De son côté, la population s’est ruée sur les stations-service et les banques pour faire des réserves de carburant et d’argent liquide au lendemain de l’annonce par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest de sanctions économiques et diplomatiques susceptibles d’asphyxier rapidement l’économie de ce pays enclavé.
Lundi à Dakar, plusieurs chefs d’Etat de la Cédéao ont sommé les capitaines putschistes de Bamako de céder le pouvoir dans les 48 heures.
Dans une nouvelle déclaration diffusée depuis la caserne de Kati, leur QG situé à une quinzaine de km de la capitale, les putschistes n’ont fait aucune allusion à cet ultimatum, qui expire (demain) mercredi.
« Nous invitons la classe politique ainsi que l’ensemble des représentants de la société civile à être présents sans exception lors de la convention nationale qui s’ouvrira jeudi 5 avril », a déclaré le capitaine Amadou Sanogo, le nouvel homme fort, lors d’une conférence de presse.
Cette conférence est censée décider de la forme que prendra la transition vers un régime civil. « Les conclusions de cette convention seront acceptées par tous », a-t-il ajouté sans donner de précisions sur l’organisation et le calendrier de ce forum.
Les sanctions régionales entrent en vigueur alors que, dans le nord du pays, séparatistes touaregs et islamistes qui se sont emparés ce week-end de Kidal, Gao et Tombouctou, les trois principales villes de la région, tenteraient d’y imposer la loi islamique.
FORCE DE LA CEDEAO
A la demande de la France, la situation sera examinée mercredi au Conseil de sécurité des Nations unies.
Paris en a pris l’initiative pour « soutenir les efforts de la Cédéao dans la recherche d’une solution (…), souligner la nécessité que l’ordre constitutionnel soit effectivement et immédiatement rétabli et condamner les actes terroristes perpétrés par Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) », dit le Quai d’Orsay dans un communiqué.
Les Etats membres de la Cédéao ont convenu de fermer leurs frontières avec le Mali et geler ses fonds à la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour contraindre les auteurs du putsch du 22 mars à rétablir l’ordre constitutionnel.
Ils envisagent en outre d’ »activer » la force militaire de l’organisation. On ignore quand et avec quel mandat des troupes ouest-africaines pourraient intervenir.
Leurs chefs d’état-major doivent se réunir jeudi pour donner leur feu vert à la levée d’une force de 3.000 hommes, mais ces effectifs ne seront pas facile à trouver.
Pour sa part, l’Union africaine (UA), qui a approuvé la constitution de cette force de la Cédéao, a également imposé des sanctions aux putschistes de Bamako.
L’UA décide « de frapper, avec effet immédiat, d’une interdiction de voyager et d’un gel des comptes le chef de la junte militaire (le capitaine Amadou Sanogo), ainsi que toutes les entités qui contribuent à empêcher le retour à l’ordre constitutionnel au Mali », a dit Ramtane Lamamra, commissaire de l’UA pour la Paix et la Sécurité, à l’issue d’une réunion à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.
BARS ET HOTELS MIS À SAC
A Washington, le département d’Etat s’est ému du risque pesant sur l’ »intégrité territoriale » du Mali et a invité à nouveau les capitaines putschistes à restituer sur le champ le pouvoir aux civils. Les Etats-Unis ont suspendu leur aide de 60 à 70 millions de dollars au Mali et envisagent de prendre de nouvelles mesures.
Les militaires affirment s’être emparés du pouvoir pour mettre fin à l’incurie face à la rébellion touarègue du Nord, mais les séparatistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont profité de la confusion pour engranger de nouveaux succès militaires.
A Tombouctou, des habitants rapportent que les islamistes de l’organisation Ansar Dine, qui se sont associés aux rebelles du MNLA, ont annoncé leur intention d’instaurer la « charia ».
A Gao, des extrémistes ont mis à sac des bars et des hôtels servant de l’alcool, selon des témoins. A Kidal, un habitant a déclaré que la musique avait été interdite sur les ondes et que les vêtements à l’occidentale avaient été bannis.
Vivres, carburant et médicaments commencent à manquer à Gao. La région souffre déjà de pénuries en raison du déficit pluviométrique de l’an dernier et des combats qui ont repris à la mi-janvier.
D’après un habitant, la ville est sous la coupe d’Ansar Dine et du MNLA. Des rebelles pillent les entrepôts d’organisations humanitaires, dont ceux du Programme alimentaire mondial (Pam) et d’Oxfam. « Ils détruisent tout, ils ont même attaqué l’hôpital où se trouvaient des malades », a dit cet habitant. « Les religieux d’Ansar Dine ont attaqué les hôtels et les boîtes de nuit en clamant que ces lieux étaient contraires à la religion ».
Selon l’organisation caritative Oxfam, plus de 200.000 Maliens ont fui leurs zones d’habitation depuis janvier. Pour la moitié, ils sont partis vers les pays voisins, et l’exode des réfugiés pourrait s’aggraver.
