LERAL.NET : Comment êtes-vous passé de reporter de football à reporter de lutte ?
Je suis venu à la Rts en tant que reporter sportif. Dans un premier temps, je m’étais orienté vers le foot. A cet effet, j’ai été l’envoyé spécial de la Rts à la Coupe d’Afrique en Egypte, au Ghana…j’ai accompagné l’équipe nationale dans pas mal d’expéditions. Néanmoins, je n’étais pas indifférent à la lutte et je suivais de près ce que faisaient Samba Mangane et Omar Dia. Mais à un certain moment, El Hadji Mansour Mbaye n’avait plus la force physique pour faire le direct des combats, Omar Dia est parti à la retraite, Samba Mangane affecté en France par le ministère des Affaires étrangères…c’est dans ces circonstance que j’ai été poussé au devant de la scène. Avec le concours d’El Hadji Mansour Mbaye qui a intercédé en ma faveur auprès de Babacar Diagne pour que je reprenne le flambeau. Au début, je dois avouer que c’était dur dans la mesure où la lutte constitue un milieu où l’on ne se fait pas de cadeaux. Je devais m’imposer. Tout en restant humble quand même. Mais avec le temps, je suis parvenu à gagner ma place.
LERAL.NET : Les difficultés que vous avez rencontrées n’étaient-elles pas liées au fait que vous n’apparteniez pas à la caste des griots comme le plupart des chroniqueurs de lutte ?
Effectivement. Les gens ont mis du temps pour s’habituer à mon style. Et il faut reconnaître que c’est un milieu où on note une kyrielle de communicateurs traditionnels qui sont tous des griots. Donc il me fallait leur emprunter ce « griotisme » sans verser dans le larbinisme même si au début ce n’était pas évident pour le noble doublé d’un intellectuel que je suis. Ce n’était pas le seul obstacle auquel je devais faire face. Il faut y ajouter mon jeune âge car les confrères que j’ai trouvés dans le milieu étaient plus âgés que moi. Mais je me suis battu et comme je maîtrisais le Wolof (langue la plus parlée au Sénégal), je suis originaire de Ngaye (Contrée se trouvant dans la région de Thiès, à quelques kilomètres de la ville religieuse de Tivaouane), j’ai pu imposer mon propre style.
LERAL.NET : N’avez-vous pas été victime de pratiques mystiques de la part de ces communicateurs traditionnels que vous avez trouvé dans l’arène ?
(Un peu gêné) Non. Franchement, j’avoue que ces choses ne m’ont jamais traversé l’esprit dans la mesure où je crois en une seule chose : la compétence. Quand je venais à la lutte, je me suis dit que je devais réussir. Je l’ai pris comme un challenge. Je ne souhaite de mal à personne car je n’ai pas été éduqué ainsi. Par conséquent, ce vœu de paix que je nourris pour tout le monde fait que personne ne peut m’atteindre mystiquement. Et avant de quitter ce bas monde, ma mère a toujours prié pour moi. Ce qui m’a galvanisé. Et je fais mon travail dans la sérénité. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’avant de me rendre à l’arène, je fais mes ablutions et quelques prières.
LERAL.NET : Quels rapports entretenez-vous avec les reporters de l’arène ?
(Catégorique) De bonnes relations ! Je me suis toujours comporté comme le benjamin de la classe. Mon leitmotiv est la modestie. De ce fait, je ne peux qu’entretenir de bonnes relations avec tous les reporters que j’ai trouvés dans le milieu. De Bécaye Mbaye à Khadim Samb en passant par Lamine Thiam Dogo sans oublier mon frère Lamine Samba. D’ailleurs, avec ce dernier j’entretiens de relations exceptionnelles car après chaque combat je m’engouffre dans son véhicule et il me dépose chez moi. Cependant, sur le terrain, on ne se fait pas de cadeaux. Mais tout dans les règles de l’art. On est certes des concurrents mais pas des ennemis. Que chacun fasse ce qu’il a à faire et laissons le soin au public de juger !
LERAL.NET : Et avec les lutteurs, comment ça se passe ?
(Enthousiaste) c’est une question à laquelle je me ferai le plaisir de répondre. C’est une confiance très forte qui me lie avec les lutteurs. Allez demander à tous les lutteurs, ils vous diront que je n’ai pas de parti pris dans l’arène.
LERAL.NET : Vous insinuez que des reporters de lutte ont un penchant pour untel lutteur ou un autre ?
