Guérilla urbaine, attaques ciblées, attentats: après leur défaite à Homs et Idlib, les insurgés sont à la recherche de nouveaux modes d'action contre l'appareil sécuritaire syrien, qui ne montre pas de signe de faiblesse, un an après le début de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad.
Sans intervention militaire extérieure, ni création d'une «zone libérée» aux frontières turque ou jordanienne, les rebelles en sont réduits à espérer d'hypothétiques livraisons d'armes par l'Arabie saoudite ou le Qatar. À l'avenir, «nous devrions assister à davantage d'attaques ciblées contre des casernes de l'armée ou des barrages militaires, afin d'inciter les soldats encore loyaux à rejoindre la rébellion», estime un diplomate occidental, qui s'attend également à d'autres attentats à la voiture piégée contre des symboles du pouvoir, marque de l'influence grandissante des djihadistes parvenus sur le sol syrien, depuis le Liban et l'Irak, notamment.
Ne pas reproduire l'erreur de Homs
Les signes d'une intensification des opérations contre des membres des forces de sécurité se multiplient. La semaine dernière, le général Mohammed Omar al-Derbas, pilote de l'armée de l'air, a été kidnappé près de Damas, tandis que non loin d'Alep, quatre hommes en armes à bord de leur véhicule ont tué en plein jour les colonels Abdel Karim al-Raei et Fouad Shaaban. Deux opérations ciblées destinées à montrer que les fidèles du régime doivent réfléchir à deux fois avant de continuer à le soutenir. En réaction, Damas a accusé ses opposants de viser «des experts». Depuis le début de la révolte, plus de 2000 membres des forces de sécurité ont été tués par les révolutionnaires, soit 20% des pertes totales. Et la tendance s'est renforcée ces derniers mois. «Je viens de recevoir une liste de vingt officiers qui ont été liquidés par les insurgés», affirme le général Akel Hachem, proche des déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL).
Sans le dire ouvertement, de peur de renforcer les craintes parmi la masse des indécis, de nombreux activistes militent pour un glissement vers une guérilla urbaine. Les deux heures de combat nocturne à l'arme automatique, il y a trois semaines, dans le quartier résidentiel de Mezzeh, à Damas, pourraient préfigurer ce type d'affrontements face à l'armée régulière. «L'erreur de concentrer (de très nombreux insurgés, NDLR) dans un seul endroit, comme Baba Amro à Homs, ne sera plus commise», assurait récemment au Journal du dimanche Basma Kodmani, l'une des principales dirigeantes du Conseil national syrien (CNS), la vitrine de l'opposition en exil.
Priorité aux petites unités
Priorité est désormais donnée aux déplacements de petites unités pour attaquer les forces de sécurité qui devraient se redéployer à la périphérie des villes et des villages, si le plan Annan(lire ci-dessous) est appliqué par le régime. D'où les besoins des insurgés en système de communication sécurisée, que les Occidentaux ont promis de leur fournir. Mais, en face, l'armée syrienne a elle aussi tiré les leçons des récentes pertes de ses hommes. Elle vient de recevoir de son allié iranien du matériel lui permettant de sécuriser les communications de ses unités déployées dans le Nord, où des soldats imprudents avaient trop parlé de leurs mouvements, affirme une source en contact avec le régime à Damas.
Jusqu'à maintenant, les déserteurs de l'ASL se concentraient dans les villes, permettant à leurs habitants de continuer à y vivre. À la périphérie, les soldats et miliciens forment un cordon, et c'est là qu'ont lieu la plupart des affrontements. Mais pour infliger des pertes conséquentes à leurs ennemis, «les combattants ont besoin d'armes lourdes», ajoutait Mme Kodmani, toujours favorable à la militarisation du mouvement de contestation, malgré les critiques américaines et françaises.