REUTERS - 04-04-2012 à 03h01 – Avec Aaron Maasho à Addis-Abeba; Jean-Philippe Lefief, Guy Kerivel et Jean-Loup Fiévet pour le service français
Lundi à Dakar, plusieurs chefs d’Etat de la Cédéao ont sommé les capitaines putschistes de Bamako de céder le pouvoir dans les 48 heures.
Dans une nouvelle déclaration diffusée depuis la caserne de Kati, leur QG situé à une quinzaine de km de la capitale, les putschistes n’ont fait aucune allusion à cet ultimatum, qui expire (demain) mercredi.
« Nous invitons la classe politique ainsi que l’ensemble des représentants de la société civile à être présents sans exception lors de la convention nationale qui s’ouvrira jeudi 5 avril », a déclaré le capitaine Amadou Sanogo, le nouvel homme fort, lors d’une conférence de presse.
Cette conférence est censée décider de la forme que prendra la transition vers un régime civil. « Les conclusions de cette convention seront acceptées par tous », a-t-il ajouté sans donner de précisions sur l’organisation et le calendrier de ce forum.
Les sanctions régionales entrent en vigueur alors que, dans le nord du pays, séparatistes touaregs et islamistes qui se sont emparés ce week-end de Kidal, Gao et Tombouctou, les trois principales villes de la région, tenteraient d’y imposer la loi islamique.
FORCE DE LA CEDEAO
A la demande de la France, la situation sera examinée mercredi au Conseil de sécurité des Nations unies.
Paris en a pris l’initiative pour « soutenir les efforts de la Cédéao dans la recherche d’une solution (…), souligner la nécessité que l’ordre constitutionnel soit effectivement et immédiatement rétabli et condamner les actes terroristes perpétrés par Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) », dit le Quai d’Orsay dans un communiqué.
Les Etats membres de la Cédéao ont convenu de fermer leurs frontières avec le Mali et geler ses fonds à la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour contraindre les auteurs du putsch du 22 mars à rétablir l’ordre constitutionnel.
Ils envisagent en outre d’ »activer » la force militaire de l’organisation. On ignore quand et avec quel mandat des troupes ouest-africaines pourraient intervenir.
Leurs chefs d’état-major doivent se réunir jeudi pour donner leur feu vert à la levée d’une force de 3.000 hommes, mais ces effectifs ne seront pas facile à trouver.
Pour sa part, l’Union africaine (UA), qui a approuvé la constitution de cette force de la Cédéao, a également imposé des sanctions aux putschistes de Bamako.
L’UA décide « de frapper, avec effet immédiat, d’une interdiction de voyager et d’un gel des comptes le chef de la junte militaire (le capitaine Amadou Sanogo), ainsi que toutes les entités qui contribuent à empêcher le retour à l’ordre constitutionnel au Mali », a dit Ramtane Lamamra, commissaire de l’UA pour la Paix et la Sécurité, à l’issue d’une réunion à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.
BARS ET HOTELS MIS À SAC
A Washington, le département d’Etat s’est ému du risque pesant sur l’ »intégrité territoriale » du Mali et a invité à nouveau les capitaines putschistes à restituer sur le champ le pouvoir aux civils. Les Etats-Unis ont suspendu leur aide de 60 à 70 millions de dollars au Mali et envisagent de prendre de nouvelles mesures.
Les militaires affirment s’être emparés du pouvoir pour mettre fin à l’incurie face à la rébellion touarègue du Nord, mais les séparatistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont profité de la confusion pour engranger de nouveaux succès militaires.
A Tombouctou, des habitants rapportent que les islamistes de l’organisation Ansar Dine, qui se sont associés aux rebelles du MNLA, ont annoncé leur intention d’instaurer la « charia ».
A Gao, des extrémistes ont mis à sac des bars et des hôtels servant de l’alcool, selon des témoins. A Kidal, un habitant a déclaré que la musique avait été interdite sur les ondes et que les vêtements à l’occidentale avaient été bannis.
Vivres, carburant et médicaments commencent à manquer à Gao. La région souffre déjà de pénuries en raison du déficit pluviométrique de l’an dernier et des combats qui ont repris à la mi-janvier.
D’après un habitant, la ville est sous la coupe d’Ansar Dine et du MNLA. Des rebelles pillent les entrepôts d’organisations humanitaires, dont ceux du Programme alimentaire mondial (Pam) et d’Oxfam. « Ils détruisent tout, ils ont même attaqué l’hôpital où se trouvaient des malades », a dit cet habitant. « Les religieux d’Ansar Dine ont attaqué les hôtels et les boîtes de nuit en clamant que ces lieux étaient contraires à la religion ».
Selon l’organisation caritative Oxfam, plus de 200.000 Maliens ont fui leurs zones d’habitation depuis janvier. Pour la moitié, ils sont partis vers les pays voisins, et l’exode des réfugiés pourrait s’aggraver.
REUTERS - 04-04-2012 à 03h01 – Avec Aaron Maasho à Addis-Abeba; Jean-Philippe Lefief, Guy Kerivel et Jean-Loup Fiévet pour le service français