«Elle ne cessait de pleurer, elle avait de la fièvre, elle vomissait»
Après examen, nous avons constaté une sorte de brûlure sur cette partie de son corps. Comme nous ne comprenions pas ce qui lui était arrivé, je dis à ma femme de l’emmener chez sa mère pour qu’elle nous dise ce qu’elle en savait. Ma belle-mère a pensé que c’était peut-être dû aux vers parasitaires. On l’a alors emmenée au district sanitaire, mais rien. La nuit, elle ne cessait de pleurer, elle avait de la fièvre, elle vomissait. Un jour, on a même trempé une serviette, ensuite on l’a mise sur son front. Dieu sait qu’on ne savait pas ce qui se passait. On est reparti au district. On y a trouvé des Américains, qui l’ont examinée et ont conclu qu’il y avait une infection quelque part mais, on ne savait toujours pas où. On a tout fait, mais ses douleurs persistaient encore.
Nous avons décidé de l’emmener chez le Docteur Ndoye qui est au centre de santé de Darou Khoudoss. C’est lui qui, après examens, nous a dit que la petite fille avait subi des abus sexuels. Il a regardé le sexe et a vu de petites blessures semblables à des égratignures, il n’avait pas encore regardé derrière. De retour à la maison, ma femme a de nouveau examiné l’enfant et a constaté que de telles traces étaient aussi présentes derrière. On l’a interrogée sur l’origine de ses blessures, elle a prononcé le nom d’un homme. Mes beaux-parents ont dit à ma femme de faire doucement parce qu’après tout ce n’étaient que des déclarations d’enfant.
Ce n’est que vers la fin de la semaine que j’ai été mis au courant, je suis aussitôt parti saisir la police, j’ai porté plainte contre X. De retour chez moi, j’ai soumis ma fille à un feu roulant de questions. Quand je lui ai demandé qui l’avait blessée derrière, elle m’a toujours répondu : «All ba» (à la forêt). Elle ne disait pas le nom du gars. J’ai insisté et elle a lâché un nom. Au départ, j’avais des soupçons. Elle a répété le nom du gars et le même terme «All ba» revenait toujours.
«Quand on l’a raconté à la sœur du violeur, elle s’est mise à pleurer»
L’affaire a commencé à faire du bruit dans le quartier. Je suis allé voir ma belle famille, je lui ai dit que l’enfant avait cité un nom. La nuit, ma femme s’est dit que comme la sœur du gars était une copine à elle et comme elle ne pouvait pas lui dire directement ce qui s‘est passé, elle est partie voir une amie commune pour qu’elle l’avise. La sœur du violeur est venue la nuit voir ma femme, elles sont montées à l’étage et elle lui a exposé les faits. La femme s’est mise à pleurer. Après, elle est allée voir son frère pour lui faire part que nous l’accusions d’avoir violé notre fille. Il a nié et a soutenu que bien qu’il soit un drogué, il n’ose pas faire de pareilles choses. Mais le lendemain, on ne l’a plus revu. Pourtant, il venait chaque jour à la boutique d’en face. C’est là où il passait le plus clair de son temps.
Je suis ensuite allé à l’hôpital Aristide Le Dantec, on m’a confirmé qu’elle avait été violée, sodomisée, qu’il y avait même un début d’infection. Nous n’en savions rien, on pensait que c’était un excès de fièvre or, ce n’était pas le cas. C’est alors qu’on m’a mis en rapport avec Adama Sow, j’ai déposé une plainte à la police de Thiaroye. Certains m’ont signifié que cela pourrait être lent et qu’il fallait saisir le procureur au tribunal de Dakar. Là-bas, la secrétaire m’a fait comprendre que puisque la plainte avait déjà été déposée à Thiaroye, il valait mieux s’en tenir là puisque de toute façon, elle viendra sur le bureau du procureur.
«Jusqu’à présent l’homme court toujours»
Depuis lors, les limiers n’ont pas réagi. Un jour, je suis même allé les chercher pour les guider chez le violeur, mais lorsque nous sommes arrivés, sa famille nous a dit qu’il n’était pas à la maison. Jusqu’à présent l’homme court toujours. Mais il ne vient plus dans le quartier. Il avait un jardin derrière chez nous, mais depuis que sa sœur l’a informé, il vient dans le quartier en cachette.
