Wal Fadjri : L’appel au dialogue lancé par le chef d’Etat à l’opposition en est toujours au stade d’envoi de correspondances. Qu’est-ce qui peut expliquer, selon vous, cette situation ?
Mbaye DIACK : Sur le principe du dialogue, notre parti l’Ufpe est d’accord et a encouragé le président de la République dans cette nouvelle initiative. Cependant, nous n’avons pas manqué, aussi, de demander au président de la République d’être très vigilant parce que nous savons qu’il y a des gens qui, au sein de l’opposition, ne sont pas intéressés par ce dialogue et qui cherchent des moyens de l’enliser. C’est pourquoi nous pensons qu’il n’est pas question que ces gens nous ramènent en arrière en transformant se dialogue en une autre forme d’assises nationales. Et que donc, les conclusions des assises nationales qui ne concernent qu’une partie de la nation ne peuvent être l’ordre du jour de ce dialogue. Toutefois, lorsque le dialogue sera lancé, les tenants de cette conclusion peuvent bien la défendre. Mais, il ne faut pas qu’ils tentent de penser, un seul instant, que cela peut être l’ordre du jour du dialogue. Cela est inacceptable pour nous.
Wal Fadjri : L’opposition parle aussi de vigilance. Il y a de la suspicion de part et d’autre. Pensez-vous vraiment que ce dialogue va aboutir ?
Mbaye DIACK : Quand nous nous parlons de vigilance, c’est tout simplement pour que les gens ne cherchent pas à enliser le débat.
Wal Fadjri : A qui faites-vous allusion ?
Mbaye DIACK : On sait que, dans l’opposition, il y a des gens qui cherchent à créer une situation de trouble pour ne pas dire insurrectionnelle. Et c’est cela qui les arrange. Car ils ont expérimenté plusieurs fois la voie démocratique mais ils se sont rendu compte que le peuple ne les suivait pas dans leur programme et dans leurs prétentions. Maintenant, ils pensent peut-être que c’est la voie insurrectionnelle par le blocage des institutions qui constituerait la voie la plus indiquée pour eux d’arriver au pouvoir.
Wal Fadjri : Qu’est-ce qui fonde vos accusations ?
Mbaye DIACK : Déjà, ils ont commencé par dire qu’il faut organiser une élection présidentielle anticipée, dissoudre l’Assemblée nationale, supprimer le Sénat et ensuite considérer que les conclusions des assises nationales peuvent constituer la substance de ce dialogue. Donc, ce que nous craignions, nous, au départ, s’est vérifié par la suite. Maintenant, que l’opposition pense que le président de la République veut les tromper ou les entraîner dans d’autres voies, il leur appartient d’apprécier et de voir. En tout cas, moi, en tant qu’homme politique, je ne pense pas que quelqu’un puisse me tendre un piège dans lequel je vais tomber. Parce que, à tout moment, un homme politique doit regarder les choses, les analyser concrètement et objectivement. L’opposition, si elle a le courage de ses positions et si ses idées sont nettes et claires, elle doit être en mesure de discuter avec qui que ce soit et de voir. Surtout qu’en dernier ressort, c’est le peuple qui sera le juge, il appréciera le moment venu qui veut dialoguer et qui ne le veut pas.
Je dois préciser que l’idée que l’opposition véhicule et selon laquelle le Sénégal est dans une situation de blocage est une idée erronée. Toutes les institutions au Sénégal fonctionnent normalement et la démocratie s’approfondit. Raison pour laquelle, d’ailleurs, elle a pu tenir tranquillement ses assises. C’est un pays qui marche. Mais, il est de tradition républicaine, dans une démocratie, que des gens se rencontrent, de temps en temps, pour échanger sur de grands problèmes même s’ils ne sont pas disposés à les gérer ensemble dans le cadre d’une structure gouvernementale. Il s’agit d’échanger des idées.
