Wal Fadjri : Vous vous êtes abstenu lors du vote de la modification de l'article 62 de la Constitution. Pouvez-vous expliquer votre attitude ?
Mamour Cissé : Simplement parce que j’ai considéré que ce qui sous-tendait cette modification n’était pas du tout en phase avec les urgences nationales et avec les préoccupations réelles de nos compatriotes. En quoi l’éviction de Macky Sall de la présidence de l’Assemblée nationale impacte-t-elle positivement sur les conditions précaires d’existence des Sénégalais ? Par ailleurs, un problème politique interne à un parti aurait pu trouver solution au sein même de ce parti au lieu d’être transposé au niveau de l’Institution qui se trouve être la véritable représentation nationale. Pour porter Macky Sall à la tête de l’Assemblée, des conciliabules avaient été menés et diligentés par le groupe parlementaire auquel il appartient et qui est l’émanation du parti majoritaire, en l’occurrence, le Pds. Pour le démettre, ses contempteurs auraient bien pu emprunter le sens inverse et parvenir ainsi à leur fin. Ce qui éviterait au pays d’être pris en otage par des règlements de compte politiciens et à notre Institution parlementaire d’être encore une fois malmenée en l’affaissant et en lui ôtant le peu de crédibilité dont elle jouissait auprès des populations. Ceci est d’autant plus insupportable que les difficultés de tous ordres ne cessent d’assaillir les Sénégalais. En considération de tout ce qui précède et ne me sentant nullement concerné pas des querelles fratricides entre membres d’un même parti, j’ai jugé bon de m’abstenir et d’envoyer ainsi un message fort à ceux qui ont la majorité pour qu’ils recentrent les débats sur les véritables préoccupations du peuple sénégalais au lieu de nous divertir sur fond de bataille de succession. Et même Macky Sall s’est, d’une certaine manière, prêté à ce jeu puisqu’il aurait dû démissionner pour ainsi marquer sa solidarité avec les populations qui souffrent en n’acceptant pas que leurs problèmes soient relégués au second plan par une honteuse guéguerre d’arrière-garde.
Wal Fadjri : Aujourd'hui, le processus de destitution connaît un blocage du fait de la non-promulgation de la loi Sada Ndiaye. Etes vous surpris par cette situation ?
Mamour Cissé : Quand on n’est animé que par des motifs totalement subjectifs, il est rare que l’on ne passe pas à coté et que l’on ne mette pas la charrue avant les bœufs. S’agissant de cette affaire, on ne s’est même pas soucié des formes. Les gens ont été complètement aveuglés par une volonté d’en finir avec quelqu’un qui gêne au point que peu importaient les formes, l’essentiel étant de parvenir coûte que coûte à l’objectif visé. Résultat : les règles n’ont pas été bien observées et ont été piétinées. Parce que, tout simplement, l’on s’est aperçu que la voie empruntée conduit à l’impasse. Cela dit, ce blocage ne sera que de courte durée. Parce que, ayant une ardente obligation de résultat, ceux qui sont à l’origine de cette loi useront de tous les moyens que leur confère leur position de groupe majoritaire pour parvenir à leur fin. Il ne faut se faire aucune illusion là-dessus.
Wal Fadjri : Les adversaires de Macky Sall expliquent sa disgrâce par son déplacement au Sénat français ? Il aurait humilié l'Assemblée par cette attitude. Etes-vous de leur avis en tant que député de l'opposition parlementaire ?
Mamour Cissé : Franchement, j’ignore les tenants et les aboutissants de la présence de Macky Sall au Sénat français. Tout ce que je peux dire c’est que jusqu’ici il n’a pas été démenti quand il a soutenu qu’il a avisé le président de la République sur ses activités en France. Et j’observe que lors de ce déplacement, il était accompagné, entre autres personnalités, du président du groupe parlementaire de la majorité, en l’occurrence Doudou Wade.
Wal Fadjri : D'autres députés ont voté la loi, estimant que Macky Sall était inaccessible et insensible aux sollicitations des députés ? Vous le confirmez ?
Mamour Cissé : Tout ce que je peux dire c’est qu’en tant que président de l’Assemblée nationale, Macky Sall avait commencé à poser des actes salutaires pour améliorer les conditions des députés et moderniser l’institution. Ceci, on doit à la vérité de l’affirmer. Maintenant s’agissant de ses relations avec tel ou tel autre député, je ne puis apprécier son niveau ou son degré d’affinité. En tout cas, en ce qui me concerne sa porte ne m’a jamais été fermée.
