leral.net | S'informer en temps réel

Le souvenir des émeutes hante Tottenham

Il y a un an, la mort d'un homme noir de 29 ans embrasait les grandes villes d'Angleterre.


Rédigé par leral.net le Lundi 6 Août 2012 à 09:57 | | 0 commentaire(s)|

Le souvenir des émeutes hante Tottenham
On est à dix minutes du stade olympique. La ruée vers l'or de la team GB regonfle le moral du pays entier. Pendant ce temps, dimanche après-midi, une petite foule se presse à la mairie de Tottenham, quartier populaire du nord de Londres, pour une «cérémonie de l'espoir», en hommage à Mark Duggan, cet homme noir de 29 ans, père de quatre enfants, tué par la police tout près de là, le 4 août 2011. Deux jours plus tard, une veillée à sa mémoire dégénérait en émeutes qui se répandaient à plusieurs quartiers de Londres avant de gagner d'autres villes comme Manchester ou Birmingham.

Pamela Duggan, la mère de Mark, réclame justice pour son fils. «Il a été assassiné, affirme-t-elle. Trente et un policiers l'ont entouré et lui ont tiré dessus deux fois. Pourquoi? Pourquoi aucun des policiers n'a-t-il parlé un an après? Une des dernières choses que le père de Mark ait dite avant de mourir il y a quelques semaines, c'était qu'il voulait justice pour son fils. Je n'abandonnerai pas tant que je ne l'aurai pas obtenue.»

La police des polices ne devrait transmettre ses conclusions à un juge qu'en octobre prochain. Les policiers avaient arrêté Mark Duggan en voiture, dans le cadre d'une opération de contrôle des gangs. Dans un premier temps, ils avaient affirmé qu'il était armé mais un pistolet retrouvé quelques mètres plus loin ne portait pas de trace de son ADN. Scotland Yard s'est excusé en février d'avoir refusé de parler aux parents de Mark Duggan, ce qui avait embrasé la population locale massée devant le commissariat dans l'attente d'explications.

La manifestation de colère s'était ensuite transformée en scènes de pillage et de destructions dans 66 municipalités du pays, auxquelles prirent part plusieurs milliers de jeunes. La police n'avait maîtrisé la situation qu'au bout de quatre nuits. S'en est suivie une sévère vague de répression. Sur 2400 personnes jugées, huit sur dix ont été condamnées à des peines de prison - 16,8 mois en moyenne, parfois pour le vol d'un paquet de chewing-gums. Pour donner l'exemple, le gouvernement et la justice ont décidé que la participation aux émeutes était une circonstance aggravante par rapport à un délit commis en temps normal.

«Sorry»
Alors que les Jeux olympiques de Londres sont censés «inspirer une génération», les plaies de Tottenham ne sont pas refermées. «Certains commerçants attendent encore d'être indemnisés et les affaires sont en baisse de 40 %. J'espère que cela ne se reproduira jamais mais la police pense que si. J'ai peur qu'ils aient raison parce que les problèmes sont toujours les mêmes», affirme David Lammy, député travailliste de Tottenham. À la mairie, des écolières arborent des T-shirts bleu ciel barrés de l'inscription «Sorry». «On demande pardon parce que personne ne l'a fait, même si on n'a pas participé aux émeutes, pour que la communauté puisse tourner la page», explique Bethany, 13 ans.




Par Florentin Collomp