Wal Fadjri : Est-ce que le blocage, à un moment donné, du dialogue n’explique pas la tenue des assises auxquelles le pouvoir a refusé de participer ?
Mbaye DIACK : Mais, il y a eu blocage au niveau du dialogue politique du fait du comportement, d’alors, d’une partie de l’opposition qui avait commis une erreur historique en décidant de boycotter les élections législatives. Sous prétexte que l’élection présidentielle ne s’est pas déroulée normalement. Et, malheureusement pour eux, ils n’ont pas eu l’approbation de la population et même de leurs propres militants qui ont considéré que c’était une erreur de boycotter les élections. Mais, ils se sont arc-boutés et comme une erreur, en général, engendre d’autres, ils sont allés jusqu’à dire que le président de la République est illégitime. Ce dernier, évidemment, a dit que comme l’opposition pense qu’il est illégitime, il ne va pas discuter avec elle.
Wal Fadjri : Le secrétaire général du Pds appelle au rassemblement de la famille libérale pour la mise sur pied d’un grand parti. En tant qu’allié, avez-vous été informé de cette décision ? Si oui, quelle position comptez-vous adopter face à cette nouvelle donne ?
Mbaye DIACK : Personnellement j’ai été informé par le chef de l’Etat de sa volonté de reprendre en main son parti, le Pds. Et par-delà cette reprise en main, de mettre en place un grand parti libéral et même de l’appeler Pdsl parce qu’il tient au noyau Pds mais pense qu’il faudrait préciser que c’est un parti libéral. Sur le principe, je suis d’accord qu’il reprenne son parti en main. Parce que la condition première de cette reprise en main est de resserrer les rangs au sein du Pds et réinstaurer la discipline. Et une fois que tout sera terminé, il sera possible de passer à un stade supérieur pour construire le grand parti libéral.
Wal Fadjri : Quel rapport entretiendra ce grand parti libéral avec les autres partenaires comme vous qui ne vous réclamez pas du libéralisme ?
Mbaye DIACK : En ce qui concerne le rapport avec les autres, les formes pourront être définies. Soit, ce sera une union organique avec des orientations sur le plan idéologique qui ne sont pas toujours les mêmes. Soit, ce sera sous forme d’une alliance non organique mais de principe, chaque parti étant autonome. Mais que les gens soient d’accord pour gérer le pays tel que nous l’avons fait depuis 2000. Toujours est-il que nous, nous sommes d’accord avec le principe d’aller le plus loin possible avec le Pds pour discuter dans la construction du pays.
Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas que vous soyez contraint à fondre votre parti dans le Pdsl ?
Mbaye DIACK : La question n’a pas encore été abordée. Mais il y a des expériences qui ont déjà eu lieu dans pareille situation et qui n’ont pas été toutes heureuses. Ce qui veut dire que si on doit aller dans une unité organique, il faudra discuter de façon très approfondie les principales voies dans lesquelles cette fusion devrait se faire. Ce qui n’est pas encore le cas.
Wal Fadjri : Toujours dans le cadre de ce partenariat, les choses ne se passent souvent pas comme cela se doit. C’est le constat au sortir des élections locales où certains partenaires ont élevé la voix pour dénoncer l’attitude du Pds. Qu’en est-il pour l’Ufpe ?
Mbaye DIACK : Pas plus tard qu’hier, j’ai entendu le président de la République, secrétaire général du Pds dire en réponse à une question posée par un membre de la délégation de Ouakam qu’il a reçue, que les choses ne se sont pas déroulées comme cela se devait. Et, si ce qui s’est passé le 22 mars (victoire de l’opposition, Ndlr) a pu se réaliser c’est parce qu’il y a des choses qui se sont passées à partir de Dakar et qui ne sont pas toutes normales. Me concernant, j’ai eu à dire dans un article que les investitures ont été très mauvaises et que les gens les ont gérées de façon trop partisane entre eux d’abord et entre les partis alliés. Ce qui a fait qu’il y a eu beaucoup de frustrations qui ont conduit soit à des listes parallèles soit à des votes-sanction. Donc, tout le monde reconnaît que s’il y a eu 22 mars, c’est par la faute du Sopi.