C’est possible. Beaucoup de reporters ont cette étiquette collée à la peau. Je ne vais pas donner de noms mais certains de mes confrères n’arrivent pas à faire le discernement ou prendre de la hauteur pour mettre sur le même pied d’égalité tous les lutteurs. Heureusement, j’ai réussi à me départir de ce cercle là. Et les lutteurs ne manquent pas de me le signaler. Par conséquent, ils me parlent de leurs problèmes, et si j’ai un conseil à leur donner, je n’hésite pas.
LERAL.NET : Quels sont les lutteurs qui sollicitent le plus les conseils de Malick Ndiandoum ?
Ils sont légion (il se répète). Par exemple, Bombardier (Serigne Dia, lutteur Mbourrois) ne fait rien sans m’appeler. D’ailleurs, il m’appelle « mon frère ou mon ami ». Et Dieu a fait qu’il voit toujours les retombées de mes conseils. Mais avant cela, il avait fait fi d’un des conseils que je lui avais donnés et il a vu les conséquences. Il s’est rendu compte qu’il a eu tort de ne pas m’avoir écouté et me l’a dit tout en promettant à l’avenir de me consulter avant d’entreprendre quoi que ce soit.
LERAL.NET : Quel conseil avez-vous lui donné et qu’il n’a pas suivi à la lettre ?
Vous savez, un lutteur doit gérer son image. Et doit mettre en marche une opération de charme pour bien vendre son image. Il fut une période, Bombardier ne pouvait pas trouver un adversaire. Dans cette même période, il a reçu la visite d’une chaîne de télévision qui l’a pris en reportage. Il a dévoilé toute sa forme dans ce reportage. Après avoir vu les images, je l’ai appelé pour lui dire « mbeur, la forme que t’as affichée dans le reportage que je viens de suivre te sera défavorable dans ta recherche d’adversaires. Si tu ne fais pas attention, tu feras année blanche ». Effectivement, il n’a pas eu d’adversaire cette année. Quelques temps, il m’appelle pour m’apprendre qu’il doit en découdre avec Thieck mais qu’il ne voulait pas le faire avec le cachet qu’on lui avait proposé. Je lui ai rétorqué qu’il devait prendre ce combat quitte à payer le cachet de son adversaire. Il a donné suite à ma requête et sa carrière a repris son envol d’antan. Tyson (Mouhamed Ndao, lutteur originaire de Kaolack et tête de file de l’écurie Boul Falé) est aussi un ami avec qui j’ai discuté dans divers endroits. J’en fais de même avec Balla Gaye 2, Yékini…de sorte que tous les lutteurs me portent une grande estime.
LERAL.NET : Comment Malick Thiandoum vit sa célébrité ?
Non ! Moi je connais mes origines et la célébrité ne peut me donner des ailes. Certes, ce n’est pas donné à tous d’être dans un médium telle que la Rts, de surcroît être exposé comme je le suis dans l’arène et avoir les pieds sur terre. Mais je vous rappelle que je suis d’origine très modeste. Et je prends toujours le temps de répondre aux sollicitations de ceux que je rencontre dans la rue. Je passe beaucoup de temps avec les enfants. Car, il faut savoir rendre aux admirateurs l’affection qu’ils nous portent. Et il ne faut pas oublier que tout ceci est éphémère. Avant moi, des sénégalais ont occupé ce poste. Où sont-ils maintenant ? Je m’en irai comme ces derniers. Et d’autres viendront après moi. Par contre, cette notoriété a fait que je ne peux plus emprunter les cars « Ndiaga NDIAYE » (bus de transport urbain) tendis que je ne suis pas véhiculé. Je suis obligé de héler des taxis à longueur de journée. Je dépense au moins 5 000 F Cfa par jour rien que pour mon transport.
LERAL.NET : Mais vos amis lutteurs et les hommes d’affaires ne vous viennent-ils pas en aide ?
Ils ne m’ont jamais dépanné. Si c’était le cas, je disposerai au moins d’une bicyclette. Mais ce n’est pas le cas.
LERAL.NET : N’est-ce pas un appel du pied que vous êtes en train de faire…
(Il coupe) Non, pas du tout. Je n’ai jamais tendu la main à qui que ce soit et je ne le ferai jamais. Je ne crois qu’à la sueur de mon front. Mais je voulais dire que le travail que je fais exige que je dispose au moins d’un moyen de locomotion. Je suis convaincu que la lutte a renfloué les caisses de la Rts mais cela ne s’est pas répercuté sur mon salaire. J’ai toujours le même salaire alors que j’abats un travail reconnu par tout le monde. La Rts avait perdu beaucoup de terrain mais j’ai sué sang et eau pour que la télévision nationale reprenne sa place d’antan dans la lutte.
LERAL.NET : N’est-il temps que la direction de la Rts revoie vos conditions de travail et de survie ?
