Les milliards de Habré. La farine. Le sucre. Le Cio. Etc. Et un seul chef d’orchestre : Mamadou Diagna Ndiaye.
Quasiment, tous les mois, tous les prétextes sont exploités pour paralyser le fonctionnement de ce pays, ajouter à l’agacement des Sénégalais à qui nous balançons en pleine figure les métastases d’un conflit entretenu par des porteurs d’intérêts particuliers, qui, autre inquiétude, conseillent ou travaillent pour l’Autorité censée défendre l’intérêt général.
Les armes des belligérants ? Très souvent nous autres journalistes ! Les munitions du combat ? L’argent dans bien des cas, le mensonge très souvent, et en permanence l’intoxication qui profite de nos carences !
Abdoul Mbaye, nous dit-on, est un affreux qu’il faut dégager, car il a blanchi l’équivalant de seize (16) milliards de francs Cfa soutirés des chambres fortes de la Banque centrale des États de l’Afrique centrale (Bceac) au Tchad par Hissène Habré, présumé être l’auteur de crimes contre l’humanité, au moment de fuir un pays qu’il avait saigné. Il y a un peu moins d’un quart de siècle. Ceci est un quart de vérité et trois quarts de mensonge. Et ils sont légion à ne pas ignorer les faits dans cette affaire.
Oui, Habré a débarqué au Sénégal avec l’équivalant de plusieurs milliards de francs Cfa dont une infime part – un milliard et quelques poussières de millions – est allée à... plusieurs banques. Pas seulement la Cbao, qui a reçu environ trois cents (300) millions de francs Cfa.
Oui, d’autres banques – deux pour être précis – toujours bien présentes au Sénégal, et qui risquent d’être «démasquées» dans la foulée du procès Hissène Habré, étaient en compétition avec la Cbao dont le Directeur général était Abdoul Mbaye, pour capter les fameux fonds Habré. Et elles ont reçu leurs parts du magot de l’ancien Président tchadien.
Quid du reste des milliards de Habré ? Il a servi à entretenir ce dernier – le train de vie d’un ancien Chef d’État n’étant pas celui d’un retraité de la Poste. Et pour mieux huiler la «teeranga» (ndlr : hospita- lité), à graisser la pâte à nombre de nos chefs religieux et coutumiers, patrons de presse, leaders politiques, à acquérir des biens dont la gestion a participé à engraisser nombre de nos notaires.
En somme, si affreux il y a, Abdoul Mbaye devrait occuper une modeste position dans la chaîne des responsabilités. Derrière Abdou Diouf, qui, agissant sur instructions de l’Élysée, accueillait un Habré indésirable chez Paul Biya, avant d’avaliser le dépôt des milliards dans des banques sénégalaises, sans le moindre barrage de la vigilante (Bceao) ?
Derrière Habib Thiam, alors Premier ministre ??Derrière Moussa Touré, ministre de l’Économie, des Finances et du Plan ?
Last but not least, derrière... Jean Claude Mimran, alors Pdg de la Cbao et patron direct de Abdoul Mbaye ??Plus sérieusement, dans cette affaire, il ne peut être question d’affreux, en ce qui concerne la Cbao, ou les autres banques, ou l’autorité politique, pour la bonne et simple raison qu’en ces débuts des années 90, n’avait pas encore été votée la fameuse loi 2004-09 pour lutter contre le blanchiment d’argent sale. Elle ne naîtra que treize années plus tard.
Mais, aujourd’hui qu’il faille liquider Abdoul Mbaye, nécessité est de procéder par «simpi» (ndlr : ciblage), pour emprunter le langage de l’arène, pour ensuite inoculer dans les esprits l’impérieuse nécessité d’établir la rétroactivité d’une loi votée en 2004, qui s’appliquerait à des faits qui remontent à 1991. Si ce n’est insulter l’intelligence des Sénégalais...
