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Me Konaté décrypte la crise politique du Sénégal au bord d'un "Printemps"

Décidément le Sénégal est plus que jamais au bord du gouffre, celui d'une crise politique qui n'évoque plus son nom. Face à une telle nébuleuse qui menace la construction démocratique d'un Etat qui aura été jusque là une démocratie modèle en Afrique, notre Chroniqueur Maître Mamadou Ismaila KONATE, avocat d'affaires aux barreaux de Bamako, décrypte méticuleusement cette crise politique qui constitue sans doute un frein conséquent à l'évolution démocratique du Sénégal.


Rédigé par leral.net le Lundi 30 Janvier 2012 à 04:46 | | 0 commentaire(s)|

De l’âge du capitaine candidat ?

Le pays de Léopold Sédar SENGHOR et de Abdou DIOUF devra désormais répondre à cette double équation en cette veille de dépôt des candidatures pour l’élection du Président de la République de février 2012 :

- comment mériter encore une réputation, acquise jadis, de pays de démocratie, de liberté et d’Etat de droit où règne la paix et la concorde, et,

- laisser libre cours aux revendications mais toutes celles de nature politique, sans que l’Etat ne tombe dans l’euphorie et la terreur, donnant ainsi l’impression d’être comme dans un Etat policier dont le propre et le fort sont la chasse aux sorcières et aux opposants.

En attendant les preuves tangibles d’un tel comportement contre Abdoulaye WADE, largement décrié dans son pays, les épreuves à venir au Sénégal enseignent aux analystes et aux observateurs que la paix et la stabilité y sont fortement menacées.

La raison : Les échéances électorales de février 2012 et l’hypothèse, plus que probable aujourd’hui, de la troisième candidature de Maître Abdoulaye WADE, si cette dernière était validée par le Conseil constitutionnel dont la décision est fortement attendue ce matin. Le Président WADE est plus que jamais déterminé à poursuivre son dessein de briguer la magistrature suprême. Arrivé au pouvoir en 2000, à la faveur d’un vaste mouvement populaire, dirigé à l’époque contre le socialisme, les sénégalais avaient exprimé leur dégoût de la longueur de la durée au pouvoir de leurs dirigeants. L’alternance a été également facilitée par le fait que Abdoulaye WADE était l’opposant politique le plus ancien au Sénégal, tant dans la durée que dans l’action. Le Président Abdoulaye WADE, fort de ces états de service, entend se représenter aujourd’hui pour reconquérir le suffrage des sénégalais pour un troisième mandat. Ce troisième mandat est sans doute le mandat de plus, visiblement celui de trop sans aucun doute. Pour justifier le bien fondé de sa démarche vers ce troisième mandat, le Président Abdoulaye WADE, pour échapper à la foudre de la règle constitutionnelle issue de la dernière réforme, argue de la postériorité de cette révision, survenue selon lui après sa prise de fonction. Décidément, Abdoulaye WADE et les tenants de cette thèse de la « postériorité » défendent la légalité de sa candidature à l’élection de février 2012 par tous les moyens. Ils indiquent par exemple que le décompte des mandats déjà exercés par le Président WADE ne devrait commencer qu’en 2007, date de sa réélection à la tête de l’Etat du Sénégal.

Cette question cruciale constitue le principal point de discorde entre Abdoulaye WADE et ses opposants. La réponse à cette question qui se pose aujourd’hui au Sénégal, intéresse plus d’un. Elle va bien au-delà de ce seul pays, le Sénégal, et concerne aujourd’hui tout un continent, l’Afrique. C’est pourquoi la réponse à cette question est importante et implique en premier les cours constitutionnelles dont celle du Sénégal en premier. La haute juridiction constitutionnelle sénégalaise, devrait, une fois saisie, se prononcer en premier et avant tout en termes de recevabilité. Ce préalable ne saurait en rien être éludé ni repoussé.

Décidément, la candidature à venir de Maître Abdoulaye WADE, en plus d’être celle de la discorde, de toutes les discordes est celle de trop. Les meilleurs spécialistes de constitution du Sénégal soutiennent son caractère impossible. Pour cela, ils ont avancé des arguments implacables à leurs yeux.

Au-delà de toutes ces arguties à forte connotation juridique et sur fond de divergence de fond, disons le tout net, plus que le nombre de mandats et le caractère rétroactif ou non de la dernière révision constitutionnelle, c’est l’âge du Président WADE qui est en cause et qui gêne. Quatre vingt cinq, six ou sept, peu importe en définitive, la première grosse lacune est et demeure l’absence de précision constitutionnel en ce qui concerne l’âge du candidat. A quatre-vingts ans passés, on est infailliblement en train de devenir inapte et incapable d’exercer le pouvoir d’Etat. Or, le pouvoir d’Etat n’est pas celui de la royauté ou de l’empire. Bien évidemment, le Sénégal est une République et non une Monarchie. La dévolution du pouvoir se fait au moyen des règles constitutionnelles et non par le sang et suivant une quelconque lignée. Le contexte politique sénégalais est assez pollué en raison des nombreux écarts et reproches imputables au Président WADE. La propre interprétation du Président WADE du texte de la constitution révisée, notamment sur le point relatif à la limitation du mandat, est on ne peut plus claire. Toutes autres interprétations ne seraient que tergiversations de nature à créer le doute et la suspicion autour de cette candidature et son bien-fondé. Le Président WADE ne fait rien pour se départir de cette autre opinion, profondément ancrée dans la tête des sénégalais et largement propagée qui lui reproche de vouloir « installer » son fils Karim WADE au pouvoir. Or, plus que « renié » par ses compatriotes, celui-ci a fait la preuve évidente de ce qu’il n’y arrivera sans doute pas tout seul, le suffrage universel lui ayant comme définitivement tourné le dos.

D’un point de vue tout autrement que politique, il est à noter que toutes les dernières réformes constitutionnelles dans le continent se sont évertuées à limiter non seulement le nombre de mandats, mais aussi ont fixé un âge limite aux candidats voulant briguer la magistrature suprême. L’absence de disposition comme celle indiquée est de nature à créer un contexte à la BOURGUIBA. Pour ce qui a été le sort de Habib BOURGUIBA, il faut prier le tout puissant que d’autre ne connaisse ce même sort.

Afreeque.net

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