Pour d'autres, ce virage n'est qu'un choix par défaut. «Les généraux syriens sont très bien protégés derrière leurs gardes du corps et leurs véhicules blindés, ce n'est pas facile de les kidnapper ou de les abattre», constate le général Hachem. D'autre part, le déploiement de l'armée syrienne à travers le pays rend difficile l'organisation de la révolte sous un commandement unique, l'une des priorités, pourtant, de l'opposition. «C'est pourquoi il nous faut absolument une mini-intervention extérieure qui établirait une zone protégée où les insurgés se regrouperaient et formeraient un commandement, insiste le général Hachem. Hélas, les circonstances nous restent très défavorables.»
Vers un pourrissement
Et une guérilla urbaine ne constituera pas une menace existentielle pour le pouvoir, regrette un diplomate à Damas, qui craint un pourrissement de la situation avec l'arrivée d'armes du Liban et surtout d'Irak. «Il sera difficile ensuite de s'en débarrasser. Il rentre beaucoup de matériels américain et britannique d'Irak, des équipements neufs laissés sur place», note ce diplomate.
Des trafics facilités par la désorganisation de l'armée irakienne, après le retrait américain.Selon lui, «la Syrie risque de revivre les mêmes heures qu'au début des années 1980 avec des attentats islamistes contre le régime d'Hafez el-Assad, et des assassinats ciblés». Avec une répression généralisée en prime.
Le régime pilonne les rebelles avant de retirer ses troupes
L'armée a bombardé mercredi les bastions rebelles, malgré la promesse de Bachar el-Assad de retirer ses troupes et d'appliquer «immédiatement» le plan Annan, soutenu par l'ONU et la Ligue arabe. Homs, Deraa, et des localités près d'Idlib, ont subi les assauts des forces gouvernementales. L'offensive militaire a fait près de cent morts, ces derniers jours. Le retrait des chars est pourtant l'un des principaux points du plan Annan que Damas s'est engagé d'appliquer d'ici au 10 avril. La Russie a affiché, de son côté, sa certitude d'une victoire militaire de son allié syrien, même si l'opposition était armée «jusqu'aux dents». «On aurait alors un carnage pendant de longues années», estime Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères. Sur le terrain, le chef de la Croix-Rouge Internationale, Jacob Kellenberger, est allé mercredi à Deraa, le berceau de la révolte. Une équipe de l'ONU doit se rendre sous 48 heures en Syrie pour préparer le plan de déploiement des observateurs, censés surveiller la cessation des hostilités.
Sans intervention militaire extérieure, ni création d'une «zone libérée» aux frontières turque ou jordanienne, les rebelles en sont réduits à espérer d'hypothétiques livraisons d'armes par l'Arabie saoudite ou le Qatar. À l'avenir, «nous devrions assister à davantage d'attaques ciblées contre des casernes de l'armée ou des barrages militaires, afin d'inciter les soldats encore loyaux à rejoindre la rébellion», estime un diplomate occidental, qui s'attend également à d'autres attentats à la voiture piégée contre des symboles du pouvoir, marque de l'influence grandissante des djihadistes parvenus sur le sol syrien, depuis le Liban et l'Irak, notamment.
Ne pas reproduire l'erreur de Homs
Les signes d'une intensification des opérations contre des membres des forces de sécurité se multiplient. La semaine dernière, le général Mohammed Omar al-Derbas, pilote de l'armée de l'air, a été kidnappé près de Damas, tandis que non loin d'Alep, quatre hommes en armes à bord de leur véhicule ont tué en plein jour les colonels Abdel Karim al-Raei et Fouad Shaaban. Deux opérations ciblées destinées à montrer que les fidèles du régime doivent réfléchir à deux fois avant de continuer à le soutenir. En réaction, Damas a accusé ses opposants de viser «des experts». Depuis le début de la révolte, plus de 2000 membres des forces de sécurité ont été tués par les révolutionnaires, soit 20% des pertes totales. Et la tendance s'est renforcée ces derniers mois. «Je viens de recevoir une liste de vingt officiers qui ont été liquidés par les insurgés», affirme le général Akel Hachem, proche des déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL).