Wal Fadjri : Les Sénégalais ne semblent pas comprendre ces décisions du chef de l’Etat de faire revenir aux affaires ceux qui ont été battus au niveau de leurs localités après avoir promis de tirer les conclusions de la défaite aux locales…
Mbaye DIACK : Je crois que le chef de l’Etat ne pose pas le problème en termes de personne. Tout récemment, lors du comité directeur de son parti, il a dit à certains membres de la mouvance présidentielle qu’il va tirer toutes les conclusions de la situation qui a prévalu le 22 mars. Et je pense qu’il va continuer à suivre cette idée. Maintenant, est-ce qu’en sanctionnant des individus, on peut résoudre les problèmes ? Je crois qu’il est arrivé à la conclusion que ce n’est pas la bonne voie, que cela ne servira à rien de sanctionner des gens dès l’instant que ces derniers, dans une certaine mesure, se sont sanctionnés. Ils se sont sanctionnés parce qu’ils se sont débrouillés pour perdre leur poste. C’est pourquoi, le chef de l’Etat cherche à trouver les véritables causes de cette situation et à y remédier au lieu de se focaliser sur des personnes.
Wal Fadjri : Et la solution certainement se trouve dans le rassemblement de la famille libérale ?
Mbaye DIACK : Justement, le chef de l’Etat cherche d’abord à resserrer les rangs au niveau du Pds, à l’élargir et à redéfinir les méthodes de travailler pour que demain, quand les instructions sont données, qu’elles soient appliquées. Et que ce qui s’est passé pendant les élections locales ne se reproduise plus.
Wal Fadjri : Autre sujet d’actualité, la gestion de l’Anoci. La tentative d’explication des dirigeants de cette agence sur leur gestion, en commission devant les députés, a été diversement appréciée…
Mbaye DIACK : C’est un problème de méconnaissance du fonctionnement des textes de la République.
Wal Fadjri : De quels textes s’agit-il ?
Mbaye DIACK : L’Anoci ne peut pas aller s’adresser directement à l’Assemblée nationale du point de vue du fonctionnement de la République. Ceux qui le disent ignorent les textes. Karim peut être appelé devant une commission technique ou une inter-commission de l’Assemblée nationale qui lui pose des questions. Et maintenant, il appartient à cette commission d’amener le problème au niveau de l’Assemblée. En ce moment, les députés pourront interpeller les ministres en charge des questions relevant des informations qu’ils ont eues à partir de ce qui a été dit en commission technique.
Wal Fadjri : Aujourd’hui, parmi les opposants qui ont soutenu et porté le chef de l’Etat au pouvoir, vous êtes l’un des rares qui continue à ses côtés, après le départ de Landing Savané. Comment expliquez-vous cela ?
Mbaye DIACK : Personnellement, je ne peux pas aider à la naissance d’un enfant puis le jeter dans la rue sans avoir de raison de le faire. Lorsque je soutenais la candidature d’Abdoulaye Wade, je connaissais bien son idéologie et savais aussi ce qu’il voulait faire. C’est pourquoi, je l’avais soutenu et cela ne veut pas dire que toutes mes idées coïncident avec celles d’Abdoulaye Wade. Mais, pour l’essentiel, ce qu’il voulait et ce qu’il est en train de faire, peut-être, ne me donne pas entièrement satisfaction mais cela me convient, compte tenu de l’environnement national et international. Je n’en fais pas un problème de personne ni de poste mais plutôt un problème d’option économique. J’ai vu qu’il y a des domaines qui m’ont toujours préoccupé dans lesquels Wade est en train de prendre des initiatives importantes : éducation, santé, infrastructures, etc.
