Ces valeurs qui sont ses « marques de fabrique », ses raisons d’être, il les incarna, immuablement, au recto et au verso, jusqu’à cette date fatidique du 5 avril 2024, jour de son décès en Franc,e où il avait été évacué pour des soins à la veille de l’élection présidentielle, à laquelle il était candidat.
Suffisant pour qu’à l’annonce de la triste nouvelle, tout le Sénégal soit plongé dans une immense vague d’émotion collective. Aussi, une pluie d’hommages institutionnels et citoyens venus du monde entier et de tous bords politiques, saluant sa mémoire, inonda le pays. Et pas que.
L’éventail de ceux qui se sont rassemblés, qui plus est, le jour de l’Eid, à l’hôpital Principal pour lui rendre un dernier hommage (le Premier ministre Ousmane Sonko, sur instruction du Président Bassirou Diomaye Faye, a renoncé à passer la Korité à Ziguinchor, comme il en a l’habitude pour la circonstance) et qui se sont rendus ensuite à la ville sainte de Touba, pour l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure, témoigne de l’impact que l’ancien Premier ministre avait sur le paysage politique.
Mais également, de l’empreinte qu’il a laissée sur le pays, que sont ses valeurs humaines (droiture, patriotisme, humilité, bonnes mœurs, bonnes manières, sens de l’honneur, dignité…), auxquelles il a consacré toute sa vie.
Une fidélité et une loyauté rares
Bien des collaborateurs proches des Présidents qui ont conduit aux destinées du Sénégal, promus au poste de chef de gouvernement, en bénéficiant de leur confiance, ont tiré, chemin faisant, la couverture à eux, entraînant une mini crise à la tête de l’exécutif. Pas Mahammed Boun Abdallah Dionne.
En effet, complètement à l’opposé d’Iznogoud, ce vizir qui voulait être calife à la place du calife, il a affiché une fidélité et une loyauté à toute épreuve à son « boss » Macky Sall, durant les cinq années qu’il a passés à la Primature (2014-2019).
En homme droit, il s’est refusé d’utiliser la Primature comme une rampe de lancement pour quoi que ce soit, ou comme une façon de jouer le décalage avec son patron, le moment opportun.
Le Premier ministre n’est candidat à rien. Il n’a aucune ambition politique, si ce n’est de rester dans l’ombre (et être l‘ombre) de Macky Sall. A l’image d’un « couteau suisse », il s’est attelé, jour et nuit, en public comme en privé, à aider son mentor dans la mise en œuvre de sa vision déclinée dans le Plan Sénégal émergent, à renforcer davantage leur relation assimilable à celle de « chevalier à écuyer », à incarner le ticket d’assurance « tranquillité » et de mouvement, pour lui permettre d’honorer ses engagements « d’un Sénégal de tous, d’un Sénégal pour tous », loin des aiguiseurs de couteaux. C’est dire qu’en acceptant d’être le « marche-pied » de Macky Sall, puis son assurance-vie et sa prolongation, Mahammed Boun Abdallah Dionne a démontré à la face du peuple sénégalais, qu’il était un compagnon avec lequel on pouvait aller jusqu’au bout du monde, sans jamais douter de son soutien et de sa présence. Mission accomplie avec panache.
Et ce n’est pas seulement sur le terrain de la fidélité et de la loyauté. Aussi, dans la gestion des affaires publiques, sa transparence, sa rigueur et son pragmatisme, ont impulsé une vraie culture du résultat.
Un leadership exemplaire
A la station très exposée de Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne a explosé l’applaudimètre, en mettant en œuvre un paquet de politiques publiques, avec comme puce, le Plan Sénégal Emergent (PSE), ce plan de développement catalyseur pour arriver à l’émergence économique d’ici à 2035. Plus concrètement, dans cette séquence, jamais dans l’économie, plutôt solitaire et toujours dans l’action, notamment en se coltinant de durs combats les uns après les autres, parfois les uns avec les autres, il a su adopter des règles d’organisation, d’efficacité, d’efficience et de comportement, pour faire du résultat, le terreau de l’action gouvernementale.
Des programmes inédits en matière d’équité sociale et territoriale, sont matérialisés : Pudc, Puma, Promovilles, Bourses de Sécurité Familiale, baisse des loyers, Pracas…Et des infrastructures innovantes réalisées : Le Smart City de Diamniadio avec ses sphères ministérielles, son joli stade de football, son Dakar Aréna, le Train Express Régional (TER), l’Autoroute Ila Touba, l’Aibd, le prolongement de la Vdn, etc.
