Cet homme qui nous dirige depuis le 1er avril 2 000 n’a d’yeux que pour son nombril. Il est frappé de cécité totale pour tout le reste. La continuité de l’État n’a aucun sens pour lui. Rien de surprenant pour ceux qui le connaissent et suivent pas à pas ses traces depuis qu’il est devenu président de la République du Sénégal : l’État, c’est lui.
Dès les premières pages du livre, le personnage se livre. Il parle abondamment et avec l’emphase qu’on lui connaît de ses parents, de ses grands-parents et arrière-grands-parents (pp. 11-20). Il est originaire du Gandiol, de par son ascendance paternelle. Il interroge des historiens, notamment Vincent Monteil, Boubacar Diallo1 et El Hadj amadou Sèye qui, se fondant sur les écrits des navigateurs portugais, font remonter le règne des Wade sur le Waalo-Gandiol à Mbagne Wade, deuxième brack. Ce dernier auquel il se rattache, « avait la particularité d’être extrêmement riche. Il possédait beaucoup d’or et était généreux ». Mbagne Wade fit de Ndiourbel sa capitale où « il recevait les hommages et les déclarations d’allégeance ». Sa générosité légendaire ne serait donc pas fortuite, ni même son penchant à recevoir au grand jour les actes d’allégeance de minables transhumants et autres chefs religieux cupides.
Me Wade qui poursuit son exhibition ajoute : « La légende rapporte que mes aïeux, Ma Diop, Ma Naam et Ma Sine, poussés par leurs mères en vives rivalités, tuèrent chacun un lion à la sagaie ou au sabre, sauvant ainsi l’honneur de la famille. » C’est dans cette tradition que son grand-père, Meïssa Wade, « guerrier à cheval bardé de ses fusils et de ses sabres, s’en vint, au XIXe siècle, du Gandiol au Cayor et, non loin du village de Kébémer fondé par les Kébé Kébé, tua un fauve, une panthère dit-on, qui y semait la terreur, puis s’installa là-bas ».
Il parle aussi amplement de sa grand-mère paternelle d’ethnie soninké qui « connut très bien Faidherbe » et mourut en 1947, à l’âge de 125 ans. Quant à son grand-père maternel, « d’ethnie mandingue, il était un marchand d’esclaves. On raconte qu’il avait été marabout de l’empereur Samory. Son père, roi dans ce qui est aujourd’hui le Sud de la Guinée-Bissau, eut des démêlés avec les Portugais et, au cours d’une altercation, tua l’administrateur ». Lii moo tax Me Wade wex xatt ! Ku ko wèddi nga laac taskati xibaar yi !
Notre homme s’attache donc profondément à « ces traditions guerrières et à (son) ascendance royale, contées de génération en génération par des griots de famille qui se transmettent les connaissances de père en fils ». Et il se laisse aller, concernant les griots et autres gens dits « castés », à des considérations qui donnent la chair de poule en ce début du troisième millénaire. Ainsi, assène-t-il : « De nombreux jeunes gens qui ont réussi parce qu’ils sont hauts fonctionnaires, voire ministres ou hommes d’affaires, se voient refuser leur demande de mariage, et on se fait fort de le leur rappeler – ou de leur apprendre – que dans leur ascendance ils comptent un griot, un tisserand, un esclave ou un esclave de griot, échelon le plus bas de la société… » C’est terrible ! Et ça le devient plus encore avec ce qui suit : « Ces choses sont encore vivaces chez les Sénégalais. Lorsqu’un griot hagiographe rappelle en public mon ascendance et les actes de gloire de mes ancêtres, je ne peux m’empêcher d’en être fier. » Ce n’est pas tout ; suivons toujours notre personnage : « Sous le sceau d’un secret qui n’en est pas un en réalité, combien de gens viennent encore me dire aujourd’hui de faire attention à untel ou untel, qui serait un griot, un esclave, un esclave de griot, un bijoutier, bref, des classes considérées comme inférieures et intouchables. » C’est énorme ! Faire attention à un compatriote, le fuir comme la peste, parce qu’il serait simplement griot, bijoutier, cordonnier ou autre !