(Désolé) Ce qui me fait plus mal, c’est de savoir qu’il est là libre comme l’air. J’ai fait mon devoir, j’ai porté plainte. Même Adama (Sow) m’a mis en rapport avec le commissaire de la Brigade des mineurs. On m’a dit qu’il fallait que ma fille et moi fassions trois séances avec lui à l’issue desquelles si elle prononce le nom de son violeur, on pourrait venir l’appréhender. Mais on a fait qu’une seule séance et l’on n’est pas arrivé à faire la deuxième séance. Lui n’a presque pas le temps.
(Visiblement dépassé par les évènements) je ne comprends pas que de tels faits se soient produits et qu’il n’y ait aucune suite. Et ce malgré tout ce que le gouvernement a dit à propos du viol. Dernièrement nous avons été reçus par Madame Viviane Wade avec l’association Grave. Mais jusqu’à présent la justice n’a pas réagi, je ne sais pas pourquoi. Et pourtant les faits sont là. J’ai même enregistré les propos de l’enfant sur mon téléphone portable. Et nous savons que l’enfant ne ment pas. Même jusqu’à hier, elle est revenue sur ses propos. Alors qu’elle discutait avec un autre enfant, elle lui a dit : «Je vais te dénoncer à (elle dit le nom du gars) pour qu’il te blesse au postérieur.»
(Un peu traumatisé par les propos de sa fille) j’ai compris que ma fille n’avait pas encore oublié cela. Pourtant, elle n’a que trois ans et quatre mois.
«Je ne sais pas s’il avait déjà commis de pareils forfaits, mais tout le quartier sait qu’il est un drogué»
Il paraît que le gars qui lui a fait ça est né dans les années 1960. Je ne sais pas s’il avait déjà commis de pareils forfaits auparavant, mais tout le quartier sait qu’il est un drogué. Mais cette fois, il est bien l’auteur. C’est lui qui a violé ma fille. Parce que si j’étais à sa place, si c’est moi qui étais accusé de viol, je viendrais régler le problème la nuit même. Ces faits se sont transmis dans le quartier de bouche à oreille.
(Très peiné)Moi, j’ai fait mon devoir de père, je ne peux pas aller me venger. Je laisse la justice faire son rôle et jusqu’à maintenant elle n’a pas réagi.
Source : Weekend Mag via galsentv.com
Après examen, nous avons constaté une sorte de brûlure sur cette partie de son corps. Comme nous ne comprenions pas ce qui lui était arrivé, je dis à ma femme de l’emmener chez sa mère pour qu’elle nous dise ce qu’elle en savait. Ma belle-mère a pensé que c’était peut-être dû aux vers parasitaires. On l’a alors emmenée au district sanitaire, mais rien. La nuit, elle ne cessait de pleurer, elle avait de la fièvre, elle vomissait. Un jour, on a même trempé une serviette, ensuite on l’a mise sur son front. Dieu sait qu’on ne savait pas ce qui se passait. On est reparti au district. On y a trouvé des Américains, qui l’ont examinée et ont conclu qu’il y avait une infection quelque part mais, on ne savait toujours pas où. On a tout fait, mais ses douleurs persistaient encore.
Nous avons décidé de l’emmener chez le Docteur Ndoye qui est au centre de santé de Darou Khoudoss. C’est lui qui, après examens, nous a dit que la petite fille avait subi des abus sexuels. Il a regardé le sexe et a vu de petites blessures semblables à des égratignures, il n’avait pas encore regardé derrière. De retour à la maison, ma femme a de nouveau examiné l’enfant et a constaté que de telles traces étaient aussi présentes derrière. On l’a interrogée sur l’origine de ses blessures, elle a prononcé le nom d’un homme. Mes beaux-parents ont dit à ma femme de faire doucement parce qu’après tout ce n’étaient que des déclarations d’enfant.
Ce n’est que vers la fin de la semaine que j’ai été mis au courant, je suis aussitôt parti saisir la police, j’ai porté plainte contre X. De retour chez moi, j’ai soumis ma fille à un feu roulant de questions. Quand je lui ai demandé qui l’avait blessée derrière, elle m’a toujours répondu : «All ba» (à la forêt). Elle ne disait pas le nom du gars. J’ai insisté et elle a lâché un nom. Au départ, j’avais des soupçons. Elle a répété le nom du gars et le même terme «All ba» revenait toujours.