Et si l’affaire Habré, en dépit d’un matraquage dégueulant, ne prospère pas, on tente d’enfariner Abdoul Mbaye en provo quant la deuxième crise gouvernementale sous l’ère Macky Sall : la fracassante démission du ministre du Commerce, El Hadji Malick Gakou, le 13 février dernier, après le remaniement du 29 octobre 2012. Mais, comme la farine ne produit pas tout l’effet escompté – Macky Sall s’abstenant de guillotiner son Premier ministre – on active le levier du sucre, provoque l’Unacois pour installer une pénurie artificielle au seuil du Ramadan. Échec encore ! Finalement, on se convainc à user de la grosse artillerie en projetant aux Sénéga- lais le film d’une trahison contre la patrie ourdie par Abdoul Mbaye, là-bas à Lausanne, au siège du Comité international olympique (Cio). Mensonge encore.
À Libération, j’ai surpris et continue de surprendre des Sénégalais qui n’ignorent pas les liens qui unissent ma famille à Jean Claude Mimran et Mamadou Diagna Ndiaye. D’autres ont justifié, continuent de justifier la «défense de Abdoul Mbaye» parce que Libération aurait été acheté. L’explication est ailleurs.
Abdoul Mbaye m’était indifférent, nous était indifférent. Mamadou Diagna Ndiaye me l’a rendu, nous l’a rendu... sympathique.
Mais, plus sérieusement, avec cette affaire, parce que n’étant ni un affranchi ni un serf, attaché – sans prétention aucune – à l’équilibre des institutions de ce pays, affleure un fait qui m’a révulsé. Qu’un seul homme, Mamadou Diagna Ndiaye, aussi puissant soit-il, puisse décréter que le Sé- négal et les Sénégalais – ceux-là qu’il regardait, impassible, sous les fenêtres de ses bureaux, investir la Place de l’Indépendance pour déloger Wade, s’il n’était pas aux côtés de ce dernier – doivent changer ce Premier ministre, potentielle menace aux intérêts qu’il porte. Ainsi, confrontés à la passivité de l’Autorité face à cette subversion permanente, porteuse de périls, l’on se met même à avoir la nostalgie d’un Wade sous le magistère duquel jamais pareil coup d’État permanent n’aurait prospéré.
«Dites-moi, est-ce que Abdoul Mbaye figure au Conseil d’administration de Libération», m’a lancé, il y a environ une année, un Diagna apparemment coi devant mon refus, du refus de ceux qui œuvrent à Libération, de porter son combat contre... une institution de la République. «Nous n’en avons pas de Conseil d’administration», lui ai-je rétorqué, avant de lui
poser la question de savoir en quoi ce combat participe au «Yokkutee» des Sénégalais, à leur mieux-être, à la résolution de leurs lancinantes préoccupations. J’attends toujours la réponse...?Autre question : que nous réserve demain cette subversion permanente ? Peut-être pire que ce que nous avons déjà vécu. Car, le volet du Cio nous apprend une autre chose peu rassurante : dans son combat, Diagna a un allié, une recrue de choix, «intoxiqueur», pollueur sans pareil des médias, qui a posé son premier acte public dans ce combat en promettant, le week-end dernier, Abdoul Mbaye aux enfers. Je veux parler de Souleymane Jules Diop.?Un virtuose du coup de Jarnac qui excelle dans l’art d’allumer, incognito, des bra- siers médiatiques pour ensuite proposer sa «science» pour les éteindre, et ainsi, en cas de réussite, se prévaloir du statut de sauveur auprès de son employeur. Lequel, hélas, n’est pas épargné par les coups du sicaire. En témoigne le grand meeting du Palais, lundi dernier, pensé, proposé et organisé, le week-end précédent, à l’insu de la totalité des Conseillers du Président, par Jules, qui s’est ensuite précipité devant la télé, une fois le brasier allumé, pour tenter de justifier une énorme gaffe, prenant naturellement le soin de ne pas revendiquer sa paternité.?«Ku fal Macky rek, xamal ni Marième Faye nga fal», nous apprenait Jules, en 2011. Aujourd’hui porteur de la sacoche de la Première Dame, à New York, s’il ne bouscule pas le protocole pour tenir la portière de sa voiture, comme ce fut le cas lors de la visite d’Obama à Dakar.?L’année précédente, il nous gratifiait d’un saisissant portrait de celui qui allait bouter Wade hors du pouvoir. Relisons Jules...?