Nous nous invitons à ce débat, non pour défendre la SENELEC ou les travailleurs, ou parce que nous avons défendu le service public de l’électricité (en tant que militant du SUTELEC), mais plutôt parce que les enjeux sont plus importants que ce qui semble se donner comme dénonciations sensationnelles de personnes non vertueuses.
Nous sommes aussi convaincu, que le secteur doit connaître des ruptures systémiques, dans ses orientations politiques et sa gouvernance. L’avènement de la communication de masse via les réseaux sociaux, a du même coup contribué à la naissance d’experts et d’influenceurs en tous genres, qui occupent aujourd’hui, les lieux communs de construction, de diffusion, de production de l’information. Ils sont de savants chroniqueurs, spécialistes en toute matière (politique, économie, technologie etc..).
Dans notre cas, il s’agit de l’énergie, où un éminent expert évoque ces questions avec une certaine suffisance, que l’on croirait qu’il en est un ingénieur. Dans une conférence presse qu’il a récemment organisée, il parle des coûts de l’électricité variant de 25 francs à 71 francs de la part de certains opérateurs et les prix pratiqués par SENELEC, notant les subventions de l’État, pour conclure que les subventions vont donc vers ces derniers. Sans entrer dans des détails, il faut simplement dire que l’électricité produite avec des modalités différentes, n’a pas le même coût de revient. En effet, le coût de l’exploitation de l’énergie est variable selon la source primaire de cette énergie. Il y a une corrélation entre le coût de l’énergie primaire et le coût de l’énergie dans son usage final. Ainsi, l’énergie hydro-électrique de Manantali, de Félou (provenant des barrages, coûte entre 20 francs (coût variable) et 40 francs (coût de revient moyen) l’énergie éolienne (source primaire renouvelable – le vent, coût moyen variable 69 francs) ou solaire (entre 25 à 71 francs, etc.) et les coûts des énergies produites avec une énergie primaire fossile, ne sauraient valoir la même chose. En guise d’exemple, une turbine à gaz fonctionnant en cycle non combiné, peut générer des coûts variables de (148 francs TAG 4 – 2022 à 385 francs TAG 2 – Rapport annuel Senelec 2022). Un professionnel de l’information, avec n’importe quel moteur de recherche, aurait pu accéder à ces données, sans au préalable disposer de connaissances profondes sur la question. En effet, en dehors du coût variable d’exploitation, il y a le coût de revient, qui prend en compte les amortissements des investissements, qui sont différents selon la typologie des centrales. La question du coût de l’électricité, les subventions versées par l’État, sont des questions autrement plus sérieuses et complexes que ce qu’en dit notre expert.
Cela signifie que l’expert en question, fait de l’amalgame à dessein (distillant de fausses informations) ou se veut expert d’une question qu’il ne maîtrise pas. La deuxième hypothèse semble être la bonne, car nous l’avons entendu dire (comme invité dans une émission d’une télé numérique), à propos du dernier incident dans le poste source de Hann, qui est à l’origine d’un black - out sur l’ensemble du réseau interconnecté, qu’il fallait mener des investigations pour déterminer si cela ne relevait pas de sabotage,, car le réseau interconnecté se situerait du côté du Cap des Biches. Le réseau interconnecté c’est l’ensemble du réseau de SENELEC alimenté par les centrales de production et qui sont liées par le réseau de transport, à travers tout le pays et les pays de l’OMVS (et aujourd’hui la Gambie et la Guinée), pour faire simple. On peut déplorer les négligences coupables à l’origine de cet incident et recommander une enquête comme elle est requise dans de pareilles situations pour déterminer les responsabilités et non suspecter, comme du temps de l’ancien régime, la SENELEC comme un repaire de forces dites spéciales. de souveraineté, qui nous interpellent.
De même, on peut s’interroger sur les motivations patriotiques qui sont à l’origine des points de presse et conférences de presse de quelqu’un qui avait une relation contractuelle, dont la transparence posait un réel problème aux acteurs du secteur (les syndicats notamment), jusqu’à voir l’OFNAC recommander l’examen juridique de la question.
C’est la première fois que l’on voit un entrepreneur du privé, organiser une conférence de presse pour dénoncer la nomination d’un DG issu de l’entreprise et annoncer un contrat gré à gré de 3 500 milliards . Certains ont juste pensé qu’il était frustré de ne pas être nommé à ce poste ,du fait de son engagement dans la coalition DIOMAYE, on pourrait en douter au vu de l’argumentaire qui est convoqué par ce dernier. En effet, prenant prétexte de la prochaine mise en service de la centrale de WAE, un projet dont l’un des actionnaires est Samuel Sarr, ancien ministre de l’Energie, durant la gouvernance de Me Wade et aussi, ex DG de la SENELEC, il pointe la responsabilité de la SENELEC dans la conclusion de ce contrat. Pour montrer que ce contrat serait au détriment de l’entreprise et du pays.
