Le chanteur, arraché à l’affection des siens à la suite d’un malaise, avait choisi de se retirer dans cette commune du département de Kolda, après plusieurs années passées à l’étranger. Il disait vouloir ainsi être mieux en contact avec la tradition, pour se ressourcer loin du vacarme des villes.
‘’J’ai choisi de m’installer au village et vous savez que j’adore la nature, mais surtout, c’est pour puiser dans nos sources, car je travaille à promouvoir la culture peul à travers la musique. Ici à Sare Bidji, je m’inspire beaucoup pour aller de l’avant’’, confiait-il vendredi à l’APS.
Il avait notamment à cœur de faire de Saré Bidji un creuset du savoir culturel, où tous les artistes, dans leur diversité, se rencontreraient pour partager leurs expériences et créations. L’organisation d’un festival à Kolda est un autre projet auquel tenait également beaucoup Abdou Diop.
Il a été emporté par la grande faucheuse alors qu’il envisageait de se rendre à Dakar, après le Ramadan, pour l’enregistrement d’un album axé sur la promotion de l’environnement et dont la sortie était planifiée pour le mois de juin.
Né en 1964 à Kolda, le lead vocal du groupe ‘’Aynobé’’ (bergers) avait à son actif, deux albums et un single.
Il avait piqué le virus de la musique après son enrôlement dans l’armée sénégalaise, il y a 30 ans.
‘’En 1988, j’avais abandonné la classe de seconde pour passer dans l’armée en 1991, dans la Musique principale des forces armées, où j’ai fait les premiers pas dans la musique. Mon objectif était de sortir ma région de l’enclavement culturel, surtout chanter en pulaar’’, confiait-il à l’APS.
Le natif de Kolda démarre une carrière solo 1991, avant de fonder par la suite, le groupe ‘’Aynobé’’. Il se fait alors le porte-drapeau de la musique peulhe. Sa carrière le mène dans sept pays européens avant de décider de revenir au bercail, après quelques années à l’étranger.
Bénéficiaire en 2001 du Programme de soutien aux initiatives culturelles de l’Etat du Sénégal et de l’Union européenne, il avait enregistré son premier album à Kolda.
L’artiste, qui ne se séparait jamais du violon peul du Fouladou (riti ou nianiorou), au point d’en devenir même l’incarnation, a été inhumé ce lundi à 14 heures au cimetière de Sikilo, un quartier de la commune de Kolda, en présence d’une foule venue lui rendre un ultime hommage.