«L’autre jour, au cours d’une discussion, je faisais remarquer à un ami que lorsqu’une personne comme Macky Sall fonde son propre parti, ça signifie que le Sénégal est mal barré. Le Sénégal est mal barré. Parce que c’est Abdoulaye Wade qui fait et dé- fait les hommes. Véritablement, le Séné- gal est mal barré. Si Macky Sall arrive à être un leader de parti, c’est que le Sénégal est mal barré. Jamais, jamais durant toute sa vie, il n’a pensé, il ne s’est préparé psychologiquement à devenir un leader de parti. Jamais ! Aussi loin qu’il a pu imaginer son avenir, sa seule ambition se limi- tait à devenir Chef de Service à Petrosen
(ndlr : Société des pétroles du Sénégal). Abdoulaye Wade est celui qui fabrique un homme en l’espace de cinq ans en faisant de lui un Directeur général, un ministre, un Premier ministre, un Président de l’As- semblée nationale, pour ensuite décréter qu’il est un crack, le meilleur des managers, un génie. Seul Abdoulaye Wade est capable de cette performance. C’est pour- quoi il a détruit le Sénégal. Parce qu’il a fait naître dans la tête de cette personne (ndlr : Macky Sall) des ambitions dont elle n’a pas les moyens. J’y reviendrai...»
Il reviendra sur le sujet. En 2012. À 48 heures du premier tour de la Présidentielle. Au détour d’une adresse pour exiger des Sénégalais qu’ils votent Niasse. «Ce que nous devons faire. (Car) Niasse est, à n’en pas douter, dans cette multitude de candidats, le meilleur que nous puissions choisir», écrivait Jules. Puis, confessant avoir «observé (les) différents concurrents (de Niasse), revisité leur passé récent», Jules se résout à tenter un couplé gagnant. Et divine surprise, au favori – Niasse –, il flanque le tocard créé par Wade, à l’en croire : Macky. La volte- face est saisissante...
«Macky Sall est de tous (les concurrents de Niasse), celui qui correspond le mieux à l’idée que je me fais de la politique moderne. Il est sans doute le mieux organisé, le plus déterminé dans son combat contre Abdoulaye Wade, celui avec qui j’ai la plus grande correspondance de vues concernant la façon de conduire la lutte pour le départ du président sortant. Il a, je trouve, une qualité qui manque aux hommes de sa génération et qui est essentielle chez un leader, l’humilité et la capacité d’écoute. Il a entamé ces dernières années un travail remarquable qui ferait qu’il mériterait de devenir président de la République, avec une constance qui lui vaut mon admiration. Si je ne votais pas Niasse, sans doute l’aurais-je choisi. Ce sont des aspects de sa personnalité passée qui me préoccupent encore, sans que je sache vraiment s’il s’en est distingué. Et c’est ce qui justifie toutes mes réserves le concernant. Mais il est, contrairement au procès qu’on veut lui faire, le plus déterminé, le mieux organisé dans le combat contre Abdoulaye Wade, le moins sujet au mensonge et aux retournements de dernière minute. Pour tout dire Moustapha Niasse est le plus rassurant et le mieux placé pour diriger le Séné- gal pendant ces périodes d’incertitude. Il est aussi, du fait de son encrage dans la social-démocratie, dans les valeurs fonda- mentales de justice sociale, d’égalité et de solidarité envers les plus démunis, celui qui m’est le plus proche (...)»?Peut-être bien que Macky Sall aime les affreux. Mais, dans un système qui émane du peuple, par le peuple et pour le peuple, si le garant de l’intérêt général est entouré par ceux dont la mission est de sauvegarder des intérêts particuliers – par tous les moyens nécessaires – au détriment de l’intérêt de tous, aidés par un Raspoutine aux petits pieds stimulé par un bicéphalisme qui aurait cour au sommet, alors chaque citoyen est fondé à avoir peur. Et à exiger de l’Autorité qu’elle le rassure.