Sans le dire ouvertement, de peur de renforcer les craintes parmi la masse des indécis, de nombreux activistes militent pour un glissement vers une guérilla urbaine. Les deux heures de combat nocturne à l'arme automatique, il y a trois semaines, dans le quartier résidentiel de Mezzeh, à Damas, pourraient préfigurer ce type d'affrontements face à l'armée régulière. «L'erreur de concentrer (de très nombreux insurgés, NDLR) dans un seul endroit, comme Baba Amro à Homs, ne sera plus commise», assurait récemment au Journal du dimanche Basma Kodmani, l'une des principales dirigeantes du Conseil national syrien (CNS), la vitrine de l'opposition en exil.
Priorité aux petites unités
Priorité est désormais donnée aux déplacements de petites unités pour attaquer les forces de sécurité qui devraient se redéployer à la périphérie des villes et des villages, si le plan Annan(lire ci-dessous) est appliqué par le régime. D'où les besoins des insurgés en système de communication sécurisée, que les Occidentaux ont promis de leur fournir. Mais, en face, l'armée syrienne a elle aussi tiré les leçons des récentes pertes de ses hommes. Elle vient de recevoir de son allié iranien du matériel lui permettant de sécuriser les communications de ses unités déployées dans le Nord, où des soldats imprudents avaient trop parlé de leurs mouvements, affirme une source en contact avec le régime à Damas.
Jusqu'à maintenant, les déserteurs de l'ASL se concentraient dans les villes, permettant à leurs habitants de continuer à y vivre. À la périphérie, les soldats et miliciens forment un cordon, et c'est là qu'ont lieu la plupart des affrontements. Mais pour infliger des pertes conséquentes à leurs ennemis, «les combattants ont besoin d'armes lourdes», ajoutait Mme Kodmani, toujours favorable à la militarisation du mouvement de contestation, malgré les critiques américaines et françaises.
Pour d'autres, ce virage n'est qu'un choix par défaut. «Les généraux syriens sont très bien protégés derrière leurs gardes du corps et leurs véhicules blindés, ce n'est pas facile de les kidnapper ou de les abattre», constate le général Hachem. D'autre part, le déploiement de l'armée syrienne à travers le pays rend difficile l'organisation de la révolte sous un commandement unique, l'une des priorités, pourtant, de l'opposition. «C'est pourquoi il nous faut absolument une mini-intervention extérieure qui établirait une zone protégée où les insurgés se regrouperaient et formeraient un commandement, insiste le général Hachem. Hélas, les circonstances nous restent très défavorables.»
Vers un pourrissement
Et une guérilla urbaine ne constituera pas une menace existentielle pour le pouvoir, regrette un diplomate à Damas, qui craint un pourrissement de la situation avec l'arrivée d'armes du Liban et surtout d'Irak. «Il sera difficile ensuite de s'en débarrasser. Il rentre beaucoup de matériels américain et britannique d'Irak, des équipements neufs laissés sur place», note ce diplomate.
Des trafics facilités par la désorganisation de l'armée irakienne, après le retrait américain.Selon lui, «la Syrie risque de revivre les mêmes heures qu'au début des années 1980 avec des attentats islamistes contre le régime d'Hafez el-Assad, et des assassinats ciblés». Avec une répression généralisée en prime.
Le régime pilonne les rebelles avant de retirer ses troupes
L'armée a bombardé mercredi les bastions rebelles, malgré la promesse de Bachar el-Assad de retirer ses troupes et d'appliquer «immédiatement» le plan Annan, soutenu par l'ONU et la Ligue arabe. Homs, Deraa, et des localités près d'Idlib, ont subi les assauts des forces gouvernementales. L'offensive militaire a fait près de cent morts, ces derniers jours. Le retrait des chars est pourtant l'un des principaux points du plan Annan que Damas s'est engagé d'appliquer d'ici au 10 avril. La Russie a affiché, de son côté, sa certitude d'une victoire militaire de son allié syrien, même si l'opposition était armée «jusqu'aux dents». «On aurait alors un carnage pendant de longues années», estime Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères. Sur le terrain, le chef de la Croix-Rouge Internationale, Jacob Kellenberger, est allé mercredi à Deraa, le berceau de la révolte. Une équipe de l'ONU doit se rendre sous 48 heures en Syrie pour préparer le plan de déploiement des observateurs, censés surveiller la cessation des hostilités.