Toutes ces avancées qui se sont enfilées comme des perles et qui ont fini d’éclairer d’une lumière exquise la face du Sénégal, émanent de son leadership participatif exemplaire, qui se résume à impulser, faire confiance, déléguer, coordonner, trancher, si nécessaire. Et surtout, de ne laisser aucun dossier qui nécessitait sa signature, traîner sur sa table. Plus impressionnant, le tout de ce travail, il l’a piloté sans jamais s’inscrire dans la conflictualité, mais dans le dialogue, l’écoute et la concertation.
Une approche tactile et une humilité à nulle autre pareille
L’écoute des autres, n’était pas un obstacle à l’efficacité pour Mahammed Boun Abdallah Dionne. C’est pour cela, qu’il savait écouter (en stéréo et non en mono), entendre, et, surtout, il ne s’éloignait jamais de la vérité des autres. Sa vérité se forgeait par l’écoute de celle des autres. D’ailleurs, s’il s’est montré, en tant que Premier ministre, très efficace dans la gestion et le suivi des dossiers sociaux, c’est parce qu’il entretenait des relations huilées avec les corps intermédiaires, les partenaires sociaux. Sa posture flexible, tactile, faisait que chacun de ses entretiens avec les syndicalistes, le patronat, était un dialogue délicieux. Et à ce rythme d’écoute commune, plus d’une fois, il a évité au pays et à son économie, des crises sociales (grèves, manifestations, débrayages…).
En dehors de ses représentations politiques et visites aux proches, Mahammed Boun Abdallah Dionne n’aimait pas paraître. Ce n’était pas de la timidité, mais de l’humilité. On retrouve cette humilité, dans l’immense déférence qu’il avait à l’égard des personnes qu’il croisait ou recevait, quel que soit leur rang. Pas de petites phrases qui choquent. Pas de vagues. Bref, il n’a jamais perdu le contrôle de ses paroles, de ses écrits. On ne l’a jamais entendu dire du mal de qui que ce soit, jamais juger, jamais condamner. Ces qualités dignes d’homme d’Etat, il les tient de son parcours extraordinaire dans l’ombre des Présidents Diouf, Wade et Macky Sall.
En vrac, il a été sous Diouf, Directeur de l’Industrie au ministère chargé de l’Industrie, de 1997 à 2003, puis sous Wade, Chef du bureau économique du Sénégal à Paris, avec rang de ministre-conseiller, de 2003 à 2005, Directeur de Cabinet du Premier Ministre Macky Sall, de 2005 à 2007, Directeur de Cabinet du président de l’Assemblée Nationale Macky Sall, de 2007 à 2008.
Après une période de break de quelques années, qu’il a mise à profit pour travailler à l’Organisation des Nations unies pour le Développement industriel (ONUDI), il devient Premier ministre du Sénégal, de 2014 à 2019, puis Ministre d’État, secrétaire général de la Présidence de la République.
Le dénominateur commun à toutes ces hautes fonctions qu’il a occupées, c’est qu’il a toujours fait preuve d’un grand sens de l’État, de convictions au service de la patrie, qui lui sont chevillées au corps et d’une passion profonde pour le Sénégal. Dans cet itinéraire sans faille, seul le poste de président de la République lui a fait défaut. Un manque qu’il avait à cœur de combler lors de la dernière Présidentielle, mais Dieu en a décidé autrement. Il nous a quittés pour un monde meilleur, où son humanité, sa droiture exemplaire et son amour de servir la République, brilleront pour toujours.
En définitive, et sans prétendre à l’exhaustivité, il demeure incontestable que le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, qui était droit sur le plan moral, carré sur la gestion des affaires publiques, et rond, car il savait mettre de la diplomatie, du tact et de l’intelligence humaine, dans ses relations avec les corps intermédiaires, a fait don de soi pour un Sénégal en marche résolue vers le progrès et la prospérité, dans la paix et la stabilité.
Aussi, en époux modèle, il chérissait sa femme Cathy. C’est à elle que je pense quand arrivent ses premiers jours du reste de sa vie, ses premiers jours où rien ne sera plus jamais pareil, ses premiers jours sans lui.
Mes pensées vont également à son frère Cheikh, à son beau-frère Abdallah Sarré, qu’il appelait affectueusement « couz », à ses amis et aux enfants des Daaras dont il était gaga et baba. Je leur présente mes condoléances sincères et prie pour qu’Allah, le Tout-Puissant, apaise leurs cœurs et les soulage de leur peine.
Adieu, Monsieur le Premier ministre et merci pour tout. Reposez en paix dans la proximité de votre homonyme, notre bien–aimé prophète Mouhammad (psl). Amine en chœur. Amine sans fin.
