il n’est pas évident que l’on puisse mobiliser une soixantaine de milliards de francs Cfa d’un coup de baguette. De plus, les délais de remboursement de ces créances sont trop courts, même pour un pays qui se vante de la capacité de recouvrement de son assiette fiscale. Alors, une fois de plus, on essaie de regarder hors des limites de l’Uemoa, sur le marché financier international. Mais là, les limites sont malheureusement plus qu’évidentes.
Contrairement à la première fois que l’idée avait été agitée, la situation économique mondiale s’est encore plus que dégradée. Peu de banques, même celles qui le voudraient, pourraient mobiliser autant d’argent. Mais, également, celles qui pourraient le faire, imposeront des taux d’intérêt hors de la capacité d’endettement du Sénégal. Car, sur ce point, Alex Segura a été net. Pour lui, le gouvernement peut s’endetter où il veut, et aux conditions qu’il voudrait. Mais contracter une dette à un taux non concessionnel, «fera voler en éclat l’accord Ispe que nous avons avec le gouvernement», indique-t-il. Non sans manquer de préciser que pour les mois à venir, le seul emprunt à taux non concessionnel sur lequel le Fmi et le gouvernement se sont accordés, porte, comme Le Quotidien l’avait déjà annoncé, sur les 80 milliards destinés à l’achèvement de l’autoroute à péage.
Il est normal, dans ces conditions, que le ministre d’Etat chargé des finances ait refusé de se laisser distraire par le jeu politicien ; il a déjà assez de quoi occuper son esprit pour les mois à venir !
mgueye@lequotidien.snCet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir
Selon les chiffres disponibles en début de semaine au Ministère des Finances, 171 milliards de francs Cfa avaient été payées à certaines entreprises. Mais, d’autres sources indiquent que les sommes débloquées n’avaient pas atteint ce montant à la date annoncée, parlant de 165 milliards de francs Cfa. Quoi qu’il en soit, les montants débloqués ne semblent pas avoir changé grand-chose de la situation des entreprises concernées qui continuent de se plaindre de n’avoir pas encore vu la couleur de l’argent. Pour les rares qui reconnaissent avoir reçu de l’argent, elles déclarent que c’est une infime partie de leurs créances qui a été débloquée.
1% du budget de l’Etat
D’où la conviction de plus en plus grande que les chiffres avancés officiellement, ont été sous-estimés. Pourtant, Me Wade s’était même permis un lapsus ironique sur la dette, disant qu’elle ne faisait même «pas 1% du budget de l’Etat» ! Or depuis, même le Fonds monétaire, dans son dernier rapport d’évaluation de l’ispe, qui a approuvé dans le même temps, la facilité de protection contre les chocs exogènes, affirmait que le montant de la dette était de 225 milliards de francs Cfa. Même les corrections ultérieures s’avèrent aujourd’hui encore loin du compte.
Car si, la plus grosse part de l’argent annoncé a été payée, la dette court toujours. Au téléphone, le représentant du Fonds monétaire reconnaît que cela est un véritable problème. Alex Segura déclare que l’objectif essentiel de la mission d’évaluation du Fonds, qui débarque à Dakar la semaine prochaine, sera justement de faire la jonction entre les chiffres fournis par le gouvernement et les opinions des membres du patronat, dont les plaintes sont arrivées jusqu’à lui.
Le Fmi voudrait savoir, par ce biais, qui a été payé, et combien il resterait à devoir. En attendant, Abdoulaye Diop, qui a affirmé ne pas tenir le compte du nombre d’entreprises réglées, ni de ce qui leur a été versé, a tout de même pris sa calculette. Et il a estimé ses besoins urgents à 65 milliards de francs. C’est du moins la somme qu’il a cherché à mobiliser sur la place bancaire de Dakar. Une rencontre de concertation a été tenue pour cela, avec des représentants des différentes banques établies à Dakar.
Recherche effrenee
Malheureusement, dans sa quête, l’Argentier du Sénégal a essuyé un refus catégorique de la part des banquiers de Dakar. Un témoin de la rencontre résume la situation à un manque de confiance notoire en la signature de l’Etat. Les banquiers ne considèrent pas que le gouvernement devrait mettre leurs institutions dans une situation délicate en voulant emprunter au-delà de sa capacité de remboursement. Mais, cette fin de non-recevoir ne laisse plus beaucoup de solutions au gouvernement.
Le marché boursier sous-régional est tellement sollicité ces derniers temps, par tous les gouvernements membres de la zone Uemoa, qu’il n’est pas évident que l’on puisse mobiliser une soixantaine de milliards de francs Cfa d’un coup de baguette. De plus, les délais de remboursement de ces créances sont trop courts, même pour un pays qui se vante de la capacité de recouvrement de son assiette fiscale. Alors, une fois de plus, on essaie de regarder hors des limites de l’Uemoa, sur le marché financier international. Mais là, les limites sont malheureusement plus qu’évidentes.
Contrairement à la première fois que l’idée avait été agitée, la situation économique mondiale s’est encore plus que dégradée. Peu de banques, même celles qui le voudraient, pourraient mobiliser autant d’argent. Mais, également, celles qui pourraient le faire, imposeront des taux d’intérêt hors de la capacité d’endettement du Sénégal. Car, sur ce point, Alex Segura a été net. Pour lui, le gouvernement peut s’endetter où il veut, et aux conditions qu’il voudrait. Mais contracter une dette à un taux non concessionnel, «fera voler en éclat l’accord Ispe que nous avons avec le gouvernement», indique-t-il. Non sans manquer de préciser que pour les mois à venir, le seul emprunt à taux non concessionnel sur lequel le Fmi et le gouvernement se sont accordés, porte, comme Le Quotidien l’avait déjà annoncé, sur les 80 milliards destinés à l’achèvement de l’autoroute à péage.
Il est normal, dans ces conditions, que le ministre d’Etat chargé des finances ait refusé de se laisser distraire par le jeu politicien ; il a déjà assez de quoi occuper son esprit pour les mois à venir !
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