On dit que les pervers narcissiques usent de beaucoup de patience pour attirer leurs proies. J’ai rencontré Frédéric l’été de mes 17 ans. Il en avait 21. Au départ, il ne me plaisait pas particulièrement. Mais il m’a tout de suite inspiré une grande confiance. Il sortait du lot, semblait me comprendre. Il me fascinait aussi : il parlait très bien français et donnait l’impression d’être très intelligent.
A cette époque, je me sentais fragile. Mon premier flirt venait de se tuer dans un accident de moto. J’étais en proie à de nombreuses questions existentielles.
Les deux années qui ont suivi, Frédéric m’a envoyé des dizaines de lettres. Il est progressivement devenu mon confident, mon meilleur ami, mon gourou, presque. D’ailleurs, ce que j'ai vécu ensuite s’apparente à un lavage de cerveau.
Mon entourage n’appréciait guère mon nouveau compagnon et l’influence qu'il avait sur moi. Mais plus ils me mettaient en garde, plus je me rapprochais de Frédéric.
Pour moi, il était parfait. Il me donnait l'impression de me tirer vers le haut. Et il ne cessait de répéter que grâce à moi, il avait repris goût à la vie, lui qui avait tant manqué d’affection durant son enfance.
Plus je me sentais fragile, plus j'avais besoin de lui. Pourtant, à certains moments, j’avais la sensation que quelque chose clochait. Une voix intérieure me disait de me méfier.
Mais un soir, je suis sortie avec lui et à partir de là, j'ai mis le doigt dans l'engrenage.
Avec le temps, je me suis convaincue que je l’aimais. J’ai fini par quitter ma famille et mon travail pour le suivre à Paris.
Après la naissance de notre deuxième enfant, Frédéric m’a annoncé qu’il avait signé pour un nouveau travail… en Italie. Mise devant le fait accompli – comme souvent depuis le début de notre relation -, j’ai fini par me laisser convaincre qu’il s’agissait là d’une belle opportunité.
Je me suis donc retrouvée à l’étranger avec mes deux enfants, loin de ma famille, de mes amis, de mon travail et sous l’entière dépendance de Frédéric. Dès notre arrivée en Italie, celui-ci m’a chargée du chantier de construction de notre nouvelle maison. J’étais sous pression permanente. La moindre imperfection, le moindre problème, me valait une avalanche de critiques et d’insultes de sa part, et ce, même devant les enfants.
J'attribuais à son passé difficile toutes ses phrases dures, ses ordres, ses insultes. Ses coups aussi. Tout comme son aversion pour les fêtes – il ne voulait pas célébrer nos anniversaires, ni Noël – ou encore sa répulsion envers les gestes tendres