On pourrait s’interroger sur les faits convoqués, d’autant que c’est la CRSE (loi 2002 – 01 abrogeant et remplaçant les alinéas 4 et 5 de l’article 19 de la loi 98- 29) qui étudie l’octroi des licences de production et lance les appels d’offres pour le cas des producteurs dits indépendants. La SENELEC, comme acheteur unique dans le cadre de la loi 98- 29 du 14 avril 1998, en tant que concessionnaire, ne signait que les contrats d’achat d’énergie. Il était requis lors de la demande d’une licence d’une concession, de montrer un contrat d’achat d’énergie, pour dire que la loi n’empêche pas un privé de négocier un contrat d’achat d’énergie, avant de disposer d’une licence de production. Au total, il faut analyser le rôle clé joué par ceux qui pilotaient le secteur à cette période et non celui des dirigeants actuels de l’entreprise, pour justifier leur manque de transparence. Par ailleurs, on pourrait se demander, pourquoi dans démarche patriotique, il ne fait pas le point sur l’état des lieux, quant aux positions dominantes du capital étranger au nom de l’IDE, très chère à la BM, dans la sphère de la production indépendante.
En effet, si jusqu’à présent, les coûts de production (variables, comme fixes) sont au niveau où ils sont, cela reste lié aux choix des types de production, notamment le recours au tout diesel avec des puissances unitaires faibles (en général inférieures à 20 MW), avec des rendements non compétitifs. En effet, les cycles combinés des turbines à gaz donneraient des rendements plus compétitifs, avec des puissances unitaires plus importantes. Des choix politiques inopérants depuis les indépendances, dictés par les officines multilatéralistes (FMI- BM), nous ont mis en situation de retard d’investissement, avant de nous brider avec ces solutions de sauvetage souvent orientées. La centrale de WAE, quoique l’on puisse en dire, est un investissement propre à des nationaux, ce que l’on ne peut dire à propos de 80 à 90 % des IPPs, installés depuis 1998. Il s’agit aujourd’hui à notre sens, pour sécuriser le secteur, de réaliser des investissements propres à la SENELEC, au moins 55 % de la puissance installée, dont au moins 25 à 30 % du mix énergétique, avec des sources primaires renouvelables.
En effet, quand au moins, 25 % à 1 /3 de l’énergie vendue, est produite par des capacités louées, (Voir rapport annuel 2022 – 2023 Senelec – KPS fournit le tiers de l’énergie vendue par la SENELEC), cela signifie que nous sommes loin de la souveraineté. C’est dire que ces interventions sur la SENELEC, au nom d’un ancrage, d’une influence au sein de la coalition au pouvoir, doivent être réorientées vers une véritable analyse du secteur, ses difficultés, les coûts onéreux de l’électricité et la présence, dominante, des intérêts étrangers (la plupart des IPPs sont aux mains effectivement du capital étranger), sur la réforme en cours.
Nous voulons simplement dire que le secteur doit régler des défis de souveraineté, qui sont l’accès à une électricité moins chère, des taux d’électrification de 100 % couvrant tout le pays, à travers l’interconnexion ou des solutions hors réseau avec du renouvelable. Cela suppose une réflexion sur les tous les enjeux , politiques ( notre capacité à décider par nous-mêmes, de ce que nous voulons ) économiques ( un intérêt à disposer de mécanismes de financement qui ne nous enlisent pas et nous libèrent de l’endettement – une planification bien pensée ), sociaux ( l’électrification universelle, des emplois décents dans le secteur, des accords d’entreprise et ou de secteur – énergie – favorisant l’épanouissement des travailleurs actifs comme des retraités) , anthropologiques (au sens des savoirs acquis, des savoirs produits à diffuser pour les nouvelles générations).
Nous lançons un appel aux acteurs, pour des assises qui permettront de penser le devenir du secteur, de façon à donner un principe de réalité à la souveraineté énergétique qui est annoncée. Il faut sortir du statu quo. Il y a lieu de revoir le code de l’électricité, de revoir tout le cadre juridique, qui est plus un copier coller vendu par la BM dans nos pays. Le problème est plus profond que ne semble le poser les acteurs actuels de cette communication contre la SENELEC.
