Pourtant, ce bouillonnement médiatique se déroule sur fond de conflits latents ou manifestes et d’enjeux obscurs à tel point qu’on a l’impression que l’espace médiatique est devenu une foire d’empoignes où les protagonistes se livrent à une bataille impitoyable dans laquelle tous les coups sont permis. Dans ce contexte de floraison médiatique tous azimuts, les risques de manipulation de l’opinion sont réels.
En effet, l’entreprise de presse a profondément changé de sens et de forme. Elle n’est plus le monopole des professionnels de la communication. Paradoxalement, elle a tendance à la fois à se banaliser et à devenir un enjeu. En effet, si certains la prennent comme une simple officine de prestation de services. D’autres, par contre la considèrent comme un moyen de pouvoir ou d’accéder à un pouvoir. Dès lors, dans ce capharnaüm médiatique, il n’est pas surprenant de constater la crise d’identité et d’objectivité.qui sape la crédibilité de la presse. Les lignes éditoriales sont souvent adossées à des intérêts inavoués.
Même certains acteurs de la presse, longtemps réputés pour leur professionnalisme cèdent devant leurs émotions et leurs états d’âmes au risque de donner raison à l’ancien médiateur du journal Le Monde, Robert Solé, pour qui, « dans le journalisme, l’objectivité n’existe pas ». Dans une situation où l’offre ne manque pas, plus besoin de mises au point dans le même journal lorsque vous ne partagez pas le contenu d’un article vous concernant.
En effet, d’autres journaux sont là pour vous ouvrir leur espace pour des « articles » taillés sur mesure et sensés vous réhabiliter ou vous positionner. Un même personnage peut être ange ou démon selon l’organe de presse. Dans ce contexte, il n’est pas rare de voir, par exemple des journaux se dresser les uns contre les autres ou contre des citoyens tout court. Et les expressions de « cabale », « lynchage médiatique », « diabolisation », à tort ou à raison s’invitent dans le débat des média. Ce qui n’est pas tout à fait nouveau. Mais ce phénomène a pris des proportions inquiétantes. La manière réductrice dont des média rendent compte également de l’actualité sociale et politique est aussi inquiétante.
Le journaliste Latif Coulibaly nous avait habitués à des articles de haute facture, Mais nous avons été quelque peu déçus par son texte dans le dernier numéro de son journal « la gazette » sur l’affaire de la nomination controversée du mari du vérificateur général de l’IGE au sein de cette institution. En effet, quelle que soit la véracité du témoignage du journaliste sur la présupposée rigueur de l’individu concerné, une de ses vielles « connaissances à Sokone », l’article souffre d’une forte dose de subjectivisme.
L’affection manifeste de l’auteur pour le concerné fait que le texte pêche par manque de rigueur et a du mal à convaincre. Et contrairement à ce que semble suggérer le journaliste, ce qui a suscité des réactions et une certaine gêne, ce n’est pas le fait que le monsieur en question travaille sous les ordres de sa femme mais bien du fait de la conjonction d’intérêts entre les deux individus concernés. Cela, compte tenu de la position stratégique de sa femme dans le dispositif de nomination dans ce corps.
Même si, elle n’a qu’un pouvoir consultatif dans la procédure de nomination, on verrait mal, Mme le vérificateur général émettre un avis défavorable au dossier de son mari. Du reste, le journaliste note dans le même « article témoignage », « en atterrissant à l’IGE avec la bénédiction de sa femme, on croit avoir trouvé des moyens légitimes pour l’atteindre et déstabiliser son épouse » (sic).
Dans toutes les grandes démocraties une telle nomination dans un pareil scénario loin d’être ordinaire aurait suscité des réactions. L’argument du journaliste selon lequel, c’est sa tutelle qui aurait orchestré cette « cabale » à la suite d’un différend avec lui a du mal à convaincre. Rares sont aujourd’hui les hauts fonctionnaires qui ne nourrissent pas un jour le rêve d’accéder à l’IGE.
Pourtant, dans le même article, l’admission de François Collin par voie de concours dans cette institution est suspectée. Car selon les investigations du journaliste, la seule fois que le concours direct de l’IGE était organisé de manière exceptionnelle en 1990, c’était pour permettre à ce fils de l’ancien ministre de l’intérieur sous Abdou Diouf d’accéder à cette institution.
