
"Elle doit être bien plus importante encore", a souligné l'auteur à l'AFP, expliquant la première place du magnat des affaires par "son expansion en Amérique latine avec America Movil". America Movil, maison-mère du secteur "télécommunications" de l'empire Slim, est le numéro un de la téléphonie mobile en Amérique latine, avec quelque 200 millions de clients. Le cours de son action a bondi de 35% en un an, selon Forbes. Carlos Slim, ingénieur de formation, a construit son groupe sur la téléphonie fixe et mobile, en rachetant Telmex à l'Etat en 1990. Depuis, il a élargi sa gamme à la finance, au commerce, à l'hôtellerie, à la télévision. Il a investi 60 milliards de dollars en Amérique latine ces dix dernières années, et a injecté 250 millions de dollars l'an dernier dans le capital du quotidien américain New York Times, en grandes difficultés financières. "Il n'a aucun droit de vote, il l'a fait pour soutenir le journal en crise, et son intention est de revendre, mais jusqu'ici le groupe ne s'est pas encore rétabli", a expliqué M. Martinez. Son groupe est omniprésent au Mexique. A tel point qu'un restaurant de la capitale précise en guise de boutade qu'il est "le seul endroit du Mexique qui n'appartienne pas à Carlos Slim". Et pourtant Carlos Slim, cinquième enfant d'un émigrant libanais et père de cinq enfants lui-même, est un homme très discret. "A la différence des aristocrates, des monarques ou des personnalités de la jet set, c'est quelqu'un d'extrêmement simple, a souligné M. Martinez. "L'homme qui a bâti tout cela s'est attribué un salaire mensuel de 24.000 dollars, alors qu'il contrôle 30% à 40% de la Bourse de Mexico", a-t-il insisté, après des heures et des heures d'entretiens avec un milliardaire qui "portait encore il n'y a pas longtemps une montre en plastique". "Il est allergique à la publicité et mène une vie frugale", selon le biographe dans son portrait revu et corrigé. Pas de clinquant non plus au siège du groupe, "où les cadres supérieurs du groupe partagent la même secrétaire", décrit-il. Son seul véritable signe extérieur de - très - grande richesse: la plus importante collection d'art d'Amérique latine, avec le plus grand nombre de sculptures d'Auguste Rodin exposées hors de France, dans son musée privé, géré par une de ses filles. "Je dirais que je suis sobre, et mes fils aussi. Par goût, par conviction, pas par discipline", déclare dans son portrait celui qui s'est donné pour règle de "ne jamais faire d'affaires avec les hommes politiques", ce qui le différencie de bien des entrepreneurs de son pays.