Wal Fadjri : Vous êtes enseignant de formation. Quelle appréciation faites-vous de la sortie du chef de l’Etat qui accuse les enseignants d’avoir une part de responsabilité dans les résultats catastrophiques aux examens de fin d’année ?
Mbaye DIACK : Le chef de l’Etat a dit qu’il n’est pas contre les grèves parce que le droit de grève est sacré. Mais, il considère qu’il faut qu’il y ait un contrat de performance. Et il pense que les grèves à n’en plus finir sont dangereuses pour la formation des enfants et que si cela continue, la ressource la plus importante sur laquelle nous comptons (les ressources humaines), nous risquons de la perdre.
Wal Fadjri : Et les menaces de son ministre Kalilou Diallo selon lesquelles un directeur d’école qui ne fait pas 50 % à l’examen sera sanctionné ?
Mbaye DIACK : On ne doit pas fixer des objectifs aux enseignants mais plutôt instaurer un dialogue entre le gouvernement et tous les secteurs, y compris ceux de l’enseignement. Voir les problèmes qu’on peut résoudre et anticiper les questions. Sur les problèmes qu’on ne peut pas résoudre dans l’immédiat, l’expliquer aux concernés. Maintenant, si on se rend compte que les gens sont intéressés par autre chose que la formation des enfants, en ce moment chacun peut prendre ses responsabilités.
Wal Fadjri : Comment appréciez-vous la Déclaration de politique générale du Premier ministre ?
Mbaye DIACK : J’ai retenu la ponctualité du Premier ministre. Il maîtrisait son texte et a embrassé presque tous les grands problèmes qui intéressent le Sénégal. Il n’a pas dit qu’il va les résoudre mais les a énumérés et a dit qu’il fera tout pour résoudre ce qui peut être résolu. Et a défendu son calendrier, aussi bien au niveau de l’agriculture, des infrastructures, de l’industrie bref au niveau des différents secteurs de la nation. En tout cas, cela n’a pas été un discours démagogique parce qu’il sait très bien qu’il y a des promesses qu’il ne pourra pas réaliser (…)
Propos recueillis par Yakhya MASSALY
Mbaye DIACK : Sur le principe du dialogue, notre parti l’Ufpe est d’accord et a encouragé le président de la République dans cette nouvelle initiative. Cependant, nous n’avons pas manqué, aussi, de demander au président de la République d’être très vigilant parce que nous savons qu’il y a des gens qui, au sein de l’opposition, ne sont pas intéressés par ce dialogue et qui cherchent des moyens de l’enliser. C’est pourquoi nous pensons qu’il n’est pas question que ces gens nous ramènent en arrière en transformant se dialogue en une autre forme d’assises nationales. Et que donc, les conclusions des assises nationales qui ne concernent qu’une partie de la nation ne peuvent être l’ordre du jour de ce dialogue. Toutefois, lorsque le dialogue sera lancé, les tenants de cette conclusion peuvent bien la défendre. Mais, il ne faut pas qu’ils tentent de penser, un seul instant, que cela peut être l’ordre du jour du dialogue. Cela est inacceptable pour nous.
Wal Fadjri : L’opposition parle aussi de vigilance. Il y a de la suspicion de part et d’autre. Pensez-vous vraiment que ce dialogue va aboutir ?
Mbaye DIACK : Quand nous nous parlons de vigilance, c’est tout simplement pour que les gens ne cherchent pas à enliser le débat.
Wal Fadjri : A qui faites-vous allusion ?
Mbaye DIACK : On sait que, dans l’opposition, il y a des gens qui cherchent à créer une situation de trouble pour ne pas dire insurrectionnelle. Et c’est cela qui les arrange. Car ils ont expérimenté plusieurs fois la voie démocratique mais ils se sont rendu compte que le peuple ne les suivait pas dans leur programme et dans leurs prétentions. Maintenant, ils pensent peut-être que c’est la voie insurrectionnelle par le blocage des institutions qui constituerait la voie la plus indiquée pour eux d’arriver au pouvoir.