Ne sommes-nous pas devant deux poids deux mesures ? Son seul tort serait sans doute d’être le fils de Jean Collin. Un tel traitement relève d’une approche très réductrice. Il s’agit là d’un doute méthodique qui renvoie à une vision manichéenne de la société.
La plume ou la voix du journaliste ne doivent pas être à géométrie variable au gré de ses émotions ou de ses états d’âmes. En effet, si par affection pour une personne l’on s’autorise de prendre fait et cause et même de témoigner en sa faveur, l’inimitié envers une autre personne pourrait également vous pousser à avoir une posture forcément contestable. Le devoir de vérité invoqué n’est qu’un subterfuge pour se donner une bonne conscience.
Jadis, les lignes de partage étaient plus ou moins nettes entre la presse de propagande politique et celle d’informations générales. Mais aujourd’hui, on assiste à un flou total, d’autant plus que des membres des états major politiques revendiquent la paternité d’organes de presse à vocation « d’informations générales ». Dès lors les risques de dérives sont réels et c’est la démocratie qui prend un sacré coup.
Tous les jours, les stations de radio, la presse écrite et les télévisions relayent de façon mécanique, sans le moindre recul des « informations », comme les sondages politiques ou des propos prêtés à tel acteur politique, pour ne prendre que ces deux exemples. Les revues de presse à la télé ou à la radio servant d’amplificateurs à ces « informations ». Alors que ces « informations » participent, à dessein d’une stratégie manifeste de manipulation de l’opinion.
On ne peut pas empêcher le journaliste d’exprimer son opinion politique personnelle et même partisane car il est avant tout un citoyen. Par contre, ce qui pose une question d’ordre éthique, et interpelle la morale, c’est de passer par contrebande ses opinions partisanes sous une fausse posture « d’observateur indépendant » de la scène politique. Pourtant, dans une société démocratique, la presse est un rouage essentiel du jeu démocratique. Elle peut susciter et même encadrer le débat démocratique.
Pour prétendre informer juste et vrai, il est indispensable que le journaliste se dépouille de ses intérêts partisans et se mette au dessus de la mêlée. Plus facile à dire que de mettre en pratique...
Mamour Amina Fall
Grand Diourbel
boromrandgui@yahoo.fr
En effet, l’entreprise de presse a profondément changé de sens et de forme. Elle n’est plus le monopole des professionnels de la communication. Paradoxalement, elle a tendance à la fois à se banaliser et à devenir un enjeu. En effet, si certains la prennent comme une simple officine de prestation de services. D’autres, par contre la considèrent comme un moyen de pouvoir ou d’accéder à un pouvoir. Dès lors, dans ce capharnaüm médiatique, il n’est pas surprenant de constater la crise d’identité et d’objectivité.qui sape la crédibilité de la presse. Les lignes éditoriales sont souvent adossées à des intérêts inavoués.
Même certains acteurs de la presse, longtemps réputés pour leur professionnalisme cèdent devant leurs émotions et leurs états d’âmes au risque de donner raison à l’ancien médiateur du journal Le Monde, Robert Solé, pour qui, « dans le journalisme, l’objectivité n’existe pas ». Dans une situation où l’offre ne manque pas, plus besoin de mises au point dans le même journal lorsque vous ne partagez pas le contenu d’un article vous concernant.
En effet, d’autres journaux sont là pour vous ouvrir leur espace pour des « articles » taillés sur mesure et sensés vous réhabiliter ou vous positionner. Un même personnage peut être ange ou démon selon l’organe de presse. Dans ce contexte, il n’est pas rare de voir, par exemple des journaux se dresser les uns contre les autres ou contre des citoyens tout court. Et les expressions de « cabale », « lynchage médiatique », « diabolisation », à tort ou à raison s’invitent dans le débat des média. Ce qui n’est pas tout à fait nouveau. Mais ce phénomène a pris des proportions inquiétantes. La manière réductrice dont des média rendent compte également de l’actualité sociale et politique est aussi inquiétante.