Wal Fadjri : Vous réclamez une certaine équidistance. Mais, ce qui se passe actuellement à l'Assemblée nationale n'est-il pas en train de donner raison au Front Siggil Sénégal qui dit que cette institution est celle de Wade qui la manipule comme il veut en réglant ses comptes politiques ?
Mamour Cissé : La Loi Ezzan, c’était sous quelle législature ? N’est-ce pas sous celle qui avait vu la présence de ces gens du Front Siggil Sénégal dont vous parlez. Avaient-ils pu empêcher son adoption ? Non évidemment. Et doit-on en conclure qu’eux aussi étaient manipulés par Wade ? Voyez-vous il ne faut trop aller vite en besogne pour le seul plaisir de tenter d’accabler des gens. La vérité est ailleurs c'est-à-dire dans la puissante majorité dont le pouvoir dispose à l’Assemblée nationale et qui lui permet de faire tout ce qui semble être à son avantage. Personne n’y peut rien, c’est la loi de la majorité qui se comporte ainsi dans tous les pays au monde notamment dans ceux dits de grande démocratie. Tout le monde a suivi les péripéties du vote par le Congrès français de la réforme constitutionnelle voulue par Nicolas Sarkozy. Il faut savoir qu’une majorité n’ira jamais à l’encontre de ses intérêts. Ce qui ne l’exonère pas pour autant du sens de la morale et de l’éthique. Une majorité sera d’autant plus crédible que l’usage qu’elle fait de sa puissance correspond aux attentes des populations qui l’ont investie.
Wal Fadjri : Peut-on s'attendre à voir Mamour Cissé mettre fin à son compagnonnage avec Me Wade au vu de ce qui se passe et que vous dénoncez aujourd’hui avec la plus grande vigueur?
Mamour Cissé : Au Psd/Jant-bi, nous percevons Abdoulaye Wade comme une Institution en ce qu’il incarne la tête de la République et de l’Exécutif. Sous ce rapport, on ne peut évoquer de compagnonnage entre Mamour Cissé et Me Wade. Moi je ne mets en œuvre que les recommandations de mon parti. Celui-ci affirme que si le président de la République pose des actes positifs dans le sens des intérêts supérieurs de la Nation et des populations, nous les soutenons sans réserve. Dans le cas contraire, nous manifestons nos réserves et le faisons savoir à haute et intelligible voix. Le Psd/Jant-bi n’est l’inconditionnel de personne.
Wal Fadjri : On parle de plus en plus de la création d'un troisième groupe parlementaire formé de députés pro-Macky. Trouvez-vous cela opportun ?
Mamour Cissé : Je n’ai aucun avis là-dessus. Et de toutes les façons, attendons de voir.
Wal Fadjri : A défaut de nous donner le nom du prochain président de l'Assemblée, pouvez-vous en dresser le portrait-robot ?
Mamour Cissé : Qu’il ne soit pas partisan, qu’il ait le sens élevé de ses devoirs et qu’il soit digne de la fonction. En clair, nous ne voulons pas d’un béni oui-oui comme président de l’Assemblée nationale.
Wal Fadjri : On avance le nom d'une dame comme future présidente de l’Assemblée nationale. Est-ce possible ?
Mamour Cissé : Je ne suis pas au Pds et je n’appartiens pas à son groupe parlementaire donc je ne suis pas dans le secret des ‘Dieux’. Mais bien sûr il y a des rumeurs qui ne peuvent valoir que ce quelles valent. Maintenant tant mieux pour la promotion de la femme.
Wal Fadjri : Les déboires de Macky lui viennent de l'audition avortée de l'Anoci. Ne croyez-vous pas que les députés de l'opposition se doivent de prendre cette question en main en exigeant l'audit de cette agence ?
Mamour Cissé : Tout à fait. Moi-même je compte saisir mon groupe parlementaire à ce propos. Car dans l’intérêt de ses responsables et dans l’intérêt de la Nation, l’Anoci doit être auditée. C’est la moindre des choses. Et aller à l’encontre d’un tel audit serait un coup de poignard à la bonne gouvernance.
Wal Fadjri : L'ancien ministre Farba Senghor a lancé un appel à l'endroit des parlementaires, vous demandant de ne pas voter sa mise en accusation. Le message sera-t-il entendu de votre côté ?
Mamour Cissé : Je pense que cette lettre que vous évoquez est destinée aux députés de son camp. Quant à moi, j’aviserai clairement le moment venu.
