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Le chef d'al-Qaida, c'est al-Zawahiri

Rédigé par leral.net le Jeudi 16 Juin 2011 à 14:10 | | 0 commentaire(s)|

L'Egyptien Ayman al-Zawahiri, numéro deux et théoricien d’al-Qaida, a «succédé» au guide saoudien tué par l'armée américaine.


Le chef d'al-Qaida, c'est al-Zawahiri
C'est désormais officiel: l'Égyptien Ayman al-Zawahiri succède à Oussama Ben Laden à la tête d'al-Qaida, selon la chaîne de télévision Al-Arabiya qui a reçu un communiqué de l'organisation terroriste. Retour sur le parcours de celui qui était déjà selon certains le véritable patron de l'organisation terroriste depuis plusieurs années avec cet article paru au lendemain de la mort de Ben Laden.

Ayman al-Zawahiri, 59 ans, bras droit et successeur désigné d’Oussama ben Laden, était auparavant le chef («l’émir») du Djihad Islamique égyptien, un mouvement issu des Frères musulmans. Il l’a uni en février 1998 avec al-Qaida, l’organisation d’Oussama ben Laden, sous la bannière du «front islamique mondial» afin de mener la guerre sainte contre «les juifs et les croisés».

Pour certains experts, Oussama ben Laden ne serait jamais devenu la figure qu’il a été sans les capacités d’organisation d’al-Zawahiri. Il est considéré comme le «théoricien» du mouvement et l’architecte de sa radicalisation. «Mettre hors d’état de nuire Ayman al-Zawahiri aurait sans doute plus de conséquences sur les possibilités opérationnelles d’al-Qaida que de neutraliser ben Laden», estimait Jerold Post, spécialiste du terrorisme de la George Washington University.

Né le 19 juin 1951, Ayman al-Zawahiri a grandi dans une famille bourgeoise du Caire. Son grand-père Rabi'a al-Zawahri, était le grand imam de l’université Al Azhar et son père un professeur de pharmacologie renommé. Le jeune al-Zawahiri a laissé le souvenir d’un élève et d’un étudiant tranquille et brillant. Il écrivait des poésies.

Porte-parole des Frères musulmans

Sa destinée change après la défaite et l’humiliation des armées arabes en juin 1967 lors de la Guerre des Six jours contre Israël. Il rejoint les Frères musulmans à l’age de 15 ans et fonde selon Lawrence Wright, qui a écrit un long portrait de lui dans le magazine New Yorker, sa première cellule au lycée.

En 1974, il obtient un diplôme de médecin et en 1979 après avoir terminé une spécialisation en ophtalmologie, il rejoint le Djihad Islamique plus radical. Ayman al-Zawahiri en devient rapidement l’un des dirigeants. Après l’assassinat, en octobre 1981, du président égyptien Anouar el Sadate, il est arrêté s’enfuyant vers l’aéroport. Lors du procès collectif de plus de 300 militants, il devient l’un de leur porte-parole prouvant alors ses talents de tribun et appelant au sacrifice. La justice égyptienne ne parvient pas à le lier directement à l’assassinat de Sadate, mais il est condamné à trois ans de prison pour détention d’armes. Derrière les barreaux, il est fréquemment battu et torturé.

Après sa remise en liberté, il tente de revenir à la médecine, mais finalement quitte l’Egypte en 1985 pour le Pakistan et l’Afghanistan devenu alors le lieu de ralliement et de combat des islamistes du monde entier. La même année, un attentat suicide est mené contre l’ambassade d’Egypte à Islamabad et fait 15 morts. Il est attribué au Djihad Islamique.

Combattant en Afghanistan contre les Soviétiques

En Afghanistan, Ayman al-Wazihiri utilise ses compétences médicales pour soigner les combattants blessés dans les combats contre l’armée soviétique. Il y rencontre le docteur Abdallah Azzam, un islamiste palestinien, le père spirituel des «afghans arabes», mentor et ancien professeur d’Oussama ben Laden en Arabie saoudite à l’université King Abdulaziz. Tué dans un attentat en 1989 à Peshawar, il aura auparavant mis en contact les deux hommes.

En 1989, au lendemain de la défaite soviétique, al-Wazihiri retourne en Egypte et les «djihadistes», forts de leur victoire, croient maintenant possible la création d’Etats islamiques. «Le mouvement islamique ne triomphera pas de la coalition mondiale sans posséder une base fondamentaliste au cœur du monde musulman», écrit Ayman al-Wazihiri. Il recrute en nombre, mais est harcelé par les forces de sécurité.

Il est contraint de fuir à nouveau son pays natal et, en 1992, se réfugie au Soudan. Sous des identités d’emprunt, il aurait beaucoup voyagé, vécu au Danemark et en Suisse et se serait déplacé en Bosnie, en Bulgarie, dans la province russe du Daghestan et même aux Etats-Unis pour recueillir des fonds. En 1996, il retourne en Afghanistan, accueilli à bras ouverts par les talibans et Oussama ben Laden dont il devient le médecin personnel.

Médecin personnel d'Oussama ben Laden

Ayman al-Zawahiri est marié et père de cinq filles et un garçon. Sa femme et un certain nombre de ses enfants auraient été tués lors d’un bombardement américain sur Jalalabad à la fin de l’année 2001. Son fils Khalid aurait été capturé par les forces pakistanaises en juillet 2003, mais l’information n’a jamais été confirmée.

Ayman al-Zawahiri a été condamné à mort par contumace en 1999 par un tribunal égyptien pour avoir organisé plusieurs attaques dont celle de Louxor en 1997 où 57 touristes européens et 4 Egyptiens ont trouvé la mort. Le 4 août 1998, les bureaux du journal al Hayat au Caire recevaient un fax du Djihad Islamique menaçant directement les Etats-Unis:

«Nous voulons informer les Américains que leur message a été reçu et qu’ils doivent lire attentivement la réponse qui sera, avec l’aide de Dieu, écrite dans un langage qu’ils comprennent».

Trois jours plus tard, les ambassades américaines de Tanzanie et du Kenya étaient détruites par des camions piégés.

Depuis les attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, il est apparu à de nombreuses reprises dans des cassettes vidéo diffusées par la chaîne de télévision al-Jazeera. Pour le grand public qui le connaît désormais, il est considéré comme le successeur désigné d’Oussama ben Laden.

Eric Leser, Slate.fr