Le 17 Septembre 2024
Abdoulaye Sène
Ancien SGA SUTELEC (1994- 2003)
Économiste – Socio anthropologue
Nous sommes aussi convaincu, que le secteur doit connaître des ruptures systémiques, dans ses orientations politiques et sa gouvernance. L’avènement de la communication de masse via les réseaux sociaux, a du même coup contribué à la naissance d’experts et d’influenceurs en tous genres, qui occupent aujourd’hui, les lieux communs de construction, de diffusion, de production de l’information. Ils sont de savants chroniqueurs, spécialistes en toute matière (politique, économie, technologie etc..).
Dans notre cas, il s’agit de l’énergie, où un éminent expert évoque ces questions avec une certaine suffisance, que l’on croirait qu’il en est un ingénieur. Dans une conférence presse qu’il a récemment organisée, il parle des coûts de l’électricité variant de 25 francs à 71 francs de la part de certains opérateurs et les prix pratiqués par SENELEC, notant les subventions de l’État, pour conclure que les subventions vont donc vers ces derniers. Sans entrer dans des détails, il faut simplement dire que l’électricité produite avec des modalités différentes, n’a pas le même coût de revient. En effet, le coût de l’exploitation de l’énergie est variable selon la source primaire de cette énergie. Il y a une corrélation entre le coût de l’énergie primaire et le coût de l’énergie dans son usage final. Ainsi, l’énergie hydro-électrique de Manantali, de Félou (provenant des barrages, coûte entre 20 francs (coût variable) et 40 francs (coût de revient moyen) l’énergie éolienne (source primaire renouvelable – le vent, coût moyen variable 69 francs) ou solaire (entre 25 à 71 francs, etc.) et les coûts des énergies produites avec une énergie primaire fossile, ne sauraient valoir la même chose. En guise d’exemple, une turbine à gaz fonctionnant en cycle non combiné, peut générer des coûts variables de (148 francs TAG 4 – 2022 à 385 francs TAG 2 – Rapport annuel Senelec 2022). Un professionnel de l’information, avec n’importe quel moteur de recherche, aurait pu accéder à ces données, sans au préalable disposer de connaissances profondes sur la question. En effet, en dehors du coût variable d’exploitation, il y a le coût de revient, qui prend en compte les amortissements des investissements, qui sont différents selon la typologie des centrales. La question du coût de l’électricité, les subventions versées par l’État, sont des questions autrement plus sérieuses et complexes que ce qu’en dit notre expert.
Cela signifie que l’expert en question, fait de l’amalgame à dessein (distillant de fausses informations) ou se veut expert d’une question qu’il ne maîtrise pas. La deuxième hypothèse semble être la bonne, car nous l’avons entendu dire (comme invité dans une émission d’une télé numérique), à propos du dernier incident dans le poste source de Hann, qui est à l’origine d’un black - out sur l’ensemble du réseau interconnecté, qu’il fallait mener des investigations pour déterminer si cela ne relevait pas de sabotage,, car le réseau interconnecté se situerait du côté du Cap des Biches. Le réseau interconnecté c’est l’ensemble du réseau de SENELEC alimenté par les centrales de production et qui sont liées par le réseau de transport, à travers tout le pays et les pays de l’OMVS (et aujourd’hui la Gambie et la Guinée), pour faire simple. On peut déplorer les négligences coupables à l’origine de cet incident et recommander une enquête comme elle est requise dans de pareilles situations pour déterminer les responsabilités et non suspecter, comme du temps de l’ancien régime, la SENELEC comme un repaire de forces dites spéciales. de souveraineté, qui nous interpellent.
De même, on peut s’interroger sur les motivations patriotiques qui sont à l’origine des points de presse et conférences de presse de quelqu’un qui avait une relation contractuelle, dont la transparence posait un réel problème aux acteurs du secteur (les syndicats notamment), jusqu’à voir l’OFNAC recommander l’examen juridique de la question.
C’est la première fois que l’on voit un entrepreneur du privé, organiser une conférence de presse pour dénoncer la nomination d’un DG issu de l’entreprise et annoncer un contrat gré à gré de 3 500 milliards . Certains ont juste pensé qu’il était frustré de ne pas être nommé à ce poste ,du fait de son engagement dans la coalition DIOMAYE, on pourrait en douter au vu de l’argumentaire qui est convoqué par ce dernier. En effet, prenant prétexte de la prochaine mise en service de la centrale de WAE, un projet dont l’un des actionnaires est Samuel Sarr, ancien ministre de l’Energie, durant la gouvernance de Me Wade et aussi, ex DG de la SENELEC, il pointe la responsabilité de la SENELEC dans la conclusion de ce contrat. Pour montrer que ce contrat serait au détriment de l’entreprise et du pays.
