iGFM – (Dakar) Acteur principal dans le combat de la coalition Benno bokk yaakaar pour la conquête de Dakar, le ministre de la Jeunesse, Mame Mbaye Niang, se dit «très satisfait» de la victoire de la mouvance présidentielle dans la capitale. Dans cet entretien accordé à L’Observateur, l’homme du Président Sall décrète la fin politique des responsables de l’opposition, comme Idrissa Seck, Malick Gakou, Khalifa Sall, entre autres, qui, selon lui, ne peuvent plus s’opposer, parce qu’ayant perdu leur crédibilité. Entretien.
La commission nationale a donné les résultats du scrutin de dimanche et votre coalition s’en est sortie avec plus de 49,48%. Vous attendiez-vous à un tel résultat ?
Le Peuple a parlé, les démocrates doivent se ranger et accepter ce verdict. Nous n’avons jamais douté depuis le début, même si certaines personnes ont voulu faire croire le contraire. Depuis le début de notre mandat, il y a eu deux étapes qui nous ont permis d’évaluer la perception que les Sénégalais ont sur les politiques entreprises par le président de la République. Après le succès du Référendum, il y a ces Législatives. Donc, on ne peut pas être surpris. Bien au contraire. Si on avait bien déroulé la stratégie, on aurait remporté les 45 départements, plus même les 15 députés de la Diaspora. Je pense qu’il y a eu des incompréhensions. Mais, on comprend, parce que c’est la coalition qui était partie à la conquête des suffrages. Je puis dire qu’avec le coefficient personnel du président de la République, nous serons vers les 63% à la Présidentielle de 2019.
Vous êtes à un peu moins de 49,48% et on est à moins de 18 mois de la Présidentielle, n’est-ce pas risqué pour vous, si on sait que ce score peut se désagréger ?
Non, le score ne peut se désagréger. Le score augmentera, parce qu’avec l’élection présidentielle, la candidature est représentée par une personne. Et le Président Macky Sall qui a son coefficient de sympathie supporté par la coalition, les choses évolueront positivement. Il y a eu des Sénégalais qui ont voté pour l’opposition à ces élections législatives et qui portent le Président Macky Sall dans leur cœur. Il n’y a pas d’inquiétude à se faire. Mais, il faudra surtout solutionner les problèmes auxquels nos populations sont confrontées. Il y a des débuts prometteurs, certains ont été impactés. Pour ce qui reste, nous avons un an et demi pour impacter le maximum de Sénégalais.
A ces résultats, il faut ajouter ceux de Dakar où la bataille a été un peu difficile. D’ailleurs, beaucoup de Sénégalais crient à la fraude. Etes-vous vraiment fiers du résultat obtenu dans la capitale ?
Personnellement, je suis très honoré par ce résultat de Dakar, parce que durant trois années, des gens ont voulu prendre les populations de Dakar en otages, s’appropriant la ville, sous prétexte qu’ils ont gagné les dernières élections locales. Il y a eu toute une campagne de désinformation, d’intoxication, de manipulation, faisant croire que Dakar a tourné le dos au Président Macky Sall. Je pense que c’est très honorable d’avoir gagné. Maintenant, vouloir entacher cette victoire, n’est pas que l’attitude de mauvais perdants. Ça reflète leur propre image, celle de mauvais perdants.
Mais cela ne surprend pas, compte tenu du passé de certains d’entre eux qui ont toujours été des contestataires de la volonté populaire. Certes, il y a eu des irrégularités, il y a eu des difficultés liées à l’organisation des élections, mais qui sont indépendantes de la volonté du Gouvernement ou du ministère de l’Intérieur. Organiser des élections pendant l’hivernage est très difficile. La preuve, la veille, il y a eu ces intempéries qui ont causé des dégâts, endommagé le matériel électoral, coupé des routes et causé des coupures d’électricité. Cela ne relève pas de la volonté de l’homme. Ce sont des choses qui arrivent.
A Dakar, on vous a vu porter la bataille, vous avez été un des premiers responsables à organiser des caravanes, alors que vous n’étiez pas investi. Pourquoi telle initiative ?
