Mais, preuve de la délicatesse de la question, le guide religieux a renvoyé les protagonistes dos à dos, leur demandant en substance, de faire ce qui est bien pour leur pays. Pouvait-il faire mieux ? Difficile de le dire au regard de la tension actuelle dans le pays. Toujours est-il que compte tenu de son statut et de sa position, le président Wade est la personne la mieux placée pour désamorcer cette crise, éteindre le feu qui couve. Prendra-t-il la bonne décision ? De la sagesse de son attitude dépendra pourtant la stabilité de son pays. Le président sénégalais, qui se trouve donc face à sa conscience, saura-t-il entendre la voix de la raison et éviter à son pays des lendemains difficiles voire chaotiques ? Les récentes émeutes qui ont conduit au retrait de son projet fumeux de ticket présidentiel et face auxquelles Wade fils, certainement paniqué, avait en vain demandé l’intervention militaire française pour ramener le calme, en disent long sur le danger qui plane sur ce pays.
Wade, l’opposant défenseur des valeurs démocratiques, devenu président à la faveur d’une coalition, devait travailler à rassembler les Sénégalais autour de valeurs fondatrices fortes à même d’améliorer la qualité de la démocratie dans sa patrie. Mais c’était mal connaître le Pape du Sopi qui a brandi l’argument de la non-rétroactivité de la Loi fondamentale en vue de s’accorder un troisième bail. C’est facile, trop facile de manipuler une loi pour servir des intérêts personnels et de se murer ensuite dans un juridisme étroit pour en réclamer l’application. La loi n’est pas que lettre, elle est aussi esprit. Et Wade, l’avocat, le sait très bien. Seulement, il a des ambitions et imagine que le Conseil constitutionnel dont le président est, du reste, considéré proche de lui, ne constituera pas un obstacle. Et cela, ses adversaires en sont tout aussi conscients. Il faut donc, pour eux, miser sur la bataille de l’opinion. Après leur entrevue avec le khalife des Mourides, leur chemin devra les conduire vers d’autres chefs religieux.
C’est une vraie campagne. Ces démarches laissent entrevoir la crise de confiance vis-à-vis des institutions de la République dont le Conseil constitutionnel. Si cette institution bénéficiait de la crédibilité requise, l’attitude des frondeurs serait sans doute tout autre. De plus, leurs motivations ne se situent pas seulement au plan juridique. On peut jouir de la légalité sans bénéficier de la légitimité qui doit y être rattachée et, dans ce cas, il y a problème.
L’âge et l’état de santé de Wade soulèvent de nombreuses inquiétudes chez bien des Sénégalais. En effet, au cours de sa présidence, il a commis des bourdes qui, pour bien des observateurs, sont dues à son âge avancé. Physiquement aussi, il montre des signes de sénilité. La tâche de chef de l’Etat étant très harassante, exigeante, l’octogénaire Wade devrait songer à faire valoir son droit légitime à la retraite et permettre au pays de se trouver "une tête" plus fraîche. Ce, d’autant plus que nombreux de ses compatriotes ont déjà montré, à la faveur des émeutes qui ont secoué récemment le pays, leur volonté et leur impatience de voir s’opérer le changement.
Le président Wade doit tout faire pour épargner à son pays les violences postélectorales dont l’Afrique semble malheureusement détenir le secret. Mais Gorgui se laissera-t-il visiter par la sagesse, lui qui semble déterminé à briguer un troisième mandat contre vents et marées ? Rien n’est moins sûr. Un espoir tout de même : qu’une saine bataille soit livrée dans les urnes. Certainement que l’opposition pense à cette éventualité et s’y prépare, comme plan de rechange. Seulement, on espère que la sagesse reprendra le dessus et que la boulimie du pouvoir ne viendra pas ternir l’image de ce pays et de cette démocratie naguère citée en exemple.
"Le Pays"
Wade, l’opposant défenseur des valeurs démocratiques, devenu président à la faveur d’une coalition, devait travailler à rassembler les Sénégalais autour de valeurs fondatrices fortes à même d’améliorer la qualité de la démocratie dans sa patrie. Mais c’était mal connaître le Pape du Sopi qui a brandi l’argument de la non-rétroactivité de la Loi fondamentale en vue de s’accorder un troisième bail. C’est facile, trop facile de manipuler une loi pour servir des intérêts personnels et de se murer ensuite dans un juridisme étroit pour en réclamer l’application. La loi n’est pas que lettre, elle est aussi esprit. Et Wade, l’avocat, le sait très bien. Seulement, il a des ambitions et imagine que le Conseil constitutionnel dont le président est, du reste, considéré proche de lui, ne constituera pas un obstacle. Et cela, ses adversaires en sont tout aussi conscients. Il faut donc, pour eux, miser sur la bataille de l’opinion. Après leur entrevue avec le khalife des Mourides, leur chemin devra les conduire vers d’autres chefs religieux.
C’est une vraie campagne. Ces démarches laissent entrevoir la crise de confiance vis-à-vis des institutions de la République dont le Conseil constitutionnel. Si cette institution bénéficiait de la crédibilité requise, l’attitude des frondeurs serait sans doute tout autre. De plus, leurs motivations ne se situent pas seulement au plan juridique. On peut jouir de la légalité sans bénéficier de la légitimité qui doit y être rattachée et, dans ce cas, il y a problème.
L’âge et l’état de santé de Wade soulèvent de nombreuses inquiétudes chez bien des Sénégalais. En effet, au cours de sa présidence, il a commis des bourdes qui, pour bien des observateurs, sont dues à son âge avancé. Physiquement aussi, il montre des signes de sénilité. La tâche de chef de l’Etat étant très harassante, exigeante, l’octogénaire Wade devrait songer à faire valoir son droit légitime à la retraite et permettre au pays de se trouver "une tête" plus fraîche. Ce, d’autant plus que nombreux de ses compatriotes ont déjà montré, à la faveur des émeutes qui ont secoué récemment le pays, leur volonté et leur impatience de voir s’opérer le changement.
Le président Wade doit tout faire pour épargner à son pays les violences postélectorales dont l’Afrique semble malheureusement détenir le secret. Mais Gorgui se laissera-t-il visiter par la sagesse, lui qui semble déterminé à briguer un troisième mandat contre vents et marées ? Rien n’est moins sûr. Un espoir tout de même : qu’une saine bataille soit livrée dans les urnes. Certainement que l’opposition pense à cette éventualité et s’y prépare, comme plan de rechange. Seulement, on espère que la sagesse reprendra le dessus et que la boulimie du pouvoir ne viendra pas ternir l’image de ce pays et de cette démocratie naguère citée en exemple.
"Le Pays"