Yaxam Codou Ndendé Mbaye
Quasiment, tous les mois, tous les prétextes sont exploités pour paralyser le fonctionnement de ce pays, ajouter à l’agacement des Sénégalais à qui nous balançons en pleine figure les métastases d’un conflit entretenu par des porteurs d’intérêts particuliers, qui, autre inquiétude, conseillent ou travaillent pour l’Autorité censée défendre l’intérêt général.
Les armes des belligérants ? Très souvent nous autres journalistes ! Les munitions du combat ? L’argent dans bien des cas, le mensonge très souvent, et en permanence l’intoxication qui profite de nos carences !
Abdoul Mbaye, nous dit-on, est un affreux qu’il faut dégager, car il a blanchi l’équivalant de seize (16) milliards de francs Cfa soutirés des chambres fortes de la Banque centrale des États de l’Afrique centrale (Bceac) au Tchad par Hissène Habré, présumé être l’auteur de crimes contre l’humanité, au moment de fuir un pays qu’il avait saigné. Il y a un peu moins d’un quart de siècle. Ceci est un quart de vérité et trois quarts de mensonge. Et ils sont légion à ne pas ignorer les faits dans cette affaire.
Oui, Habré a débarqué au Sénégal avec l’équivalant de plusieurs milliards de francs Cfa dont une infime part – un milliard et quelques poussières de millions – est allée à... plusieurs banques. Pas seulement la Cbao, qui a reçu environ trois cents (300) millions de francs Cfa.
Oui, d’autres banques – deux pour être précis – toujours bien présentes au Sénégal, et qui risquent d’être «démasquées» dans la foulée du procès Hissène Habré, étaient en compétition avec la Cbao dont le Directeur général était Abdoul Mbaye, pour capter les fameux fonds Habré. Et elles ont reçu leurs parts du magot de l’ancien Président tchadien.
Quid du reste des milliards de Habré ? Il a servi à entretenir ce dernier – le train de vie d’un ancien Chef d’État n’étant pas celui d’un retraité de la Poste. Et pour mieux huiler la «teeranga» (ndlr : hospita- lité), à graisser la pâte à nombre de nos chefs religieux et coutumiers, patrons de presse, leaders politiques, à acquérir des biens dont la gestion a participé à engraisser nombre de nos notaires.
En somme, si affreux il y a, Abdoul Mbaye devrait occuper une modeste position dans la chaîne des responsabilités. Derrière Abdou Diouf, qui, agissant sur instructions de l’Élysée, accueillait un Habré indésirable chez Paul Biya, avant d’avaliser le dépôt des milliards dans des banques sénégalaises, sans le moindre barrage de la vigilante (Bceao) ?
Derrière Habib Thiam, alors Premier ministre ??Derrière Moussa Touré, ministre de l’Économie, des Finances et du Plan ?
Last but not least, derrière... Jean Claude Mimran, alors Pdg de la Cbao et patron direct de Abdoul Mbaye ??Plus sérieusement, dans cette affaire, il ne peut être question d’affreux, en ce qui concerne la Cbao, ou les autres banques, ou l’autorité politique, pour la bonne et simple raison qu’en ces débuts des années 90, n’avait pas encore été votée la fameuse loi 2004-09 pour lutter contre le blanchiment d’argent sale. Elle ne naîtra que treize années plus tard.
Mais, aujourd’hui qu’il faille liquider Abdoul Mbaye, nécessité est de procéder par «simpi» (ndlr : ciblage), pour emprunter le langage de l’arène, pour ensuite inoculer dans les esprits l’impérieuse nécessité d’établir la rétroactivité d’une loi votée en 2004, qui s’appliquerait à des faits qui remontent à 1991. Si ce n’est insulter l’intelligence des Sénégalais...