Le problème, c’est que nos adversaires avaient décidé de calomnier, diffamer et déformer la nature de ces élections. Ils ont voulu en profiter pour dire que le président de la République n’est plus légitime. Et là, je pense que le régime et l’ensemble des compagnons du président de la République devaient se mobiliser. Je fais partie de l’Apr, on ne m’y a pas recruté. Je crois en la vision du président de la République, je crois en cet homme pour diriger notre pays. Je n’ai pas besoin qu’on me mobilise ou qu’on m’appelle. C’est le travail d’une équipe. Certains ont été positionnés sur des listes, d’autres mobilisés pour faire autre chose. Moi, je n’ai fait que mon travail. Je n’ai rien initié, tout a été organisé autour du président de la République qui a défini des rôles et je n’ai fait que jouer le mien.
Mais quand même, vous avez senti qu’il y a eu des problèmes à Dakar, notamment à la Médina, Grand-Yoff. Comment vous comptez faire pour récupérer ces localités ?
Nous y avons des responsables. Maintenant, il faut trouver des solutions appropriées pour reconquérir ces communes que nous avons perdues. C’est politique et le président de la République prendra les dispositions. Nous lui faisons confiance, nous n’avons jamais eu d’orientation opposée à sa vision des choses. Il prend le temps de nous expliquer ce qu’il est en train de faire, pourquoi il le fait, parce qu’en dehors des réalités politiques que nous connaissons, nous avons un pacte avec lui qui est d’apprendre de ce qu’il fait. Naturellement, des solutions appropriées seront trouvées pour reconquérir ces bases-là, sous d’autres formes, avec des personnes appropriées ou les mêmes personnes. Il y a une lecture politique qui se fera et la personne qui est à la tête de cette coalition a une expérience politique qui lui permet de résoudre ces problèmes.
Comment avez-vous apprécié, de manière générale, le comportement de votre tête de liste nationale, le Premier ministre ?
Je pense qu’il a joué son rôle, ce pourquoi il a été investi, il l’a fait : diriger la liste nationale, porter notre coalition, convaincre nos concitoyens sur l’étendue du territoire pour qu’ils votent. Donc, il a atteint ses objectifs, parce qu’il a gagné. C’est une première appréciation. La deuxième, c’est que beaucoup ont pensé qu’il n’avait pas l’expérience ou l’expertise politique pour le faire et il vient de démontrer le contraire. Des objectifs ont été assignés au Premier ministre, il les a atteints. Le Président en jugera.
Et à qui revient le mérité de la victoire de Dakar ?
Ça revient à un groupe. Si vous voyez les scores, vous comprendrez que ce sont des efforts conjugués, additionnés qui ont permis d’arriver à ce résultat. Mais, il faut reconnaitre aussi le management de la tête de liste. Je l’ai dit et le répète, il (Amadou Bâ : Ndlr) n’est pas le patron de Dakar. Il a été désigné pour coacher l’équipe. Le coaching a été payant, parce que l’équipe a remporté une victoire, mais il n’y a pas d’autres sous-entendus. La victoire de Dakar est collective. Parce que vous avez constaté avec moi, qu’il y a des responsables qui ne figuraient pas sur les listes, et qui se sont donné corps et âme pour cette victoire.
Personnellement, c’était une question d’honneur, parce qu’on ne pouvait accepter que des gens qui ont décidé de manipuler l’opinion, puissent prendre le dessus sur la vérité. Donc, c’est un travail d’équipe qui a été fait. Naturellement, il y a eu quelqu’un qui a dirigé tout cela et il a été nommé pour ça. On attendait de lui qu’il crée cette synergie entre les mouvements de soutien du président de la République, la coalition qui l’accompagne, son parti. Amadou Bâ l’a fait. Il faut féliciter toute l’équipe.
Avant la publication des résultats, on a vu un regroupement de l’opposition autour du Président Abdoulaye Wade, cela ne vous fait pas peur ?
