Le député socialiste des quartiers nord de Marseille, Henri Jibrayel, a été mis en examen, vendredi 19 décembre, pour abus de confiance et prise illégale d’intérêts. Le juge d’instruction marseillais Valéry Muller n’a pas sollicité de levée d’immunité parlementaire, aucune mesure coercitive n’étant envisagée.
L’enquête a débuté en 2011 sur la base de lettres anonymes adressées au procureur de la République dénonçant les pratiques clientélistes du député de la 7e circonscription, également conseiller général des Bouches-du-Rhône. Plusieurs associations étaient décrites dans ces missives comme « le poumon des détournements ».
La justice soupçonne le député d’avoir offert quatre mini-croisières d’une journée à bord d’un ferry de la SNCM à quelque 2 400 personnes âgées de sa circonscription. Ces sorties en mer ont eu lieu les 16 et 17 mai 2011, puis les 18 et 19 juin 2012, au lendemain du second tour des législatives. Selon Marc Dufour, ex-président du directoire de la SNCM, c’est bel et bien le député qui était à la manœuvre, même si l’organisateur officiel de ces sorties était l’association Les seniors des 15e et 16e arrondissements.
« Il s’agissait simplement de son activisme local, a expliqué M. Dufour. J’ai vu ce genre de choses avec des petits vieux à de multiples reprises. C’est un vote important à caresser pour les politiques de tous bords. » Et l’ex-président de la SNCM, lui-même élu, de souligner : « J’ai trouvé cela politiquement astucieux. » Les factures de mai 2011, d’un montant de 31 650 euros, ont été réglées trois mois plus tard par deux associations, les Femmes de Seon et la Maison de la solidarité, présidées par l’assistante parlementaire de M. Jibrayel et subventionnées par le conseil général des Bouches-du-Rhône, pour un total de 37 000 euros en 2011.
« C’est du pipi de chat »
Considéré comme gestionnaire de fait de ces structures – ce qu’il conteste –, M. Jibrayel est également mis en examen pour prise illégale d’intérêt car il a siégé à la commission permanente du conseil général au cours de laquelle ont été votées ces subventions. La facture des croisières de 2012, d’un montant de 36 500 euros, a été partiellement réglée par les Seniors des 15e et 16e, l’association ayant perçu, en novembre 2011, une subvention du conseil général de 23 000 euros, sollicitée pour « fonctionnement ».
« On m’accuse d’avoir fait du bien aux personnes âgées », a rétorqué M. Jibrayel, qui présente sa mise en examen comme « quasi-automatique ». « En raison de mon statut de parlementaire, le juge n’avait pas d’autre solution pour m’entendre, estime-t-il. Mais cette affaire, c’est du pipi de chat. Je suis mis en examen dans le seul but que soit déterminé mon rôle dans l’octroi d’une subvention dont il est d’ores et déjà démontré qu’elle n’a servi qu’à l’usage de personnes âgées. »
Selon les enquêteurs, le député aurait insisté pour que les croisières de 2011 se réalisent en mai en non pas en juin, afin d’éviter la législation sur le financement des campagnes électorales, le compte des candidats étant « ouvert » un an avant la date du scrutin. L’assistante parlementaire et le président des Seniors des 15e et 16e arrondissements ont démenti tout caractère électoraliste : « Nous avions envisagé d’organiser une sortie différente, pour changer des repas dans les salles avec une ambiance dansante. » Les participants à ces sorties en mer, eux, semblent avoir peu de doutes sur la finalité de ce « cadeau ». Selon le responsable d’une association de personnes âgées, « dans la tête de mes adhérents, c’est Henri Jibrayel qui invitait ».
Luc Leroux (Marseille, correspondant)
Journaliste au Monde
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/12/22/marseille-le-depute-ps-henri-jibrayel-mis-en-examen-pour-abus-de-confiance_4544522_823448.html#YD0z4jC2PDXdcrEh.99
L’enquête a débuté en 2011 sur la base de lettres anonymes adressées au procureur de la République dénonçant les pratiques clientélistes du député de la 7e circonscription, également conseiller général des Bouches-du-Rhône. Plusieurs associations étaient décrites dans ces missives comme « le poumon des détournements ».
La justice soupçonne le député d’avoir offert quatre mini-croisières d’une journée à bord d’un ferry de la SNCM à quelque 2 400 personnes âgées de sa circonscription. Ces sorties en mer ont eu lieu les 16 et 17 mai 2011, puis les 18 et 19 juin 2012, au lendemain du second tour des législatives. Selon Marc Dufour, ex-président du directoire de la SNCM, c’est bel et bien le député qui était à la manœuvre, même si l’organisateur officiel de ces sorties était l’association Les seniors des 15e et 16e arrondissements.
« Il s’agissait simplement de son activisme local, a expliqué M. Dufour. J’ai vu ce genre de choses avec des petits vieux à de multiples reprises. C’est un vote important à caresser pour les politiques de tous bords. » Et l’ex-président de la SNCM, lui-même élu, de souligner : « J’ai trouvé cela politiquement astucieux. » Les factures de mai 2011, d’un montant de 31 650 euros, ont été réglées trois mois plus tard par deux associations, les Femmes de Seon et la Maison de la solidarité, présidées par l’assistante parlementaire de M. Jibrayel et subventionnées par le conseil général des Bouches-du-Rhône, pour un total de 37 000 euros en 2011.
« C’est du pipi de chat »
Considéré comme gestionnaire de fait de ces structures – ce qu’il conteste –, M. Jibrayel est également mis en examen pour prise illégale d’intérêt car il a siégé à la commission permanente du conseil général au cours de laquelle ont été votées ces subventions. La facture des croisières de 2012, d’un montant de 36 500 euros, a été partiellement réglée par les Seniors des 15e et 16e, l’association ayant perçu, en novembre 2011, une subvention du conseil général de 23 000 euros, sollicitée pour « fonctionnement ».
« On m’accuse d’avoir fait du bien aux personnes âgées », a rétorqué M. Jibrayel, qui présente sa mise en examen comme « quasi-automatique ». « En raison de mon statut de parlementaire, le juge n’avait pas d’autre solution pour m’entendre, estime-t-il. Mais cette affaire, c’est du pipi de chat. Je suis mis en examen dans le seul but que soit déterminé mon rôle dans l’octroi d’une subvention dont il est d’ores et déjà démontré qu’elle n’a servi qu’à l’usage de personnes âgées. »
Selon les enquêteurs, le député aurait insisté pour que les croisières de 2011 se réalisent en mai en non pas en juin, afin d’éviter la législation sur le financement des campagnes électorales, le compte des candidats étant « ouvert » un an avant la date du scrutin. L’assistante parlementaire et le président des Seniors des 15e et 16e arrondissements ont démenti tout caractère électoraliste : « Nous avions envisagé d’organiser une sortie différente, pour changer des repas dans les salles avec une ambiance dansante. » Les participants à ces sorties en mer, eux, semblent avoir peu de doutes sur la finalité de ce « cadeau ». Selon le responsable d’une association de personnes âgées, « dans la tête de mes adhérents, c’est Henri Jibrayel qui invitait ».
Luc Leroux (Marseille, correspondant)
Journaliste au Monde
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