Propos recueillis par Georges Nesta DIOP
source walfadri
Mamour Cissé : Simplement parce que j’ai considéré que ce qui sous-tendait cette modification n’était pas du tout en phase avec les urgences nationales et avec les préoccupations réelles de nos compatriotes. En quoi l’éviction de Macky Sall de la présidence de l’Assemblée nationale impacte-t-elle positivement sur les conditions précaires d’existence des Sénégalais ? Par ailleurs, un problème politique interne à un parti aurait pu trouver solution au sein même de ce parti au lieu d’être transposé au niveau de l’Institution qui se trouve être la véritable représentation nationale. Pour porter Macky Sall à la tête de l’Assemblée, des conciliabules avaient été menés et diligentés par le groupe parlementaire auquel il appartient et qui est l’émanation du parti majoritaire, en l’occurrence, le Pds. Pour le démettre, ses contempteurs auraient bien pu emprunter le sens inverse et parvenir ainsi à leur fin. Ce qui éviterait au pays d’être pris en otage par des règlements de compte politiciens et à notre Institution parlementaire d’être encore une fois malmenée en l’affaissant et en lui ôtant le peu de crédibilité dont elle jouissait auprès des populations. Ceci est d’autant plus insupportable que les difficultés de tous ordres ne cessent d’assaillir les Sénégalais. En considération de tout ce qui précède et ne me sentant nullement concerné pas des querelles fratricides entre membres d’un même parti, j’ai jugé bon de m’abstenir et d’envoyer ainsi un message fort à ceux qui ont la majorité pour qu’ils recentrent les débats sur les véritables préoccupations du peuple sénégalais au lieu de nous divertir sur fond de bataille de succession. Et même Macky Sall s’est, d’une certaine manière, prêté à ce jeu puisqu’il aurait dû démissionner pour ainsi marquer sa solidarité avec les populations qui souffrent en n’acceptant pas que leurs problèmes soient relégués au second plan par une honteuse guéguerre d’arrière-garde.
Wal Fadjri : Aujourd'hui, le processus de destitution connaît un blocage du fait de la non-promulgation de la loi Sada Ndiaye. Etes vous surpris par cette situation ?
Mamour Cissé : Quand on n’est animé que par des motifs totalement subjectifs, il est rare que l’on ne passe pas à coté et que l’on ne mette pas la charrue avant les bœufs. S’agissant de cette affaire, on ne s’est même pas soucié des formes. Les gens ont été complètement aveuglés par une volonté d’en finir avec quelqu’un qui gêne au point que peu importaient les formes, l’essentiel étant de parvenir coûte que coûte à l’objectif visé. Résultat : les règles n’ont pas été bien observées et ont été piétinées. Parce que, tout simplement, l’on s’est aperçu que la voie empruntée conduit à l’impasse. Cela dit, ce blocage ne sera que de courte durée. Parce que, ayant une ardente obligation de résultat, ceux qui sont à l’origine de cette loi useront de tous les moyens que leur confère leur position de groupe majoritaire pour parvenir à leur fin. Il ne faut se faire aucune illusion là-dessus.
Wal Fadjri : Les adversaires de Macky Sall expliquent sa disgrâce par son déplacement au Sénat français ? Il aurait humilié l'Assemblée par cette attitude. Etes-vous de leur avis en tant que député de l'opposition parlementaire ?
Mamour Cissé : Franchement, j’ignore les tenants et les aboutissants de la présence de Macky Sall au Sénat français. Tout ce que je peux dire c’est que jusqu’ici il n’a pas été démenti quand il a soutenu qu’il a avisé le président de la République sur ses activités en France. Et j’observe que lors de ce déplacement, il était accompagné, entre autres personnalités, du président du groupe parlementaire de la majorité, en l’occurrence Doudou Wade.
Wal Fadjri : D'autres députés ont voté la loi, estimant que Macky Sall était inaccessible et insensible aux sollicitations des députés ? Vous le confirmez ?
Mamour Cissé : Tout ce que je peux dire c’est qu’en tant que président de l’Assemblée nationale, Macky Sall avait commencé à poser des actes salutaires pour améliorer les conditions des députés et moderniser l’institution. Ceci, on doit à la vérité de l’affirmer. Maintenant s’agissant de ses relations avec tel ou tel autre député, je ne puis apprécier son niveau ou son degré d’affinité. En tout cas, en ce qui me concerne sa porte ne m’a jamais été fermée.