Á supposer que cet homme soit véritablement d’ascendance royale, croit-il vraiment que ce qu’il y a de meilleur chez l’homme ou chez la femme se mesure à la naissance ? Les faits nous montrent en tout cas le contraire, depuis le 1er avril 2 000 au moins. C’est ce que j’ai tenté d’illustrer aux pages 117-118 de mon livre « Me Wade et l’Alternance : le rêve brisé du Sopi » (février 2 004). J’y faisais remarquer ce qui suit : « Sous le gouvernement de l’alternance, nous assistons à une sorte de renversement des valeurs établies. Ce sera là d’ailleurs l’un des rares aspects positifs de l’alternance qui nous a révélés à nous-mêmes. Nous avions jusqu’ici la fâcheuse habitude de dire d’un Sénégalais ou d’une Sénégalaise, quand on lui prêtait certains actes ou certains propos : "Ce n’est pas surprenant, c’est tout à fait normal, car c’est un ceci, c’est un cela, c’est plus exactement un (e) casté (e)". Comme si ces compatriotes-là n’avaient cure de l’honneur et de la dignité. » Et je poursuivais : « L’alternance nous a révélé une autre réalité : le comportement d’un homme ou d’une femme n’est lié à une quelconque naissance de Massamba ou de Madjiguène. N’est-ce pas le célèbre gawlo qui chantait cette vérité : "Jùddu ndey ak baay, waande jaloore boroom" ? En d’autres termes, le mérite, la réussite et le succès tiennent plus des efforts propres de l’individu que de la seule naissance. Ce qui est fondamental donc chez l’homme ou chez la femme, c’est moins le yax bu rëy ou le sang princier dont il (elle) peut se réclamer, que le comportement digne et honorable qu’on lui connaît en toutes circonstances. C’est le ngor qui doit inspirer tous ses actes, tous ses propos. » Et j’ajoutais, à la page 119 : « Le baobab peut bien donner naissance à des épines et, peut-être, inversement. »
Nous connaissons autour de nous des compatriotes dits « castés » bien plus dignes que nombres d’autres d’ascendance dite royale qui gravitent autour de Me Wade et s’aplatissent sans vergogne à ses pieds. Nous en connaissons de ces dits « castés » qui ont des comportements bien plus honorables que ceux auxquels Me Wade et ses minables courtisans de la Cap 21 nous ont habitués depuis huit ans.
Nous savions déjà que l’homme qui nous dirige est rétif aux critiques, ce qui explique son aversion pour la presse. Nous savions aussi qu’il est avide de pouvoir et de louanges. Les premières pages de son livre nous confortent notablement dans ce constat. Et nous devons remercier sincèrement Dieu qu’il n’ait pas accédé à la magistrature suprême dès les années 80, à moins de soixante ans. Tel que nous le connaissons et nous le (re)découvre le livre, il se proclamerait sûrement président à vie ou empereur. Comme Bokassa. Me Ousmane Ngom a une fois raison quand il affirme que Me Wade se comporte en monarque. Il se comporte en monarque pur et dur, le vit intensément et nous le fait vivre tous les jours.
On se souvient de cette fameuse visite que le Khalife général des Mourides lui a récemment faite. Sermonnant sans ménagement les enfants de ce dernier dans son discours, il déclare en langue nationale wolof : « man, bimay jebblu ci sèèn baay nekk naa président de la République ba pare. Tey, maa ngeek lepp ci sama loxo, lu ma neex doggal. » Ce qui, traduit en français donne : « Quand je faisais acte d’allégeance à votre père, j’étais déjà président de la République. Aujourd’hui, j’ai entre mes mains tous les leviers du pouvoir et je décide seul de ce que bon me semble. »2 « Je décide seul de ce que bon me semble ! » Aucun monarque ne peut faire plus. Pour sûr, il aurait souhaité devenir un jour roi ou empereur. Á la page 320 de son livre, il révèle que le président malien Amadou Toumani Touré (ATT) le surnomme fraternellement « Empereur du Mali ». Même Chirac, tout au long du Sommet France Afrique de Bamako, plaisantait chaque fois en se tournant vers lui et en lui disant : « Qu’en pense l’Empereur ? » Il rapporte aussi qu’à l’occasion d’une fête anniversaire du Mali, il était l’invité d’honneur d’ATT. « Au défilé, raconte-t-il, devant tous les officiels et les invités de marque, Amadou Toumani Touré s’est levé et a pris la parole : "Président Wade, je vous sacre empereur du Mali et, de ce fait, je vous donne le pouvoir de présider le défilé." Très ému, tant la surprise était grande, je me suis levé pour prendre la parole et lui renvoyer l’ascenseur en ces termes : "Puisque je vous ai confié la direction de la province du Mali, je vous demande de présider le défilé". »
Sans doute, les deux présidents plaisantaient-ils. Le Sénégalais a cependant sûrement pris goût à cette plaisanterie. Il se sent bien dans la peau d’un empereur. On comprend mieux aujourd’hui son idée, au début de l’alternance, de « provincialiser » le pays. Cette idée, qui ne dut rien au hasard et qui fut fortement appuyée par le Pr Iba Der Thiam, fit heureusement long feu : elle fut accueillie dans l’indifférence totale et même dans la franche hostilité par la majorité des Sénégalaises et des Sénégalais.
