« Sud Ouest ». Né au Brésil, le FSM a migré à Dakar. Cette incursion en Afrique a-t-elle permis d'élargir le champ altermondialiste ?
Bernard Salamand. Oui, car le comité ouest-africain s'est bien acquitté de son travail d'organisation alors que le président sénégalais Abdoulaye Wade ne lui a pas vraiment facilité la tâche. On peut dire que l'internationalisation des mécanismes du Forum a été plus loin. Un, parce que les Africains eux-mêmes ont proposé des axes forts, notamment celui des migrations et diasporas ; deux, parce nous avons réussi à mettre sur pied le « Dakar étendu », plus de 700 débats locaux connectés avec le sommet, comme celui, passionnant, qui s'est tenu à Bordeaux sur le sujet des Roms.
Vos débats, très libres et souvent très disputés, débouchent-ils sur des propositions cohérentes ?
La charte du FSM garantit le pluralisme et la diversité - voire le dissensus - qui sont une force. Mais nous avons institué un principe de convergence entre tous ceux qui traitent de sujets transversaux. À la fin du Forum se sont tenues 38 « assemblées de convergence » témoignant de la maturation du mouvement. Et nous avons été portés, lors de nos travaux, par la leçon venue de Tunisie : oui, changer le monde pacifiquement, c'est possible !
Vous avez rédigé collectivement une « Charte mondiale du migrant ». De quoi s'agit-il ?
De faire avancer le droit international. Faire des textes, c'est bien, les mettre en œuvre, c'est mieux. La Déclaration de 1948 de l'ONU sur les droits de l'homme n'a pas tout résolu ni celle de l'OIT (2) sur « les droits des travailleurs migrants et leurs familles », qui n'est pas une convention et qu'aucun pays européen n'a ratifiée. Notre charte, promulguée symboliquement sur l'île de Gorée, stipule que les migrants sont avant tout des personnes, libres de leurs choix, et qu'avant de parler des moyens de gérer les migrations, il faut mettre en avant la finalité, qui est la possibilité pour chaque personne de se réaliser, dans son pays ou ailleurs. Et nous sommes heureux de voir que des collectivités locales - par exemple le Conseil régional Midi Pyrénées - se réclament de cette charte.
Sur la sécurité alimentaire, un de vos thèmes phares, quoi de neuf ?
Nous avons mis en avant le problème de plus en plus préoccupant des accaparements de terre. En alertant, en croisant les expériences, il est possible d'éviter des spoliations. Le mouvement est embryonnaire mais on peut se réjouir de voir par exemple qu'à Madagascar, le projet Daewoo a été abandonné et que le nouveau projet indien est nettement plus favorable aux paysans malgaches.
(1) Centre de recherches et d'informations sur le développement. (2) Office international du travail.
Bernard Salamand. Oui, car le comité ouest-africain s'est bien acquitté de son travail d'organisation alors que le président sénégalais Abdoulaye Wade ne lui a pas vraiment facilité la tâche. On peut dire que l'internationalisation des mécanismes du Forum a été plus loin. Un, parce que les Africains eux-mêmes ont proposé des axes forts, notamment celui des migrations et diasporas ; deux, parce nous avons réussi à mettre sur pied le « Dakar étendu », plus de 700 débats locaux connectés avec le sommet, comme celui, passionnant, qui s'est tenu à Bordeaux sur le sujet des Roms.
Vos débats, très libres et souvent très disputés, débouchent-ils sur des propositions cohérentes ?
La charte du FSM garantit le pluralisme et la diversité - voire le dissensus - qui sont une force. Mais nous avons institué un principe de convergence entre tous ceux qui traitent de sujets transversaux. À la fin du Forum se sont tenues 38 « assemblées de convergence » témoignant de la maturation du mouvement. Et nous avons été portés, lors de nos travaux, par la leçon venue de Tunisie : oui, changer le monde pacifiquement, c'est possible !
Vous avez rédigé collectivement une « Charte mondiale du migrant ». De quoi s'agit-il ?
De faire avancer le droit international. Faire des textes, c'est bien, les mettre en œuvre, c'est mieux. La Déclaration de 1948 de l'ONU sur les droits de l'homme n'a pas tout résolu ni celle de l'OIT (2) sur « les droits des travailleurs migrants et leurs familles », qui n'est pas une convention et qu'aucun pays européen n'a ratifiée. Notre charte, promulguée symboliquement sur l'île de Gorée, stipule que les migrants sont avant tout des personnes, libres de leurs choix, et qu'avant de parler des moyens de gérer les migrations, il faut mettre en avant la finalité, qui est la possibilité pour chaque personne de se réaliser, dans son pays ou ailleurs. Et nous sommes heureux de voir que des collectivités locales - par exemple le Conseil régional Midi Pyrénées - se réclament de cette charte.
Sur la sécurité alimentaire, un de vos thèmes phares, quoi de neuf ?
Nous avons mis en avant le problème de plus en plus préoccupant des accaparements de terre. En alertant, en croisant les expériences, il est possible d'éviter des spoliations. Le mouvement est embryonnaire mais on peut se réjouir de voir par exemple qu'à Madagascar, le projet Daewoo a été abandonné et que le nouveau projet indien est nettement plus favorable aux paysans malgaches.
(1) Centre de recherches et d'informations sur le développement. (2) Office international du travail.