Le journaliste Latif Coulibaly nous avait habitués à des articles de haute facture, Mais nous avons été quelque peu déçus par son texte dans le dernier numéro de son journal « la gazette » sur l’affaire de la nomination controversée du mari du vérificateur général de l’IGE au sein de cette institution. En effet, quelle que soit la véracité du témoignage du journaliste sur la présupposée rigueur de l’individu concerné, une de ses vielles « connaissances à Sokone », l’article souffre d’une forte dose de subjectivisme.
L’affection manifeste de l’auteur pour le concerné fait que le texte pêche par manque de rigueur et a du mal à convaincre. Et contrairement à ce que semble suggérer le journaliste, ce qui a suscité des réactions et une certaine gêne, ce n’est pas le fait que le monsieur en question travaille sous les ordres de sa femme mais bien du fait de la conjonction d’intérêts entre les deux individus concernés. Cela, compte tenu de la position stratégique de sa femme dans le dispositif de nomination dans ce corps.
Même si, elle n’a qu’un pouvoir consultatif dans la procédure de nomination, on verrait mal, Mme le vérificateur général émettre un avis défavorable au dossier de son mari. Du reste, le journaliste note dans le même « article témoignage », « en atterrissant à l’IGE avec la bénédiction de sa femme, on croit avoir trouvé des moyens légitimes pour l’atteindre et déstabiliser son épouse » (sic).
Dans toutes les grandes démocraties une telle nomination dans un pareil scénario loin d’être ordinaire aurait suscité des réactions. L’argument du journaliste selon lequel, c’est sa tutelle qui aurait orchestré cette « cabale » à la suite d’un différend avec lui a du mal à convaincre. Rares sont aujourd’hui les hauts fonctionnaires qui ne nourrissent pas un jour le rêve d’accéder à l’IGE.
Pourtant, dans le même article, l’admission de François Collin par voie de concours dans cette institution est suspectée. Car selon les investigations du journaliste, la seule fois que le concours direct de l’IGE était organisé de manière exceptionnelle en 1990, c’était pour permettre à ce fils de l’ancien ministre de l’intérieur sous Abdou Diouf d’accéder à cette institution.
Ne sommes-nous pas devant deux poids deux mesures ? Son seul tort serait sans doute d’être le fils de Jean Collin. Un tel traitement relève d’une approche très réductrice. Il s’agit là d’un doute méthodique qui renvoie à une vision manichéenne de la société.
La plume ou la voix du journaliste ne doivent pas être à géométrie variable au gré de ses émotions ou de ses états d’âmes. En effet, si par affection pour une personne l’on s’autorise de prendre fait et cause et même de témoigner en sa faveur, l’inimitié envers une autre personne pourrait également vous pousser à avoir une posture forcément contestable. Le devoir de vérité invoqué n’est qu’un subterfuge pour se donner une bonne conscience.
Jadis, les lignes de partage étaient plus ou moins nettes entre la presse de propagande politique et celle d’informations générales. Mais aujourd’hui, on assiste à un flou total, d’autant plus que des membres des états major politiques revendiquent la paternité d’organes de presse à vocation « d’informations générales ». Dès lors les risques de dérives sont réels et c’est la démocratie qui prend un sacré coup.
Tous les jours, les stations de radio, la presse écrite et les télévisions relayent de façon mécanique, sans le moindre recul des « informations », comme les sondages politiques ou des propos prêtés à tel acteur politique, pour ne prendre que ces deux exemples. Les revues de presse à la télé ou à la radio servant d’amplificateurs à ces « informations ». Alors que ces « informations » participent, à dessein d’une stratégie manifeste de manipulation de l’opinion.
On ne peut pas empêcher le journaliste d’exprimer son opinion politique personnelle et même partisane car il est avant tout un citoyen. Par contre, ce qui pose une question d’ordre éthique, et interpelle la morale, c’est de passer par contrebande ses opinions partisanes sous une fausse posture « d’observateur indépendant » de la scène politique. Pourtant, dans une société démocratique, la presse est un rouage essentiel du jeu démocratique. Elle peut susciter et même encadrer le débat démocratique.
Pour prétendre informer juste et vrai, il est indispensable que le journaliste se dépouille de ses intérêts partisans et se mette au dessus de la mêlée. Plus facile à dire que de mettre en pratique...
Mamour Amina Fall
Grand Diourbel
boromrandgui@yahoo.fr