Le lecteur découvrira que, dans le livre, Me Wade parle de son père comme presque d’un surhomme, en tout cas, tout au moins, d’un homme particulièrement doué (pp. 24-25-26). « Il avait exercé tous les métiers et, à ses heures perdues, il était même un inventeur. Il mit ainsi au point des pièges et des trappes compliqués pour rats, chacals, renards et autres prédateurs. Mais aussi des serrures sophistiquées et toutes sortes d’engins. Il était aussi bien maçon, menuisier, mécanicien que bien sûr paysan pendant l’hivernage, et en permanence chasseur d’outardes », disait-il de ce père particulièrement ingénieux. Ce même père était connu « pour avoir été l’un des trois premiers Sénégalais (sic) à posséder une automobile ». Ce n’est pas tout. « Á 80 ans, alors qu’il habitait à Dakar, il entreprit de construire une maison, un bâtiment à étage d’une solidité à toute épreuve, sans recourir à un entrepreneur ». Construire seul un bâtiment à étages à 80 ans ! Les Wade daal Yalla may na leen !
« Il avait souvent des démêlés avec le lieutenant français commissaire de Kébémer, qui devait s’appeler La Chambre ». Il arriva même à le faire muter ou rapatrier en France, avec l’aide du député du Sénégal. La Chambre visitait trop régulièrement les canaris d’eau de sa concession. Il devait être vraiment influent !
Ce même père ne refusait rien à son fils prodigieux, parfois au détriment de ses frères. « Un jour, raconte le fils préféré, mon père eut l’idée de m’habiller d’un short et d’une chemise dont il avait trouvé les patrons dans un magazine en langue française. Il avait vu dans cette revue arrivée chez nous on ne savait comment (sic) que les Blancs, en France, s’habillaient de cette façon plus pratique pour les jeunes que nos boubous et sabadors qui ne permettaient pas de courir et de jouer aisément. Il fit copier pour moi ces vêtements de coton, ce qui fit scandale dans le village (car), il n’y avait pas de doute : mon père voulait faire de moi un petit Blanc ! Je souligne que j’étais seul à m’habiller ainsi, à l’exclusion d’un camarade syrien et d’un métis libanais. Les autres, même mes frères étaient toujours en vêtements traditionnels » (p.30). Ce ne sont pas seulement ces deux vêtements qui le singularisaient d’ailleurs : il était encore le seul, dans tout le village, à posséder un dictionnaire Larousse que son père lui rapporta de Dakar (p. 32). Á lui seul, encore au détriment de ses frères.
Le jeune Wade était aussi très doué « pour apprendre le Coran et le marabout (le) sélectionnait parmi ceux qui, dans certaines cérémonies et circonstances, devaient assurer la récitation des sourates. (Ses) parents en étaient très fiers » (p. 34). Il était tout aussi doué à l’école française et, au bout de trois ans, il n’apprenait plus rien à Kébémer et était désœuvré. Il fut envoyé alors à Saint-Louis chez Madieye Sall, un instituteur qui avait dirigé l’école de Kébémer. « M. Sall tenta de me faire entrer au lycée Faidherbe (sic) ». Mais, naturellement, en vain. Suivons le reste : « M. Sall me fit alors admettre en troisième classe à l’école dont il était le directeur. » Avant la fin de l’année, il fut envoyé à Dakar, où il fut admis directement en deuxième classe à l’école primaire de la rue Thiong. « L’année suivante, conte le jeune prodige, fut celle du certificat d’études, que je passai haut la main : deuxième sur les deux cent quarante candidats de la circonscription de Dakar. Mais cette place de second fit le désespoir de mon maître, M. Sylla, ainsi que du directeur de l’école, un Français du nom de Guignard ». Deuxième sur 240, c’était quand même un rang honorable, même pour le génie qu’il était ! Revenons quand même sur son périple qui l’a mené de Kébémer à l’école de la rue Thiong ! Il lui a fallu au moins deux années supplémentaires pour décrocher le certificat d’études. Comment alors comprendre la tentative de le faire admettre, deux années auparavant, au très sérieux lycée Faidherbe de l’époque ? Quand même !
Si on poursuit la lecture du livre, on découvre une autre facette du personnage qui nous en dit très long sur ce que nous vivons aujourd’hui avec lui. Il se souvient de deux livres qu’on lui a offerts comme prix à l’école de Thiong, livres « qui correspondaient à l’époque à une inquiétude qui (le) perturbait : l’immensité de l’espace, du ciel, de l’univers ». Les livres lui ont été volés, « mais au cours des millions de kilomètres qu’(il) a parcourus en avion par la suite, (il) a constamment vécu avec ces images ». Le meilleur est à venir et c’est ceci : « Le paysage du ciel me fascine (sic). J’ai toujours rêvé de faire le tour du monde dans un engin spatial. Peut-être un jour … » Nous comprenons maintenant mieux pourquoi Me Wade passe plus de temps dans son avion qu’au Sénégal. Nous sommes édifiés sur son empressement, au début de l’alternance, à rénover l’avion de commandement à coup de milliards. Il lui fallait coûte que coûte, et dans les meilleurs délais, son palais volant et dans n’importe quelles conditions. Même dans la forfaiture.