Je ne demande rien à la Direction ! C’est à ceux de voir combien je vaux et de me mettre dans de bonnes conditions d’autant plus qu’ils m’ont propulsé à ce niveau. Ils devaient au moins me remettre un véhicule de service parce qu’il faut savoir que tous les confrères que je croise dans l’arène ne se plaignent pas à ce niveau. Et le pire, c’est que lors des grands événements, aucun véhicule de la Rts ne vient me chercher chez moi pour m’emmener au stade. Je prends un taxi à l’aller comme au retour alors que je ne devais pas le faire. C’est la Rts qui devait le faire. C’est des frustrations que j’ai toujours gardées en faisant mon travail dans le plus grand professionnalisme tout en sachant que je n’appartiens plus à la Rts1 mais à tout un peuple. Et je ne dois pas décevoir tous ces sénégalais qui m’appellent pour m’encourager et me témoignent leur admiration. D’ailleurs, de temps en temps je reçois la visite d’admirateurs qui m’offrent des cadeaux. Tout récemment, un sénégalais est venu de France, après avoir rendu visite à ses parents qui sont à Tambacounda, il a tenu à me rencontrer le jour où il devait rentrer en France. Il est venu à la Rts et a dit tout ce qu’il avait dans le cœur avant de me remettre un stylo en or 18 kara. Et il l’a fait de manière désintéressée. Pas plus tard qu’hier Un autre m’a remis un diplôme symbolique pour dit-il, l’excellent travail que j’abats au niveau de la Rts. C’est des marques de reconnaissance qui me poussent à persévérer dans ce que je fais.
LERAL.NET : Malick Thiandoum a-t-il tapé dans l’œil des autres chaînes de télévisions privées ?
Pas pour le moment. Mais je me sens bien à la Rts et je suis bien dans ce que je fais. Je n’ai pas la tête ailleurs. Cependant, je ne compte pas m’éterniser dans les reportages de lutte. Je dois monter ma propre structure de communication pour vivre véritablement de mon art : la com’. Le temps où le journaliste attend la fin du mois pour recevoir son pécule est révolu. Il faut penser à investir d’autres champs pour avoir d’autres sources de revenus. Et je pense avoir l’aura. Donc, pourquoi pas l’exploiter à bon escient ?
A suivre…
Réalisé par Abdou K. Cissé
Je suis venu à la Rts en tant que reporter sportif. Dans un premier temps, je m’étais orienté vers le foot. A cet effet, j’ai été l’envoyé spécial de la Rts à la Coupe d’Afrique en Egypte, au Ghana…j’ai accompagné l’équipe nationale dans pas mal d’expéditions. Néanmoins, je n’étais pas indifférent à la lutte et je suivais de près ce que faisaient Samba Mangane et Omar Dia. Mais à un certain moment, El Hadji Mansour Mbaye n’avait plus la force physique pour faire le direct des combats, Omar Dia est parti à la retraite, Samba Mangane affecté en France par le ministère des Affaires étrangères…c’est dans ces circonstance que j’ai été poussé au devant de la scène. Avec le concours d’El Hadji Mansour Mbaye qui a intercédé en ma faveur auprès de Babacar Diagne pour que je reprenne le flambeau. Au début, je dois avouer que c’était dur dans la mesure où la lutte constitue un milieu où l’on ne se fait pas de cadeaux. Je devais m’imposer. Tout en restant humble quand même. Mais avec le temps, je suis parvenu à gagner ma place.
LERAL.NET : Les difficultés que vous avez rencontrées n’étaient-elles pas liées au fait que vous n’apparteniez pas à la caste des griots comme le plupart des chroniqueurs de lutte ?
Effectivement. Les gens ont mis du temps pour s’habituer à mon style. Et il faut reconnaître que c’est un milieu où on note une kyrielle de communicateurs traditionnels qui sont tous des griots. Donc il me fallait leur emprunter ce « griotisme » sans verser dans le larbinisme même si au début ce n’était pas évident pour le noble doublé d’un intellectuel que je suis. Ce n’était pas le seul obstacle auquel je devais faire face. Il faut y ajouter mon jeune âge car les confrères que j’ai trouvés dans le milieu étaient plus âgés que moi. Mais je me suis battu et comme je maîtrisais le Wolof (langue la plus parlée au Sénégal), je suis originaire de Ngaye (Contrée se trouvant dans la région de Thiès, à quelques kilomètres de la ville religieuse de Tivaouane), j’ai pu imposer mon propre style.
LERAL.NET : N’avez-vous pas été victime de pratiques mystiques de la part de ces communicateurs traditionnels que vous avez trouvé dans l’arène ?