Wal Fadjri : Vous réclamez une certaine équidistance. Mais, ce qui se passe actuellement à l'Assemblée nationale n'est-il pas en train de donner raison au Front Siggil Sénégal qui dit que cette institution est celle de Wade qui la manipule comme il veut en réglant ses comptes politiques ?
Mamour Cissé : La Loi Ezzan, c’était sous quelle législature ? N’est-ce pas sous celle qui avait vu la présence de ces gens du Front Siggil Sénégal dont vous parlez. Avaient-ils pu empêcher son adoption ? Non évidemment. Et doit-on en conclure qu’eux aussi étaient manipulés par Wade ? Voyez-vous il ne faut trop aller vite en besogne pour le seul plaisir de tenter d’accabler des gens. La vérité est ailleurs c'est-à-dire dans la puissante majorité dont le pouvoir dispose à l’Assemblée nationale et qui lui permet de faire tout ce qui semble être à son avantage. Personne n’y peut rien, c’est la loi de la majorité qui se comporte ainsi dans tous les pays au monde notamment dans ceux dits de grande démocratie. Tout le monde a suivi les péripéties du vote par le Congrès français de la réforme constitutionnelle voulue par Nicolas Sarkozy. Il faut savoir qu’une majorité n’ira jamais à l’encontre de ses intérêts. Ce qui ne l’exonère pas pour autant du sens de la morale et de l’éthique. Une majorité sera d’autant plus crédible que l’usage qu’elle fait de sa puissance correspond aux attentes des populations qui l’ont investie.
Wal Fadjri : Peut-on s'attendre à voir Mamour Cissé mettre fin à son compagnonnage avec Me Wade au vu de ce qui se passe et que vous dénoncez aujourd’hui avec la plus grande vigueur?
Mamour Cissé : Au Psd/Jant-bi, nous percevons Abdoulaye Wade comme une Institution en ce qu’il incarne la tête de la République et de l’Exécutif. Sous ce rapport, on ne peut évoquer de compagnonnage entre Mamour Cissé et Me Wade. Moi je ne mets en œuvre que les recommandations de mon parti. Celui-ci affirme que si le président de la République pose des actes positifs dans le sens des intérêts supérieurs de la Nation et des populations, nous les soutenons sans réserve. Dans le cas contraire, nous manifestons nos réserves et le faisons savoir à haute et intelligible voix. Le Psd/Jant-bi n’est l’inconditionnel de personne.
Wal Fadjri : On parle de plus en plus de la création d'un troisième groupe parlementaire formé de députés pro-Macky. Trouvez-vous cela opportun ?
Mamour Cissé : Je n’ai aucun avis là-dessus. Et de toutes les façons, attendons de voir.
Wal Fadjri : A défaut de nous donner le nom du prochain président de l'Assemblée, pouvez-vous en dresser le portrait-robot ?
Mamour Cissé : Qu’il ne soit pas partisan, qu’il ait le sens élevé de ses devoirs et qu’il soit digne de la fonction. En clair, nous ne voulons pas d’un béni oui-oui comme président de l’Assemblée nationale.
Wal Fadjri : On avance le nom d'une dame comme future présidente de l’Assemblée nationale. Est-ce possible ?
Mamour Cissé : Je ne suis pas au Pds et je n’appartiens pas à son groupe parlementaire donc je ne suis pas dans le secret des ‘Dieux’. Mais bien sûr il y a des rumeurs qui ne peuvent valoir que ce quelles valent. Maintenant tant mieux pour la promotion de la femme.
Wal Fadjri : Les déboires de Macky lui viennent de l'audition avortée de l'Anoci. Ne croyez-vous pas que les députés de l'opposition se doivent de prendre cette question en main en exigeant l'audit de cette agence ?
Mamour Cissé : Tout à fait. Moi-même je compte saisir mon groupe parlementaire à ce propos. Car dans l’intérêt de ses responsables et dans l’intérêt de la Nation, l’Anoci doit être auditée. C’est la moindre des choses. Et aller à l’encontre d’un tel audit serait un coup de poignard à la bonne gouvernance.
Wal Fadjri : L'ancien ministre Farba Senghor a lancé un appel à l'endroit des parlementaires, vous demandant de ne pas voter sa mise en accusation. Le message sera-t-il entendu de votre côté ?
Mamour Cissé : Je pense que cette lettre que vous évoquez est destinée aux députés de son camp. Quant à moi, j’aviserai clairement le moment venu.
Propos recueillis par Georges Nesta DIOP
source walfadri
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