Cette passion effrénée pour l’avion, le Premier ministre Habib Thiam l’avait déjà remarquée quand il siégeait au Gouvernement de majorité présidentielle élargie en qualité de ministre d’État sans portefeuille (1991-1992). Á la page 123 de son livre « Par Devoir et par Amitié », édition du Rocher, juin 2 001, il écrit : « Il aimait beaucoup voyager. Il aimait le faire, entouré de comme un chef d’État ou un Premier ministre. Cela coûtait extrêmement cher. »
L’homme aime donc passionnément l’avion et en use et en abuse. Il va continuer de voyager, encore voyager, toujours voyager. Il ne lui restera finalement qu’à réaliser son rêve d’enfant : se payer un voyage touristique dans un engin spatial de la Nasa. Il en a la folie et les moyens, puisqu’il est cossu comme Crésus.
Si nous poursuivons la lecture du fameux livre d’entretiens, nous découvrons que l’homme ne parle pas seulement de lui et de ses parents. Il parle aussi des autres mais, souvent, avec mépris. Il déclare avoir obtenu ses diplômes en 1946-1947 : diplôme de William-Ponty et diplôme de fin d’études normales. Il est ensuite affecté dans la petite ville de Thiès où il a enseigné pendant un an. « J’avais, dit-il, une classe de quatre-vingt-cinq débutants qu’il fallait alphabétiser ». Me Wade a l’habitude de raconter n’importe quoi et c’est probablement le cas ici. Une classe d’un effectif de quatre-vingt-cinq élèves est impossible à l’époque, fût-elle une classe multigrade. Nous venions à peine de sortir de la guerre et l’école n’était pas encore profondément enracinée dans les habitudes. Même jusqu’aux années 1960-1970, de tels effectifs étaient impossibles ou, s’ils existaient, étaient rares.
Le jeune instituteur a pris la succession d’un moniteur d’enseignement qui avait eu les élèves pendant trois mois. Il l’apprécie en ces termes peu flatteurs : « Je m’aperçus rapidement de la situation catastrophique de ces enfants. Ils ne savaient rien du tout. Je m’appliquais malgré tout à les instruire et, au bout de deux à trois mois, je fis un premier contrôle qui révéla que seul un petit lot me suivait (pp. 45-46). » Il revient à la charge à la page suivante : « Comme les instituteurs diplômés de Ponty étaient en nombre insuffisant, des moniteurs dont on exigeait uniquement le certificat d’études se voyaient confier les élèves débutants. Et évidemment, en raison de leur faible niveau, ils rataient presque toujours la formation des enfants. » Quel mépris ! C’est vraiment du Me Wade ! Même si, d’aventure, ces moniteurs étaient tous d’un faible niveau, ils méritent un peu plus de respect, si on considère les services énormes qu’ils ont rendus à l’école sénégalaise. Que de cadres de haut niveau sont passés par leurs mains souvent expertes, malgré « leur faible niveau » !
Ces moniteurs exerçaient en général dans les petites classes (CP1-CP2). Ils montaient parfois avec leurs élèves jusqu’au CE1 et au CE2. Ils s’acquittaient de leurs tâches d’enseignement avec un art et une conscience professionnelle rarement égalés. Nombre d’entre eux ont, par le jeu des examens professionnels, accédé aux grades les plus élevés de l’Enseignement primaire. Nombre d’autres, plus persévérants encore, sont devenus professeurs, inspecteurs d’enseignement, administrateurs civils, etc. Pour ma part, en tout cas, qui suis passé entre les mains de trois d’entre eux, je leur rends un vibrant hommage.
Poursuivons notre génie en tout. Á la page 49, il raconte son passage dans l’armée. Après la période d’instruction, il fut invité, avec ses camarades « pour la plupart analphabètes », à passer un examen qui devait permettre de les affecter dans les différents services. « Pour la dictée, précisait-il, je préparais plusieurs petits papiers. Chaque fois que l’instructeur dictait une phrase, je l’écrivais sur plusieurs papiers que je passais à mes camarades, qui recopiaient tout simplement et passaient le bout du papier au voisin. Je fis de même pour l’épreuve de calcul. Très bons résultats, commenta le lieutenant ». C’est vraiment du Me Wade, ça ! Qui croira un seul instant à cette histoire ? Pour réussir cet exploit, il devait vraiment écrire à une vitesse supersonique. Comment trouvait-il le temps d’écrire d’abord la phrase sur sa copie, puis sur plusieurs papiers avant de les passer aux voisins ? Quand même ! Á moins, peut-être, que le rythme de l’instructeur fût particulièrement lent, et encore ! Et puis, l’instructeur se rendrait rapidement compte de son manège, puisque tout le monde aurait fait un excellent devoir, aussi bien en dictée qu’en calcul ! Pour des analphabètes !
