Ce n'était pas seulement les fonds qui faisaient défaut. Il n'y avait ni document de projet en bonne et due forme, ni logistique, ni appui institutionnel de bailleurs de fonds, ni même des locaux dédiés. Et une première vague d’'interventions menées avant l'installation de l'Agence avait si peu convaincu que l'image même du Plan REVA en avait souffert et en souffre toujours.
Malgré autant d'obstacles, ils y allèrent sans désemparer, décidés à faire de l'agriculture, une opportunité d'affaires, au bénéfice des nombreux jeunes compatriotes que la misère des campagnes laissait à la merci des aléas de l'exode rural et de son corolaire, l'émigration aventureuse.
Fonctionnant sur la base des principes de concertation, d'efficience et de transparence, ils ont privilégié la coopération avec toutes les structures étatiques et non étatiques pouvant accompagner cette dynamique de promotion de l'entrepreneuriat agricole. La concentration des ressources budgétaires à la réhabilitation d'infrastructures hydroagricoles désuètes a été préférée au déploiement de bureaux régionaux à fonctionnement forcément onéreux. La publication annuelle d'un rapport d'activités faisant état des performances, ressources et dépenses a été tenue comme un devoir vis-à-vis du contribuable, de l'autorité, des partenaires et des bénéficiaires directs.
Le souci de rationalisation des ressources de l'Etat et de la facilitation de l'accès à l'eau agricole en dehors des bassins fluviaux a inspiré une stratégie axée sur les eaux souterraines pour que, partout au Sénégal, les agriculteurs s'émancipent de l'aléa climatique et de la compression du temps de travail en la seule saison pluvieuse.
Leurs efforts n'ont pas été vains. En termes d'innovation dans l'approche du développement agricole et rural pro-pauvre :
un modèle de ferme villageoise moderne a été conçu en une véritable plateforme multifonctionnelle destinée à entraîner une croissance économique locale durable ;
ce modèle a été décliné sous ses diverses formes agricoles, pastorales et piscicoles ;
des zones naguère défavorisées ont été revivifiées par des fermes réhabilitées selon le modèle ;
la valorisation des excédents de débit des forages ruraux a élargi l'accès à l'eau agricole ;
la sélection des bénéficiaires est laissée à l'appréciation des acteurs locaux (conseils ruraux, société civile, organisations professionnelles, services déconcentrés, etc.) ;
les producteurs sélectionnés sont responsabilisés en entrepreneurs agricoles libres dans le choix des spéculations à produire et des marchés à investir ;
la responsabilisation se matérialise par des contrats de concession désengageant l'Etat de la production et des échanges ;
l'appui organisationnel les a doté de GIE formellement constitués et bancarisés ;
le partenariat avec la principale institution financière du secteur, la CNCAS en l'occurrence, a facilité l'accès au crédit de campagne ;
l'intermédiation commerciale a mobilisé des opérateurs à l'export disposés à apporter des avances en intrants agricoles ;
les loumas, organisés ces dernières années à Dakar, ont rapproché les producteurs des fermes aux consommateurs urbains ;
un produit d'assurance à l'export a permis d'améliorer la couverture des risques de marché à l'export, et
la démonstration a été faite que l'agriculture irriguée peut se pratiquer dans toutes les zones du pays.
Quant à l'impact socioéconomique de l'appui, ce sont les terroirs bénéficiaires, eux-mêmes, qui en témoignent :
1200 hectares ont été aménagés en maîtrise totale de l'eau (goutte à goutte, aspersion, pivot);
1800 producteurs, dont 35% de femmes, ont été insérés, formés et durablement soustraits des vagues d'exode ;
18000 tonnes de produits horticoles ont été mis en marchés ;
cent vaches laitières pleines ont été importées pour moderniser la filière ;
le revenu agricole annuel a atteint, en moyenne, 900000 francs CFA.
Ces résultats auraient été plus amples si les moyens avaient permis d'aller au bout des concepts :
les relations entre les fermes et les exploitations agricoles familiales devront davantage s'intensifier avec l'offre d'intrants de qualité (semences, plants), la dissémination de races améliorées, le transfert de techniques d'intensification par le renforcement des capacités ;
les fermes devront aussi entraîner une dynamique d'impulsion de l'économie locale par la fourniture de produits aux unités de transformation et de commercialisation, créneaux particulièrement investis par les femmes ;
les GIE de producteurs des fermes sont aussi appelés à faciliter l'accès aux denrées de première nécessité par la mise en place de centrales d'achat amortissant les déficit vivrier des phases creuses d'avant encaissement de recettes.
Conscients des exigences de rigueur et d'efficacité, pour amplifier l'impact et actualiser tout le potentiel de ce concept de ferme, L’Agence a délibérément choisi de se soumettre aux normes internationales de gestion en adoptant le système de management de la qualité. L'ANREVA est ainsi devenue l'unique organisme dans son genre à être certifié ISO 9001, en Afrique subsaharienne.
Témoin de ces efforts, de cette abnégation et de ce professionnalisme, j'ai voulu inviter à aller au-delà des préjugés. L'expérience de l'ANREVA, de 2008 à nos jours est, en effet, riche d'enseignements qui, mis à profit et portés à l'échelle, peuvent apporter un tonus de plus à la lutte contre la pauvreté rural et l'insécurité alimentaire.
A coup sûr, les bruits d'audits ne résisteront pas aux faits d'expérience et s'éteindront bientôt pour laisser ce dirigeant respectable et cette équipe compétente retrouver leur sérénité et amplifier leur action au seul bénéfice d'une jeunesse rurale en désarroi.