(Un peu gêné) Non. Franchement, j’avoue que ces choses ne m’ont jamais traversé l’esprit dans la mesure où je crois en une seule chose : la compétence. Quand je venais à la lutte, je me suis dit que je devais réussir. Je l’ai pris comme un challenge. Je ne souhaite de mal à personne car je n’ai pas été éduqué ainsi. Par conséquent, ce vœu de paix que je nourris pour tout le monde fait que personne ne peut m’atteindre mystiquement. Et avant de quitter ce bas monde, ma mère a toujours prié pour moi. Ce qui m’a galvanisé. Et je fais mon travail dans la sérénité. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’avant de me rendre à l’arène, je fais mes ablutions et quelques prières.
LERAL.NET : Quels rapports entretenez-vous avec les reporters de l’arène ?
(Catégorique) De bonnes relations ! Je me suis toujours comporté comme le benjamin de la classe. Mon leitmotiv est la modestie. De ce fait, je ne peux qu’entretenir de bonnes relations avec tous les reporters que j’ai trouvés dans le milieu. De Bécaye Mbaye à Khadim Samb en passant par Lamine Thiam Dogo sans oublier mon frère Lamine Samba. D’ailleurs, avec ce dernier j’entretiens de relations exceptionnelles car après chaque combat je m’engouffre dans son véhicule et il me dépose chez moi. Cependant, sur le terrain, on ne se fait pas de cadeaux. Mais tout dans les règles de l’art. On est certes des concurrents mais pas des ennemis. Que chacun fasse ce qu’il a à faire et laissons le soin au public de juger !
LERAL.NET : Et avec les lutteurs, comment ça se passe ?
(Enthousiaste) c’est une question à laquelle je me ferai le plaisir de répondre. C’est une confiance très forte qui me lie avec les lutteurs. Allez demander à tous les lutteurs, ils vous diront que je n’ai pas de parti pris dans l’arène.
LERAL.NET : Vous insinuez que des reporters de lutte ont un penchant pour untel lutteur ou un autre ?
C’est possible. Beaucoup de reporters ont cette étiquette collée à la peau. Je ne vais pas donner de noms mais certains de mes confrères n’arrivent pas à faire le discernement ou prendre de la hauteur pour mettre sur le même pied d’égalité tous les lutteurs. Heureusement, j’ai réussi à me départir de ce cercle là. Et les lutteurs ne manquent pas de me le signaler. Par conséquent, ils me parlent de leurs problèmes, et si j’ai un conseil à leur donner, je n’hésite pas.
LERAL.NET : Quels sont les lutteurs qui sollicitent le plus les conseils de Malick Ndiandoum ?
Ils sont légion (il se répète). Par exemple, Bombardier (Serigne Dia, lutteur Mbourrois) ne fait rien sans m’appeler. D’ailleurs, il m’appelle « mon frère ou mon ami ». Et Dieu a fait qu’il voit toujours les retombées de mes conseils. Mais avant cela, il avait fait fi d’un des conseils que je lui avais donnés et il a vu les conséquences. Il s’est rendu compte qu’il a eu tort de ne pas m’avoir écouté et me l’a dit tout en promettant à l’avenir de me consulter avant d’entreprendre quoi que ce soit.
LERAL.NET : Quel conseil avez-vous lui donné et qu’il n’a pas suivi à la lettre ?
Vous savez, un lutteur doit gérer son image. Et doit mettre en marche une opération de charme pour bien vendre son image. Il fut une période, Bombardier ne pouvait pas trouver un adversaire. Dans cette même période, il a reçu la visite d’une chaîne de télévision qui l’a pris en reportage. Il a dévoilé toute sa forme dans ce reportage. Après avoir vu les images, je l’ai appelé pour lui dire « mbeur, la forme que t’as affichée dans le reportage que je viens de suivre te sera défavorable dans ta recherche d’adversaires. Si tu ne fais pas attention, tu feras année blanche ». Effectivement, il n’a pas eu d’adversaire cette année. Quelques temps, il m’appelle pour m’apprendre qu’il doit en découdre avec Thieck mais qu’il ne voulait pas le faire avec le cachet qu’on lui avait proposé. Je lui ai rétorqué qu’il devait prendre ce combat quitte à payer le cachet de son adversaire. Il a donné suite à ma requête et sa carrière a repris son envol d’antan. Tyson (Mouhamed Ndao, lutteur originaire de Kaolack et tête de file de l’écurie Boul Falé) est aussi un ami avec qui j’ai discuté dans divers endroits. J’en fais de même avec Balla Gaye 2, Yékini…de sorte que tous les lutteurs me portent une grande estime.