Au fur et à mesure de la lecture du livre, on découvre et redécouvre maintes autres facettes de l’homme. Nous en aurons le cœur net la semaine prochaine.
Mb[ody Niang, e-mail : modyniang@arc.sn b[]b
Dès les premières pages du livre, le personnage se livre. Il parle abondamment et avec l’emphase qu’on lui connaît de ses parents, de ses grands-parents et arrière-grands-parents (pp. 11-20). Il est originaire du Gandiol, de par son ascendance paternelle. Il interroge des historiens, notamment Vincent Monteil, Boubacar Diallo1 et El Hadj amadou Sèye qui, se fondant sur les écrits des navigateurs portugais, font remonter le règne des Wade sur le Waalo-Gandiol à Mbagne Wade, deuxième brack. Ce dernier auquel il se rattache, « avait la particularité d’être extrêmement riche. Il possédait beaucoup d’or et était généreux ». Mbagne Wade fit de Ndiourbel sa capitale où « il recevait les hommages et les déclarations d’allégeance ». Sa générosité légendaire ne serait donc pas fortuite, ni même son penchant à recevoir au grand jour les actes d’allégeance de minables transhumants et autres chefs religieux cupides.
Me Wade qui poursuit son exhibition ajoute : « La légende rapporte que mes aïeux, Ma Diop, Ma Naam et Ma Sine, poussés par leurs mères en vives rivalités, tuèrent chacun un lion à la sagaie ou au sabre, sauvant ainsi l’honneur de la famille. » C’est dans cette tradition que son grand-père, Meïssa Wade, « guerrier à cheval bardé de ses fusils et de ses sabres, s’en vint, au XIXe siècle, du Gandiol au Cayor et, non loin du village de Kébémer fondé par les Kébé Kébé, tua un fauve, une panthère dit-on, qui y semait la terreur, puis s’installa là-bas ».
Il parle aussi amplement de sa grand-mère paternelle d’ethnie soninké qui « connut très bien Faidherbe » et mourut en 1947, à l’âge de 125 ans. Quant à son grand-père maternel, « d’ethnie mandingue, il était un marchand d’esclaves. On raconte qu’il avait été marabout de l’empereur Samory. Son père, roi dans ce qui est aujourd’hui le Sud de la Guinée-Bissau, eut des démêlés avec les Portugais et, au cours d’une altercation, tua l’administrateur ». Lii moo tax Me Wade wex xatt ! Ku ko wèddi nga laac taskati xibaar yi !
Notre homme s’attache donc profondément à « ces traditions guerrières et à (son) ascendance royale, contées de génération en génération par des griots de famille qui se transmettent les connaissances de père en fils ». Et il se laisse aller, concernant les griots et autres gens dits « castés », à des considérations qui donnent la chair de poule en ce début du troisième millénaire. Ainsi, assène-t-il : « De nombreux jeunes gens qui ont réussi parce qu’ils sont hauts fonctionnaires, voire ministres ou hommes d’affaires, se voient refuser leur demande de mariage, et on se fait fort de le leur rappeler – ou de leur apprendre – que dans leur ascendance ils comptent un griot, un tisserand, un esclave ou un esclave de griot, échelon le plus bas de la société… » C’est terrible ! Et ça le devient plus encore avec ce qui suit : « Ces choses sont encore vivaces chez les Sénégalais. Lorsqu’un griot hagiographe rappelle en public mon ascendance et les actes de gloire de mes ancêtres, je ne peux m’empêcher d’en être fier. » Ce n’est pas tout ; suivons toujours notre personnage : « Sous le sceau d’un secret qui n’en est pas un en réalité, combien de gens viennent encore me dire aujourd’hui de faire attention à untel ou untel, qui serait un griot, un esclave, un esclave de griot, un bijoutier, bref, des classes considérées comme inférieures et intouchables. » C’est énorme ! Faire attention à un compatriote, le fuir comme la peste, parce qu’il serait simplement griot, bijoutier, cordonnier ou autre !