Abdoulaye SEYE
Ingénieur Agro-Financier
Malgré autant d'obstacles, ils y allèrent sans désemparer, décidés à faire de l'agriculture, une opportunité d'affaires, au bénéfice des nombreux jeunes compatriotes que la misère des campagnes laissait à la merci des aléas de l'exode rural et de son corolaire, l'émigration aventureuse.
Fonctionnant sur la base des principes de concertation, d'efficience et de transparence, ils ont privilégié la coopération avec toutes les structures étatiques et non étatiques pouvant accompagner cette dynamique de promotion de l'entrepreneuriat agricole. La concentration des ressources budgétaires à la réhabilitation d'infrastructures hydroagricoles désuètes a été préférée au déploiement de bureaux régionaux à fonctionnement forcément onéreux. La publication annuelle d'un rapport d'activités faisant état des performances, ressources et dépenses a été tenue comme un devoir vis-à-vis du contribuable, de l'autorité, des partenaires et des bénéficiaires directs.
Le souci de rationalisation des ressources de l'Etat et de la facilitation de l'accès à l'eau agricole en dehors des bassins fluviaux a inspiré une stratégie axée sur les eaux souterraines pour que, partout au Sénégal, les agriculteurs s'émancipent de l'aléa climatique et de la compression du temps de travail en la seule saison pluvieuse.
Leurs efforts n'ont pas été vains. En termes d'innovation dans l'approche du développement agricole et rural pro-pauvre :
un modèle de ferme villageoise moderne a été conçu en une véritable plateforme multifonctionnelle destinée à entraîner une croissance économique locale durable ;
ce modèle a été décliné sous ses diverses formes agricoles, pastorales et piscicoles ;
des zones naguère défavorisées ont été revivifiées par des fermes réhabilitées selon le modèle ;
la valorisation des excédents de débit des forages ruraux a élargi l'accès à l'eau agricole ;
la sélection des bénéficiaires est laissée à l'appréciation des acteurs locaux (conseils ruraux, société civile, organisations professionnelles, services déconcentrés, etc.) ;
les producteurs sélectionnés sont responsabilisés en entrepreneurs agricoles libres dans le choix des spéculations à produire et des marchés à investir ;
la responsabilisation se matérialise par des contrats de concession désengageant l'Etat de la production et des échanges ;
l'appui organisationnel les a doté de GIE formellement constitués et bancarisés ;
le partenariat avec la principale institution financière du secteur, la CNCAS en l'occurrence, a facilité l'accès au crédit de campagne ;
l'intermédiation commerciale a mobilisé des opérateurs à l'export disposés à apporter des avances en intrants agricoles ;
les loumas, organisés ces dernières années à Dakar, ont rapproché les producteurs des fermes aux consommateurs urbains ;
un produit d'assurance à l'export a permis d'améliorer la couverture des risques de marché à l'export, et
la démonstration a été faite que l'agriculture irriguée peut se pratiquer dans toutes les zones du pays.
Quant à l'impact socioéconomique de l'appui, ce sont les terroirs bénéficiaires, eux-mêmes, qui en témoignent :
1200 hectares ont été aménagés en maîtrise totale de l'eau (goutte à goutte, aspersion, pivot);
1800 producteurs, dont 35% de femmes, ont été insérés, formés et durablement soustraits des vagues d'exode ;
18000 tonnes de produits horticoles ont été mis en marchés ;
cent vaches laitières pleines ont été importées pour moderniser la filière ;
le revenu agricole annuel a atteint, en moyenne, 900000 francs CFA.
Ces résultats auraient été plus amples si les moyens avaient permis d'aller au bout des concepts :
les relations entre les fermes et les exploitations agricoles familiales devront davantage s'intensifier avec l'offre d'intrants de qualité (semences, plants), la dissémination de races améliorées, le transfert de techniques d'intensification par le renforcement des capacités ;
les fermes devront aussi entraîner une dynamique d'impulsion de l'économie locale par la fourniture de produits aux unités de transformation et de commercialisation, créneaux particulièrement investis par les femmes ;
les GIE de producteurs des fermes sont aussi appelés à faciliter l'accès aux denrées de première nécessité par la mise en place de centrales d'achat amortissant les déficit vivrier des phases creuses d'avant encaissement de recettes.
Conscients des exigences de rigueur et d'efficacité, pour amplifier l'impact et actualiser tout le potentiel de ce concept de ferme, L’Agence a délibérément choisi de se soumettre aux normes internationales de gestion en adoptant le système de management de la qualité. L'ANREVA est ainsi devenue l'unique organisme dans son genre à être certifié ISO 9001, en Afrique subsaharienne.
Témoin de ces efforts, de cette abnégation et de ce professionnalisme, j'ai voulu inviter à aller au-delà des préjugés. L'expérience de l'ANREVA, de 2008 à nos jours est, en effet, riche d'enseignements qui, mis à profit et portés à l'échelle, peuvent apporter un tonus de plus à la lutte contre la pauvreté rural et l'insécurité alimentaire.
A coup sûr, les bruits d'audits ne résisteront pas aux faits d'expérience et s'éteindront bientôt pour laisser ce dirigeant respectable et cette équipe compétente retrouver leur sérénité et amplifier leur action au seul bénéfice d'une jeunesse rurale en désarroi.
Abdoulaye SEYE
Ingénieur Agro-Financier