LERAL.NET : Comment Malick Thiandoum vit sa célébrité ?
Non ! Moi je connais mes origines et la célébrité ne peut me donner des ailes. Certes, ce n’est pas donné à tous d’être dans un médium telle que la Rts, de surcroît être exposé comme je le suis dans l’arène et avoir les pieds sur terre. Mais je vous rappelle que je suis d’origine très modeste. Et je prends toujours le temps de répondre aux sollicitations de ceux que je rencontre dans la rue. Je passe beaucoup de temps avec les enfants. Car, il faut savoir rendre aux admirateurs l’affection qu’ils nous portent. Et il ne faut pas oublier que tout ceci est éphémère. Avant moi, des sénégalais ont occupé ce poste. Où sont-ils maintenant ? Je m’en irai comme ces derniers. Et d’autres viendront après moi. Par contre, cette notoriété a fait que je ne peux plus emprunter les cars « Ndiaga NDIAYE » (bus de transport urbain) tendis que je ne suis pas véhiculé. Je suis obligé de héler des taxis à longueur de journée. Je dépense au moins 5 000 F Cfa par jour rien que pour mon transport.
LERAL.NET : Mais vos amis lutteurs et les hommes d’affaires ne vous viennent-ils pas en aide ?
Ils ne m’ont jamais dépanné. Si c’était le cas, je disposerai au moins d’une bicyclette. Mais ce n’est pas le cas.
LERAL.NET : N’est-ce pas un appel du pied que vous êtes en train de faire…
(Il coupe) Non, pas du tout. Je n’ai jamais tendu la main à qui que ce soit et je ne le ferai jamais. Je ne crois qu’à la sueur de mon front. Mais je voulais dire que le travail que je fais exige que je dispose au moins d’un moyen de locomotion. Je suis convaincu que la lutte a renfloué les caisses de la Rts mais cela ne s’est pas répercuté sur mon salaire. J’ai toujours le même salaire alors que j’abats un travail reconnu par tout le monde. La Rts avait perdu beaucoup de terrain mais j’ai sué sang et eau pour que la télévision nationale reprenne sa place d’antan dans la lutte.
LERAL.NET : N’est-il temps que la direction de la Rts revoie vos conditions de travail et de survie ?
Je ne demande rien à la Direction ! C’est à ceux de voir combien je vaux et de me mettre dans de bonnes conditions d’autant plus qu’ils m’ont propulsé à ce niveau. Ils devaient au moins me remettre un véhicule de service parce qu’il faut savoir que tous les confrères que je croise dans l’arène ne se plaignent pas à ce niveau. Et le pire, c’est que lors des grands événements, aucun véhicule de la Rts ne vient me chercher chez moi pour m’emmener au stade. Je prends un taxi à l’aller comme au retour alors que je ne devais pas le faire. C’est la Rts qui devait le faire. C’est des frustrations que j’ai toujours gardées en faisant mon travail dans le plus grand professionnalisme tout en sachant que je n’appartiens plus à la Rts1 mais à tout un peuple. Et je ne dois pas décevoir tous ces sénégalais qui m’appellent pour m’encourager et me témoignent leur admiration. D’ailleurs, de temps en temps je reçois la visite d’admirateurs qui m’offrent des cadeaux. Tout récemment, un sénégalais est venu de France, après avoir rendu visite à ses parents qui sont à Tambacounda, il a tenu à me rencontrer le jour où il devait rentrer en France. Il est venu à la Rts et a dit tout ce qu’il avait dans le cœur avant de me remettre un stylo en or 18 kara. Et il l’a fait de manière désintéressée. Pas plus tard qu’hier Un autre m’a remis un diplôme symbolique pour dit-il, l’excellent travail que j’abats au niveau de la Rts. C’est des marques de reconnaissance qui me poussent à persévérer dans ce que je fais.
LERAL.NET : Malick Thiandoum a-t-il tapé dans l’œil des autres chaînes de télévisions privées ?
Pas pour le moment. Mais je me sens bien à la Rts et je suis bien dans ce que je fais. Je n’ai pas la tête ailleurs. Cependant, je ne compte pas m’éterniser dans les reportages de lutte. Je dois monter ma propre structure de communication pour vivre véritablement de mon art : la com’. Le temps où le journaliste attend la fin du mois pour recevoir son pécule est révolu. Il faut penser à investir d’autres champs pour avoir d’autres sources de revenus. Et je pense avoir l’aura. Donc, pourquoi pas l’exploiter à bon escient ?
A suivre…
Réalisé par Abdou K. Cissé