Á supposer que cet homme soit véritablement d’ascendance royale, croit-il vraiment que ce qu’il y a de meilleur chez l’homme ou chez la femme se mesure à la naissance ? Les faits nous montrent en tout cas le contraire, depuis le 1er avril 2 000 au moins. C’est ce que j’ai tenté d’illustrer aux pages 117-118 de mon livre « Me Wade et l’Alternance : le rêve brisé du Sopi » (février 2 004). J’y faisais remarquer ce qui suit : « Sous le gouvernement de l’alternance, nous assistons à une sorte de renversement des valeurs établies. Ce sera là d’ailleurs l’un des rares aspects positifs de l’alternance qui nous a révélés à nous-mêmes. Nous avions jusqu’ici la fâcheuse habitude de dire d’un Sénégalais ou d’une Sénégalaise, quand on lui prêtait certains actes ou certains propos : "Ce n’est pas surprenant, c’est tout à fait normal, car c’est un ceci, c’est un cela, c’est plus exactement un (e) casté (e)". Comme si ces compatriotes-là n’avaient cure de l’honneur et de la dignité. » Et je poursuivais : « L’alternance nous a révélé une autre réalité : le comportement d’un homme ou d’une femme n’est lié à une quelconque naissance de Massamba ou de Madjiguène. N’est-ce pas le célèbre gawlo qui chantait cette vérité : "Jùddu ndey ak baay, waande jaloore boroom" ? En d’autres termes, le mérite, la réussite et le succès tiennent plus des efforts propres de l’individu que de la seule naissance. Ce qui est fondamental donc chez l’homme ou chez la femme, c’est moins le yax bu rëy ou le sang princier dont il (elle) peut se réclamer, que le comportement digne et honorable qu’on lui connaît en toutes circonstances. C’est le ngor qui doit inspirer tous ses actes, tous ses propos. » Et j’ajoutais, à la page 119 : « Le baobab peut bien donner naissance à des épines et, peut-être, inversement. »
Nous connaissons autour de nous des compatriotes dits « castés » bien plus dignes que nombres d’autres d’ascendance dite royale qui gravitent autour de Me Wade et s’aplatissent sans vergogne à ses pieds. Nous en connaissons de ces dits « castés » qui ont des comportements bien plus honorables que ceux auxquels Me Wade et ses minables courtisans de la Cap 21 nous ont habitués depuis huit ans.
Nous savions déjà que l’homme qui nous dirige est rétif aux critiques, ce qui explique son aversion pour la presse. Nous savions aussi qu’il est avide de pouvoir et de louanges. Les premières pages de son livre nous confortent notablement dans ce constat. Et nous devons remercier sincèrement Dieu qu’il n’ait pas accédé à la magistrature suprême dès les années 80, à moins de soixante ans. Tel que nous le connaissons et nous le (re)découvre le livre, il se proclamerait sûrement président à vie ou empereur. Comme Bokassa. Me Ousmane Ngom a une fois raison quand il affirme que Me Wade se comporte en monarque. Il se comporte en monarque pur et dur, le vit intensément et nous le fait vivre tous les jours.
On se souvient de cette fameuse visite que le Khalife général des Mourides lui a récemment faite. Sermonnant sans ménagement les enfants de ce dernier dans son discours, il déclare en langue nationale wolof : « man, bimay jebblu ci sèèn baay nekk naa président de la République ba pare. Tey, maa ngeek lepp ci sama loxo, lu ma neex doggal. » Ce qui, traduit en français donne : « Quand je faisais acte d’allégeance à votre père, j’étais déjà président de la République. Aujourd’hui, j’ai entre mes mains tous les leviers du pouvoir et je décide seul de ce que bon me semble. »2 « Je décide seul de ce que bon me semble ! » Aucun monarque ne peut faire plus. Pour sûr, il aurait souhaité devenir un jour roi ou empereur. Á la page 320 de son livre, il révèle que le président malien Amadou Toumani Touré (ATT) le surnomme fraternellement « Empereur du Mali ». Même Chirac, tout au long du Sommet France Afrique de Bamako, plaisantait chaque fois en se tournant vers lui et en lui disant : « Qu’en pense l’Empereur ? » Il rapporte aussi qu’à l’occasion d’une fête anniversaire du Mali, il était l’invité d’honneur d’ATT. « Au défilé, raconte-t-il, devant tous les officiels et les invités de marque, Amadou Toumani Touré s’est levé et a pris la parole : "Président Wade, je vous sacre empereur du Mali et, de ce fait, je vous donne le pouvoir de présider le défilé." Très ému, tant la surprise était grande, je me suis levé pour prendre la parole et lui renvoyer l’ascenseur en ces termes : "Puisque je vous ai confié la direction de la province du Mali, je vous demande de présider le défilé". »
Sans doute, les deux présidents plaisantaient-ils. Le Sénégalais a cependant sûrement pris goût à cette plaisanterie. Il se sent bien dans la peau d’un empereur. On comprend mieux aujourd’hui son idée, au début de l’alternance, de « provincialiser » le pays. Cette idée, qui ne dut rien au hasard et qui fut fortement appuyée par le Pr Iba Der Thiam, fit heureusement long feu : elle fut accueillie dans l’indifférence totale et même dans la franche hostilité par la majorité des Sénégalaises et des Sénégalais.