Et si l’affaire Habré, en dépit d’un matraquage dégueulant, ne prospère pas, on tente d’enfariner Abdoul Mbaye en provo quant la deuxième crise gouvernementale sous l’ère Macky Sall : la fracassante démission du ministre du Commerce, El Hadji Malick Gakou, le 13 février dernier, après le remaniement du 29 octobre 2012. Mais, comme la farine ne produit pas tout l’effet escompté – Macky Sall s’abstenant de guillotiner son Premier ministre – on active le levier du sucre, provoque l’Unacois pour installer une pénurie artificielle au seuil du Ramadan. Échec encore ! Finalement, on se convainc à user de la grosse artillerie en projetant aux Sénéga- lais le film d’une trahison contre la patrie ourdie par Abdoul Mbaye, là-bas à Lausanne, au siège du Comité international olympique (Cio). Mensonge encore.
À Libération, j’ai surpris et continue de surprendre des Sénégalais qui n’ignorent pas les liens qui unissent ma famille à Jean Claude Mimran et Mamadou Diagna Ndiaye. D’autres ont justifié, continuent de justifier la «défense de Abdoul Mbaye» parce que Libération aurait été acheté. L’explication est ailleurs.
Abdoul Mbaye m’était indifférent, nous était indifférent. Mamadou Diagna Ndiaye me l’a rendu, nous l’a rendu... sympathique.
Mais, plus sérieusement, avec cette affaire, parce que n’étant ni un affranchi ni un serf, attaché – sans prétention aucune – à l’équilibre des institutions de ce pays, affleure un fait qui m’a révulsé. Qu’un seul homme, Mamadou Diagna Ndiaye, aussi puissant soit-il, puisse décréter que le Sé- négal et les Sénégalais – ceux-là qu’il regardait, impassible, sous les fenêtres de ses bureaux, investir la Place de l’Indépendance pour déloger Wade, s’il n’était pas aux côtés de ce dernier – doivent changer ce Premier ministre, potentielle menace aux intérêts qu’il porte. Ainsi, confrontés à la passivité de l’Autorité face à cette subversion permanente, porteuse de périls, l’on se met même à avoir la nostalgie d’un Wade sous le magistère duquel jamais pareil coup d’État permanent n’aurait prospéré.
«Dites-moi, est-ce que Abdoul Mbaye figure au Conseil d’administration de Libération», m’a lancé, il y a environ une année, un Diagna apparemment coi devant mon refus, du refus de ceux qui œuvrent à Libération, de porter son combat contre... une institution de la République. «Nous n’en avons pas de Conseil d’administration», lui ai-je rétorqué, avant de lui
poser la question de savoir en quoi ce combat participe au «Yokkutee» des Sénégalais, à leur mieux-être, à la résolution de leurs lancinantes préoccupations. J’attends toujours la réponse...?Autre question : que nous réserve demain cette subversion permanente ? Peut-être pire que ce que nous avons déjà vécu. Car, le volet du Cio nous apprend une autre chose peu rassurante : dans son combat, Diagna a un allié, une recrue de choix, «intoxiqueur», pollueur sans pareil des médias, qui a posé son premier acte public dans ce combat en promettant, le week-end dernier, Abdoul Mbaye aux enfers. Je veux parler de Souleymane Jules Diop.?Un virtuose du coup de Jarnac qui excelle dans l’art d’allumer, incognito, des bra- siers médiatiques pour ensuite proposer sa «science» pour les éteindre, et ainsi, en cas de réussite, se prévaloir du statut de sauveur auprès de son employeur. Lequel, hélas, n’est pas épargné par les coups du sicaire. En témoigne le grand meeting du Palais, lundi dernier, pensé, proposé et organisé, le week-end précédent, à l’insu de la totalité des Conseillers du Président, par Jules, qui s’est ensuite précipité devant la télé, une fois le brasier allumé, pour tenter de justifier une énorme gaffe, prenant naturellement le soin de ne pas revendiquer sa paternité.?«Ku fal Macky rek, xamal ni Marième Faye nga fal», nous apprenait Jules, en 2011. Aujourd’hui porteur de la sacoche de la Première Dame, à New York, s’il ne bouscule pas le protocole pour tenir la portière de sa voiture, comme ce fut le cas lors de la visite d’Obama à Dakar.?L’année précédente, il nous gratifiait d’un saisissant portrait de celui qui allait bouter Wade hors du pouvoir. Relisons Jules...?