Comment cela peut nous faire peur ? Vous venez de dire que nous avons 53% de l’électorat. C’est un regroupement contre-nature. S’ils étaient sincères, ils allaient former un bloc pour aller ensemble aux élections. Ils n’ont pu aller ensemble, parce qu’ils ont des intérêts divergents, des objectifs vraiment opposés et des ambitions qui excluent l’intérêt général. Chacun travaille pour lui-même. C’est une coalition où chaque responsable veut être président de la République : Idrissa Seck, Khalifa Sall, le monsieur de Guédiawaye (Malick Gakou : Ndlr)…, tous veulent être Président.
Pour l’autre coalition dirigée par le Président Wade pour qui, j’ai beaucoup de respect, le travail est pour son fils. Il a toujours dit que son fils est le plus intelligent, mais il (Karim Wade : Ndlr) n’a pas le courage de venir se battre, il envoie son père qui a plus de 90 ans, se battre à sa place. A l’opposé, vous avez un monsieur qui a détourné de l’argent public aux yeux de tout le monde, avec de fausses factures et qui prétend à diriger ce pays, qui a tenu en haleine Dakar pendant un an. Si cela n’est pas un désaveu, c’est quoi un désaveu ? Même s’ils se regroupent, ils seront battus comme au référendum, parce que zéro plus zéro égale zéro.
La majorité des Sénégalais ont compris que l’avenir, c’est de travailler de façon digne, honnête et avec une bonne gouvernance. Miser sur autre chose, c’est théoriser le chaos. Et s’ils veulent théoriser le chaos, il y a des gens plus déterminés qu’eux qui sont là et qui sont accompagnés par la majorité des Sénégalais, pour faire respecter la loi. On a dépassé ce stade où les gens pouvaient manipuler l’opinion publique, pour dire qu’ils sont en train de réprimer leurs adversaires, parce qu’ils ont peur d’eux.
Si on suit la logique que vous développez selon laquelle, ceux qui ont perdu devraient rendre le tablier, certains responsables de votre parti devraient aussi avoir la grandeur de démissionner…
Non. Un parti politique est composé de quatre piliers. Il y a un bon leader, des porteurs de voix, des porteurs d’idées et le pacte de confiance. Le bon leader ici, s’appelle Macky Sall. Chez nous, il y a des porteurs de voix qui sont investis dans des communes et départements pour gagner, mais il y a aussi des porteurs d’idées à qui on ne demande pas de mobiliser de l’électorat. On a besoin de leur expertise, de la fluidité de leur pensée. Maintenant, si on est de ceux qui réclament un leadership basé sur une collecte de suffrages locaux, naturellement quand on perd, il doit y avoir des conséquences et le président de la République l’a dit. On n’a pas besoin d’être aveugle pour comprendre qu’il y a une recomposition politique qui est en train de se faire.
Fut-il un membre du Gouvernement ?
Oui, s’il se réclame leader pour la collecte de voix, il quitte.
Vous avez perdu Touba, une localité très symbolique. Comment analysez-vous cette défaite dans la ville sainte ?
On a perdu Touba et on a gagné ailleurs. C’est vrai que Touba est une ville-symbole et j’aurais aimé qu’on gagne les 45 départements. On l’explique par le fait qu’à Touba, la majorité ne comprend pas la volonté du président de la République de transformer le pays. Nous allons encore mieux expliquer aux populations de Touba les programmes du chef de l’Etat pour le Sénégal.
Ça doit être notre travail c’est-à-dire convaincre le maximum de Sénégalais pour gagner prochainement les localités perdues. Il n’y a pas une autre explication. Il ne faut pas se voiler la face. Il faut chercher une majorité là-bas, mais sainement. Il ne faut pas construire un discours basé sur du faux ou une manipulation. Non. Nous avons un programme pour le Sénégal porté par le Président Macky Sall, on ira vers les populations de Touba et mieux le leur expliquer. Je pense qu’à la prochaine élection, on gagnera à Touba. Ce qui est important, c’est de bénéficier de la confiance des Sénégalais dans leur majorité.
L’OBSERVATEUR