On pourrait s’interroger sur les faits convoqués, d’autant que c’est la CRSE (loi 2002 – 01 abrogeant et remplaçant les alinéas 4 et 5 de l’article 19 de la loi 98- 29) qui étudie l’octroi des licences de production et lance les appels d’offres pour le cas des producteurs dits indépendants. La SENELEC, comme acheteur unique dans le cadre de la loi 98- 29 du 14 avril 1998, en tant que concessionnaire, ne signait que les contrats d’achat d’énergie. Il était requis lors de la demande d’une licence d’une concession, de montrer un contrat d’achat d’énergie, pour dire que la loi n’empêche pas un privé de négocier un contrat d’achat d’énergie, avant de disposer d’une licence de production. Au total, il faut analyser le rôle clé joué par ceux qui pilotaient le secteur à cette période et non celui des dirigeants actuels de l’entreprise, pour justifier leur manque de transparence. Par ailleurs, on pourrait se demander, pourquoi dans démarche patriotique, il ne fait pas le point sur l’état des lieux, quant aux positions dominantes du capital étranger au nom de l’IDE, très chère à la BM, dans la sphère de la production indépendante.
En effet, si jusqu’à présent, les coûts de production (variables, comme fixes) sont au niveau où ils sont, cela reste lié aux choix des types de production, notamment le recours au tout diesel avec des puissances unitaires faibles (en général inférieures à 20 MW), avec des rendements non compétitifs. En effet, les cycles combinés des turbines à gaz donneraient des rendements plus compétitifs, avec des puissances unitaires plus importantes. Des choix politiques inopérants depuis les indépendances, dictés par les officines multilatéralistes (FMI- BM), nous ont mis en situation de retard d’investissement, avant de nous brider avec ces solutions de sauvetage souvent orientées. La centrale de WAE, quoique l’on puisse en dire, est un investissement propre à des nationaux, ce que l’on ne peut dire à propos de 80 à 90 % des IPPs, installés depuis 1998. Il s’agit aujourd’hui à notre sens, pour sécuriser le secteur, de réaliser des investissements propres à la SENELEC, au moins 55 % de la puissance installée, dont au moins 25 à 30 % du mix énergétique, avec des sources primaires renouvelables.
En effet, quand au moins, 25 % à 1 /3 de l’énergie vendue, est produite par des capacités louées, (Voir rapport annuel 2022 – 2023 Senelec – KPS fournit le tiers de l’énergie vendue par la SENELEC), cela signifie que nous sommes loin de la souveraineté. C’est dire que ces interventions sur la SENELEC, au nom d’un ancrage, d’une influence au sein de la coalition au pouvoir, doivent être réorientées vers une véritable analyse du secteur, ses difficultés, les coûts onéreux de l’électricité et la présence, dominante, des intérêts étrangers (la plupart des IPPs sont aux mains effectivement du capital étranger), sur la réforme en cours.
Nous voulons simplement dire que le secteur doit régler des défis de souveraineté, qui sont l’accès à une électricité moins chère, des taux d’électrification de 100 % couvrant tout le pays, à travers l’interconnexion ou des solutions hors réseau avec du renouvelable. Cela suppose une réflexion sur les tous les enjeux , politiques ( notre capacité à décider par nous-mêmes, de ce que nous voulons ) économiques ( un intérêt à disposer de mécanismes de financement qui ne nous enlisent pas et nous libèrent de l’endettement – une planification bien pensée ), sociaux ( l’électrification universelle, des emplois décents dans le secteur, des accords d’entreprise et ou de secteur – énergie – favorisant l’épanouissement des travailleurs actifs comme des retraités) , anthropologiques (au sens des savoirs acquis, des savoirs produits à diffuser pour les nouvelles générations).
Nous lançons un appel aux acteurs, pour des assises qui permettront de penser le devenir du secteur, de façon à donner un principe de réalité à la souveraineté énergétique qui est annoncée. Il faut sortir du statu quo. Il y a lieu de revoir le code de l’électricité, de revoir tout le cadre juridique, qui est plus un copier coller vendu par la BM dans nos pays. Le problème est plus profond que ne semble le poser les acteurs actuels de cette communication contre la SENELEC.
Le 17 Septembre 2024
Abdoulaye Sène
Ancien SGA SUTELEC (1994- 2003)
Économiste – Socio anthropologue