Le lecteur découvrira que, dans le livre, Me Wade parle de son père comme presque d’un surhomme, en tout cas, tout au moins, d’un homme particulièrement doué (pp. 24-25-26). « Il avait exercé tous les métiers et, à ses heures perdues, il était même un inventeur. Il mit ainsi au point des pièges et des trappes compliqués pour rats, chacals, renards et autres prédateurs. Mais aussi des serrures sophistiquées et toutes sortes d’engins. Il était aussi bien maçon, menuisier, mécanicien que bien sûr paysan pendant l’hivernage, et en permanence chasseur d’outardes », disait-il de ce père particulièrement ingénieux. Ce même père était connu « pour avoir été l’un des trois premiers Sénégalais (sic) à posséder une automobile ». Ce n’est pas tout. « Á 80 ans, alors qu’il habitait à Dakar, il entreprit de construire une maison, un bâtiment à étage d’une solidité à toute épreuve, sans recourir à un entrepreneur ». Construire seul un bâtiment à étages à 80 ans ! Les Wade daal Yalla may na leen !
« Il avait souvent des démêlés avec le lieutenant français commissaire de Kébémer, qui devait s’appeler La Chambre ». Il arriva même à le faire muter ou rapatrier en France, avec l’aide du député du Sénégal. La Chambre visitait trop régulièrement les canaris d’eau de sa concession. Il devait être vraiment influent !
Ce même père ne refusait rien à son fils prodigieux, parfois au détriment de ses frères. « Un jour, raconte le fils préféré, mon père eut l’idée de m’habiller d’un short et d’une chemise dont il avait trouvé les patrons dans un magazine en langue française. Il avait vu dans cette revue arrivée chez nous on ne savait comment (sic) que les Blancs, en France, s’habillaient de cette façon plus pratique pour les jeunes que nos boubous et sabadors qui ne permettaient pas de courir et de jouer aisément. Il fit copier pour moi ces vêtements de coton, ce qui fit scandale dans le village (car), il n’y avait pas de doute : mon père voulait faire de moi un petit Blanc ! Je souligne que j’étais seul à m’habiller ainsi, à l’exclusion d’un camarade syrien et d’un métis libanais. Les autres, même mes frères étaient toujours en vêtements traditionnels » (p.30). Ce ne sont pas seulement ces deux vêtements qui le singularisaient d’ailleurs : il était encore le seul, dans tout le village, à posséder un dictionnaire Larousse que son père lui rapporta de Dakar (p. 32). Á lui seul, encore au détriment de ses frères.
Le jeune Wade était aussi très doué « pour apprendre le Coran et le marabout (le) sélectionnait parmi ceux qui, dans certaines cérémonies et circonstances, devaient assurer la récitation des sourates. (Ses) parents en étaient très fiers » (p. 34). Il était tout aussi doué à l’école française et, au bout de trois ans, il n’apprenait plus rien à Kébémer et était désœuvré. Il fut envoyé alors à Saint-Louis chez Madieye Sall, un instituteur qui avait dirigé l’école de Kébémer. « M. Sall tenta de me faire entrer au lycée Faidherbe (sic) ». Mais, naturellement, en vain. Suivons le reste : « M. Sall me fit alors admettre en troisième classe à l’école dont il était le directeur. » Avant la fin de l’année, il fut envoyé à Dakar, où il fut admis directement en deuxième classe à l’école primaire de la rue Thiong. « L’année suivante, conte le jeune prodige, fut celle du certificat d’études, que je passai haut la main : deuxième sur les deux cent quarante candidats de la circonscription de Dakar. Mais cette place de second fit le désespoir de mon maître, M. Sylla, ainsi que du directeur de l’école, un Français du nom de Guignard ». Deuxième sur 240, c’était quand même un rang honorable, même pour le génie qu’il était ! Revenons quand même sur son périple qui l’a mené de Kébémer à l’école de la rue Thiong ! Il lui a fallu au moins deux années supplémentaires pour décrocher le certificat d’études. Comment alors comprendre la tentative de le faire admettre, deux années auparavant, au très sérieux lycée Faidherbe de l’époque ? Quand même !
Si on poursuit la lecture du livre, on découvre une autre facette du personnage qui nous en dit très long sur ce que nous vivons aujourd’hui avec lui. Il se souvient de deux livres qu’on lui a offerts comme prix à l’école de Thiong, livres « qui correspondaient à l’époque à une inquiétude qui (le) perturbait : l’immensité de l’espace, du ciel, de l’univers ». Les livres lui ont été volés, « mais au cours des millions de kilomètres qu’(il) a parcourus en avion par la suite, (il) a constamment vécu avec ces images ». Le meilleur est à venir et c’est ceci : « Le paysage du ciel me fascine (sic). J’ai toujours rêvé de faire le tour du monde dans un engin spatial. Peut-être un jour … » Nous comprenons maintenant mieux pourquoi Me Wade passe plus de temps dans son avion qu’au Sénégal. Nous sommes édifiés sur son empressement, au début de l’alternance, à rénover l’avion de commandement à coup de milliards. Il lui fallait coûte que coûte, et dans les meilleurs délais, son palais volant et dans n’importe quelles conditions. Même dans la forfaiture.