«Quand on l’a raconté à la sœur du violeur, elle s’est mise à pleurer»
L’affaire a commencé à faire du bruit dans le quartier. Je suis allé voir ma belle famille, je lui ai dit que l’enfant avait cité un nom. La nuit, ma femme s’est dit que comme la sœur du gars était une copine à elle et comme elle ne pouvait pas lui dire directement ce qui s‘est passé, elle est partie voir une amie commune pour qu’elle l’avise. La sœur du violeur est venue la nuit voir ma femme, elles sont montées à l’étage et elle lui a exposé les faits. La femme s’est mise à pleurer. Après, elle est allée voir son frère pour lui faire part que nous l’accusions d’avoir violé notre fille. Il a nié et a soutenu que bien qu’il soit un drogué, il n’ose pas faire de pareilles choses. Mais le lendemain, on ne l’a plus revu. Pourtant, il venait chaque jour à la boutique d’en face. C’est là où il passait le plus clair de son temps.
Je suis ensuite allé à l’hôpital Aristide Le Dantec, on m’a confirmé qu’elle avait été violée, sodomisée, qu’il y avait même un début d’infection. Nous n’en savions rien, on pensait que c’était un excès de fièvre or, ce n’était pas le cas. C’est alors qu’on m’a mis en rapport avec Adama Sow, j’ai déposé une plainte à la police de Thiaroye. Certains m’ont signifié que cela pourrait être lent et qu’il fallait saisir le procureur au tribunal de Dakar. Là-bas, la secrétaire m’a fait comprendre que puisque la plainte avait déjà été déposée à Thiaroye, il valait mieux s’en tenir là puisque de toute façon, elle viendra sur le bureau du procureur.
«Jusqu’à présent l’homme court toujours»
Depuis lors, les limiers n’ont pas réagi. Un jour, je suis même allé les chercher pour les guider chez le violeur, mais lorsque nous sommes arrivés, sa famille nous a dit qu’il n’était pas à la maison. Jusqu’à présent l’homme court toujours. Mais il ne vient plus dans le quartier. Il avait un jardin derrière chez nous, mais depuis que sa sœur l’a informé, il vient dans le quartier en cachette.
(Désolé) Ce qui me fait plus mal, c’est de savoir qu’il est là libre comme l’air. J’ai fait mon devoir, j’ai porté plainte. Même Adama (Sow) m’a mis en rapport avec le commissaire de la Brigade des mineurs. On m’a dit qu’il fallait que ma fille et moi fassions trois séances avec lui à l’issue desquelles si elle prononce le nom de son violeur, on pourrait venir l’appréhender. Mais on a fait qu’une seule séance et l’on n’est pas arrivé à faire la deuxième séance. Lui n’a presque pas le temps.
(Visiblement dépassé par les évènements) je ne comprends pas que de tels faits se soient produits et qu’il n’y ait aucune suite. Et ce malgré tout ce que le gouvernement a dit à propos du viol. Dernièrement nous avons été reçus par Madame Viviane Wade avec l’association Grave. Mais jusqu’à présent la justice n’a pas réagi, je ne sais pas pourquoi. Et pourtant les faits sont là. J’ai même enregistré les propos de l’enfant sur mon téléphone portable. Et nous savons que l’enfant ne ment pas. Même jusqu’à hier, elle est revenue sur ses propos. Alors qu’elle discutait avec un autre enfant, elle lui a dit : «Je vais te dénoncer à (elle dit le nom du gars) pour qu’il te blesse au postérieur.»
(Un peu traumatisé par les propos de sa fille) j’ai compris que ma fille n’avait pas encore oublié cela. Pourtant, elle n’a que trois ans et quatre mois.
«Je ne sais pas s’il avait déjà commis de pareils forfaits, mais tout le quartier sait qu’il est un drogué»
Il paraît que le gars qui lui a fait ça est né dans les années 1960. Je ne sais pas s’il avait déjà commis de pareils forfaits auparavant, mais tout le quartier sait qu’il est un drogué. Mais cette fois, il est bien l’auteur. C’est lui qui a violé ma fille. Parce que si j’étais à sa place, si c’est moi qui étais accusé de viol, je viendrais régler le problème la nuit même. Ces faits se sont transmis dans le quartier de bouche à oreille.
(Très peiné)Moi, j’ai fait mon devoir de père, je ne peux pas aller me venger. Je laisse la justice faire son rôle et jusqu’à maintenant elle n’a pas réagi.
Source : Weekend Mag via galsentv.com