Alioune Badara Niang
badouniangjunior@gmail.com
Suffisant pour qu’à l’annonce de la triste nouvelle, tout le Sénégal soit plongé dans une immense vague d’émotion collective. Aussi, une pluie d’hommages institutionnels et citoyens venus du monde entier et de tous bords politiques, saluant sa mémoire, inonda le pays. Et pas que.
L’éventail de ceux qui se sont rassemblés, qui plus est, le jour de l’Eid, à l’hôpital Principal pour lui rendre un dernier hommage (le Premier ministre Ousmane Sonko, sur instruction du Président Bassirou Diomaye Faye, a renoncé à passer la Korité à Ziguinchor, comme il en a l’habitude pour la circonstance) et qui se sont rendus ensuite à la ville sainte de Touba, pour l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure, témoigne de l’impact que l’ancien Premier ministre avait sur le paysage politique.
Mais également, de l’empreinte qu’il a laissée sur le pays, que sont ses valeurs humaines (droiture, patriotisme, humilité, bonnes mœurs, bonnes manières, sens de l’honneur, dignité…), auxquelles il a consacré toute sa vie.
Une fidélité et une loyauté rares
Bien des collaborateurs proches des Présidents qui ont conduit aux destinées du Sénégal, promus au poste de chef de gouvernement, en bénéficiant de leur confiance, ont tiré, chemin faisant, la couverture à eux, entraînant une mini crise à la tête de l’exécutif. Pas Mahammed Boun Abdallah Dionne.
En effet, complètement à l’opposé d’Iznogoud, ce vizir qui voulait être calife à la place du calife, il a affiché une fidélité et une loyauté à toute épreuve à son « boss » Macky Sall, durant les cinq années qu’il a passés à la Primature (2014-2019).
En homme droit, il s’est refusé d’utiliser la Primature comme une rampe de lancement pour quoi que ce soit, ou comme une façon de jouer le décalage avec son patron, le moment opportun.
Le Premier ministre n’est candidat à rien. Il n’a aucune ambition politique, si ce n’est de rester dans l’ombre (et être l‘ombre) de Macky Sall. A l’image d’un « couteau suisse », il s’est attelé, jour et nuit, en public comme en privé, à aider son mentor dans la mise en œuvre de sa vision déclinée dans le Plan Sénégal émergent, à renforcer davantage leur relation assimilable à celle de « chevalier à écuyer », à incarner le ticket d’assurance « tranquillité » et de mouvement, pour lui permettre d’honorer ses engagements « d’un Sénégal de tous, d’un Sénégal pour tous », loin des aiguiseurs de couteaux. C’est dire qu’en acceptant d’être le « marche-pied » de Macky Sall, puis son assurance-vie et sa prolongation, Mahammed Boun Abdallah Dionne a démontré à la face du peuple sénégalais, qu’il était un compagnon avec lequel on pouvait aller jusqu’au bout du monde, sans jamais douter de son soutien et de sa présence. Mission accomplie avec panache.
Et ce n’est pas seulement sur le terrain de la fidélité et de la loyauté. Aussi, dans la gestion des affaires publiques, sa transparence, sa rigueur et son pragmatisme, ont impulsé une vraie culture du résultat.
Un leadership exemplaire
A la station très exposée de Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne a explosé l’applaudimètre, en mettant en œuvre un paquet de politiques publiques, avec comme puce, le Plan Sénégal Emergent (PSE), ce plan de développement catalyseur pour arriver à l’émergence économique d’ici à 2035. Plus concrètement, dans cette séquence, jamais dans l’économie, plutôt solitaire et toujours dans l’action, notamment en se coltinant de durs combats les uns après les autres, parfois les uns avec les autres, il a su adopter des règles d’organisation, d’efficacité, d’efficience et de comportement, pour faire du résultat, le terreau de l’action gouvernementale.
Des programmes inédits en matière d’équité sociale et territoriale, sont matérialisés : Pudc, Puma, Promovilles, Bourses de Sécurité Familiale, baisse des loyers, Pracas…Et des infrastructures innovantes réalisées : Le Smart City de Diamniadio avec ses sphères ministérielles, son joli stade de football, son Dakar Aréna, le Train Express Régional (TER), l’Autoroute Ila Touba, l’Aibd, le prolongement de la Vdn, etc.
