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Moustapha Kane, secrétaire permanent du Syndicat patronal de l’industrie hôtelière au Sénégal(SPIHS) « Le conseil présidentiel sur le tourisme est une urgence »

Dans cette interview exclusive accordée à Leral,le secrétaire permanent du syndicat patronal de l’industrie hôtelière du Sénégal(SPIHS),Moustapha Kane aborde sans détours les contours de la nouvelle politique touristique nationale tout en déplorant des mesures comme la suppression de l’agence nationale de promotion touristique et la non tenue depuis longtemps d’un conseil présidentiel sur l’investissement(CPI) dans le secteur.


Rédigé par leral.net le Mardi 28 Août 2012 à 18:29 | | 0 commentaire(s)|

Moustapha Kane, secrétaire permanent du Syndicat patronal de l’industrie hôtelière au Sénégal(SPIHS) « Le conseil présidentiel sur le tourisme est une urgence »
Leral : Le Sénégal s’est récemment doté d’un nouveau régime politique. Comment le secteur privé apprécie-t-il les nouvelles orientations en matière de tourisme ?



Nous voulons dire d’emblée que depuis l’arrivée du nouveau régime plusieurs rencontres entre le gouvernement et le secteur privé se sont tenues pour voir comment relancer le secteur touristique décimé notamment par une longue période électorale. L’actuel Chef de l’Etat, Macky Sall a même rencontré le conseil national du patronat(CNP) pendant la période électorale et nous avons largement abordé les questions du tourisme national. Il faut aujourd’hui un régime incitatif avec à la clé des investissements massifs. C’est vrai que dès sa prise de fonction, nous avons rencontré notre ministre de tutelle Youssou Ndour et on avait beaucoup parlé de la relance de la destination Sénégal dans le cadre d’une vaste concertation « Disso » mais il faut reconnaître que les nouvelles mesures envisagées depuis quelque temps ne poussent guère à l’optimisme. Il y’a d’abord eu la suppression de l’agence nationale de promotion touristique(ANPT).Ce qui a eu le don d’inquiéter les professionnels qui savent que c’est un outil indispensable de promotion de la destination Sénégal. L’autre inquiétude est liée à la création d’une direction chargée de la promotion touristique en lieu et place de l’ANPT.C’est un recul de 20 ans eu égard aux lourdeurs administratives que cela va entraîner. Nous avons appris que le ministère cherche à mettre en place un comité de gestion du fonds de promotion touristique .C’est un danger pour la destination que de centraliser les actions de promotion au sein de l’administration. Ce serait surtout une remise en cause du partenariat déjà noué entre l’Etat, le secteur privé et les partenaires stratégiques situés sur les marchés émetteurs du tourisme. Il s’agit des tours opérateurs, des agences de voyage et de communication, etc. Il nous faut vraiment une structure flexible et respectueuse des standards internationaux en matière de gestion, une structure dynamique et non statique. Nous demandons à l’Etat de maintenir l’ANPT comme structure de promotion touristique et le doter de moyens financiers et de ressources humaines de qualité. Il faut aussi procéder à une refonte des textes pour une amélioration de la gestion quotidienne de cette agence .S’il y’a eu des fautes de gestion avérées dans la gestion de l’ANPT, l’Etat doit prendre ses responsabilités.



Leral : Quels sont les signes les plus visibles de cette dégradation du secteur ?



Nous sommes à quelques semaines du salon international de tourisme de Deauville(France) Top Reza (18 au 21 septembre 2012) et actuellement il n’y a aucune visibilité de la destination Sénégal. Notre pays avait annuellement l’habitude de participer à une vingtaine de foires et de salons à travers le monde. Ce qui n’est point le cas cette année. La destination est mal vendue et cette cassure risque d’entraîner un recul de 10 ans du secteur avec des conséquences néfastes sur les emplois et le taux de fréquentation. A l’issue du dernier conseil interministériel sur le tourisme, des mesures fortes attendes comme la baisse drastique des taxes aéroportuaires n’ont pas été prises. Vous savez, cela risque de rendre davantage non compétitive la destination Sénégal et de détourner la clientèle vers des destinations concurrentes comme le Maghreb ou le Cap-Vert.



Leral : Quelles sont les mesures d’urgence que l’Etat doit prendre pour sauver le tourisme ?



Nous appelons à une concertation franche et diligente pour créer les conditions d’une relance véritable du secteur d’autant que la saison touristique va bientôt démarrer. Nous espérons aussi que l’actuel Président Macky Sall ne fera pas moins que ses prédécesseurs pour une bonne tenue du secteur. Aujourd’hui plusieurs menaces pèsent sur le produit balnéaire, principale richesse touristique car il n’ay pratiquement plus de plages. De son côté, la Casamance est confrontée à une insécurité grandissante et à un énorme problème lié à la desserte aerienne.La piste d’atterrissage du Cap-Skirring n’est pas fonctionnelle. L’urgence réside d’ailleurs dans l’organisation dans les meilleurs délais d’un conseil présidentiel sur le tourisme(CPI) pour la proposition de solutions durables.

Leral : L’actualité est marquée par la polémique entre le ministère du tourisme et un de vos éminents membres, Mamadou Racine Sy au sujet du contrôle et de la gestion de l’Hôtel Kinf Fahd, fleuron du tourisme national. Quelle est votre analyse de la situation ?

Nous apportons notre soutien au Président racine SY, qui est un Sénégalais qui croit aux valeurs du tourisme et qui a beaucoup œuvré pour le développement de cette activité au niveau national et communautaire. Nous réaffirmons l'option de la préférence nationale comme c'est le cas dans d'autres pays comme le Burkina faso, le Mali, tout en conseillant une ouverture dans le cadre de joint-venture avec les Multinationales. Et c'est ce que nous retenons de la vision déclinée par Macky sall alors (candidat) à l'endroit de son secteur Privé national, lors de son face à face avec le CNP lors des dernières présidentielles et qu'il vient de réaffirmer récemment à Kaolack en tant que Chef de l'Etat, à l'occasion du Conseil des ministres délocalisée. C'est pourquoi nous en appelons à une grande sérénité dans la gestion de ce dossier et une bonne concertation entre l'Etat et les Administrateurs de la Société Hôtelière Africaine, (SHA-Soleil d'Afrique).Pour terminer, nous recommandons à l'Etat du Sénégal de faciliter l'accès des sénégalais dans les grands investissements touristiques notamment en ce qui concerne le volet lié à l'accès aux terres. Ce qui n'est malheureusement pas le cas aujourd'hui et c'est par là que nous arriverons à bâtir un secteur privé touristique fort et respecté.

( Les News )