Wal Fadjri : Qu’est-ce qui fonde vos accusations ?
Mbaye DIACK : Déjà, ils ont commencé par dire qu’il faut organiser une élection présidentielle anticipée, dissoudre l’Assemblée nationale, supprimer le Sénat et ensuite considérer que les conclusions des assises nationales peuvent constituer la substance de ce dialogue. Donc, ce que nous craignions, nous, au départ, s’est vérifié par la suite. Maintenant, que l’opposition pense que le président de la République veut les tromper ou les entraîner dans d’autres voies, il leur appartient d’apprécier et de voir. En tout cas, moi, en tant qu’homme politique, je ne pense pas que quelqu’un puisse me tendre un piège dans lequel je vais tomber. Parce que, à tout moment, un homme politique doit regarder les choses, les analyser concrètement et objectivement. L’opposition, si elle a le courage de ses positions et si ses idées sont nettes et claires, elle doit être en mesure de discuter avec qui que ce soit et de voir. Surtout qu’en dernier ressort, c’est le peuple qui sera le juge, il appréciera le moment venu qui veut dialoguer et qui ne le veut pas.
Je dois préciser que l’idée que l’opposition véhicule et selon laquelle le Sénégal est dans une situation de blocage est une idée erronée. Toutes les institutions au Sénégal fonctionnent normalement et la démocratie s’approfondit. Raison pour laquelle, d’ailleurs, elle a pu tenir tranquillement ses assises. C’est un pays qui marche. Mais, il est de tradition républicaine, dans une démocratie, que des gens se rencontrent, de temps en temps, pour échanger sur de grands problèmes même s’ils ne sont pas disposés à les gérer ensemble dans le cadre d’une structure gouvernementale. Il s’agit d’échanger des idées.
Wal Fadjri : Est-ce que le blocage, à un moment donné, du dialogue n’explique pas la tenue des assises auxquelles le pouvoir a refusé de participer ?
Mbaye DIACK : Mais, il y a eu blocage au niveau du dialogue politique du fait du comportement, d’alors, d’une partie de l’opposition qui avait commis une erreur historique en décidant de boycotter les élections législatives. Sous prétexte que l’élection présidentielle ne s’est pas déroulée normalement. Et, malheureusement pour eux, ils n’ont pas eu l’approbation de la population et même de leurs propres militants qui ont considéré que c’était une erreur de boycotter les élections. Mais, ils se sont arc-boutés et comme une erreur, en général, engendre d’autres, ils sont allés jusqu’à dire que le président de la République est illégitime. Ce dernier, évidemment, a dit que comme l’opposition pense qu’il est illégitime, il ne va pas discuter avec elle.
Wal Fadjri : Le secrétaire général du Pds appelle au rassemblement de la famille libérale pour la mise sur pied d’un grand parti. En tant qu’allié, avez-vous été informé de cette décision ? Si oui, quelle position comptez-vous adopter face à cette nouvelle donne ?
Mbaye DIACK : Personnellement j’ai été informé par le chef de l’Etat de sa volonté de reprendre en main son parti, le Pds. Et par-delà cette reprise en main, de mettre en place un grand parti libéral et même de l’appeler Pdsl parce qu’il tient au noyau Pds mais pense qu’il faudrait préciser que c’est un parti libéral. Sur le principe, je suis d’accord qu’il reprenne son parti en main. Parce que la condition première de cette reprise en main est de resserrer les rangs au sein du Pds et réinstaurer la discipline. Et une fois que tout sera terminé, il sera possible de passer à un stade supérieur pour construire le grand parti libéral.
Wal Fadjri : Quel rapport entretiendra ce grand parti libéral avec les autres partenaires comme vous qui ne vous réclamez pas du libéralisme ?