Cette passion effrénée pour l’avion, le Premier ministre Habib Thiam l’avait déjà remarquée quand il siégeait au Gouvernement de majorité présidentielle élargie en qualité de ministre d’État sans portefeuille (1991-1992). Á la page 123 de son livre « Par Devoir et par Amitié », édition du Rocher, juin 2 001, il écrit : « Il aimait beaucoup voyager. Il aimait le faire, entouré de comme un chef d’État ou un Premier ministre. Cela coûtait extrêmement cher. »
L’homme aime donc passionnément l’avion et en use et en abuse. Il va continuer de voyager, encore voyager, toujours voyager. Il ne lui restera finalement qu’à réaliser son rêve d’enfant : se payer un voyage touristique dans un engin spatial de la Nasa. Il en a la folie et les moyens, puisqu’il est cossu comme Crésus.
Si nous poursuivons la lecture du fameux livre d’entretiens, nous découvrons que l’homme ne parle pas seulement de lui et de ses parents. Il parle aussi des autres mais, souvent, avec mépris. Il déclare avoir obtenu ses diplômes en 1946-1947 : diplôme de William-Ponty et diplôme de fin d’études normales. Il est ensuite affecté dans la petite ville de Thiès où il a enseigné pendant un an. « J’avais, dit-il, une classe de quatre-vingt-cinq débutants qu’il fallait alphabétiser ». Me Wade a l’habitude de raconter n’importe quoi et c’est probablement le cas ici. Une classe d’un effectif de quatre-vingt-cinq élèves est impossible à l’époque, fût-elle une classe multigrade. Nous venions à peine de sortir de la guerre et l’école n’était pas encore profondément enracinée dans les habitudes. Même jusqu’aux années 1960-1970, de tels effectifs étaient impossibles ou, s’ils existaient, étaient rares.
Le jeune instituteur a pris la succession d’un moniteur d’enseignement qui avait eu les élèves pendant trois mois. Il l’apprécie en ces termes peu flatteurs : « Je m’aperçus rapidement de la situation catastrophique de ces enfants. Ils ne savaient rien du tout. Je m’appliquais malgré tout à les instruire et, au bout de deux à trois mois, je fis un premier contrôle qui révéla que seul un petit lot me suivait (pp. 45-46). » Il revient à la charge à la page suivante : « Comme les instituteurs diplômés de Ponty étaient en nombre insuffisant, des moniteurs dont on exigeait uniquement le certificat d’études se voyaient confier les élèves débutants. Et évidemment, en raison de leur faible niveau, ils rataient presque toujours la formation des enfants. » Quel mépris ! C’est vraiment du Me Wade ! Même si, d’aventure, ces moniteurs étaient tous d’un faible niveau, ils méritent un peu plus de respect, si on considère les services énormes qu’ils ont rendus à l’école sénégalaise. Que de cadres de haut niveau sont passés par leurs mains souvent expertes, malgré « leur faible niveau » !
Ces moniteurs exerçaient en général dans les petites classes (CP1-CP2). Ils montaient parfois avec leurs élèves jusqu’au CE1 et au CE2. Ils s’acquittaient de leurs tâches d’enseignement avec un art et une conscience professionnelle rarement égalés. Nombre d’entre eux ont, par le jeu des examens professionnels, accédé aux grades les plus élevés de l’Enseignement primaire. Nombre d’autres, plus persévérants encore, sont devenus professeurs, inspecteurs d’enseignement, administrateurs civils, etc. Pour ma part, en tout cas, qui suis passé entre les mains de trois d’entre eux, je leur rends un vibrant hommage.
Poursuivons notre génie en tout. Á la page 49, il raconte son passage dans l’armée. Après la période d’instruction, il fut invité, avec ses camarades « pour la plupart analphabètes », à passer un examen qui devait permettre de les affecter dans les différents services. « Pour la dictée, précisait-il, je préparais plusieurs petits papiers. Chaque fois que l’instructeur dictait une phrase, je l’écrivais sur plusieurs papiers que je passais à mes camarades, qui recopiaient tout simplement et passaient le bout du papier au voisin. Je fis de même pour l’épreuve de calcul. Très bons résultats, commenta le lieutenant ». C’est vraiment du Me Wade, ça ! Qui croira un seul instant à cette histoire ? Pour réussir cet exploit, il devait vraiment écrire à une vitesse supersonique. Comment trouvait-il le temps d’écrire d’abord la phrase sur sa copie, puis sur plusieurs papiers avant de les passer aux voisins ? Quand même ! Á moins, peut-être, que le rythme de l’instructeur fût particulièrement lent, et encore ! Et puis, l’instructeur se rendrait rapidement compte de son manège, puisque tout le monde aurait fait un excellent devoir, aussi bien en dictée qu’en calcul ! Pour des analphabètes !
Au fur et à mesure de la lecture du livre, on découvre et redécouvre maintes autres facettes de l’homme. Nous en aurons le cœur net la semaine prochaine.
Mb[ody Niang, e-mail : modyniang@arc.sn b[]b