Toutes ces avancées qui se sont enfilées comme des perles et qui ont fini d’éclairer d’une lumière exquise la face du Sénégal, émanent de son leadership participatif exemplaire, qui se résume à impulser, faire confiance, déléguer, coordonner, trancher, si nécessaire. Et surtout, de ne laisser aucun dossier qui nécessitait sa signature, traîner sur sa table. Plus impressionnant, le tout de ce travail, il l’a piloté sans jamais s’inscrire dans la conflictualité, mais dans le dialogue, l’écoute et la concertation.
Une approche tactile et une humilité à nulle autre pareille
L’écoute des autres, n’était pas un obstacle à l’efficacité pour Mahammed Boun Abdallah Dionne. C’est pour cela, qu’il savait écouter (en stéréo et non en mono), entendre, et, surtout, il ne s’éloignait jamais de la vérité des autres. Sa vérité se forgeait par l’écoute de celle des autres. D’ailleurs, s’il s’est montré, en tant que Premier ministre, très efficace dans la gestion et le suivi des dossiers sociaux, c’est parce qu’il entretenait des relations huilées avec les corps intermédiaires, les partenaires sociaux. Sa posture flexible, tactile, faisait que chacun de ses entretiens avec les syndicalistes, le patronat, était un dialogue délicieux. Et à ce rythme d’écoute commune, plus d’une fois, il a évité au pays et à son économie, des crises sociales (grèves, manifestations, débrayages…).
En dehors de ses représentations politiques et visites aux proches, Mahammed Boun Abdallah Dionne n’aimait pas paraître. Ce n’était pas de la timidité, mais de l’humilité. On retrouve cette humilité, dans l’immense déférence qu’il avait à l’égard des personnes qu’il croisait ou recevait, quel que soit leur rang. Pas de petites phrases qui choquent. Pas de vagues. Bref, il n’a jamais perdu le contrôle de ses paroles, de ses écrits. On ne l’a jamais entendu dire du mal de qui que ce soit, jamais juger, jamais condamner. Ces qualités dignes d’homme d’Etat, il les tient de son parcours extraordinaire dans l’ombre des Présidents Diouf, Wade et Macky Sall.
En vrac, il a été sous Diouf, Directeur de l’Industrie au ministère chargé de l’Industrie, de 1997 à 2003, puis sous Wade, Chef du bureau économique du Sénégal à Paris, avec rang de ministre-conseiller, de 2003 à 2005, Directeur de Cabinet du Premier Ministre Macky Sall, de 2005 à 2007, Directeur de Cabinet du président de l’Assemblée Nationale Macky Sall, de 2007 à 2008.
Après une période de break de quelques années, qu’il a mise à profit pour travailler à l’Organisation des Nations unies pour le Développement industriel (ONUDI), il devient Premier ministre du Sénégal, de 2014 à 2019, puis Ministre d’État, secrétaire général de la Présidence de la République.
Le dénominateur commun à toutes ces hautes fonctions qu’il a occupées, c’est qu’il a toujours fait preuve d’un grand sens de l’État, de convictions au service de la patrie, qui lui sont chevillées au corps et d’une passion profonde pour le Sénégal. Dans cet itinéraire sans faille, seul le poste de président de la République lui a fait défaut. Un manque qu’il avait à cœur de combler lors de la dernière Présidentielle, mais Dieu en a décidé autrement. Il nous a quittés pour un monde meilleur, où son humanité, sa droiture exemplaire et son amour de servir la République, brilleront pour toujours.
En définitive, et sans prétendre à l’exhaustivité, il demeure incontestable que le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, qui était droit sur le plan moral, carré sur la gestion des affaires publiques, et rond, car il savait mettre de la diplomatie, du tact et de l’intelligence humaine, dans ses relations avec les corps intermédiaires, a fait don de soi pour un Sénégal en marche résolue vers le progrès et la prospérité, dans la paix et la stabilité.
Aussi, en époux modèle, il chérissait sa femme Cathy. C’est à elle que je pense quand arrivent ses premiers jours du reste de sa vie, ses premiers jours où rien ne sera plus jamais pareil, ses premiers jours sans lui.
Mes pensées vont également à son frère Cheikh, à son beau-frère Abdallah Sarré, qu’il appelait affectueusement « couz », à ses amis et aux enfants des Daaras dont il était gaga et baba. Je leur présente mes condoléances sincères et prie pour qu’Allah, le Tout-Puissant, apaise leurs cœurs et les soulage de leur peine.
Adieu, Monsieur le Premier ministre et merci pour tout. Reposez en paix dans la proximité de votre homonyme, notre bien–aimé prophète Mouhammad (psl). Amine en chœur. Amine sans fin.
Alioune Badara Niang
badouniangjunior@gmail.com