Mbaye DIACK : En ce qui concerne le rapport avec les autres, les formes pourront être définies. Soit, ce sera une union organique avec des orientations sur le plan idéologique qui ne sont pas toujours les mêmes. Soit, ce sera sous forme d’une alliance non organique mais de principe, chaque parti étant autonome. Mais que les gens soient d’accord pour gérer le pays tel que nous l’avons fait depuis 2000. Toujours est-il que nous, nous sommes d’accord avec le principe d’aller le plus loin possible avec le Pds pour discuter dans la construction du pays.
Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas que vous soyez contraint à fondre votre parti dans le Pdsl ?
Mbaye DIACK : La question n’a pas encore été abordée. Mais il y a des expériences qui ont déjà eu lieu dans pareille situation et qui n’ont pas été toutes heureuses. Ce qui veut dire que si on doit aller dans une unité organique, il faudra discuter de façon très approfondie les principales voies dans lesquelles cette fusion devrait se faire. Ce qui n’est pas encore le cas.
Wal Fadjri : Toujours dans le cadre de ce partenariat, les choses ne se passent souvent pas comme cela se doit. C’est le constat au sortir des élections locales où certains partenaires ont élevé la voix pour dénoncer l’attitude du Pds. Qu’en est-il pour l’Ufpe ?
Mbaye DIACK : Pas plus tard qu’hier, j’ai entendu le président de la République, secrétaire général du Pds dire en réponse à une question posée par un membre de la délégation de Ouakam qu’il a reçue, que les choses ne se sont pas déroulées comme cela se devait. Et, si ce qui s’est passé le 22 mars (victoire de l’opposition, Ndlr) a pu se réaliser c’est parce qu’il y a des choses qui se sont passées à partir de Dakar et qui ne sont pas toutes normales. Me concernant, j’ai eu à dire dans un article que les investitures ont été très mauvaises et que les gens les ont gérées de façon trop partisane entre eux d’abord et entre les partis alliés. Ce qui a fait qu’il y a eu beaucoup de frustrations qui ont conduit soit à des listes parallèles soit à des votes-sanction. Donc, tout le monde reconnaît que s’il y a eu 22 mars, c’est par la faute du Sopi.
Wal Fadjri : Les Sénégalais ne semblent pas comprendre ces décisions du chef de l’Etat de faire revenir aux affaires ceux qui ont été battus au niveau de leurs localités après avoir promis de tirer les conclusions de la défaite aux locales…
Mbaye DIACK : Je crois que le chef de l’Etat ne pose pas le problème en termes de personne. Tout récemment, lors du comité directeur de son parti, il a dit à certains membres de la mouvance présidentielle qu’il va tirer toutes les conclusions de la situation qui a prévalu le 22 mars. Et je pense qu’il va continuer à suivre cette idée. Maintenant, est-ce qu’en sanctionnant des individus, on peut résoudre les problèmes ? Je crois qu’il est arrivé à la conclusion que ce n’est pas la bonne voie, que cela ne servira à rien de sanctionner des gens dès l’instant que ces derniers, dans une certaine mesure, se sont sanctionnés. Ils se sont sanctionnés parce qu’ils se sont débrouillés pour perdre leur poste. C’est pourquoi, le chef de l’Etat cherche à trouver les véritables causes de cette situation et à y remédier au lieu de se focaliser sur des personnes.
Wal Fadjri : Et la solution certainement se trouve dans le rassemblement de la famille libérale ?
Mbaye DIACK : Justement, le chef de l’Etat cherche d’abord à resserrer les rangs au niveau du Pds, à l’élargir et à redéfinir les méthodes de travailler pour que demain, quand les instructions sont données, qu’elles soient appliquées. Et que ce qui s’est passé pendant les élections locales ne se reproduise plus.
Wal Fadjri : Autre sujet d’actualité, la gestion de l’Anoci. La tentative d’explication des dirigeants de cette agence sur leur gestion, en commission devant les députés, a été diversement appréciée…
Mbaye DIACK : C’est un problème de méconnaissance du fonctionnement des textes de la République.