«L’autre jour, au cours d’une discussion, je faisais remarquer à un ami que lorsqu’une personne comme Macky Sall fonde son propre parti, ça signifie que le Sénégal est mal barré. Le Sénégal est mal barré. Parce que c’est Abdoulaye Wade qui fait et dé- fait les hommes. Véritablement, le Séné- gal est mal barré. Si Macky Sall arrive à être un leader de parti, c’est que le Sénégal est mal barré. Jamais, jamais durant toute sa vie, il n’a pensé, il ne s’est préparé psychologiquement à devenir un leader de parti. Jamais ! Aussi loin qu’il a pu imaginer son avenir, sa seule ambition se limi- tait à devenir Chef de Service à Petrosen
(ndlr : Société des pétroles du Sénégal). Abdoulaye Wade est celui qui fabrique un homme en l’espace de cinq ans en faisant de lui un Directeur général, un ministre, un Premier ministre, un Président de l’As- semblée nationale, pour ensuite décréter qu’il est un crack, le meilleur des managers, un génie. Seul Abdoulaye Wade est capable de cette performance. C’est pour- quoi il a détruit le Sénégal. Parce qu’il a fait naître dans la tête de cette personne (ndlr : Macky Sall) des ambitions dont elle n’a pas les moyens. J’y reviendrai...»
Il reviendra sur le sujet. En 2012. À 48 heures du premier tour de la Présidentielle. Au détour d’une adresse pour exiger des Sénégalais qu’ils votent Niasse. «Ce que nous devons faire. (Car) Niasse est, à n’en pas douter, dans cette multitude de candidats, le meilleur que nous puissions choisir», écrivait Jules. Puis, confessant avoir «observé (les) différents concurrents (de Niasse), revisité leur passé récent», Jules se résout à tenter un couplé gagnant. Et divine surprise, au favori – Niasse –, il flanque le tocard créé par Wade, à l’en croire : Macky. La volte- face est saisissante...
«Macky Sall est de tous (les concurrents de Niasse), celui qui correspond le mieux à l’idée que je me fais de la politique moderne. Il est sans doute le mieux organisé, le plus déterminé dans son combat contre Abdoulaye Wade, celui avec qui j’ai la plus grande correspondance de vues concernant la façon de conduire la lutte pour le départ du président sortant. Il a, je trouve, une qualité qui manque aux hommes de sa génération et qui est essentielle chez un leader, l’humilité et la capacité d’écoute. Il a entamé ces dernières années un travail remarquable qui ferait qu’il mériterait de devenir président de la République, avec une constance qui lui vaut mon admiration. Si je ne votais pas Niasse, sans doute l’aurais-je choisi. Ce sont des aspects de sa personnalité passée qui me préoccupent encore, sans que je sache vraiment s’il s’en est distingué. Et c’est ce qui justifie toutes mes réserves le concernant. Mais il est, contrairement au procès qu’on veut lui faire, le plus déterminé, le mieux organisé dans le combat contre Abdoulaye Wade, le moins sujet au mensonge et aux retournements de dernière minute. Pour tout dire Moustapha Niasse est le plus rassurant et le mieux placé pour diriger le Séné- gal pendant ces périodes d’incertitude. Il est aussi, du fait de son encrage dans la social-démocratie, dans les valeurs fonda- mentales de justice sociale, d’égalité et de solidarité envers les plus démunis, celui qui m’est le plus proche (...)»?Peut-être bien que Macky Sall aime les affreux. Mais, dans un système qui émane du peuple, par le peuple et pour le peuple, si le garant de l’intérêt général est entouré par ceux dont la mission est de sauvegarder des intérêts particuliers – par tous les moyens nécessaires – au détriment de l’intérêt de tous, aidés par un Raspoutine aux petits pieds stimulé par un bicéphalisme qui aurait cour au sommet, alors chaque citoyen est fondé à avoir peur. Et à exiger de l’Autorité qu’elle le rassure.
Yaxam Codou Ndendé Mbaye