Depuis le début du soulèvement, les médias (et particulièrement Internet) montrent des images atroces où des « arabes noirs » sont torturés et tués comme des bêtes de somme. L’étiquette mercenaire a donc, selon toute vraisemblance, servie d’alibi aux tortionnaires. Et si le silence continue de régner sur cette affaire, on va à coup sûr vers l’inimaginable c'est-à-dire la disparition pure et simple du peuple noir libyen.
C’est un secret de polichinelle que de dire aujourd’hui que les peuples qui subissent le mépris et l’esclavage au sein de leurs propres nations se sont les nègres en terre arabe. L’islam, en dépit de son enseignement humaniste et sur l’égalité des hommes, n’a pas étouffé ce cancer du racisme entre les musulmans. Il suffit de revisiter les recherches faites dans ce sens par un certain nombre d’intellectuels pour s’en rendre compte. Les travaux de Tidiane N’diaye et de Joseph Kessel montrent bien la complexité de ce problème. N’en déplaisent à certains, il y’a toujours eu et depuis belle lurette une liquidation systématique de la catégorie noire dans le monde arabe. Ce n’est pas pour rien que la dite catégorie est devenue presque invisible actuellement dans ces sociétés alors que des millions d’africains ont été déportés durant la première traite négrière perpétrée par les maures. Selon T. N’diaye, c’est par l’application d’une castration à échelle massive qu’ils ont parvenu à effacer les « traces noirs » dans leurs pays. Et ceci est tout à fait logique car la traite atlantique concerne moins d’individus par rapport à la première et pourtant on voit une forte présence noire sur les terres occidentales.
Actuellement, l’infime minoritaire noire parmi les populations en Irak, en Tunisie, en Libye entre autre vit sous le mépris et l’indifférence totale. Pie, on s’amuse encore à les appeler « Kakhlouches » (un terme méprisant faisant allusion à leur origine nègre) sous l’œil coupable des droit-de- l’hommistes dans ces pays. C’est pourquoi, il est plus que nécessaire d’attirer notre attention sur ce qui se passe en Libye en ce moment, faute de quoi, on risque d’assister à une politique d’extermination pure et dure d’une catégorie sociale à l’instar de ce que le Fureur appelait la « solution finale en Allemagne ».
Malao Kanté, Doctorant en philosophie Nice.