Wal Fadjri : De quels textes s’agit-il ?
Mbaye DIACK : L’Anoci ne peut pas aller s’adresser directement à l’Assemblée nationale du point de vue du fonctionnement de la République. Ceux qui le disent ignorent les textes. Karim peut être appelé devant une commission technique ou une inter-commission de l’Assemblée nationale qui lui pose des questions. Et maintenant, il appartient à cette commission d’amener le problème au niveau de l’Assemblée. En ce moment, les députés pourront interpeller les ministres en charge des questions relevant des informations qu’ils ont eues à partir de ce qui a été dit en commission technique.
Wal Fadjri : Aujourd’hui, parmi les opposants qui ont soutenu et porté le chef de l’Etat au pouvoir, vous êtes l’un des rares qui continue à ses côtés, après le départ de Landing Savané. Comment expliquez-vous cela ?
Mbaye DIACK : Personnellement, je ne peux pas aider à la naissance d’un enfant puis le jeter dans la rue sans avoir de raison de le faire. Lorsque je soutenais la candidature d’Abdoulaye Wade, je connaissais bien son idéologie et savais aussi ce qu’il voulait faire. C’est pourquoi, je l’avais soutenu et cela ne veut pas dire que toutes mes idées coïncident avec celles d’Abdoulaye Wade. Mais, pour l’essentiel, ce qu’il voulait et ce qu’il est en train de faire, peut-être, ne me donne pas entièrement satisfaction mais cela me convient, compte tenu de l’environnement national et international. Je n’en fais pas un problème de personne ni de poste mais plutôt un problème d’option économique. J’ai vu qu’il y a des domaines qui m’ont toujours préoccupé dans lesquels Wade est en train de prendre des initiatives importantes : éducation, santé, infrastructures, etc.
Wal Fadjri : Vous êtes enseignant de formation. Quelle appréciation faites-vous de la sortie du chef de l’Etat qui accuse les enseignants d’avoir une part de responsabilité dans les résultats catastrophiques aux examens de fin d’année ?
Mbaye DIACK : Le chef de l’Etat a dit qu’il n’est pas contre les grèves parce que le droit de grève est sacré. Mais, il considère qu’il faut qu’il y ait un contrat de performance. Et il pense que les grèves à n’en plus finir sont dangereuses pour la formation des enfants et que si cela continue, la ressource la plus importante sur laquelle nous comptons (les ressources humaines), nous risquons de la perdre.
Wal Fadjri : Et les menaces de son ministre Kalilou Diallo selon lesquelles un directeur d’école qui ne fait pas 50 % à l’examen sera sanctionné ?
Mbaye DIACK : On ne doit pas fixer des objectifs aux enseignants mais plutôt instaurer un dialogue entre le gouvernement et tous les secteurs, y compris ceux de l’enseignement. Voir les problèmes qu’on peut résoudre et anticiper les questions. Sur les problèmes qu’on ne peut pas résoudre dans l’immédiat, l’expliquer aux concernés. Maintenant, si on se rend compte que les gens sont intéressés par autre chose que la formation des enfants, en ce moment chacun peut prendre ses responsabilités.
Wal Fadjri : Comment appréciez-vous la Déclaration de politique générale du Premier ministre ?
Mbaye DIACK : J’ai retenu la ponctualité du Premier ministre. Il maîtrisait son texte et a embrassé presque tous les grands problèmes qui intéressent le Sénégal. Il n’a pas dit qu’il va les résoudre mais les a énumérés et a dit qu’il fera tout pour résoudre ce qui peut être résolu. Et a défendu son calendrier, aussi bien au niveau de l’agriculture, des infrastructures, de l’industrie bref au niveau des différents secteurs de la nation. En tout cas, cela n’a pas été un discours démagogique parce qu’il sait très bien qu’il y a des promesses qu’il ne pourra pas réaliser (…)
Propos recueillis par Yakhya MASSALY